jeudi, 14 juin 2007
Berges du Rhône
Les berges du Rhône étaient, à Lyon, occupées par des parkings. Elles ont été réaménagées en promenades très agréables, inaugurées mi-mai.
Pourqoi pas un lieu de pique-nique entre blogueurs lyonnais (et leurs amis) ? Qu'en penses-tu Ashab ?
Sur cette dernière photo, on aperçoit l'Hôtel-Dieu ancien hôpital du XVIème siècle où Rabelais a exercé comme médecin. L'hôpital est encore en activité avec un service de maternité très renommé, spécialisé dans les naissances à risques.
17:30 Publié dans Chronique lyonnaise | Lien permanent | Commentaires (12) | Facebook | Imprimer
mercredi, 13 juin 2007
Parabole taoïste
Un vieillard vivait avec son fils dans un fort abandonné, au sommet d'une colline, et un jour il perdit un cheval. Les voisins vinrent lui exprimer leur sympathie pour ce malheur et le vieillard demanda :
"Comment savez-vous que c'est un malheur ?"
Quelques jours plus tard, le cheval revint, suivi de plusieurs chevaux sauvages, les voisins revinrent le féliciter de cette chance et le vieillard répliqua :
"Comment savez-vous que c'est une chance ?"
Entouré de tant de chevaux, le fils se mit à les monter et un jour se cassa la jambe. De nouveau les voisins s'approchèrent pour exprimer leur sympathie et le vieillard répondit :
"Comment savez-vous que c'est une malchance ?"
L'année suivante il y eut une guerre et, parce que le fils du vieillard était boiteux, il évita d'aller au front.
Attribué au philosophe taoïste Liezi ( 450/375 avant J.-C.) et cité par Lin Yutang dans "L'importance de vivre"
Chacun interprétera selon son humeur : Sagesse ou fatalisme ?
19:40 Publié dans Âme chinoise | Lien permanent | Commentaires (19) | Facebook | Imprimer
mardi, 12 juin 2007
Caramel et Vanille
Dans la série mes voisins sont sympas, ma voisine.
Elle a recueilli le 21 mai deux bébés hérissons dans une de ses jardinières : la mère avait dû être dérangée. Ils ouvraient à peine les yeux et pesaient 100 grammes. Grâce aux conseils de SOS Hérissons, elle les élève depuis ce jour. Bien que ce soit une espèce protégée les services municipaux n'ont pu les prendre en charge.
Elle les a donc nourris au lait maternisé, à la seringue d'abord puis au biberon.
Actuellement, ils sont assez grands pour manger des croquettes et pèsent 230 grammes. A 600 grammes ils pourront être relâchés dans la nature.
Je vous présente Caramel et Vanille. Caramel, un mâle est le plus foncé, Vanille est une femelle ... Elle est franchement blonde.
06:20 Publié dans La Saga des hérissons | Lien permanent | Commentaires (20) | Facebook | Imprimer
lundi, 11 juin 2007
Anna Politkovskaya
Anna Politkovskaya condamnée au silence à perpétuité
Anna Politkovskaya réduite au silence pour avoir parlé.
La vérité tue.
Comment pourrait-on exprimer tout ce qui bouillonne en nous : la colère, le désespoir, la tristesse, la rage, le sentiment d’impuissance ?
Comment dire cette envie d’hurler et en même temps cette pesanteur, cet engourdissement de la volonté devant une telle violence, devant un tel arbitraire, une telle impunité ?
Quels mots pour raconter le dégoût que nous inspirent la guerre en Tchétchénie, les morts, les disparus, les destructions, et, terrible, le déni de cette barbarie, les plaies vives recouvertes d’enduit, de peinture et de plâtre dans un Grozny transformé en chantier géant ?
Car les mots sont des armes, c’est bien connu, et ils peuvent tuer, ou plutôt condamner à mort. Ils l’ont prouvé, le 7 octobre 2006, en plein centre de Moscou. Une femme qui venait de faire ses courses portait ses sacs de provisions dans son appartement. Mais à la sortie de l’ascenseur l’attendait un meurtrier. Une balle dans la poitrine, une autre dans la tête. Vivante, morte.
Elle était journaliste. Immédiatement, quelques minutes après la découverte de celle qui n’était plus une femme vivante mais déjà un cadavre, l’information était transmise, publiée – et on ne parlait d’Anna Politkovskaya plus qu’au passé.
Elle était journaliste. Elle était courageuse. Elle était surprenante. Elle était dérangeante. Dès 2000 elle a ouvert non pas une autoroute, mais un chemin, un sentier pour les journalistes et les autres, avides de vérité, vers la Tchétchénie dévastée une deuxième fois en dix ans par la guerre. Elle a montré que c’était possible d’y travailler en dehors des sentiers battus, à ses risques et périls, bien sûr, mais de parvenir tout de même à recueillir la vérité et la restituer, à briser le huis-clos dans lequel les autorités voulaient maintenir le conflit.
Elle a prouvé que l’humain, avec toutes ses faiblesses et avec toute sa grandeur, peut résister à la machine infernale, au rouleau compresseur du pouvoir armé et décidé à en finir avec l’ennemi auto-proclamé, en l’occurrence avec les Tchétchènes dans leur ensemble. Elle a sans relâche dénoncé les crimes commis par l’armée russe en Tchétchénie contre des civils, au nom de la lutte anti-terroriste, mais aussi par les combattants tchétchènes, puis par les hommes de Kadyrov, l’homme fort de Tchétchénie depuis plusieurs mois maintenant, premier ministre, autocrate et héritier de son père Akhmad Kadyrov, président tchétchène pro-russe assassiné en mai 2004 à Grozny, devenu un mythe fabriqué de toutes pièces.
Que nous reste-t-il devant ce crime ? Evitons de pleurer sur notre sort, pensons plutôt aux proches, à la famille et aux collègues d’A. Politkovskaya. Et tâchons d’apporter tout notre soutien à ceux qui, comme elle, se battent pour que la vérité soit dite, sorte, éclate. Pour que les meurtriers, leurs commanditaires, et tous ceux qui avaient intérêt à ce que cette femme se taise pour toujours ne dorment pas sur leurs deux oreilles. Pour dire à ceux qui ne se disent pas concernés combien il nous semble vital de se battre pour la justice. Et contre la barbarie.
Pour que ce meurtre, la mort de cette grande femme ne reste pas impunis, faisons en sorte de ne jamais l’oublier, de convertir la rage qui nous emplit aujourd’hui en un désir toujours plus accru de savoir.
Bleuenn Isambard.
Merci à Bleuenn pour ces deux textes, des 9 et 11 juin.
Bleuenn, qui parle russe couramment, a passé plusieurs années en Russie et en Tchétchénie avec "Médecins du monde".
Je suis heureuse et honorée de l'avoir accueillie sur ce blogue.
Rosa
07:20 Publié dans Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (6) | Facebook | Imprimer
samedi, 09 juin 2007
Courageuses femmes tchétchènes
Pour complèter la présentation de la rencontre avec les femmes tchétchènes, cet article de Bleuenn.
Tchétchénie : Un avant, quel après?
On imagine qu'avant le thé avait à peu près le même goût qu'aujourd'hui, comme les gâteaux et les confitures qui l'accompagnent, qu'avant, les traditionnelles tchepalgash, galettes au fromage, répandaient en cuisant les mêmes effluves alléchantes que maintenant, qu'avant elles renouaient déjà leur foulard de ce geste un peu nonchalant mais précis, sans y penser, comme on balaierait de la main une mèche de cheveux tombant dans les yeux. Avant bien sûr, le russe était emprunt du même accent mi-chantant, mi-guttural. Assurément, avant, elles servaient déjà l'homme, les hommes, avec docilité mais sans soumission, la tête haute et le parler franc.
Avant, sans aucun doute, les gestes des femmes tchétchènes étaient déjà assurés, fermes, comme indépendants de la pensée, comme ancrés dans un savoir inné, ancestral et inconscient.
Mais peut-être qu'avant on ne lisait pas cette tristesse infinie dans leurs yeux, peut-être qu'alors leurs voix n'étaient pas cassées, comme étouffées dans un abîme de douleur, peut-être que leurs mouvements étaient vifs, rapides, empressés, ne connaissant pas encore le poids des souffrances qui ralentit la marche, le mouvement, le désir.
Peut-être qu'avant les rires fusaient plus volontiers, plus spontanément. Peut-être qu'avant on ne se méfiait de personne, et surtout pas des voisins. Peut-être qu'avant on laissait plus facilement les enfants jouer dans la rue, peut-être qu'alors l'angoisse ne prenait pas à la gorge dès qu'un fils ou un mari tardait un peu à rentrer. Peut-être qu'avant on s'endormait sans se demander si le lendemain matin tout le monde serait bien là, et bien vivant.
Peut-être qu'avant, la vie avait un sens.
Parce qu'avant, on avait un toit. Avant, on se promenait. Avant, on emmenait les enfants au cirque, on allait au théâtre. Avant, on se déplaçait, on allait rendre visite aux parents, aux cousins. Avant, il n'y avait pas de terribles check-points à passer pour aller d'un quartier à l'autre, d'une ville à l'autre. Avant, on n'enlevait pas les gens, la nuit, dans leur lit. Avant, on ne dénonçait pas ses voisins. Avant, les hommes ne disparaissaient pas. Avant, les enfants ne sautaient pas sur des mines. Avant, on ne parlait de « nettoyage » que pour le linge, la vaisselle, la maison, ignorant que ce mot allait devenir un des symboles de la terreur, de la violence, de l'inhumanité qui deviendraient quotidiennes.
Avant, c'est avant la guerre, les guerres qui ont dévasté la Tchétchénie depuis 1994.
Sous les bombardements et les tirs d'artillerie de l'armée russe en 1994-1995, puis en 1999-2000, la Tchétchénie s'est transformée en champ de ruines. Des quartiers, des villages entiers ont été détruits.
Sous la pression constante, sous la torture, sous la menace, par des meurtres, des arrestations arbitraires, des exécutions sommaires, par des humiliations permanentes, par la peur, par un cynisme incroyable, les Tchétchènes ont été brisés. Des dizaines de milliers de morts, des milliers de personnes portées disparues après avoir été enlevées par les militaires russes et leurs supplétifs tchétchènes, restent les vivants.
Et les vivantes. Les survivantes. Qui malgré tout trouvent la force de sourire, d'accueillir chez elles l'inconnu, l'étranger, de le nourrir et de s'enquérir de la santé des siens. Qui se battent pour reconstruire leurs logements détruits, pour scolariser leurs enfants qui n'ont connu que la guerre, la mort, la souffrance, les camps de réfugiés. Qui travaillent. Qui, parfois, se battent dans les organisations de défense des droits de l'homme, avec une rage, une hargne déconcertante. Qui sillonnent la région pour acheter des marchandises qu'elles revendront ensuite sur les marchés, gagnant quelques roubles et s'usant la santé. Qui s'inquiètent de tout et de tous. Qui sont malades, anémiées, souffrant du dos à force de porter les dizaines de litres d'eau quotidiens. Qui, plus qu'auparavant, sont atteintes de pathologies de la grossesse, font des fausses-couches, meurent en couche. Qui tentent d'apaiser les conflits, qui modèrent les hommes, blessés, aux abois, aux plaies souvent trop vives. Qui se laissent parfois gagner par l'égoïsme, par le fatalisme, par la haine. Qui font des enfants, s'en réjouissant et s'en désolant, n'ayant à leur offrir, disent-elles, qu'une vie de misère. Qui pour certaines se réfugient dans les valeurs religieuses, traditionnelles. Qui endossent le rôle de nourricier, traditionnellement celui de l'homme. Qui, pour beaucoup, n'attendent pourtant plus rien de la vie. Qui, souvent, disent ne pas vivre, mais vivoter, ou survivre. Qui sont aujourd'hui en première ligne. Et qui assurent elles-mêmes cette survie.
Bleuenn Isambard
Photo de Anne-Sophie Zika
Photographe de presse
06:55 Publié dans Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (9) | Facebook | Imprimer
vendredi, 08 juin 2007
Des femmes pour la paix
Madina MAGOMADOVA, Présidente de l'association "Mères de Tchétchènie" était à Lyon, ce mardi 5 juin, invitée par le Comité Tchétchénie de Lyon, animé par Bleuenn Isambard.
C'est une femme d'exception que nous avons eu le privilège de rencontrer. Madina Magomadova est née en exil au Kazakhstan en 1954. Après des études d'agriculture elle a occupé différentes fonctions à la direction de l'Agriculture en Tchétchènie jusqu'à la guerre de 1994 qui a changé son existence.
Depuis, en tant que présidente des "Mères de Tchétchènie", elle consacre sa vie à la recherche des citoyens tchétchènes disparus. Membre à l'ONU de différentes commissions des Droits de l'Homme, de groupes inter-parlementaires à Strasbourg et membre d'd'honneur du bureau international de la Paix à Genève, elle parcourt le monde pour faire entendre la voix des femmes de Tchétchènie et pour que leur combat ne soit pas oublié.
Photo de Anne-Sophie Zika
Photographe de presse
Devant les lyonnais, Madina Magomadova a commencé par un rappel historique des conflits endurés par la Tchétchènie. Ce petit peuple du Caucase souffre depuis la nuit des temps de son voisinage avec la Russie. Il a connu douze guerres en trois siècles et six déportations. Tous les 40/50 ans il subit une agression de ses voisins russes.
Pourquoi ?
D'après Madina Magomadova c'est un peuple libre, qui a toujours refusé l'esclavage. En langue tchétchène le mot d'accueil de bienvenue est "entre avec la paix".
En 1944 le peuple tchétchène a été déporté par Staline, cinquante ans plus tard, en 1994, éclate la guerre provoquée par Eltsine puis en 1999 une seconde guerre. Entre ces deux guerres, 35% de la population a été tuée. Mais aussi les livres ont été détruits, la mémoire du peuple tchétchène éradiquée.
Or toutes les difficultés de ces guerres ont été portées par les femmes : sauver la vie des hommes, trouver la nourriture et surtout rechercher les disparus.
Madina Magomadova consacre sa vie à cette recherche, aide et encourage les femmes à faire de même.
Elle a dû commencer par sa propre famille. L'un de ses deux frères a été tué par les Russes mais elle cherche toujours le second.
Dès qu'elle apprend la mise à jour de charnier, de cadavre ou même de cendres retrouvées, elle se précipite pour tenter de procéder à une identification.
Ces disparitions et l'ignorance qui s'ensuit provoque chez les femmes tchétchènes des blessures profondes. C'est une torture lente, affirme Madina Magomadova. D'autant que arrestations et les enlèvements se poursuivent aujourd'hui. Elle-même doit prendre des précautions, surtout depuis l'assassinat de la journaliste russe, Anna Politkosvskaya. Elle n'a plus d'appartement et ne dort jamais deux nuits de suite au même endroit.
Les disparus ne sont jamais retrouvés vivants. Pour récupérer leurs corps, l'association doit acheter les renseignements aux soldats russes qui les monnayent très cher.
En Tchétchénie, les femmes souffrent, développent des maladies, deviennent folles ou meurent de chagrin.
Partout où il y a la guerre décidée par les hommes, les femmes consolent, réparent, guérissent, enterrent les morts et maintiennent la vie.
Madina Magomadova avec Bleuenn et Catherine du Comité Tchétchénie.
"Lysistrata :
Je vais parler, car il ne faut pas que la chose reste secrète. Nous avons, ô femmes, si nous voulons contraindre nos maris à faire la paix, à nous abstenir....
- Cléonice :
De quoi ? Dis.
- Lysistrata :
Le ferez-vous ?
-Cléonice :
Nous le ferons, dussions-nous mourir.
-Lysistrata :
Eh bien, il faut nous abstenir... du membre."
Aristophane
(450 avant JC)
07:00 Publié dans Chronique lyonnaise | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook | Imprimer
jeudi, 07 juin 2007
Intermède
11:20 Publié dans D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook | Imprimer