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mercredi, 29 juillet 2009

Le secret du Mojito

IMGP1009.JPGBien sûr je pourrais parler de mes dernières lectures mais j'aurais le sentiment d'effectuer des devoirs de vacances.

J'ai passé l'âge.

Je préfère m'abandonner  à la bienfaisante paresse qui me permettra, j'espère, d'éviter un malaise lypothimique.

Lors de mon voyage à Cuba, j'avais dégusté abondamment, entre autres, le Mojito.

Depuis que je l'ai découvert en Guadeloupe il y a vingt ans, j'adore le rhum.D'ailleurs il est moins pénalisant pour la ligne que le jus de fruit, donc  j'ai abandonné le jus de fruit !

Le vrai rhum évidemment. Le Havanas club de Cuba, le Barbancourt d'Haïti, le Damoiseau de la Guadeloupe...

Dans les Caraïbes chaque île a ses cocktails et ses recettes.

Cet été donc, grâce à ma belle-soeur prof à Port-au-Prince, je me suis initiée à la préparation du Mojito dont je vous livre les secrets.

On commence par piler une ou deux feuilles de menthe avec une cuiller à soupe de sucre en poudre et le jus d'une moitié de citron vert au fond d'un verre. L'idéal, est le petit citron qu'on trouve là-bas. Pour les citrons plus gros qu'on trouve en France, compter une moitié pour deux verres. Attention, si la menthe est forte comme celle de nos jardins, une ou deux feuilles suffisent. Davantage on risque de masquer le goût du rhum. À défaut de pilon, opérer avec une cuiller en bois. Ensuite on ajoute un bon verre à liqueur de rhum. On peut utiliser un rhum agricole.

On complète le verre avec une eau gazeuse et des glaçons. La branche de menthe est pour décorer.

 

Pour déguster, se coiffer d'un chapeau de paille cubain, s'installer dans un fauteuil à bascule (dodine) et vous êtes là-bas.


 

samedi, 21 mars 2009

De Haïti à Cuba

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Passer comme  nous l'avons fait de Haïti à Cuba c'est passer d'une société de pauvreté à une société de pénurie.

On apprend à faire la différence.

Haïti, c'est la misère, on le sait. C'est terrible d'autant que cela n'a pas toujours été.

Sur les lieux où les gens vivent dans les  ordures, on se promenait il y a trente ans sur un boulevard ombragé.

 

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C'était au temps où les Duvalier, père et fils, protégés par les Américains pour contrer l'île de Cuba toute proche. Il y a eu de la richesse, on appelait l'île "la perle des Antilles, en Haïti mais pas de développement,

d'où la misère actuelle.

Facile à comprendre : pas d'Etat, pas d'infrastructures. Bien que dans ce pays tropical l'eau soit abondante, il n'y a pas de réseau de distribution. Il faut avoir une citerne et acheter l'eau potable. Pas davantage de distribution d'électricité, quelques heures par jour. Discussion surréaliste chez des Haïtiens, amis de ma belle-soeur. "Combien d'heures d'électricité as-tu obtenues la semaine dernière ? ah! bon...plus que moi..."

Quant aux routes...Plus de deux heures pour parcourir 60 kms : cela vous dit leur état.

La population pauvre est exclusivement en bord de mer, raison pour laquelle elle souffre particulièrement des cyclones. Or Haïti est une île essentiellement montagneuse. Plus on monte dans la montagne, plus la misère disparaît. On n'a plus l'impression d'être dans le même pays.

Le pays est complètement assisté et, en l'absence d'Etat ne survit que grâce aux ONG. L'ONU assure ordre et sécurité.
Et pourtant les Haïtiens sont des gens étonnants. Très artistes et très créatifs. L'artisanat est prodigieux. Un pays où la couleur règne partout.L'île est riche en ressources, climat et terre favorables à l'agriculture. Paysages naturels propres à séduire les touristes. Lesquels sont aujourd'hui complètement absents. Dans l'avion, un médecin haïtien assis à côté de moi m'a demandé pour quelle mission je venais.
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En ville, bord de mer
les bidonvilles immondes.
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En montagne tout change.
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lundi, 09 mars 2009

A Santiago de Cuba

 

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à Xavier, pour préparer son voyage à Cuba

Santiago de Cuba : Ferrat l'a chanté, mon vrai coup de coeur.

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J'ai préféré Santiago à La Havane... déjà gâtée par le tourisme.

Santiago n'est pas dans le circuit des tours-opérateurs. Mais il faut y passer absolument.

Quand on arrive à Santiago, on a l'impression que le temps s'est arrêté, on est plongé dans les années 50.IMGP1024.JPG Bien sûr les voitures. Mais pas seulement. Aucune trace de la vie moderne ni de la culture mondiale qui s'est imposée partout. On n'est plus dans la société de  consommation. Les jeunes n'ont pas de MP3 sur les oreilles mais on rencontre  des groupes de musiciens à tous les coins de rue. IMGP1020.JPGIl n'y a rien de particulier à visiter à Santiago, tout le charme est de vivre la vie cubaine. La musique surtout. Santiago, consacré berceau de la révolution par Fidel, est la ville du son cubain. Dès 9 heures du matin, partout, les groupes de son. Le soir dans les petites salles, les Cubains sont entre eux. Les jeunes vous invitent à danser, tout fiers de vous apprendre les pas de Salsa. Le rhum circule, on boit à la bouteille. Nous n'avons pas retrouvé cette ambiance dans les autres villes.

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Dès le premier soir nous avons écouté un groupe de Guantanamo où est né le son cubain. De quoi oublier la sinistre base américaine. L'un des derniers représentants du son cubain est Carlos Manuel Puebla qui a composé "Hasta Siempre" en hommage au Che. Celui qui se considérait comme un simple 'trovador" (troubadour) a été le chantre de la Révolution cubaine. C'est à "la Casa Trova"-il y en a dans toutes les villes- qu'on peut entendre de  la musique traditionnelle. Mais nulle part comme dans "La Trova" de Santiago. Dans la journée nous avons découvert  le groupe phare de la musique cubaine traditionnelle, "Los Jubilados", tous âgés de plus de 70 ans. Le soir, ça dansait au balcon du premier étage. 

Fantastiques nuits cubaines !

 

Voiture Cuba-Photo MPD-2009.jpg
Modifiées par Louis-Paul

 

 

dimanche, 08 mars 2009

Les mots de Cuba

à Noelle...

Par quoi commencer ? Finalement les mots. À Cuba les panneaux idéologiques remplacent les panneaux publicitaires de la société de consommation. Après tout, propagande pour propagande....

 

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En tout cas les panneaux de Cuba m'ont donné envie d'apprendre l'espagnol !

 

 

samedi, 10 janvier 2009

Aux Olibrius

à Noelle, Louis-Paul, Alsacop qui ont embarqué sur le bateau de Yves et naviguent entre Vendée-Globe, Histoire cubaine et Utopie.

Bon voyage...il y a encore des places...

 

Le Bateau Ivre


Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus tiré par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands et de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots !

Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sûres,
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour !

Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : Je sais le soir,
L'aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelques fois ce que l'homme a cru voir !

J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très-antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !

J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !

J'ai suivi, des mois pleins, pareilles aux vacheries
Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !

J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux des panthères à peaux
D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux !

J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulement d'eau au milieu des bonacees,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !

Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés de punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !

J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d'ineffables vents m'ont ailé par instant.

Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombres aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux...

Presque île, balottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d'oiseaux clabotteurs aux yeux blonds.
Et je voguais lorsqu'à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir à reculons !

Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N'auraient pas repéché la carcasse ivre d'eau ;

Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur ;

Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient couler à coups de trique
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;

Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets !

J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
- Est-ce en ces nuits sans fond que tu dors et t'exiles,
Million d'oiseaux d'or, ô future vigueur ? -

Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !

Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesses, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leurs sillages aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.

 

Arthur Rimbaud

 


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vendredi, 09 janvier 2009

Che, l'argentin

18939659_w434_h_q80.jpg J'ai vu hier "Che, l'Argentin" de Steven Sodergergh et j'en ai été enchantée. Même si c'est dur,

vraiment très dur d'être guerillero dans le jungle cubaine en 1959, cela m'a fait du bien de quitter le froid et la grisaille lyonnaise,  pour marcher pendant plus de deux heures derrière le commandant Ernesto.

Bien sûr, on trouvera un cinéphile grincheux comme Murat dans Télérama pour critiquer cette réalisation qui aurait fait trop de consessions à l'industrie du cinéma mais quand on sait que Murat n'aime que les films "caméra à l'épaule" on ne s'étonne pas et on passe sa critique.

C'est en effet un film classique, chronologique et sans effets spéciaux.

Il nous donne l' occasion de découvrir cette révolution cubaine dont, pour ma part, j'ignorais tout.

80 rebelles seulement débarquent à Cuba en 1956, à la suite de Fidel Castro, pour renverser Battista. C'est donc toute la guerilla, appelée  Mouvement du 26 juillet, jusqu'à la prise de Santa Clara ouvrant  les portes de La Havane, qui est racontée dans ce film.

On y découvre en particulier que, si on classe le Castrisme dans le communisme, celui-ci n'est pas de nature marxiste. Fidel comme le Che affirment leur distance par rapport à l'URSS. Contrairement aux Soviets, ils ne sont pas anti-religieux et respectent la ferveur catholique  du peuple d'Amérique Latine, Fidel ayant d'ailleurs été formé par les Jésuites.

Le véritable enjeu de la guerilla était l'indépendance nationale par rapport aux Etats-Unis, Battista étant leur valet, et la récupération des terres pour ceux qui les travaillaient, les paysans misérables et illétrés. La révolution cubaine s'inscrit donc en droite ligne dans la tradition et l'esprit de Bolivar, le grand libérateur de l'Amérique latine. D'ailleurs j'en suis sortie en me disant que le blocus opéré par les USA sur Cuba est vraiment une vraie saloperie. Peut-être qu'Obama...

Et le Che.

Certes il mérite son image d'icône.

Mais sans encensement superfétatoire. C'est un meneur d'hommes du genre dur, qui ne fait pas de sentiment, mais juste. Il exécute ceux qui commettent des exactions. La discipline en somme. Il avance comme un vieillard dans la jungle, à trente ans, asphixié par son asthme. Il trouve le temps de soigner les populations qu'il rencontre, et d'alphabétiser les paysans qui le rejoignent.

Quand une journaliste l'interroge :

-quelle est pour vous la plus grande qualité d'un révolutionnaire ?

Il répond : "l'amour".

Une épopée digne des grands mouvements révolutionnaires qui traînent un romantisme dont nous avons tous plus ou moins la nostalgie.

 

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