samedi, 31 décembre 2016
Bonne année 2017
L'époque est brutale mais il faut espérer.
Il y a cent ans l'Europe déjà était dans la tourmente, une guerre qui présageait les pires horreurs. Mais les humains ont un pouvoir extraordinaire de résilience, de créativité, d'amour de la vie. Autrefois on parlait d'Espérance. Il faut s'y accrocher. Mais si, pour nos ancêtres l'Espérance concernait l'au-delà, elle doit, pour nous s'adresser au monde d'aujourd'hui.
Voilà pourquoi je vous adresse ce texte de Paul Valéry
Bonne année à tous.
“Arbre,mon arbre,
Amour serait ton nom,s’il m’appartenait de te nommer,
ô statue d’une soif constante,ta vigueur s’élève en toi comme l’huile entre les fibres,
Et tu ne cesses de te construire ,car tu ne vis que de grandir...
“Parce que ce que tu vois d’un arbuste ou d’un arbre ,ce n’est que le dehors,
Et que l’instant offert à l’œil indifférent
Qui ne fait qu’effleurer la surface du monde ,
Mais la plante présente aux yeux spirituels ,non point un simple objet de vie humble et passive
Mais un étrange vœu de trame universelle .
La vie en lui calcule,exauce une structure et rayonne son nombre par branches
Et leurs brins ,et chaque brin de la feuille aux points même marqués dans le naissant futur...”
Paul Valéry
09:53 | Lien permanent | Commentaires (6) | Facebook |
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samedi, 24 décembre 2016
Noël
C'est un poème de Bernard Lacroix qui a beaucoup écrit sur Noël. Celui-ci a été écrit assez tardivement dans sa vie et on sent comme une influence vegan, un peu surprenante pour qui l'a connu. Il nous rappelle que toute naissance peut déjà porter en elle une part de tragédie. Désolée de sortir de l'angélisme charmant de Noël mais il me semble que ce poème parle à notre temps.
Le Noël des animaux
En ce temps-là
L'enfant Dieu
L'enfant Roi nouveau né
A voulu pour sa gloire :
Un âne commun
Peut-être un rat dans un coin
Des agneaux fragiles
Des chèvres primesautières
Des poules affairées
Un instant posés
Reposés
Devant le miracle achevé
Depuis le temps
Que leur sang coule
Pour des cultes abominables :
Des vaches
Tendant presque tendrement leur cou
Àmes lames implacables
Des poulets égorgés à coups de dents
Des chiens, des chats, des lapins, des singes...
Torturés, dépecés savamment
Au nom de la science !
Jésus, en naissant dans une étable
A voulu d'abord libérer les animaux
De la férocité des hommes
Et des dieux cruels.
Et pourtant
Lui-même n'y échappera pas :
On voit dans le lointain
Devant l'horizon en feu
Une forme prémonitoire
Un arbre mutilé
Qui ressemble à une croix.
Bernard Lacroix
extrait de "Redoux"
Pour adoucir mon texte, cette photo d'une crèche fabriquée par des handicapés mentaux aidés de leurs éducateurs.
10:23 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : noël | Facebook |
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vendredi, 16 décembre 2016
En direct de Montréal...
Envoyé par ma nièce qui s'est installée cet été à Montréal avec compagnon -francoquébécois- et enfant.
19:38 Publié dans Au jour le jour, Coups de coeur, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (6) | Facebook |
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vendredi, 09 décembre 2016
Adolescences...
Alezandro nous a offert sur son blogue un très beau texte mais très pessimiste.
Qui ne le partagerait pas ?
Et pourtant n'avons-nous un vrai devoir, pour les générations futures, de ne pas nous y engloutir ? De ne pas sombrer dans l'idée d'un avenir noir ?
Nous nous sommes trompés en imaginant, dans notre jeunesse, que les années que nous pensions être de progrès humains ne seraient pas remises en question.
Nous nous sommes trompés.
Pourquoi ne nous tromperions nous pas aujourd'hui en voyant l'avenir en noir ?
Récemment la visite d'une adolescente m'a redonné espoir.
C'est une amie de ma petite-fille, treize ans environ. Mignonne dans sa mini-robe de laine. Mes deux ados ont déjeuné avec nous et discuté avec un naturel et une simplicité que je n'aurais pas eus à leur âge.
Cette jeune fille nous a expliqué que, son père étant marocain et sa mère espagnole, elle profitait de deux grandes fêtes : l'Aïd et Noël. Elle pratique le ramadan et je me suis sentis gênée car, ignorant tout de son appartenance religieuse, j'avais cuisiné un rôti de porc. Sa mère est athée, et ne fait donc pas le Ramadan...
Une adolescente d'aujourd'hui, de celles dont on ne parle pas. Discrète et bonne élève : elle avait écrit sur sa main les questions à poser à son professeur d'Histoire pour être sûre de ne pas les oublier.
Il faut savoir rentrer dans un tiroir ses lunettes noires et repérer ces petits signes pour un avenir, non pas radieux on sait que c'est impossible, mais un avenir où l'humanité restera debout, vigilante et constructive.
10:37 Publié dans Au jour le jour, Chronique lyonnaise, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (12) | Facebook |
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jeudi, 08 décembre 2016
8 décembre
Aujourd'hui 8 décembre, fête de Lyon. Ce soir la ville va s'illuminer, des lampions sur les fenêtres et le festival des lumières mondialement connu.
16:33 Publié dans Au jour le jour, Chronique lyonnaise | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
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lundi, 28 novembre 2016
Quelle terreur ?
Il y a quelques mois j'ai été très marquée par la lecture d'un petit livre de Frédéric Boyer qui s'appelle : "Quelle terreur en nous ne veut pas finir". C'est un écrivain dont j'ai déjà parlé, ce n'est pas un auteur facile mais percutant, dérangeant.
Ce texte très court est à la fois un plaidoyer et un réquisitoire.
Plaidoyer pour l'accueil des réfugiés, réquisitoire contre tout un discours lepenisé qui nous paralyse, s'insinue dans la société française comme un poison.
Frédéric Boyer démonte les mécanismes de nos peurs : peur d'être envahis, peur du déclassement, peur du remplacement. C'est un texte fort avec des accents prophétiques et poétiques. Des passages obscurs également.
Ce texte m'a donc remuée.
Je me suis rapprochée d'une association qui aide les demandeurs d'asile, Welcome, fondée par les Jésuites.
Welcome recherche des familles pour héberger un réfugié, entre deux et six semaines. Celui-ci est ensuite pris en charge par une autre famille.
J'en ai parlé à Roso qui n'était pas trop d'accord. Il est vrai que nous avons déjà un réfugié quasi permanent en la personne de notre fils aîné schizophrène. Welcome m'a alors proposé de devenir tutrice d'un demandeur d'asile, c'est à dire quelqu'un qui l'accompagne, fait le lien avec ses familles d'accueil. Pour cela j'ai suivi une formation assurée par le Secours Catholique.
C'est là que j'ai découvert l'incroyable complexité de la demande d'asile.
Je ne peux vous faire un résumé de cette formation c'est compliqué. Ce qu'il faut retenir c'est qu'il est extrêmement difficile d'obtenir le statut de demandeurs d'asile.
Il est dès le départ difficile d'en faire la demande.
Si un réfugié est obligé de donner ses empreintes dans un pays européens dans lequel il arrive, il dépende de ce pays et ne peut aller ailleurs. S'il le quitte pour aller ailleurs il est réexpédié dans le pays dont il dépend.
Évidemment que la France n'est souvent pas le premier pays dans lequel arrivent les migrants.
Voilà pourquoi les passeurs brûlent les bouts des doigts avec de l'acide et certains migrants le font eux-mêmes avec des barres de fer chauffées au feu.
Ensuite, quand le réfugié a obtenu le droit de déposer une demande, les démarches sont très longues et semées d'embûches.
Au bout du compte 31% des demandeurs d'asile ont, en 2015, obtenu leur statut en France. Soit 3000 personnes.
Je pense en reparler ici quand je serai opérationnelle !
15:13 Publié dans Au jour le jour, Coups de coeur, Passages vers... | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
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jeudi, 17 novembre 2016
Un mariage vite décidé
Si mon grand-père paternel a été tué au début de la guerre en 1914, quelques mois après son mariage, mon grand-père maternel en est revenu. Comme beaucoup d'autres soldats il s'est marié au cours d'une permission.
Voici comment il annonce son mariage dans une lettre :
"Malheureusement par des circonstances indépendantes de notre volonté nous n'avons été fixés sur la date de notre union qu'une heure avant la célébration du mariage ! Et je repartais au front le lendemain il nous était donc matériellement impossible de vous prévenir."
Une photo faite le jour du mariage, ratée dit-il dans la même lettre, et à son retour une autre plus réussie.
Cette grand-mère exerçait un métier qui a disparu : elle était dame de compagnie d'une riche américaine vivant à Paris. Elle l'accompagnait partout, y compris chez les grands couturiers, et portait les robes signées Poiret dont sa patronne ne voulait plus.
00:26 Publié dans D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
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