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vendredi, 25 décembre 2015

Noël

Très beau Noël à vous.

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Une seule fois

Une seule

Dans l'histoire du monde

La nuit,

Délaissant pour un instant

La peur et la mort,

La guerre et le crime,

Le vice et la misère...

 

Une seule fois

Une seule

Dans l'histoire du monde

La nuit

mère abusive de l'ombre,

A enfanté de la lumière.

 

Bernard-Dominique Lacroix

 

Bernard Lacroix, poète savoyard, ami de ma famille, est décédé en mars 2015.

 

mardi, 22 décembre 2015

Son visage et le tien

Pour Doume qui semble en plein doute...

J'ai eu l'occasion de critiquer assez sévèrement le premier roman d'Alexis Jenni "L'art français de la guerre" qui lui avait valu le prix Goncourt. En revanche j'ai été assez impressionnée par son petit livre de spiritualité "Son visage et le tien".

L'écrivain parle de sa découverte de la foi.
Cela  commence dans l’ignorance, le non-dit. Dieu se glisse dans le silence d’un grand-père croyant mais taiseux. Une foi présente et distante, pesante selon l’auteur qui n’a pas reçu d’enseignement religieux hormis ce temps où sa mère lui a lu la Bible comme on lit de belles histoires. Pourtant à travers le vide et l’absence de Dieu, dont ses parents souhaitent même le tenir éloigné, Alexis Jenni va entrevoir la Lumière, percevoir le Souffle, accueillir la vitalité.
Ainsi en est-il de la foi pour Alexis Jenni. Ce n’est pas produit d’un enseignement mais une source, cachée, que l’on peut retrouver grâce à l’expérience de nos sens, à la découverte des sensations de notre corps porteuses de vérité.
« L’acte de croire est une confiance, un état de disponibilité, une sensibilité extrême de tous les sens, celui qui sent l’ensemble des sens, et que l’on pourrait appeler sens de la présence.
La foi dans sa conscience est une sensibilité. »
Croire, c’est retrouver le bon usage de ses sens et de ces sensations dont on nous a appris à nous méfier. Mais il faut éviter les pièges car nos sensations peuvent être polluées par des perceptions conditionnées dont nous attendons l’accès immédiat et facile à la réalité sans que cela nous conduise à Dieu. Mieux vaut par exemple écouter le silence qu’une musique qui remplit du vide. Les sensations nous permettent d’accéder à Dieu quand elles sont en prise avec l’intelligence, la pensée et surtout l’imagination. Voir, c’est voir ce que notre œil ne perçoit pas, voir l’invisible.
« On peut ne pas voir ce qui est, on peut tout autant voir ce qui n’est pas, car c’est la pensée qui voit, pas l’œil ; et le monde dans lequel nous vivons nous paraît toujours plein, toujours exact, toujours évidente, pauvres grands singes forestiers que nous sommes. »
Le goût, l’odorat, ces sens primitifs nous donnent accès au passé, aux souvenirs, à notre intimité profonde, à l’essentiel.
En revanche le goût, ce sens  dont on pourrait penser qu’il nous éloigne de l’intelligence tant il paraît primitif est peut-être celui qui nous introduit le mieux à la connaissance de Dieu.
« Ce dont on a le goût est somme toute assez simple, mais on n’en fait jamais le tour, on ne le saisit jamais, et du coup jamais on ne s’en lasse ; c’est bien la vertu de ce sens là, si fruste et si profond, incapable de subtilité, incapable d’aucune précision, mais qui nous lance dans une énergie obstinée sur une voie qui du coup est la nôtre. On ne sait pas où cela va, mais c’est c’est la nôtre ; voilà le goût : simple, personnel et sans fin. »
C’est en ouvrant nos sens à ce qui est leur fonction primordiale, soit permettre à l’humain d’être traversé par le souffle de la vie, le Souffle de la Résurrection, que nous pouvons créer un espace pour accueillir Dieu. Dieu ne peut entrer dans une maison encombrée, vivre dans un bric-à-brac de sensations perverties par des injonctions sociétales.
« le vrai cauchemar est le plein, un monde totalement rempli au point qu’il n’y reste ni terrain vague ni temps mort, plus d’ennui. Seul le vide laisse place, et permet la vie. »
Alexis Jenni nous engage ainsi à nous méfier de ce qu’il appelle notre sens préféré : voir. Voir, omni présent dans notre société est dominé par l’abus de l’image qui donne l’illusion d’accéder à la réalité, fait de nous des tout-puissants et nous détourne de l’essentiel.
Au contraire « Sentir, toucher, entendre, goûter sont des sens qui sont sans distance. Ce que l’on perçoit, on est dedans, cela vient d’où ça veut, on y est, c’est là ; et quand on y échappe pas, car il n’est pas de paupières aux mains, au nez, à la langue ou aux oreilles. En ces sens-là, que l’on éprouve en silence et les yeux clos, loge l’amour, et c’est là qu’il se déploie. »
Le fin mot de cette histoire, c’est l’amour, c’est à l’amour que nos sens nous destinent, c’est vers l’amour que nos sens nous orientent.

Pour Alexis Jenni tout parcours spirituel passe par l'attention qu'on accorde à ses sens, c'est ce qui fait la très grande originalité de ce livre.

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dimanche, 20 décembre 2015

J'ouvre les fenêtres

Quand je reviens sur ce blogue j'ai l'impression de retrouver une maison qui est restée fermée pendant longtemps. Ça sent le moisi et le renfermé. Il y a des toiles d'araignée et beaucoup de poussière. Il faudrait que je fasse le ménage. D'abord ouvrir les fenêtres. Et par où commencer ? 

Il y a aussi tous les fantômes qui m'attendent dans ces murs, les blogueurs disparus... Yves, PAG, Alsa..

L'absence est remplie d'un bric-à-brac de tout se qui se passe dans la vie réelle. Mais aussi bric-à-brac d'objets connectés qui encombrent, les autres médias, les réseaux sociaux. C'est plus facile, en apparence.

Le blogue c'est compliqué.

 Quand  on en a perdu le chemin on se demande : que dire ? Les amis visiteurs sont-ils encore là ou partis ailleurs ? Sans le message d'une visiteuse attentive et bienveillante je ne serais sans doute pas en train d'écrire. 

Il faut retrouver la bonne distance entre l'intime et le public.

L'intime, cela n'intéresse sans doute personne. 

Pour l'actualité, je manque de compétence et ne suis pas légitime.

Mais c'est bientôt l'anniversaire de ce blogue. Je ne vais pas abandonner la maison, faire un peu de ménage. Remettre les choses en place. Et peut-être séjourner un peu. 

Merci Natacha.

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mardi, 01 septembre 2015

Ma mère

 

"Aujourd'hui,maman est morte.Ou peut-être hier, je ne sais pas."

Incipit de "L'étranger" d'Albert Camus.

Je savais qu'un jour je devrais parler de ma mère… Mais j'attendais. Le jour est venu. Mieux en parler pour mieux l'enterrer.

voilà qui est fait.

ce fut curieux mais il fallait s'y attendre. En 48 heures nous avons vécu un siècle d'évolution de rites funéraires... Correspondant à l'originalité de mes parents.

Ma mère a fini ses jours dans une maison de la fraternité Saint Pie X, cette tendance ultra intégriste du catholicisme. 

Pourquoi  ? Cela restera à jamais, pour nous ses huit enfants, un grand point d' interrogation. Une zone obscure dans laquelle je ne cesse de chercher me cognant chaque fois à d'improbables raisons.

Elle a passé 15 ans dans cette maison où elle est entrée encore en forme. Elle y est morte lucide et sereine après une année d'affaiblissement, de souffrances physiques et morales.  Bien soignée et bien entourée. Elle avait choisi mais ce choix l'a coupée de ses enfants. Elle a voulu finir sa vie avec des gens qui partageaient ses convictions. Choix que nous avons respecté, même si ce fut difficile.

et cette question qui nous reste : pourquoi ? Pourquoi mes parents se sont-ils laissés entraîner dans l'intégrisme alors que rien dans leur milieu sociologique ne les disposait à cela. Ils étaient tout deux issus de familles d'insituteurs laïcs. Des familles non pratiquantes mais où on ne bouffait pas de curé. Tous deux étaient donc des convertis. 

Jeunes ils appartenaients pourtant aux tendances plutôt progressistes du catholicisme. Ma mère après la guerre et avant son mariage militait dans l'action catholique et mon père lisait Témoignage chrétien. 

Difficile de dire quand et pourquoi ils ont basculé.

nostalgie de passé ? Sentiment d'être dépassé par leur famille nombreuse : trois filles et six garçons. Fragilité accentuée à la mort d'un de mes frères, sans doute un suicide mais sans qu'on en ait eu la certitude ? 

L'enfermement dans l'intégrisme est venu progressivement jusqu'à la rupture avec l'Eglise. 

Et voilà elle est partie durant cette belle journée de juin. 

Sur place nous avons eu une cérémonie en latin ultra-passéiste dont la rigueur a été compensée par la une atmosphère d'amitié chaleureuse qui nous a étonnés. Puis le lendemain, dans notre petit cimetière de Haute-Savoie une cérémonie souvenir à notre manière, pour expliquer   aux gens du village ces quinze ans d'absence. 

Point final le soir autour de la piscine  de ma sœur. 

vendredi, 03 juillet 2015

Le bout du monde

J'ai retrouvé sur un carnet ces  notes que j'avais griffonnées au cours de mon dernier voyage en Ethiopie. Nous étions dans le désert du Danaquil, complètement écrasés par la chaleur. Juste avant que je tombe malade.

 

Denise 1.jpg Le bout du monde c'est ici. Des kilomèbres de cailloux gris, une chaleur écrasante, quelques cabanes en branches qui ne protëgent guère du soleil. 

Le bout du monde.

il fait 40 °à l'ombre. Une jeune femme torréfie son café. C'est ainsi en Ethiopie : la préparation du café commence par sa torréfaction dans une poêle, puis on l'écrase et seulement après on le prépare. 

Les hommes attendent, somnolent, regardent dans le vide, parlent d'une voix lente. Ils jouent aux Dames avec des capsules de bouteilles,posées sur un damier tracé au stylo.

Point des rencontre en plein désert, fin du voyage.

La jeune femme sourit : elle est très belle. Je pense à Rimbaud car nous ne sommes pas très loin  de la région où il faisait du commerce.

Comment peut-on vivre ici, dans cette cabane de branchages, au milieu des mouches ? 

Moi je suis de passage.

Bientôt nous retournerons à Addis-Abeba, puis nous rentrerons en France.

Belle odeur de café torréfié, parfum d'encens. 

Des hommes passent, entrent et sortent. C'est l'heure du repos. 

Je discute avec un jeune soldat en tenue de détente qui parle un excellent anglais. 

Il ne sait pas où est la France.

Le bout du monde. Nous sommes dans la dépression du Danaquil, à 100 mètres au-dessous du niveau de la mer

Le soldat me dit que la frontière avec l'Erytrée à vingt kilomètres  est parfaitement sécurisée. 

Langage officiel et langue de bois

même au bout du monde.

 

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Le désert du Danaquil 

jeudi, 02 juillet 2015

Amitié virtuelle, amitié éternelle...

1623703_10203118278215060_2122123558_n.jpgAlsacop devenu Alsa, un de mes premiers amis de la blogosphère est parti.

Au-delà des nuages, des blogues, de sa famille.

Vraiment parti.

Il s'appelait Mario dans la vraie vie.

Je l'ai connu ainsi que Doume, mes deux amis alsaciens, fin 2006.

Je savais qu'il était lourdement handicapé, en fauteuil roulant à l'extérieur, avec deux béquilles dans sa maison.

La blogosphère heureusement est un territoire où le fauteuil est inutile. Avec Yves, Noelle, Doume, Alsa nous avions, initiée par Yves, suivi une Transate virtuelle sur un bateau que nous avions baptisé l'Utopie. Yves aussi soignait un cancer et il est parti lui aussi.

Des décennies de  souffrance et de lutte. Un magnifique combattant Mario.

Des heures de travail sur son corps, au quotidien, pour rester tonique. Et il l'était parfaitement tonique. Plus tonique dans son fauteuil que certains  valides sur leurs deux jambes.

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Je peux l'écrire   car je l'ai rencontré chez lui il y a juste un an. Avec Roso nous avions eu l'opportunité d'un séjour en Alsace en juin 2014.

Alsa et Doume nous avaient accueillis, ainsi que leurs épouses, de façon splendide et chaleureuse. Nous avions fêté leurs deux anniversaires car tous deux sont né en juin.

 

Cette année  Mario est parti  en soins palliatifs juste après ce nouvel anniversaire.

Son dernier séjour à l'hôpital.

J'avais publié le très beau texte qu'il avait écrit sur une journée à l'hôpital car il en avait connu beaucoup.

Adieu donc Alsa, Adieu Mario : ami virtuel et ami réel.

Quel réconfort de t'avoir rencontré l'an dernier.

Amitié virtuelle, amitié réelle dont il me restera une image charnelle.

 

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Photo prise et envoyée par Doume

 

 

 

dimanche, 07 juin 2015

Ecrire ou fabriquer ?

Hier j'étais à Paris pour une rencontre nationale sur les  Grands-Parents. Cette rencontre pompeusement baptisée colloque n'était à mon avis, qu'une opération de com, complètement opposée à ce que nous faisons à Lyon dans notre association : un vrai travail de réflexion.

Parmi les intervenants il y avait Alexis Jenny qui a obtenu le prix Goncourt il y a quelques années pour un pavé mal construit, mal écrit et fort ennuyeux.

Au demeurant c'est un Lyonnais.

Il était invité à parler de sa relation avec son grand-père. Beaucoup de banalités mais avec un point intéressant : il a été élevé par une mère soixante-huitarde, une vraie, c'est à dire née dans les années 50, qui a envoyé promener la religion. Mais lui a retrouvé le goût du spirituel au contact de son grand-père.

Mais si je parle de lui ce n'est pas pour cette raison.

En évoquant  ses livres, il a répété à plusieurs reprises : j'ai fait ce livre où les livres que j'ai faits.

On peut pointer deux choses… La pauvreté du vocabulaire : souvenez-vous des exercices de français de l'école primaire où on devait trouver un verbe plus précis au  verbe "faire".

Deuxième point, peut-être le plus important, cela indiquerait qu'un livre aujourd'hui se fabrique et ne s'écrit plus. Pendant sa prise de parole je me suis répété "il va bien finir par l'employer ce mot écrire". mais pas une seule fois.

L'acte de publier un livre, de le fabriquer,  est devenu complètement indépendant, déconnecté, de l'acte d'écrire.

J'aime beaucoup cette formule de Xavier Pattier, écrivain peu connu mais que j'aime beaucoup.

Il écrit, je cite de mémoire : "Il y a des auteurs de livres qui ne sont pas des écrivains et des écrivains qui n'ont jamais publié de livres."

D'ailleurs c'est ainsi que je considère pour moi l'acte d'écrire : une discipline du quotidien comme celle de marcher ou de courir qui n'a d'autre vertu que de m'entretenir intellectuellement, moralement et spirituellement.

Même si ce n'est pas trop visible sur ce blogue.