mardi, 31 juillet 2007
La cabane à sucre
Mon amie Choubine, de "Choux de Siam", en réponse à une question que je lui ai posée sur son blogue, a pris la peine de m'expliquer ce qu'était au Québec une cabane à sucre.
Je vous laisse découvrir.
Si jamais vous venez au Québec au printemps, pendant le temps des sucres - surtout si vous faites partie d'un groupe - vous n'échapperez pas à la version moderne (et pas du tout authentique) de la cabane à sucre : un grand bâtiment en bordure de la route, où l'on sert à des groupes d'enfants, de personnes âgées, d'amis, d'employés ou de touristes, dans une ambiance de fête, des repas très lourds et très indigestes composés essentiellement de pâtés à la viande (ou tourtières), de fèves au lard, de saucisse, de bacon, de jambon et, pour dessert, de grands-pères (des boulettes de pâte cuites dans le sirop d'érable). J'en passe très certainement; une petite recherche Internet m'apporte des variantes intéressantes. Il y a aussi des oreilles de crisse (des croustilles de lard)... Bon, mais l'élément essentiel, c'est la dégustation de tire sur la neige : c'est que, je ne vous l'ai pas encore dit, vous êtes dans une érablière (ou à proximité), donc dans une exploitation d'érables à sucre; chaque printemps, on recueille l'eau d'érable, que l'on fait bouillir pour la transformer d'abord en sirop, puis en tire, et enfin en sucre. Mon père, par exemple, sait très bien faire chauffer le sirop jusqu'au point idéal, pour en verser des louches sur de la neige bien propre et bien tassée; le sirop prend, chacun détache des lambeaux de tire avec une fourchette ou un bâtonnet... Miam. (On peut se faire une petite dégustation, à la maison.)
Mais une «vraie» cabane à sucre, pour moi, ce n'est pas ça. Je n'ai à peu près aucun souvenir de celle où nous montions à cheval, lorsque j'étais petite, et qui appartenait à la famille Gingras. Mais j'en ai beaucoup, par contre, de celle de mes grands-parents Dion; elle était dans une autre partie de cette même montagne, au milieu d'une autre érablière. À l'époque où je fréquentais cette cabane, la récolte de l'eau d'érable se faisait en tracteur à chenilles; on chaussait des raquettes, au besoin, pour aller décrocher les seaux qui recueillaient l'eau coulant des érables entaillés; on versait l'eau dans un réservoir. La récolte faite, cette eau passait dans le réservoir de la cabane, et de là dans une série de grandes cuves où elle allait bouillir, pendant des heures.
Mes oncles faisaient la récolte. Mon grand-père faisait bouillir. Il passait des journées, des nuits entières à la cabane, quand «ça coulait». Et nous lui rendions visite. Nous faisions le tour des érables les plus proches. Nous nous lancions une balle qui finissait par rouler sous la cabane. Nous nous lancions des boules de neige, évidemment. Nous goûtions à l'eau d'érable qui commençait à chauffer, au point où elle était juste assez sucrée pour être un délice, mais encore désaltérante. Nous inspections les cuves, où le sirop bouillonnait, où il prenait peu à peu une belle teinte dorée. Hélas, mes connaissances sont trop lointaines, et trop imprécises, pour me permettre d'en parler mieux.
Et nous faisions une dégustation de tire sur la neige.
Tenez, voici une chanson, paroles et musique, qui vous donnera une idée de la chose! C'est la version exacte que je connaissais déjà. Suivez ce lien : http://gauterdo.com/ref/cc/cabane.a.sucre.html
La cabane de mes grands-parents Dion était des plus modestes; on n'y organisait pas de fêtes, mais la parenté venait quand même y faire son tour.
Choubine
07:45 Publié dans Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (12) | Facebook | Imprimer
vendredi, 27 juillet 2007
Lectures de l'été : premières impressions
Tout d'abord en ce qui concerne le débat sur Dantec (note sur lectures d'été suite ) la palme revient à ses lecteurs et défenseurs.
A dire vrai je n'ai pas lu tout ce que j'avais prévu, faute de temps.
Je me suis régalée avec "L'Obèle" de Martine Mairal
Martine Mairal fait revivre Marie de Gourmay, fille spirituelle et éditrice de Montaigne. Livre savoureux car l'auteure imite à merveille la prose de Montaigne, ressuscitant le langage de cette époque pas encore épuré des mots du terroir : heureusement Malherbes n'était pas encore venu. Mais surtout le roman évoque la situation des femmes "savantes" de cette époque, ridiculisées à tords par Molière. Je sais, vous allez me dire que Molière n'a dénoncé que les excès des femmes instruites, c'est ce qu'on dit pour défendre notre monument national de la Littérature mais à ce jour je n'en suis plus si sûre : lisez "L'Obèle". Histoire de passion : pour la pensée, la littérature. Amour passionné de Marie pour Michel: lui répond par l'amour filial de celui qui a trouvé sa véritable héritière spirituelle, sa fille adoptive. Dévotion de Marie pour le restant de ses jours ; elle suivra l'édition de toutes ses oeuvres, et apparemment ce n'était pas une mince affaire, d'où le titre. L'obèle est une petite croix qui, dans la marge, signale un renvoi à un rajout et apparemment Montaigne en faisait beaucoup.
Ainsi ce petit livre a-t-il décidé d'une semaine de vacances dont le contenu n'était pas fixé : j'irai visiter Bordeaux que je ne connais pas.
J'ai beaucoup aimé "L'Infamille" de Christophe Honoré.
J'ai préféré ce roman à "Livre pour Enfant" du même auteur. La famille finalement c'est le seul sujet important car nous sommes tous d'une famille et il nous faut vivre avec. Je parle de notre famille d'origine. J'aime le ton du roman qui aborde ce sujet dans la tragédie, le réalisme mais aussi la drôlerie. Des trouvailles inoubiables, comme les cendres du père, cachées après l'incinération dans un sac d'aspirateur. C'est ce que j'aime chez Christophe Honoré, il fouille des êtres dans le plus intime, leur faisant cracher l'inavouable tout en restant dans la banalité de la vie quotidienne. J'adhère à son idée de la famille : un groupe humain, fait de hasard dont on cherche à se libérer mais dont on ne peut se passer.
Le roman qui a le plus marqué mon début d'été est "Tokyo" de Mo Hayder. Et je remercie Myster de me l'avoir fait découvrir.
C'est un thriller qui repose sur un fait historique abominable, trop ignoré des Occidentaux : le massacre de Nankin.
En 1937, les Japonais ont envahi la Chine affaiblie par la décadence de la famille impériale et les guerres que la Chine a subi de l 'Europe durant le XIXème siécle. Les Japonais ont occupé Pékin où ils ont soumis la population de manière humiliante (lire Lao She). Le gouvernement de Tchang Kaï Chek s'étant installé à Nankin, les Japonais
sont entrés dans sa capitale de la manière la plus brutale qui soit, massacrant les civils avec une cruauté sans égal dans l'Histoire.
Le roman de Mo Hayder, c'est l'histoire d'une jeune anglaise en recherche d'une rédemption pour une faute qu'elle n'a pas commise. Dans sa quête, elle part sur les traces d'un témoin chinois du massacre de Nankin qui vit au Japon. Et c'est là que le roman est magistral : la cruauté de l'armée niponne de 1937 trouve écho dans la cruauté des yakuzas actuels. Tous des monstres. On suit en parallèle l'aventure de la jeune anglaise embauchée dans un club à hôtesses et le journal de décembre 1937 du Chinois dont le secret est bien verrouillé.
Il faut savoir aussi que les Japonais pratiquent un révisionnisme terrible par rapport à cet épisode de leur Histoire. Je suis allée sur un site Japonais consacré au massacre de Nankin : j'ai posé une question modérée sur le rapport à la mémoire. Quand je suis retournée ma question avait disparu.
à lire absolument.
Parce qu'on me l'a offert, j'ai parcouru "L'élégance du hérisson". Bofffff!!!!!! De la veine d'Amélie Poulain avec une bonne tartine de gloubi-boulga philosophico-culturel. Tout ce que je déteste ! J'ai du mal à comprendre ce phénomène de "best seller".
Et vous ? vos lectures ?
18:25 Publié dans Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (38) | Facebook | Imprimer
mercredi, 25 juillet 2007
Divine !
Hier soir, aux Nuits de Fourvière, la merveilleuse, sublime Joan Baez.
Les cieux étaient cléments sur le Théâtre antique où chaque fois que je vais à un spectacle j'ai une pensée émue pour nos très anciens colonisateurs romains. Public de ma génération...Peu de jeunes, quelques ados, sans doute entraînés par leurs parents. "Viens mon petit écouter la chanteuse que tes parents adoraient à ton âge".
Joan Baez...La reine de la "song protest"des années soixante. Celle qui symbolise pour nous l'époque où, ados, nous regardions vers les Etats-Unis, phare de la contestation, phare des libertés conquises, phare des "Peace and Love" qu'on a bêtement caricaturés ensuite. Car après tout "Peace and Love" ne devrait-il pas être le seul Credo universel ?
Elle est apparue sur scène : petite, menue, fragile et forte, très belle, merveilleuse ! Et elle a entonné les premières mesures d'Angelina : j'en avais des frissons.
Farewell Angelina...
de sa voix de soprano souple, chaude, sensuelle, vibrante qui vous descend au fond des tripes.
Puis elle a enchaîné, succès d'hier, chansons d'aujourd'hui, toutes engagées expliquant que c'était désolant de devoir toujours dénoncer les mêmes choses. (Chanson contre Georges Busch pour ses mensonges sur l'Irak).
Elle a chanté Bob Dylan mais aussi Renaud, et même a cappela son credo peace and love. S'exprimant entre deux chansons soit en Français, soit dans un Anglais parfaitement articulé pour que tout le monde puisse comprendre.
Je ne vous dis pas le nombre de rappels ! Elle a terminé par le fameux :
Here's to you Nicolas and Bart
Rest forever here in our hearts
que le public a repris car bien sûr tout le monde connaissait les paroles.
Séquence nostalgie personnelle : quand j'ai connu mon mari, il grattait aussi la même guitare et chantait les succès de la musique folk : Joan Baez mais aussi Leonar Cohen, Bob Dylan, les francophones Huges Auffray et surtout Graeme Allwrigth. C'était il y a presque quarante ans ! Depuis c'est plutôt lecture quotidienne de l'Equipe et Stade 2 tous les dimanches...
Quand je l'ai vu hier soir, jumelles vissées sur le nez pour mieux voir les accords de guitare, entendu fredonner en battant des mains j'ai pensé que la flamme n'était pas éteinte.
J'ai fait un rêve : ce week-end peut-être la guitare sortira de sa housse.
Mais suis-je bête : ce week-end c'est l'arrivée du tour de France.
Je vais peut-être acheter le dernier CD de Joan Baez pour lui faire oublier.
18:45 Publié dans D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (24) | Facebook | Imprimer
mardi, 24 juillet 2007
Coup de froid sur Les Xanthines
Le bistrot du commerce équitable des Xanthines que je vous ai déjà présenté est menacé dans son existence.
Comme toujours, les sales coups arrivent l'été.
C'est ma copine Catherine, que vous voyez ci-dessus en photo qui m'a alertée hier. Notre présidente a connu la nouvelle sur son lieu de cure où, dit-elle, elle a reçu une douche froide au milieu des douches chaudes.
Alors voilà.
La propriétaire des lieux qui a été la fondatrice du bistrot veut dénoncer le bail de location. Elle avait dû abandonner l'animation du café quand son mari était tombé malade. Depuis, il est décédé. Restée membre du conseil d'administration, elle a depuis toujours eu une position négative et joué un rôle d'opposition. Comme si elle supportait mal que le café fonctionne bien sans elle. En particulier elle refusait le fonctionnement régulier imposé aus Associations de loi 1901. Elle a écrit à notre présidente alors qu'à la dernière réunion de CA (7 juillet) elle n'avait rien dit de ses intentions.
Mais je suis optimiste : nous trouverons des solutions. J'ai déjà des idées.
16:50 Publié dans Chronique lyonnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | Imprimer
dimanche, 22 juillet 2007
Confiture et intégrisme
à Cathy
Voilà deux mots qui théoriquement mots s'associent mal.
Et pourtant.
Vendredi j'ai entendu Jean-Pierre Coffe sur France Inter.
Je sais, il agace mais j'aime bien l'écouter, notre gourou de la cuisine française. Il présentait donc la confiture. Intéressant dans l'ensemble même si je n'ai rien appris.
Ce vendredi dernier, il m'a quand même fait bondir. C'est à propos du sucre enrichi en pectine (substance qui existe dans certains fruits et aide à faire "prendre" la confiture.)
Bien sûr il est contre.
Libre à lui d'aimer, comme il l'a prétendu, la confiture qui dégouline dans les trous de la tartine selon la chanson...
Mais qu'il ne nous sorte pas une c***erie comme celle-ci. "L'usage de ce type de sucres pour les fruits pauvres en pectine est une solution de facilité", une sorte de paresse en somme.
Or, si monsieur Coffe avait, une fois seulement, fait de la confiture, il saurait que l'étape la plus fastidieuse de sa confection est celle de la préparation des fruits : éplucher, dénoyauter... La qualité du sucre n'intervient que pour le résultat de la cuisson, laquelle doit être la plus brève possible pour que les fruits conservent leur saveur.
Donc j'affirme que monsieur Coffe est une sorte d'intégriste qui n'admet pas de changement, même le plus efficace, dans la tradition des confitures.
Comme tous les intégristes, de tous bords et dans tous les domaines, il n'a pas compris qu'un tradition se maintient en s'enrichissant de nouveaux apports et que c'est au contraire l'immobilisme qui risque de la faire disparaître.
Ma confiture de Reine-Claude de ce jour.
16:40 Publié dans D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (17) | Facebook | Imprimer
jeudi, 19 juillet 2007
Passage au singulier
Si vous êtes observateurs, vous avez vu que le titre de mon blogue était au sigulier.
C'est l'occasion de raconter l'histoire du pluriel.
Au départ, une idée venue en réunion de bureau à l'Ecole des Grands-Parents Européens auquel je participe à Lyon. Mes copines de l'association était d'accord pour un blogue qui parle des grands-parents mais sans que le nom de l'association apparaisse. Elles devaient donc y participer ainsi que d'autres copines...
Résultat : personne !
Elles sont toutes ultra occupées et ont mieux à faire ! Je me suis donc assez vite approprié le blogue pour moi seule.
Mais les choses bougent et cette fois elles m'ont demandé d'envisager pour la rentrée un autre blogue qui serait cette fois au nom de l'Ecole des Grands-Parents. J'espère que la gestion en sera légère et limitée aux informations de l'association. Je sens que cela va encore reposer sur mes "frêles" épaules.
12:40 Publié dans D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (9) | Facebook | Imprimer
mercredi, 18 juillet 2007
Rêve de blogueuse
Bloguer tard le soir avant de se coucher peut entraîner une expérience inédite. C'est ce qui m'est arrivé cette nuit. J'avais laissé avant de dormir un commentaire sur le blogue de Myster "La salle des profs". Et...j'ai rêvé à lui ! Rêve idiot mais que je vous raconte quand même.
Nous l'avions, Ashab et moi, invité à Lyon. Mais surprise ! Dans mon rêve j'ai vu arriver, au lieu du beau garçon attendu -c'est lui qui le dit sur son blogue- une petite bretonne, courte sur pattes, un peu genre Bécassine sans la coiffe. Et cette petite femme de me convaincre "si, si c'est bien moi, j'écris depuis des mois le blogue de Myster, je vous assure ! C'est moi qui ai inventé l'histoire avec Bleue et toutes les autres d'ailleurs" Et moi d'insister "mais c'est pas possible ! Je sais que L. existe, j'ai même rencontré son frère..."
Fin du rêve !
C'est grave docteur ?
12:50 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent | Commentaires (12) | Facebook | Imprimer