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vendredi, 24 octobre 2008

Chine : ça va bouger dans les campagnes.

Ce n'est pas moi qui le dis mais  Courrier International.

La Chine des parcelles, telle qu'on la voit actuellement, risque de changer.

Des raisons géographiques mais aussi des raisons économiques et politiques dictaient leurs lois aux paysages ruraux.

Depuis 1983, les paysans avaient un droit d'exploitation et non un droit de gestion sur leurs parcelles qui restaient propriétés de l'État. Les collectivités locales ayant la mission difficile de répartir ces parcelles, minuscules-un demi-hectare- entre les paysans. La plupart d'entre eux, ne pouvant en vivre, abandonnaient à d'autres ce droit d'exploitation mais sans pouvoir en tirer profit par une location.

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Une réforme du foncier rural, très récente en date du 12 octobre 2008, leur octroie le droit de gestion, même si la terre reste propriété de l'État.

Ils pourront ainsi la louer, l'hypothéquer, la transmettre.

Cela devrait également mettre fin au morcellement des terres qui était un obstacle à la modernisation de l'agriculture. Par le regroupement devenu possible des parcelles, on pourrait assister au développement des grandes exploitations et d'une agriculture intensive.

Mais ce qui manque encore au paysan chinois c'est la reconnaissance de la société, tant son statut est toujours méprisé. Et ça ne peut se faire par décret politique. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les paysans chinois restent attachés à Mao : à défaut de leur avoir donné à manger, il leur avait donné une dignité.

Pour nous, c'est drôle de constater que la Chine fait des pas vers la propriété privée quand nous redécouvrons la nécessité du contrôle de l'État.

mardi, 14 octobre 2008

Deux plantes pour un tissu

La passerelle fonctionne bien entre le blogue de Fulmar et le mien. À lui les billets scientifiques sur l'agronomie en Chine, à moi les fantaisies de voyageuse en Chine profonde.

Parmi les spécialités des Dong, il y a les tissus à l'indigo qui entrent dans la réalisation  de tous les vêtements traditionnels.

C'est dans ce village, Xiaolong.

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À l'origine, deux plantes : le coton et l'indigo. (en rouge, les piments qui entrent dans la composition de nombreux plats)

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Le coton est tissé sur place.

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L'indigo servira à la teinture après de nombreuses opérations de trempage jusqu'à devenir une pâte.

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Normalement le tissu devrait être bleu, d'ailleurs les mains des femmes sont bleues. Mais non ! On ajoute à cette  première teinture, d'abord du sang de boeuf puis du blanc d'oeuf ou de la graisse d'animal.
La teinture est alors fixée définitivement avec ces petits maillets en bois qu'on entend résonner dans tout le village.

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Et cela donne ce tissu étonnant, brillant comme du taffetas, dont j'ai rapporté un coupon.

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J'espère pouvoir m'en faire faire une tenue pour les fêtes de fin d'année.

mercredi, 08 octobre 2008

Riziculture ou l'économie réelle.

Économie réelle voire économie à l'ancienne.

Bien loin des places boursières... Comment qualifier d'ailleurs cette économie et cette agriculture qui échappent aux lois du marché.

En fait, dans ces régions agricoles du Guizou que nous avons parcourues, les gens cultivent pour leur consommation personnelle (on mange du riz à chaque repas, y compris au petit déjeuner) et vendent le superflu, ce qui reste, l'année suivante.

Autrefois dans cette région bénie pour la culture du riz, on faisait deux récoltes par an. Aujourd'hui on se contente le plus souvent  d'une seule. Les hommes et les jeunes travaillent dans les villes ou sur les chantiers. L'agriculture est pratiquée par ceux qui restent au village, les femmes et les vieux.

Et pourtant, que deviendront ces paysages, ces montagnes sculptées par les rizières si un jour la culture du riz disparaissait ?

On en est loin heureusement.

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Temps toujours très brumeux
fin de la saison des pluies.
Les feuillages plus foncés sont ceux des arbustes de thé.

Ces terrasses ont été construites dans les montagnes depuis l'époque Ming
comme la grande muraille et travail en a été  tout aussi colossal.
Bien entendu, la mécanisation
y est impossible.

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Le riz on le sait a les pieds dans l'eau et la tête au soleil.
L'irrigation se fait encore de manière ancestrale.
Norias et adduction d'eau en bambou.
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C'était le temps de la récolte.
773358040.jpg(Photo améliorée par LP)


Le riz une fois coupé est battu avec cet instrument... (J'adore le sourire de cette jeune femme.)
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Ensuite, pour sécher, il est étalé partout : cours, rues, terrain de basket...

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La paille du riz est assemblée en bottes. Elle servira à garnir les étables pour les animaux, à la confection du papier.
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Et les buffles se régaleront à brouter les repousses.
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lundi, 06 octobre 2008

Histoire de ponts.

J'ai toujours aimé les ponts, je ne sais pourquoi en fait. Peut-être parce que j'ai touhours vécu près d'un fleuve. Et à Lyon, avec nos deux fleuves ce ne sont pas les ponts qui manquent.

Ceux que j'ai vus durant ce voyage m'ont particulièrement plu.

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Chez les Dong, l'une des ethnies du Guizou, les ponts sont toujours couverts. Il y en a un dans chaque village.
On les appelle
Ponts du Vent et de la Pluie.
Leur architecture est tarabiscotée.
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Une légende serait à l'origine de ces ponts.
Autrefois, dit-on, les villageois traversaient la rivière sur de simple troncs d'arbre. Un jour, alors qu'un jeune couple très amoureux traversait la rivière, une bourrasque renversa la jeune femme. Le crabe des rivières qui la convoitait l'entraîna dans son domaine. Son mari cria si fort qu'il alerta le dragon, maître du vent et de la pluie. Celui-ci tua le crabe et sauva la jeune épouse. En souvenir les Dong construisirent le premier pont.

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Le pont est, chez les Dong, investi d'une importance qui va bien au-delà de la fonction. Passage du dehors au dedans, passage vers la vie, à la naissance, ou de la vie au trépas. À l'entrée presque toujours un oratoire dédié aux esprits invisibles.
Mais le pont est aussi un lieu de vie, de rencontre. Ils jouent le rôle de place du village.

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mardi, 30 septembre 2008

Transmission...

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Les populations rurales du Guizou, confrontées  à la modernité et à la nécessité de partir travailler ailleurs, se préoccupent de la transmission des coutumes, des chants, des fêtes. Des groupes culturels se créent pour maintenir une tradition et pour tenter d'attirer  des touristes, pour l'instant exclusivement asiatiques.

Dans ce village, j'ai été très touchée par la complicité entre un jeune père et son fils.

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L'enfant a participé à toutes les manifestations de l'accueil que nous ont offert les habitants.
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À l'entrée du village, commence par un barrage à alcool.Les femmes  chantent et nous chantons  à notre tour. Puis on déguste l'alcool local, un vin de prune pas très fort mais très parfumé.
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Le tambour contient l'âme des Ancêtres.
On frappe le tambour pour mettre une fête sous leur protection.
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lundi, 29 septembre 2008

Et si les vraies sociétés anarchistes avaient existé...

Société anarchiste à ne pas confondre avec anarchique.

Société où le pouvoir n'est pas confisqué par quelques uns et organisée selon un principe de solidarité

C'est un peu ce que j'ai ressenti en visitant les Dong dans le Guizou mais surtout les Miaos.

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(photo modifiée par Louis-Paul)

Les Dong et les Miaos vivent dans les montagnes, pays de rizières, de brume... Vallées isolées, enfin de moins en moins car ces populations rurales partent dans les villes. Dans les villages que nous avons visités nous avons rencontré des personnes âgées qui gardent les enfants, des femmes qui s'occupent de l'exploitation ou tiennent une boutique.

Sur cette photo les hommes viennent de mettre en place la structure d'une maison sur laquelle il reste le toit à poser.IMGP0308.JPG

Les jeunes travaillent en ville ou sur les innombrables chantiers chinois. Un exode rural  à la dimension de la Chine.

Que restera-t-il de ces minorités, de leur culture, de leur langue dans quelques décennies ?

Leur point commun : une vie difficile fondée sur entraide et solidarité : tout le village fait les récoltes de tout le monde, tout le village construit une maison et tout le village prépare ensemble le banquet pour inaugurer cette maison.

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Des hommes relativement âgés, restés au village réparent un toit.IMGP0410.JPG

 

samedi, 27 septembre 2008

Minorités ethniques en Chine.

Ce voyage m'a enfin permis d'appréhender ce qui m'intriguait en Chine : la notion de minorités ethniques.

On sait que les Han (on prononce "ran") sont majoritaires à 90% de la population. Et pourtant tous sont Chinois, donc à quoi tient cette particularité des minorités ?

Je vais essayer de l'expliquer comme je l'ai compris mais pas du tout en spécialiste.

Cette particularité chinoise a des origines à la fois historiques et géographiques.

Du point de vue historique, la Chine a, dès l'Antiquité -Confucius, 5OO ans avant J.C.- organisé son unité autour d'une langue et d'une écriture. C'est le fameux empereur Shi Huangdi (celui de l'armée de terre cuite) qui en 200 avant J.C. harmonise l'écriture. Ses successeurs immédiats de la dynastie Han, vont fonder leur administration sur un recrutement par concours.

Dès l'Antiquité, la Chine s'est ainsi organisée en s'appuyant sur une élite de lettrés qui devait avoir assimilé les valeurs et la philosophie de Confucius.

À partir de là seront considérés comme barbares tous ceux qui seront en dehors de ce sytème social et culturel. Au XIIIème siécle, c'est une dynastie mongole qui prend le pouvoir et remplace les fonctionnaires par une administration militaire. Ce sont eux qui annexent le Tibet à la Chine. Mais les Ming au XIVème siècle rétabliront l'organisation sociale confucéenne des Han.

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Village Dong

 

L'époque Ming est vraiment l'âge classique de la Chine. Les Ming resteront au pouvoir jusqu'au XVIIème siècle et c'est eux qui commenceront à classer les populations en fonction de leur niveau de civilisation, en fait de sinisation. Seront appelées "cuites" les populations qui adhéreront le plus à la culture et à l'organisation des Han et "crues" celles qui en seront éloignées, c'est à dire des barbares.

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Et c'est là qu'intervient le facteur géographique. La province que je viens de visiter, le Guizou est avec le Yunnan et le Guangxi une province qui abrite une majorité de minorités, c'est à dire d'anciens barbares éloignés de la civilisation dominante. Ce sont, en fait, des régions montagneuses, d'accès difficile...même aujourd'hui. Des montagnes, des vallées creusées par les fleuves, très nombreux,  des populations isolées qui avaient leur langue sans écriture, leurs traditions, leurs coutumes...IMGP0713.JPG

Au XIXème siècle c'est une dynastie minoritaire qui est au pouvoir, celle des Mandchous. Mais ils sont complètement sinisés et ont respecté la culture dominante Han. Toutefois ils ont commencé à s'intéresser aux minorités. À Guiyang, la capitale du Guizou, on visite la maison du premier lauréat au concours de fonctionnaire impérial : le plus haut niveau.

Avec Mao (on prononce Mô!)  ces populations se sont senties reconnues et ont trouvé une dignité (ce qui ne les avait pas empêché de rester dans la famine). C'est d'ailleurs touchant de voir combien ces villages lui sont restés fidèles en particulier avec son portrait affiché dans les maisons communales.

Aujourd'hui de nombreuses universités chinoises conduisent des recherches linguistiques et ethnologiques sur les minorités. La plupart d'entre elles  ont toujours eu de bonnes relations avec le pouvoir Han ce qui leur a permis de conserver leur culture et leur mode de vie. Les minorités bénéficient également de ce qu'on appelle des discréminations positives : contôle des naissance plus souple, niveau d'accès plus bas pour le concours d'entrée à l'Université.

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Portrait de Mao affiché dans une tour du tambour.