jeudi, 31 mai 2007
Sauvée par l'artiste.
Je vous l'avais présentée ainsi...
Voici la tête qu'elle a aujourd'hui ! Elle va retourner dans un coin obscur jusqu'à l'année prochaine.
Heureusement, une artiste est passée par là...
Anne est arrivée sur mon blogue : elle l'a transfigurée et sauvée. Elle l'a même débarrassée de ses piquants.
Merci Anne car cette capricieuse peut très bien ne pas refleurir l'an prochain et même pendant plusieurs années !
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mercredi, 30 mai 2007
Chansons d'amour
Un film troublant et réjouissant, réalisé par le jeune Christophe Honoré...Présenté comme une "comédie musicale", ce qu'il n'est pas à mon avis, même pas tout à fait comédie. Un film plutôt grave finalement mais surtout très profondément émouvant.
La première partie paraît légère. Dans un no man's land générationnel, trois personnages-deux filles et un garçon- ne sont plus des adolescents mais pas tout à fait des adultes... Ils se retrouvent sous la couette pour des jeux amoureux marqués par la drôlerie avec, au passage, un petit coup de lèche du réalisateur qui est aussi écrivain, à son éditeur... Dialogues ping-pong aux répliques pétillantes. Or papa et maman ne sont pas loin. Au repas de famille, on découvre les soeurs et une mère fusionnelle qui s'insinue abusivement dans les confidences de sa fille. Chansons et parapluie : ça nous rappelle quelque chose ! Pour ma part je préfère Cherbourg à Paris mais cette madeleine de Proust cinématographique est agréable à croquer.
Chansons d'amour puis chanson de mort car la mort passe là où elle n'a pas le droit de passage.
Le chagrin est bouleversant, regardé sans mièvrerie ni camouflage. Eclatement du groupe et sauve qui peut amoureux. Irruption des sentiments, irruption de la poésie... Le film est réconfortant car à contre-courant du cynisme de notre époque. A moins que le cynisme soit déjà derrière nous et que revienne le droit à la tendresse.
Les jeunes acteurs sont vraiment fantastiques. Louis Garrel en particulier avec le regard ténébreux de Jean-Pierre Léaud est époustouflant. Ludivine Sagnier dans son petit manteau blanc style Courrèges fait aussi terriblement penser à la Deneuve des "Parapluies de Cherbourg".
Mais ne nous y trompons pas : malgré tous ces clins d'oeil le film n'a rien à voir avec le film de Demy. Ne serait-ce que pour la liberté des jeux amoureux qui sont, eux, bien de notre époque. Les chansons accompagnent, plutôt discrètes, les émois des personnages mais elles ne sont pas tout le film.
Très belle images en fin de film, presque esthétisantes... Des images qui restent en vous très longtemps.
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dimanche, 27 mai 2007
Shanghai
"Le Chant des regrets éternels", le roman de Wang Anyi, est à travers le destin de son héroïne, une métaphore de la mutation de Shanghai.
"Shanghai est omniprésente, fissure du monde où l'on peut se cacher loin des tourments de l'histoire qui traverse le siècle." est-il écrit dans la préface. Une ville qui ne sera plus ce qu'elle a été...Un roman qui décrit le temps suspendu...
"Toutes les lumières de ces points et ces lignes ressortent sur les ombres de Shanghai depuis plusieurs dizaines d'années. L'éclat de ce Paris de l'Orient se déploie lui aussi sur ce fond d'ombres ..."
Wang Anyi
Deux vues de la rue de Nankin, avenue très fréquentée et considérée comme chic...
Les anciennes ruelles aujourd'hui coincées entre les tours...
"Dans chaque travée de ces ruelles s'agitent des choses imprévisibles et pourtant raisonnables, non pas de grands événements mais des petits riens qui, mis ensemble, forment un tout"
Wang Anyi
Shangai a conservé une partie de sa ville ancienne en architecture traditionnelle et régulièrement rénovée...
Voici la plus ancienne maison de thé.
Immeubles des années 70
Le très beau musée de Shanghai...
Shanghai, ce n'est pas la Chine mais un monde à part, toujours mythique.
Pour Adeline qui me l'a demandé.
"Les ruelles de Shanghai sont sensuelles, intimes comme le contact de la peau ; fraîches et tièdes au toucher, on peut les appréhender mais elles gardent leur part de secret. Les fenêtres graisseuses des cuisines, à l'arrière des maisons, permettent aux servantes de bavarder, l'une dedans, l'autre dehors ; les portes de derrière livrent passage aux jeunes demoiselles qui vont au lycée sac de classe à la main, ou à des rendez-vous galants ; les grandes portes ne sont ouvertes que pour les événements importants, pour accueillir des invités de marque, quand on y colle des faire-part de mariage ou de décès. Toujours plus ou moins en effervescence, les ruelles sont agitées et bavardes. Les terrasses et les balcons, comme les rebords des fenêtres, retiennent les confidences ; la nuit, les coups frappés aux portes se succèdent ici et là."
Le Chant des regrets éternels
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samedi, 26 mai 2007
Fragiles adolescences
Difficile de ne pas être bouleversé par les récentes tentatives de suicides des collégiennes corses, largement médiatisées.
Je ne connais pas le milieu collégien n'ayant jamais enseigné en collège, je ne peux donc me prononcer mais je sais que le suicide est la seconde cause de mortalité chez les adolescents : ces bourgeons fragiles que le moindre coup de vent peut détruire... La première restant les accidents...
Mon expérience des lycéens m'a en revanche montré que les suicides "aboutis" étaient souvent imprévisibles. Le dernier en date que j'ai vécu, celui d'un élève qui n'était plus dans ma classe mais préparait un BTS, a été le fait d'un étudiant considéré comme sans problèmes, bien intégré avec un bon groupe d'amis... Un mois avant de passer son examen, il s'est pendu...
Peut-être un facteur déclenchant : une heure avant il avait gravement accidenté la voiture de sa maman avec laquelle il vivait seul et qui avait "galéré" pour assurer sa scolarité...J'avais repéré chez lui, quand il était dans ma classe, un véritable refus de s'exprimer alors qu'il était capable de le faire... Phénomène banal à cet âge, surtout chez les garçons.
Adolescences fragiles, surtout quand elles sont verrouillées.
J'écoute avec intérêt les propos des spécialistes... Je trouverais dommage de diaboliser les blogues des adolescents qui peuvent être aussi aussi des exutoires positifs...Le pire pour un adolescent : ne pas savoir où ni avec qui s'exprimer.
On sait mieux dénoncer les risques que repérer les aspects bénéfiques chaque fois qu'une nouveauté est mise en cause.
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jeudi, 24 mai 2007
Le chant des regrets éternels
Il y a longtemps que je n'avais pas parlé de littérature chinoise. Je viens de terminer le roman de Wang Anyi,
"Le Chant des regrets éternels".
L'auteur, née en 1954, est la fille de deux écrivains chinois qui ont eu à souffrir de la révolution culturelle. Ce roman n'en porte pourtant aucune trace.
Il faut dire que Wang Anyi est shanghaienne et je dirais même plus shanghaienne que chinoise. Le roman est d'abord un hymne à Shanghai.
En tant que romancière, Wang Anyi se réclame de Balzac. Elle en a retenu la nécessité de décrire, essentiellement pour planter le décor. Rien à voir pourtant avec les quelque cinquante pages de présentation de la pension Vauquer dans "Le Père Goriot". Ici les premiers chapitres sont consacrés à une visite de Shanghai. La ville mythique des années 40, la ville du cinéma et de l'occidentalisation à outrance sur laquelle flotte un air de belle époque.
Promenade superbe dans Shanghai , ville de ruelles animées, les "lontangs", où, curieusement, les jeunes filles mènent leur vie dans une liberté étonnante.
Débute ensuite l'histoire d'une héroïne qui sera à la fois produit et victime de cette ville. Ts'iyao, prise dans une toile d'araignée, éblouie par la mode, l'apparence, le succès, la beauté... Plutôt qu'au rêve de célébrité c'est au piège de la richesse que sera le rendez-vous.
Elle devient ce qu'on appelle en France une "demi-mondaine".
Les Chinois ont un vocable plus poétique et parlent de "fleur de la société".
"Ces fleurs se situaient à mi-chemin entre honnête femme et prostituée, entre première épouse et concubine."
Toutefois Ts'iyao n'est pas Nana : instruite, intelligente, lucide elle saura faire face à l'adversité et se protéger en se glissant dans une niche, encore une ruelle, pendant les années maoistes auxquelles elle échappe, peu évoquées d'ailleurs par la narratrice, attachée exclusivement au destin individuel de son personnage. Sa passion des vêtements, fil conducteur du récit, devient une vertu, sa manière de se réaliser.
L'histoire se termine dans les années 80. Shanghai n'est pas encore la mégapole actuelle. Les jeunes, nostalgiques, essaient de restaurer modes et art de vivre des années fastes.
Pour Ts' iyao c'est l'occasion de revenir en pleine lumière : trop tard.
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lundi, 21 mai 2007
Difficile jumelage
La mort d'un ami peut aussi entraîner la mort d'un projet : c'est l'interrogation d'Ashab sur ce blog. Et c'est la raison pour laquelle en effet j'ai souhaité rendre hommage à Louis.
Ce fut un très beau projet. Il y a dix ans, mon lycée d'enseignement technique industriel avait été sollicité pour soutenir, par un jumelage, un lycée professionnel à Boghé en Mauritanie. Cette ville rurale est située au sud de la Mauritanie, sur le fleuve Sénégal. Mon chef d'établissement m'avait confié ce projet dans lequel je me suis embarquée avec deux autres collègues, Louis était venu après.
Notre objectif était vraiment un échange culturel entre lycéens du Nord et du Sud. Ce fut passionnant : les élèves qui sont partis avec nous ont été marqués à vie. Ce qui les a le plus impressionnés : le désir d'apprendre des jeunes Mauritaniens qui considèrent l'enseignement comme un privilège et une richesse ; leur capacité également à faire la fête sans avoir besoin de ce qui paraît indispensable aux jeunes Français pour s'amuser... C'était également merveilleux pour nos élèves d'aller travailler dans les ateliers avec les lycéens Mauritaniens. Mais ce ne fut pas facile... Si nous Français avions cet objectif d' échanges culturels, nos amis mauritaniens étaient plutôt dans l'attente des biens matériels que nous pouvions apporter. Surtout les enseignants, il faut le reconnaître. Dans ce lycée professionnel qui disposait d'ateliers neufs, les profs attendaient beaucoup de nous les outils qui leur permettaient de produire pour leur compte personnel... Mais c'est la règle, ils sont mal payés et si l'on veut qu'ils restent dans ce lycée il faut accepter ce genre de compromis.
Avant la mort de Louis notre comité de jumelage était en difficulté : le chef d'établissement est parti en retraite ainsi que les trois profs fondateurs. Les jeunes enseignants, certes motivés, n'ont pas la disponibilité des "vieux". Et il est difficile d'animer un comité de jumelage quand on n'est plus dans l'établissement, qu'on ne connaît plus les élèves.
Donc notre jumelage est en sommeil depuis un an.
Nous ne voulons pas le voir disparaître...
Si vous avez, les uns ou les autres, des expériences de ce genre et pouvez nous donner des conseils, vous serez les bienvenus.
Match de basket franco-mauritanien à Boghé
En Mauritanie, les lycéens lyonnais abandonnent le scooter pour aller en cours
Discussions sur la plage de Nouakchott
A chaque voyage le grand bonheur de jouer dans les dunes.
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mercredi, 16 mai 2007
Que la terre lui soit légère...
C'est ce que m' ont écrit mes amis africains pour mon ami Louis que j'ai enterré aujourd'hui. Il y a dix-huit mois nous parcourions ensemble le Désert. Ensemble nous avions mis en place un jumelage avec la Mauritanie. Il a lutté pour rester debout jusqu'à la fin.
Nous aimions regarder au-delà des dunes...
C'est vrai il n'ira plus marcher dans le désert
Il n'attendra plus la nuit dans l'infini de sable...
L'arbre pousse dans le désert : c'est toujours la vie qui gagne.
"Celui qui n'aime pas, reste dans la mort"
Saint-Jean
Quant à moi je pars quatre jours : le dernier pont de mai.
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