lundi, 31 janvier 2011
Commencer la semaine avec...
... Louis Calaferte
que j'ai découvert grâce à Solko
"Indécise cité des femmes
vos mains
beaux peignes effilés
vos mains de feuilles mortes ô mains fidèles et adroites
nous vous fûmes confiés indociles à vous fuir
mains d'ondées ô gracieuses
à nos têtes d'enfants exerçant leur science
exorables
mains à bouquets mains à blessures
mains salutaires à nos fronts
Épouses des enfants."
Louis Calaferte
"Choses dites"
Ce soir, aux Xanthines, discussion autour du livre "Requiem des Innocents". Ce n'est pas le meilleur livre de Calaferte mais, largement autobiographique, il est très introductif à cet écrivain.
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dimanche, 30 janvier 2011
Retour à Tibhirine
Depuis quelques mois, parmi les lectures qui m'ont marquée, il y a toutes celles que j'ai faites sur les moines de Thibirine. J'ai lu plusieurs ouvrages mais je ne retiendrai que le plus complet qui me paraît un livre de référence.
C'est celui d'un journaliste américain, John Kiser, et le livre s'appelle "Passion pour l'Algérie, Les moines de Tibhirine".
Remarquable par ses références historiques sur l'Algérie, son empathie avec le pays et les moines, son attention au contexte spirituel très particulier.
L'auteur, un journaliste d'investigation, a écrit avec respect sous l'égide de Robert de Chergé, frère du prieur Christian de Chergé, qui protège les familles des moines.
On peut commencer par un événement fondateur : l'histoire d'amitié extraordinaire entre Christian de Chergé et Mohamed. L'amour de Christian pour l'Algérie remonte à son enfance. Il y avait vécu avec sa famille, son père étant militaire, en 1942 : il a cinq ans et gardera un souvenir ébloui d'Alger. Après ses études, il est envoyé comme lieutenant, cette fois pendant la guerre et se lie d'amitié avec Mohamed, le garde champêtre de Tiaret. À la base de leur amitié, de longues discussions sur Dieu où il se trouve en très profonde communion avec le musulman. Un jour, ils cheminent en discutant, et arrivent des soldats rebelles.
"Mohamed s'interposa entre Christian et les fusils pointés vers sa poitrine. Il protesta, soulignant que ce soldat était un homme de Dieu et un ami des musulmans. Les fells se retirèrent sans faire de mal au Français. Le lendemain on retrouva Mohamed égorgé près de sa maison..."
Plus tard devenu prêtre, Christian n'a qu'une idée en tête, devenir moine et rejoindre la communauté Notre-Dame de l'Atlas à Médéa. Ses parents ne comprennent pas ce choix car pour eux le moine est presque inutile.
John Kiser retrace l'histoire de ce monastère implanté en Algérie avant la colonisation française. Les moines sont bien perçus, et pour les Algériens ne seront pas considérés comme les représentants d'une Institution, l'Église, ni de la colonisation. En tant que musulmans, ils regardent les moines comme des hommes qui prient, comme eux.
Chritian de Chergé qui a consacré deux ans de sa vie à se former dans un institut d'enseignement de l'arabe et de l'Islam ira très loin dans sa rencontre du monde musulman. Il pratiquait le Ramadan et entrait dans sa chapelle pieds nus. Mais cette attirance était loin d'être partagée par les autres membres de sa communauté qui eux craignaient de perdre leur identité. Sauf par Christophe Lebreton, beaucoup plus jeune, poète et mystique.
Puis Kiser revient longuement sur l'Histoire de l'Algérie qui l'a conduite aux années de terreur des années 90. 199é : annulation du processus électoral qui aurait donné la victoire au FIS et assassinat du Président Boudiaf... L'Algérie devient un bateau ivre...
Pour les moines, on connaît la suite.
Kiser envisage alors différents hypothèses non seulement à propos de leur assassinat mais aussi de leur enlèvement.
"Selon une analyse largement répandue les moines constituaient une menace. Mais une menace pour qui ? (...)N'étaient-ils pas un danger pour les éléments, à l'intérieur de l'appareil de sécurité algérien, qui pensaient que les moines étaient trop bienveillants envers les terroristes ? (...) Une autre théorie qui avait la faveur de certains journalistes, considérait l'enlèvement comme une réponse au président Zéroual, qui avait prétendu, pendant la campagne électorale de 1995, que le terrorisme n'était plus que résiduel...
"L'hypothèse la plus souvent avancée présentait les moines comme victimes de rivalités entre différents groupes terroristes. En se montrant disposés à soigner, sans poser de questions, tous ceux qui se présentaient au dispensaire, la communauté était devenue une cible de choix pour n'importe quel émir contôlant le secteur géographique voisin."
Par ailleurs, le comportement des services français, pendant la période de cet enlèvement, est très douteux. Selon plusieurs sources, un envoyé français aurait rencontré les moines par l'intermédiaire de Médecins sans frontières. Cet envoyé aurait rapporté que les moines avaient créé des liens de sympathie avec leurs geôliers. Mais Hervé de Charrette, ministre des Affaires étrangères, a toujours nié l'existence de cet envoyé. Même mystère bien sûr concernant leur mort.
Mais ce que j'ai retenu de plus marquant c'est que le terrorisme musulman est l'instrumentalisation d'une religion très belle qui n'a rien à voir avec ce dont on l'accuse. Rien à voir non plus avec les pratiques purement identitaires que nous connaissons en France. Christian de Chergé a eu accès à la spiritualité profonde de l'Islam et en a été transformé.
D'où son engagement et celui de ses frères moines jusqu'à la mort.
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mercredi, 26 janvier 2011
Kim En Joong, couleurs chaudes
"Comment fait-il pour marier aussi harmonieusement les couleurs foides et
les couleurs chaudes?"
Rony
"C'est dans la vibration de la couleur que doit apparaître ce qui ne peut jamais être représenté."
Kim En Joong
La réponse à la question de Rony se trouve dans le très beau livre que Christiane Keller a consacré à la basilique de Brioude, dont les vitraux sont l'oeuvre de Kim En Joong.
"Nous voici dans le vif du sujet : il n'y a pas de vérité transculturelle de la couleur (...) L'historien nous apprend que "l'opposition entre couleurs chaudes et couleurs froides est purement conventionnelle et fonctionne différemment selon les époques et les sociétés." Au Moyen-Âge, le bleu est une couleur chaude".
Puis Christiane Keller nous donne ses interprétations des couleurs de Kim En Joong.
"Le rouge
Voici une couleur dont la suprématie s'est imposée à l'Occident sans doute parce qu'elle est la couleur universelle du feu et du sang. (...) Du couchant rouge cuivré de sa nature natale au rouge argile de sa culture biblique, Kim En Joong n'esquive pas le sens qu'offre la racine hébraïque du rouge : rouge naissance relié à l'universel principe de vie. Ce rouge déjà présent dans les grottes paléolithiques et néolithiques. Il est encore celui de la mer Rouge, féminin symbolique du ventre maternel où passer de la mort à la vie, de la servitude à la liberté."
Le bleu. "Le bleu était absent de l'Antiquité et de la Bible, il fut longtemps une couleur de second plan en Occident. Couleur céleste la plus immatérielle et la plus profonde, la plus froide et la plus pure des couleurs, hors le blanc neutre, il attire vers l'infini. Très discret jusqu'à l'époque carolingienne, il va triompher à partir du XIIème siècle où la quête de la couleur et celle de la lumière vont devenir indissociables. Le bleu de Chartres où Kim En joong perçoit aujourd'hui encore comme un avant-goût du ciel".
Le jaune
"Le jaune en revanche ne disputera jamais au bleu ses profondeurs. Pourquoi le jaune, valorisé dans les cultures non européennes, est-il la couleur la moins aimée en Occident ? Le XIIème siècle l'abandonnera, concurrencée par l'or."
Le vert
"Si Kim En Joong le lie directement à la nature... il remonte là à quelques références universelles. Comme le rouge l'est pour le feu et le sang, la lumière pour le blanc, et le noir pour la nuit, la couleur verte est celle de la végétation. (...) Couleur médiane, non violente, paisible dans les traditions romaines, médiévales et pour Goethe tout comme pour les théologiens qui ont codifié les couleurs liturgiques."
Je ne sais Rony si cela répond à ta question
mais c'est ainsi que Chritiane Keller analyse les couleurs
des vitraux
de la basilique Saint-Julien
à Brioude.
Et comme je sais qu'elle connaît bien l'artiste...
Pour ma part je n'ai pas de compétences ni en peinture ni en Histoire de l'art mais il me semble que ces vitraux non figuratifs sont un lien avec l'invisible, l'indicible, le mystère...
19:09 Publié dans Âme chinoise, Coups de coeur, Passages vers... | Lien permanent | Commentaires (12) | Facebook | Imprimer
samedi, 22 janvier 2011
Chaque oeuvre d'art...
"Chaque oeuvre d'art authentique est une grâce qui nous comble"
Godfried Dannels
J'avais présenté l'exposition du peintre Kim En Joong, en juin 2010, au moment de son inauguration. L'exposition est terminée mais j'ai eu l'occasion de mieux connaître cet artiste reconnu comme le peintre de la lumière. À découvrir les vitraux qu'il a réalisés pour la cathédrale de Brioude.
Un très beau livre met en harmonie des lithograpies de Kim En Joong et des poèmes, écrits pour lui par François Cheng.
"Éclair de bleu,
Éclaircie de jaune,
Éclaboussures de cendres noires
Soudain ravivés par la mémoire,
Nous qui venons de si loin,
Nous qui tendons vers l'ouvert,
toutes douleurs au creux de la paume,
et toutes joies entre les doigts,
Matin d'un pays resurgi,
Matin du monde entrevu,
Toute vraie rencontre se révèle retrouvailles !"
François Cheng
22:10 Publié dans Âme chinoise, Image du jour | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook | Imprimer
vendredi, 21 janvier 2011
Passage vers un décodage utile...
Passage vers le blogue de Romain, élu lyonnais...
Depuis dimanche, d’aucuns voudraient faire accroire que le Front National a changé, qu’il est désormais rangé des panzers, que la peste blonde a chassé la brune, que nous aurions droit désormais à une version light de Jean-Marie, la gégène en moins, un œil en plus. Par parenthèses, quelle idée tordue d’affubler sa fille du prénom de « Marine » quand on a perdu son propre père en mer, éparpillé par petits bouts, façon puzzle, en taquinant de trop près les colliers de perles de la Kriegsmarine.
Forcément, du côté hitlérophile de la force, on a sombré dans le déclinisme et on s’indigne déjà de la dérive gauchiste du parti, on crie à l’affadissement des fondamentaux : la fillasse s’est bien gardée des vilénies antisémites, des calembours-sturmfürher et des galéjades nauséeuses de papa.
Et dans un élan médiatique qui n’est pas sans évoquer celui des ovins sur la route de l’estive, on nous rebat les oreilles avec une prétendue normalisation du Front National, l’avènement d’une extrême droite à visage humain, faisant de Marine Le Pen l’âme repentie des outrances coutumières de son géniteur.
Et pendant que Marine joue à « Miss Nationale », on a le sentiment que peu nombreux sont les journalistes à l’interroger sur autre chose que son propre plan de communication, la dédiabolisation en sautoir. Peu nombreux semblent être ceux qui interrogent Marine Le Pen sur autre chose que les sujets qu’elle affectionne, masquant de fait l’indigence éclatante et l’opportunisme racoleur de sa pensée économique et sociale, la démagogie atroce qui exsude de ses déclarations
Sans faire dans l’atavisme de comptoir, le casque d’or de la bien nommée laisse entrevoir de belles mèches brunâtres desquelles se dégagent ce fumet si caractéristique des andouillettes victimes d’une rupture de la chaine du froid.
Au FN, on a changé la vitrine, on a repeint la façade. Mais l’arrière-boutique est la même. Les fondations idéologiques sont faites du même terreau putride, raciste, antisémite et négationniste dans lequel se vautre l’extrême droite depuis toujours. Elle est l’héritière de son père et jusqu’à preuve du contraire, elle a accepté cet héritage intégralement, sans renonciation, du « détail » à « Durafour crématoire », de la cave au grenier.
Et à sauter à pieds joints dans le piège d'une prétendue normalisation, nous nous préparons à devoir subir encore une fois les derniers outrages d'un second tour douloureux.
09:08 Publié dans Passages vers... | Lien permanent | Commentaires (23) | Facebook | Imprimer
mercredi, 19 janvier 2011
Anniversaire
Ce blogue a eu quatre ans il y a environ un mois. En fait je ne connais plus bien la date de sa création car j'ai détruit les premières notes. Créé dans une période difficile, il a été un salutaire moyen d'évasion. La blogosphère m'impressionnait et j'y passais des heures.
Aujourd'hui j'ai pris de la distance et, comme de nombreux blogueurs, j'ai des états d'âme récurrents quant à l'intérêt de son existence et à son opportunité... Tout en reconnaissant que j'aurais du mal à m'en passer complètement.
Pour fêtre cet anniversaire, j'ai promis à un des premiers blogueurs que j'ai rencontré, de parler de lui.
Il s'agit de Stéphane.
Je ne peux plus vous mettre le lien vers son blogue car il l'a fermé. J'écris ce billet avant de le supprimer de ma liste. D'habitude cela m'attriste, une fermeture de blogue,mais en ce qui concerne Stéphane je considère que c'est une bonne nouvelle.
Quand j'ai connu le blogue de Stéphane, il y a quatre ans, c'était l'époque où je pouvais me permettre de vagabonder dans la blogosphère.
J'avais été accrochée par un billet qu'il avait écrit sur Marcel Aimé. Nos centres d'intérêt étaient pourtant beaucoup divergeants car Stéphane, grand lecteur, est un passionné de Science-Fiction, genre avec lequel je n'ai jamais accroché.
Quand j'ai connu Stéphane, il était au chômage et dans une situation de très grande inquiétude et d'angoisse. Il camouflait avec humour son mal être mais en contrepartie son blogue dégageait des propos vindicatifs pouvant choquer. Habituée aux jeunes mal dans leur peau, je n'ai jamais été rebutée par ses provocations. Ce ne fut pas le cas d'une lectrice commune à nos deux blogues. Stéphane avait dans ses archives des billets frôlant l'islamophobie. Ceux-ci m'avaient d'ailleurs également déplu. Mais cette autre lectrice , a décidé de lui interdire son blogue. Puis ce fut à mon tour d'être exclue, quand j'ai pris la défense de Stéphane.
Ce type de propos islamophobes, je les avais déjà rencontrés chez certains de mes élèves et je savais que ce n'est pas en rejetant celui qui les tient qu'on peut modifier son opinion.
L'important est d'essayer de comprendre pourquoi on pense ainsi.
J'ai donc continué avec Stéphanet et ne l'ai pas regretté.
Un jeune homme qui affichait très régulièrement sur son blogue " Lisez des livres" ne peut être mauvais !
Stéphane m'a envoyé pour correction le brouillon d'un roman qu'il avait écrit sur la galère du chômage et l'inutilité de l'ANPE, ancêtre du Pôle-Emploi.
J'ai suivi tous ses efforts pour s'en sortir : formation, stages, petits boulots...
Récemment il m'a informée qu'il avait trouvé un CDI dans son domaine, l'informatique.
Il a fermé son blogue.
C'est très bien ainsi.
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lundi, 17 janvier 2011
Pensée du lundi...
Remarque pour Doume, je n'ai jamais dit que je reviendrais le 15 janvier mais cette semaine qui débute.
Et c'est promis.
Encore un simple clin d'oeil pour aujourd'hui...
Tout ce que ta main trouve à faire
fais-le
tant que tu en as la force.
L'Ecclésiaste 9,10
12:07 Publié dans Au jour le jour, Image du jour | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook | Imprimer