lundi, 22 mars 2010
Francophonie : une quadra délaissée...
Un anniversaire discret qui en France passe presque inaperçu.
Dommage.
Si je devais pour ma part affirmer mon attachement à une identité, c'est à celle de la Francophonie que je me rattacherais.
Une composante identitaire qui nous permet à la fois d'être fidèles à nos racines et ouverts au monde. Qui nous évite le nationalisme étriqué dans lequel voudrait nous enfermer le Front National revenu ce week-end sur le devant de la scène.
La Francophonie, c'est ce qui nous permet d'affirmer en même temps une différence et une proximité.
J'en ai fait l'expérience en Mauritanie, lors de plusieurs séjours dans le cadre scolaire.
Difficile de trouver un pays où l'on est plus dépaysé : tout est différent. Vêtements, cuisine, coutumes, politique... Mais nous pouvons parler de ces différences, nous les expliquer.
En Mauritanie, le français, qui coexiste avec l'arabe, occupe une place particulière. Deux communautés cohabitent difficilement. Les Maures, arabophones et les Noirs, francophones. Les Maures dirigent le pays sans partage. Pour les Noirs, le français légué par la colonisation, est paradoxalement la langue de la liberté, de la démocratie, de l'opposition à ce qu'ils ressentent comme une dictature. D'autant que l'eslavage, bien qu'interdit par la loi, perdure chez les Maures, sans dire son nom.
Ainsi une langue contient elle une infinité de notions et de ressentis qui nous échappent. J'ai appris récemment qu'en japonais le mot "amour" n'existait pas jusqu'au XIXème siècle... Quand les premiers romans sentimentaux anglais sont arrivés dans le pays il a fallu inventer un mot pour les traduire...
Si le français véhicule réellement les concepts de Liberté, Égalité et Fraternité, il suffirait de développer notre langue dans le monde plutôt que de donner à tort et à travers des leçons de Droit de l'Homme. Mais nous n'en prenons pas le chemin, la francophonie est de moins en moins investie par la France d'après ceux qui la défendent... Et cette semaine, comme on dit , notre président aura "d'autres chats à fouetter".
Discussion autour d'un Tiep Bou Dien
plat national mauritanien.
11:00 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | Imprimer
jeudi, 18 mars 2010
Ferrat, ça se chante...
Après la rafale d'hommages au monument disparu qu'est Jean Ferrat, ma contribution arrive un peu tard... Temps de décalage : on est abasourdi... On le croyait immortel, j'entends par rapport au trépas, car pour le reste, bien sûr qu'il l'est, immortel...
J'ai alors considéré qu'il est occupait pour moi une place à part. Surprenant, aucun CD de Ferrat à la maison et pourtant je connais ses chansons par coeur...
J'ai compris pourquoi quand mon mari a repris sa guitare, la première fois depuis son opération, pour chanter du Ferrat.
Les chansons de Ferrat sont dans ses carnets de chants et ses participations.
Ferrat nous le chantons depuis quarante ans c'est à dire toujours. Dans les groupes de jeunes que nous avons connus, avec les copains, en famille...
Jean Ferrat a traversé les générations.
Avec Brel et Brassens, c'était la vedette de nos soirées.
Et quand dans ma cuisine j'ai entendu les accords de guitare et fredonner "La Montagne" j'ai su qu' il était toujours vivant.
10:02 Publié dans D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (11) | Facebook | Imprimer
lundi, 15 mars 2010
On s'habitue, c'est tout
France 3 a déprogrammé son émission prévue sur Haïti pour un hommage à Jean Ferrat. Normal. J'espère seulement que cette émission sera proposée à nouveau assez vite. En attendant je vous suggère un passage au blogue très intéressant et très émouvant de :
Québécois en mission à Port-au-Prince.
Il évoque l'état d'esprit de l'après séisme par la chanson de Jacques brel :
On n'oublie rien de rien
On n'oublie rien du tout
On n'oublie rien de rien
On s'habitue c'est tout
Geneviève est plus positive dans ses messages. Elle a repris son travail de professeur au lycée français. De nombreux élèves ne sont pas rentrés après l'état d'urgence, préférant terminer l'année scolaire dans les lycées où ils avaient été accueillis. En revanche son établissement reçoit des élèves de lycées partenaires n'ayant plus de toit.
"Me revoilà depuis une semaine sur mon bout d'île sinistré. Dire que la situation a beaucoup évolué en deux mois serait inexact, et pourtant ce travail de fourmi a donné quelques résultats. Les rues sont dégagées, l'électricité est revenue avec plus de régularité, des murs sont reconstruits ,des maisons consolidées et les commerces des plus petits au plus grands fonctionnent. La préoccupation majeure reste le logement : les campements ne désemplissent pas car c'est là qu'on est assuré de trouver de l'eau et des vivres apportés par l'aide internationale. Certains vivent mieux sous ces tentes que dans leurs bidonvilles ! et puis ce sont comme des petits villages qui se réorganisent : sur la place Boyer,en dessous de chez moi , un endroit est réservé pour la lessive, un autre pour les jeux des enfants, un autre pour le dispensaire , de petits étalages à la périphérie proposent des denrées pour améliorer le quotidien, de jeunes gazelles offrent également un "service de nuit" , une sono diffuse de la musique caraïbe, mais l'absence de toilettes, le froid et les pluies déjà présentes ne laissent aucune illusion : ce n'est pas un village de vacances !"
Elle nous parle également de son activité avec une association : Femmes Internationales en Haïti qui s'occupe de petites structures, crèches, orphelinats... qui reçoivent peu d'aide internationale, voire aucune.
22:39 Publié dans Haïti : survie après le séisme | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook | Imprimer
Des chiffres qui posent question
Résultats des Élections régionales en Rhône-Alpes :
Abstentions : 56 %
Front National : 14 %
Difficile de voir l'avenir sereinement
21:29 Publié dans Chronique lyonnaise | Lien permanent | Commentaires (25) | Facebook | Imprimer
samedi, 13 mars 2010
Traité de Turin
C'est dans ce salon, à Turin, que fut signé le Traité de l'annexion de la Savoie à la France, le 24 mars 1860. Il y a juste 150 ans...
Annexion et non rattachement comme on a tendance à le dire aujourd'hui.
Annexion est le terme officiel.
Les mots ne sont pas neutres et on peut s'interroger sur ce mot, annexion, qui porte un caractère autoritaire.
Pourtant l'Histoire officielle nous enseigne qu'il y eut un large plébiscite en faveur du rattachement.
C'est passer à la trappe toutes les négociations laborieuses de l'année 1859, entre Napoléon III et Cavour, soucieux d'aboutir à la construction de la Nation italienne.
"Ainsi le plébiscite doit être replacé dans sa signification réelle. Il ne fut pas un exercice de la souveraineté populaire, choisissant son destin entre plusieurs options, mais la ratification, de type bonapartiste, d'une cession territorriale constituant un élément de troc dans un jeu diplomatique serré, entre Paris et Turin".
(Histoire de la Savoie de Paul Guichonnet)
Dominique, a-t-il existé à Nice un mouvement en faveur de l'Italie ?
C'est ainsi que le Chablais et le Faucigny avaient auparavant signé des pétitions demandant d'être rattachés à la Suisse. J'ai retrouvé les noms de mes aïeux sur l'une d'elles.
"Malgré les sympathies que peut éveiller un grand et glorieux Empire, ils témoignent, disent les signataires, expressément leur désir d'être réunis à la Confédération Suisse, de laquelle les rapprochent dès longtemps la communauté des intérêts et des sentiments, ainsi que les relations de bonne amitié dont ils ont reçu tant de preuves."
Des courants s'affrontent durant tout l'hiver 1859 : les anti-annexionnistes ( plutôt de gauche, n'ayant pas envie d'entrer dans une dictature) contre le parti français qui réunissait des conservateurs.
Une solution de compromis est trouvée avec l'extension d'une zone franche et la neutralité en cas de conflits.
Les promesses de Napoléon III n'ont pas été tenues et le Second Empire n'apporta pas aux nouveaux départements français l'élan économique souhaité.
Ce qui est amusant c'est que, hier, le journal 20 Minutes, version suisse, publiait un sondage : 55% des Savoyards actuels souhaiteraient que leurs départements redeviennent suisses, constituant un nouveau canton. Le séparatisme est aujourd'hui porté par le parti savoisien de Patrice Abeille, candidat aux élections régionales de ce dimanche 14 mars.
Dans une interview il déclare :
"S'il doit y avoir un véritable 150e anniversaire, ce serait celui de 1858. Il a été commémoré en juillet 2008 à Plombières dans les Vosges, où l'avenir de la Savoie a été décidé en secret entre Napoléon III et Cavour. C'est là que tout s'est joué. L'année dernière, une quarantaine de Savoisiens étaient présents lors des cérémonies pour rappeler le caractère scandaleux de cet échange entre un peuple et un soutien militaire. Les présidents des deux conseils généraux n'ont eux pas osé répondre à l'invitation...
Il ne faut donc pas oublier la date de 1858 qui est fondamentale dans le fait que nous soyons aujourd'hui français.»
C'est leur affaire !
J'avoue ne plus me sentir concernée... Je ne suis plus savoyarde sans être devenue lyonnaise : juste rhône-alpine !
En revanche l'identité nationale version Besson, pour moi, ne va pas vraiment de soi !
15:47 Publié dans 150 ans du rattachement de la Savoie à la France | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : lyon, savoie, annexion de la savoie à la france | Facebook | Imprimer
mercredi, 10 mars 2010
La Savoyana
Quand j'étais à l'école primaire, je me souviens très bien que j'étais parfois exaspérée par les cours d'Histoire : on ne parlait jamais de ce qui s'était passé chez moi, en Savoie, à tel point que j'étais convaincue qu'il ne s'y était rien passé.
Nos instituteurs nous racontaient les hauts-faits de l'Histoire de France, bien fossilisés par le temps.
C'était l'époque où les enfants ne posaient pas de questions aux adultes : parents ou enseignants, on ingurgitait sagement.
Plus tard j'ai compris que mon Histoire, celle de la Savoie n'était pas l'Histoire de France.
Pour nous l'Histoire commune commence il y a 150 ans. Deux de mes arrières grands-parents sont nés Savoisiens.
Voilà pourquoi je me suis régalée d'un chapitre du roman historique dont nous parlerons aux Xanthines le 22 mars, "La nuit la neige" de Claude Pujade-Renaud.
L'un des personnages principaux est une femme morte.
C'est Marie-Louise Gabrielle de Savoie, devenue reine d'Espagne. À cette époque, en 1701, date à laquelle elle a épousé le roi Philippe V d'Espagne qui était français et petit-fils de Louis XIV, la Maison de Savoie était, en Europe, aussi importante et puissante que le royaume de France avec lequel se multipliaient les alliances.
Histoire bouleversante que celle de cette reine-enfant. À treize ans seulement elle épouse Philippe V, roi d'Espagne imposé par la France à ce pays qui n'avait pas d'héritier. Philippe V a dix-sept ans et elle est impubère, d'après Claude Pujade-Renaud. Il n'empêche que ce jeune couple va s'aimer follement et que tous deux seront adorés par les Espagnols. C'est le peuple qui l'appellera La Savoyana par affection.
"Lorsqu'elle fut grosse de Luisillo, elle s'est rendue en compagnie de la cour à Notre-Dame d'Atocha, pour une action de grâces. Sur son parcours, dans les rues de la capitale, ce fut du délire : pensez donc, depuis quarante-six ans, on n'avait pas vu de naissance royale ! L'Espagne cessait enfin d'être bréhaigne. Des hommes hurlaient ou pleuraient. Dans l'excès de leur joie ils cabriolaient, décrochaient des lazzis drôlatiques ou se livraient à des bouffoneries incoyables, obscènes souvent. Des femmes soulevaient leur enfant et le tendaient vers le carrosse. J'entends encore les acclamations, Viva la Savoyana ! et ces voix piaillantes : Savoyana, Savoyana, nous t'aimons plus que Dieu ! (les oreilles des familiers de l'Inquisition traînant par là devaient frémir de ce sacrilège mais bon, c'était jour de liesse). Des invocations comme à une sainte, un déferlement de passion."
Hélas ! Adorée par son mari, adulée de son peuple, la Savoyana est morte à vingt-sept ans des écrouelles laissant trois fils dont un futur roi d'Espagne.
15:05 Publié dans 150 ans du rattachement de la Savoie à la France | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : savoie, lyon, annexion savoie à la france | Facebook | Imprimer
lundi, 08 mars 2010
Celles qui n'ont pas le choix...
Je n'aime pas trop les marronniers mais difficile, comme le rappelle discrètement Doume, d'oublier celui d'aujourd'hui et de passer à côté.
Hommage donc
à toutes les femmes soumises à la charia
victimes de l'intolérance
et de la violence de religions obscurantistes.
Hommage aux Iraniennes en lutte
aux Afghanes
aux Irakiennes
qui pour des raisons différentes
vivent cachées et dans la peur.
Je vous suggère un passage vers le blogue
pour réfléchir à ces choix que peuvent faire
ou ne pas faire les femmes.
09:01 Publié dans Passages vers... | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook | Imprimer