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mercredi, 20 janvier 2010

Haïti : passage

Le travail d'aide continue pour ma belle-soeur : recensement des élèves dans son établissement transformé en hôpital de campagne. Tâche douloureuse qui fait apparaître les noms de ceux qui sont morts ou disparus comme ceux qui ont perdu leur famille. important pour elle : écoute de ses élèves. Un état d'urgence a été déclaré pour un mois mais au lycée français on aspire à une vie "normale" grâce à la reprise des cours.

Comme ce n'est pas évident pour moi de transmettre, je préfère vous renvoyer au blogue passionnant d'un Français vivant en Haïti. Vous y trouverz bien sûr le récit de la vie quotidienne depuis le séisme mais aussi une foule de remarques et d'analyses du pays.

Donc Passage ICI.

dimanche, 17 janvier 2010

Haïti : détour par la Littérature

31r87iJrwiL._SL500_AA240_.jpgQuand le séisme s'est produit, j'étais justement en train de lire le dernier ouvrage de Dany Laferrière écrivain haïtien vivant au Québec.

Pour son dernier livre : "L'énigme du retour", il a obtenu le prix Médicis.

"Ces envoyés des organismes humanitaires arrivent à Port-au-Prince toujours pleins de bonnes intentions. Des missionnaires laïques qui vous regardent droit dans les yeux tout en vous débitant leur programme de charité chrétienne. Ils se répandent dans les médias à propos des changements qu'ils comptent apporter pour soulager la misère des pauvres gens. Le temps de faire un petit tour des bidonvilles et des ministères pour prendre le pouls de la situation. Ils comprennent si vite les règles du jeu (se faire servir par une nuée de domestiques et glisser dans sa grande poche une partie du budget alloué au projet qu'ils pilotent) qu'on se demande s'ils n'ont pas ça dans le sang-un atavisme de colon. Leur parade quand ils sont mis en face du projet initial c'est qu'Haïti semble inapte au changement. Pourtant ils continuent dans la presse internationale à dénoncer la corruption dans ce pays. Tous les journalistes de passage savent bien qu'il faut passer prendre un verre près de leur piscine pour avoir cette information solide venant de gens objectifs et honnêtes -les Haïtiens, on le sait, ne sont pas fiables. Ces journalistes ne se demandent jamais comment se fait-il que ces gens vivent dans de telles villas quand ils se disent ici pour aider les damnés de la terre à s'en sortir."

Voilà qui inquiète pour la reconstruction...

Plus loin, il évoque l'hôtel Montana qui s'est effondré.

"Nous prenons un verre au bar de l'hôtel Montana.(...)

C'est le quartier général des journalistes étrangers.

Un hôtel haut perché qui permet

de savoir ce qui se cuisine en bas

dans la chaudière de Port-au-Prince

sans être obligé de se déplacer.

Le bar est assez pourvu pour tenir un mois de siège."

 

IMG_4068.JPG

Hôtel Montana au coucher du soleil.

février 2009

La propriétaire vient d'être retrouvée dans les décombres

ce qui nous rappelle que ce sont les moins pauvres et les riches qui ont été touchés par le séisme.

Ils habitaient dans des maisons en dur ...

mais ce sont les pauvres qui souffrent de la désorganisation qui en résulte.

samedi, 16 janvier 2010

Haïti : troisième jour.

Message reçu directement de Geneviève, ma belle-soeur.

"Je suis restée toute la journée hors de la maison . D'abord un arrêt à la résidence (détruite) de l'ambassade (elle aussi détruite) pour tenter d'obtenir des consignes claires concernant notre situation ici. En fait tout le monde était plus préoccupé par la venue du ministre Joyandet. Puis nous avons filé à l'aéroport, long parcours à travers la ville. (ceux qui connaissent comprendront mieux) qui m'ont permis de prendre la température .Spectacle de désolation qui rappellerait celui d'un bombardement ! Parmi la population, aucune agressivité, aucune colère, mais beaucoup de solidarité et d'entraide pour fouiller dans les ruines et retrouver des objets, des outils qui serviront à nouveau. Certains reconstruisent des murs de fortune, d'autres récupèrent une gamelle, improvisent un trépied pour le feu et cuisinent pour la rue . Je ne nie pas qu'il y ait des scènes de violence, notamment autour des distributions d'eau et de vivres : ce sont des dons, donc gratuits ce qui justifie les bagarres car chacun veut en profiter. Quand il s'agit d'attendre pour faire ses courses dans les premiers markets qui ré-ouvrent, la file est très organisée et respectée ! Bien sûr qu'il y a aussi des pillages dans les maisons, les boutiques ... , mais quelle catasrophe ne les a pas connus ? On entend des coups de feu la nuit tirés en l'air par les gardiens pour faire fuir les voleurs.

Mais nous avons ce moment un temps magnifique et la chaleur accélérant la décomposition, il règne une odeur qui ne peut nous faire oublier le drame et les pertes en vies humaines.

Nous allions à l'aéroport pour chercher parmi les listes des blessés et des disparus à la Log Base (logistic base) de la minustah deux noms , celui d'un ami onusien que nous avons retrouvé bien vivant sur ses deux pieds. Mais quelle activité sur cette base ! et l'on réalise mieux ce que signifie le mot "coordination" ! De gros moyens, des compétences et de l'efficacité !
Au retour second arrêt à la résidence . Une équipe de gendarmes français et leurs chiens rentraient d'une expédition de recherches : on nous a présenté Ben Hur qui, grâce à son flair exercé, venait de retrouver deux personnes vivantes ! Miracle de ces situations extrêmes !
Puis coup de main aux collègues pour dresser la liste des derniers rapatriés du jour, les faire monter dans les bus et les diriger vers l'aéroport. J'ai vu partir certains de mes élèves seuls car leurs parents restent "pour continuer et reconstruire" ! .Il a fallu aussi monter des tentes récemment débarquées car jusqu'à présent les personnes réfugiées à la résidence ne disposaient que de la pelouse et de quelques draps et couvertures !

Pendant ce temps Sylvie aidait à l'hopital général avec beaucoup de courage car les blessures sont souvent si horribles que seule l'amputation se révèle salvatrice ! et les moyens sont si précaires qu'il faut avoir une bonne dose de foi pour y croire ! Dénuement total : pas de pansements, ni de désinfectant (elle a acheté de la javel!) , pas d'éclairage : elle a donné sa lampe frontale au toubib pour qu'il termine, la nuit tombée, sa dernière amputation ! Les dons pour les hôpitaux sont arrivés et leur distribution devrait se faire maintenant d'une façon plus rationnelle que ces dernières heures !ce qui soulagera bien sûr les malades et le personnel médical !
Voilà c'est notre troisième jour depuis le séisme !
Merci à tous pour vos pensées et vos messages . Toutes ces ondes positives nous aident et nous soutiennent !"

Haïti : la vie reprend

C'est le témoignage d'un petit groupe de personnes ! Mais qui fait un contrepoint aux informations des grands médias.

"Pas mal de français sont repartis, autour de 200 sans doute, notamment les familles avec enfants, les blessés ou encore ceux qui ont subi un véritable choc émotionnel et sont dans un état de quasi psychose. Mais à côté de ça, la vie reprend son cours. Pétionville (quartier de ma belle-soer) reprend ses habitudes. Les voisins passent à la maison, profitent d'un lieu de paix pour retrouver leurs esprits, ou tout simplement pour se laver, discuter.. Les gens multiplient les gestes de solidarité et les coudes se resserrent. Les bus inter-urbains recommencent à fonctionner, et Guy (un ami qui a une entreprise d'ébenisterie) est revenu de St-Domingue par la route sans aucun problème. Sa femme le rejoint bientôt, et son atelier ne va pas tarder à ouvrir de nouveau.
Bref, au quotidien, ce ne sont pas uniquement les images de la télé, les journalistes ayant tendance à braquer la caméra vers le plus sensationnel, et pas vers les scènes les plus représentatives du quotidien.
Comme en ce qui concerne l'insécurité ! Bien sûr qu'il y a des mouvements et qu'il faut prendre quelques précautions, dans certaines zones particulières. Un peu plus que d'habitude sans doute. Mais encore une fois, la vie a repris un cours presque normal, et la pression n'est pas celle qui peut être imaginée à la suite des infos audio-visuelles transmises.
Tout ça pour dire que le rapatriement n'est pas franchement d'actualité ! L'ambassade, pour l'instant, n'oblige pas ses ressortissants à partir, et la vie est tout à fait supportable et gérable. D'autres français partagent d'ailleurs le même sentiment. Et on ne peut pas jeter la pierre à ceux qui choisissent de partir bien sûr, mais pour aller où ? Pour faire quoi ? Pour revenir quand ? Aucune information n'étant communiquée par les services officiels, qui se bornent à dire qu'un avion peut les acheminer jusqu'en Martinique, puis sans doute en métropole. Mais après ?
Et puis partir ? Mais les aéroports sont surchargés !!!

 

vendredi, 15 janvier 2010

Haïti : la vie s'organise (2)

IMG_4308.JPG
(photo voyage février 2009)

Les médias, selon leur habitude, se limitent aux grandes manoeuvres et aux images catastrophiques.

J'ai reçu un message de la suvie au quotidien...qui montre un autre aspect de la situation.

"Les rescapés s'organisent : économie d'électricité, (1) tours réguliers en ville pour voir les amis, ou pour porter du réconfort à ceux qui sont encore coincés (comme deux fillettes d'amis prisonnières sous des dalles mais encore en vie), aller-retour à l'ambassade pour chercher et échanger des informations. Ils sont finalement mieux organisés que les instances officielles, qui n'ont jamais pu rentrer directement en relation avec eux !! Internet est le seul moyen de communication, et le lycée français a plein de postes qui fonctionnent, ce n'est pourtant pas bien sorcier...
Côté approvisionnement, ces pays qui ont malheureusement l'habitude des drames se réorganisent de façon surprenante. Ainsi à peine après 24h de la secousse et du désastre, on retrouve des petites marchandes de légumes au coin des rues, la petite boutique qui vend trois cigarettes et deux boîtes de conserve a réouvert, et le "gros" Leader Price du coin (si, si véridique !) a résisté à la secousse. Encore fermé, il devrait pas tarder à ouvrir, si le risque de pillage n'est pas trop important.
Les montagnes environnantes ne sont pas trop touchées non plus, ce qui permet d'espérer que les paysans pourront apporter leurs produits. Sans doute peu, avec un minimum de choix, mais ce qui devrait laisser encore du temps devant soi."

 

1 : électricité fournie par un groupe élctrogène, indispensable dans ce pays où en temps normal on n'a pas d'électricité en permanence. D'où le besoin vital de carburant...

jeudi, 14 janvier 2010

Haïti : la vie s'organise...

J'ai reçu des nouvelles de Port-au-Prince.
La maison semble avoir tenu bon. Ma belle-soeur et ses proches  ont passé la nuit à 6  et attendent comme hier que la maison se remplissent au fil de la journée. Ils ont encore subi des secousses cette nuit dont une grosse qui les a obligés a sortir ....le calme n'est pas encore d'actualité même si apparemment ils ont levé l'alerte au Tsunami. La maison est donc devenue une bulle de retranchement pour les plus démunis la journée. Ils arrivent a échanger des nouvelles avec d'autres personnes via le net et les déplacements à pieds.
Ils s'occupent comme ils peuvent et attendent patiemment l'organisation des secours. Ils ont de quoi largement tenir plusieurs jours même en partageant les repas (bouffe, eau de lavage et eau potable, carburant). On ne s'attend pas à recevoir de l'aide avant 2 ou 3 jours au mieux. Un gros porteur venant de Martinique n'a pas pu se poser sur la piste endommagée et l'ONU n'a pas encore fini de compter ses victimes sous les bâtiments. Les hélicos ont "repris leur ronde" et des bulldozer passent dans les rues... Ils entendent parler d'évacuation vers la Martinique ou la France mais apparemment aucune vraie mesure n'est encore à l'ordre du jour.
Bilan moins optimiste que les médias concernant le personnel du lycée et de l'ambassade. Certains ne sont plus de ce monde et d'autres ne répondent toujours pas et restent introuvables ce qui ne soulage pas les états d'âme...
Le soleil est bien présent ce qui facilite la tache des secours.

Le moral reste fort donc pour cette petite bulle retranchée chez ma belle-soeur et sa co-locataire.

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La maison qui a résisté : structure en bois et toit en tôle.

Je suis obligée de conserver un maximum d'anonymat concernant les personnes sur le Net, d'où quelques modifications du courriel...

 

photo : février 2009

mercredi, 13 janvier 2010

Difficile de penser à autre chose...

Depuis ce matin je suis devant i télé.

Difficile de penser à autre chose.

Ma belle-soeur est repartie à Port-au-Prince après les vacances de Noël. Une autre belle-soeur l'ayant jointe sur Internet, une demi-heure avant le séisme, nous supposons qu'elle se trouvait soit chez elle, soit dans son lycée. J'espère que c'était le lycée car on n'a pas annoncé l'effondrement du lycée français. Nous espérons aussi qu'elle n'était pas au Montana, l'hôtel qui s'est effondré et où se retrouvaient les Européens. Son fils essaie d'être informé par l'ambassade : on attend. Nous espérons être rassurés d'ici la fin de la journée.

Quelle tristesse pour ce pays. Des lueurs d'espoir étaient pourtant apparues durant l'année 2009. Un gouvernement enfin stable et plus volontaire. Une météo relativement  clémente, pas de cyclone dévastateur depuis un an. Des routes que nous n'avions pu parcourir en février 2009, reconstruites. Tout est à nouveau par terre... Et les quelques riches haïtiens qui s'empressent de fuir à Miami...