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jeudi, 14 janvier 2016

La mort de Victor Hugo

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Continuons avec Victor Hugo.

Judith Perrignon, journaliste, a publié ce livre " Victor Hugo vient de mourir" qui relate l'événement phénoménal que fut la mort puis l'enterrement de Victor Hugo. 

C'est un livre de journaliste, qui s'attache à rendre le caractère exceptionnel de l'événement plutôt qu'un roman, les personnages appartiennent à l'Histoire, et la fiction est quasiment absente sauf dans le ressenti des uns ou des autres.

L'événement a marqué cette fin du XIXÈME siècle, non seulement par l'immense notoriété du personnage mais aussi parce qu'il fut l'occasion d'un acte fondateur de la République à savoir la restitution de l'Eglise Sainte  Geneviève à l'état qui en fit le Panthéon.  

E n cette fin du mois de mai 1885, toute la famille est réunie autour du grand-homme qui est à l'agonie. Il a 83 ans. Impossible intimité, les bulletins de santé sont promulgués régulièrement à la foule massée devant sa porte. Victor Hugo n'appartient plus à sa famille, à ses petits-enfants qu'il adorait. On peut même se demander s'il n'est pas dépossédé de sa mort.

Victor Hugo appartient à la nation.

Quelle était la nation à cette époque ? C'est la troisième république, proclamée par Gambetta par Napoléon III qui avait exilé le poète. On est quelques années après la Commune, écrasée dans le sang. Victor Hugo n'a pas soutenu la Commune mais défendu l'amnistie pour les communards. C'est donc une république bourgeoise, qui a permis des avancées -liberté de la Presse, Lois Jules Ferry-et anticléricale. 

Le lendemain de la mort de Victor Hogo se déroule au Pére Lachaise une manifestation de révolutionnaires qui rencontre une forte répression policière. On compte les morts.

Leur chef est un certain Maxime Lisbonne, qui avait été envoyé aux travaux forcés en Nouvelle Calédonie, a été gracié et se retrouve opposant au gouvernement. 

Lisbonne et ses amis représentent le premier problème qui se pose au gouvernement chargé d'organiser le défilé des funérailles. 

Autre composante à risques  : les Anarchistes. Groupe politique très redouté à l'époque. 

Tout ce beau monde veut défiler avec ses drapeaux, les rouges et les noirs. Interdiction formelle de la police. 

Autre composante : les bourgeois. Eux n'appréciaient pas le poète jugé trop à gauche. Mais ils le revendiquent. On se met en quatre pour obtenir de la famille une lettre d'accréditation afin d'avoir une place en vue dans le défilé ou on loue à pris d'or un balcon sur le passage du convoi. 

Ainsi est organisé ce défilé, chacun à sa place en fonction du groupe dont on se reconnaît. 

Reste le peuple. Le peuple se retrouve lui, place de l'Etoile ou est exposé le gigantesque sarcophage. Et il rend hommage à sa manière, à travers une nuit de sombres bacchanales. Cela dure plusieurs jours...

Les funérailles de Victor Hugo, les plus imposantes jamais organisées à Paris, ont réuni deux millions de personnes.

lundi, 11 janvier 2016

Discours de Victor Hugo

 Les manifestations commémorant les attentas de janvier 2015 m'ont paru excessives, lourdes. Pourtant j'ai retenu la reprise de ce très beau discours que Victor Hugo avait prononcé à son retour d'exil et à la chute du dictateur Napoléon III.

Un discours toujours d'actualité.

Ce qui l'est moins ce sont les hommes politiques de cette trempe.

 

"Les paroles me manquent pour dire à quel point m’émeut
l’inexprimable accueil que me fait le généreux peuple de Paris.
Citoyens, j’avais dit : Le jour où la république rentrera, je rentrerai.
Me voici.

Deux grandes choses m’appellent.
La première, la république. La seconde, le danger

Je viens ici faire mon devoir.
Quel est mon devoir ?
C’est le vôtre, c’est celui de tous.
Défendre Paris, garder Paris.
Sauver Paris, c’est plus que sauver la France,
c’est sauver le monde.

Paris est le centre même de l’humanité. Paris est la ville sacrée.
Qui attaque Paris attaque en masse tout le genre humain.
Paris est la capitale de la civilisation, qui n’est ni un royaume,
ni un empire, et qui est le genre humain tout entier dans son passé et dans son avenir.
Et savez-vous pourquoi Paris est la ville de la civilisation ?
C’est parce que Paris est la ville de la révolution.

Qu’une telle ville, qu’un tel chef-lieu, qu’un tel foyer de lumière,
qu’un tel centre des esprits, des cœurs et des âmes, qu’un tel cerveau
de la pensée universelle puisse être violé, brisé, pris d’assaut, par qui ?
par une invasion sauvage ? cela ne se peut.
Cela ne sera pas. Jamais, jamais, jamais !

Citoyens, Paris triomphera, parce qu’il représente l’idée humaine
et parce qu’il représente l’instinct populaire.

L’instinct du peuple est toujours d’accord avec l’idéal de la civilisation.
Paris triomphera, mais à une condition :
c’est que vous, moi, nous tous qui sommes ici,
nous ne serons qu’une seule âme ; c’est que nous ne serons
qu’un seul soldat et un seul citoyen, un seul citoyen pour aimer Paris,
un seul soldat pour le défendre.

À cette condition, d’une part la république une,
d’autre part le peuple unanime, Paris triomphera.
Quant à moi, je vous remercie de vos acclamations
mais je les rapporte toutes à cette grande angoisse
qui remue toutes les entrailles, la patrie en danger.

Je ne vous demande qu’une chose, l’union !
Par l’union, vous vaincrez.

Étouffez toutes les haines, éloignez tous les ressentiments,
soyez unis, vous serez invincibles.

Serrons-nous tous autour de la république en face de l’invasion,
et soyons frères. Nous vaincrons.
C’est par la fraternité qu’on sauve la liberté."

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mercredi, 06 janvier 2016

Quand le monde s'illumine

Hier.  matin, 9 heures, sur le quai du tramway. 

Le tram arrive, la porte s'ouvre. Un jeune homme devant moi, mieux placé pour monter le premier, s'efface et me fait signe d'entrer avec un grand sourire.

Ce jeune homme ne le sait pas mais son geste devenu rare, et donc précieux, a illuminé le début de ma journée.

 Scène suivante. La réunion de début d'année de mon association de grands-parents. Parmi nos nombreuses activités nous avons la distribution de tricots confectionnés avec goût, amour , passion par des grands-mères que nous distribuons dans les maternités ou aux restos du cœur. Ce matin nous découvrons la très belle lettre de la responsable d'un des centres pour bébés mais aussi les remerciements des mamans bénéficiaires. Certains mots sont écrits quasiment en phonétique mais ils nous réjouissent profondément. 

Je pourrais ainsi continuer ma journée.

Notre vie quotidienne est remplie de belles personnes comme on dit aujourd'hui, de gens positifs, d'actions utiles et généreuses.

 Je ne pense pas vivre dans un cocon, c'est une question de regard.

Cet été j'ai eu l'occasion d'écouter le témoignage d'un journaliste écrivant dans notre quotidien local : Le Progrès.

Il avait fait pour nous un très intéressant retour sur sa carrière. Débutant dans un journal de la presse nationale, il avait été envoyé sur un terrain de guerre, en Irak je crois. Il était rentré traumatisé par ce dont il avait dû rendre compte dans ses articles.

Au point d'en faire une dépression. Raison pour laquelle il avait choisi de travailler au Progrès. Ses articles concernent la vie quotidienne, loin certes des grands débats et des grandes idées qu'on peut se toute façon trouver ailleurs.

Mais des articles qui changent le regard.

Comme il l'avait souligné dans son témoignage, nous sommes finalement davantage entourés de gens positifs et génèreux que de salauds. 

Changer de regard n'est pas être dans le déni de ce qui va mal, mais pour ce qui va mal on ne manque pas de moyens d'en être informés. 

Mais des actes justes, bons ou tout simplement attentionnés, qui s'en charge ? 

dimanche, 03 janvier 2016

Nostalgie

" Pour  un flirt avec toi je ferais n'importe quoi..."

c'est le début d'une des chansons les plus célèbres de Michel Delpech qui vient de nous quitter.

nous sommes sans doute nombreux à l'avoir en tête ce matin.

Une chanson légère qui porte en elle toute l'insouciance de notre génération et de l'amour dans les années 70. 

Le flirt ça n'engageait pas et ça n'allait pas toujours jusqu'au 

"petit tour au petit jour entre tes draps".

une sorte d'entraînement à l'amour en quelque sorte. Une préparation. 

Pour ma génération le flirt c'était "avant" la relation amoureuse sérieuse et engagée. 

Aujourd'hui le mot ne s'emploie plus.

Peut-être parce que cette relation serait devenue la seule relation amoureuse normale, banalisée. 

D'où la nostalgie quand surgissent ainsi certains mots de notre jeunesse qui nous renvoient à une époque vraiment disparue.

jeudi, 31 décembre 2015

Le char doré de l'avenir

Chers amis, je publie à nouveau ce poème de Jean-Pierre Lemaire que j'aime beaucoup. Plus que jamais il nous faut croire au "char doré de l'avenir". 

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Tu vas si lentement au bord de la mer

sous les palmes qui scintillent,

regardant bondir les lions blancs des vagues,

que tous te dépassent : les enfants, bien sûr,

dans le tourbillon de leurs jouets neufs,

les familles en cortège, éblouies

derrière le char doré de l'avenir,

même les vieillards QUI CHERCHENT UN banc.

Le soleil seul (et ta femme à ton bras)

ne presse pas l'allure,

se règle comme un roi sur le pas de chacun,

s'attarde avec toi. Sa douceur hivernale

te recoud les entrailles.

"Figures humaines"

Gallimard

Bonne année 2016 à vous tous 

 

vendredi, 25 décembre 2015

Noël

Très beau Noël à vous.

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Une seule fois

Une seule

Dans l'histoire du monde

La nuit,

Délaissant pour un instant

La peur et la mort,

La guerre et le crime,

Le vice et la misère...

 

Une seule fois

Une seule

Dans l'histoire du monde

La nuit

mère abusive de l'ombre,

A enfanté de la lumière.

 

Bernard-Dominique Lacroix

 

Bernard Lacroix, poète savoyard, ami de ma famille, est décédé en mars 2015.

 

mardi, 22 décembre 2015

Son visage et le tien

Pour Doume qui semble en plein doute...

J'ai eu l'occasion de critiquer assez sévèrement le premier roman d'Alexis Jenni "L'art français de la guerre" qui lui avait valu le prix Goncourt. En revanche j'ai été assez impressionnée par son petit livre de spiritualité "Son visage et le tien".

L'écrivain parle de sa découverte de la foi.
Cela  commence dans l’ignorance, le non-dit. Dieu se glisse dans le silence d’un grand-père croyant mais taiseux. Une foi présente et distante, pesante selon l’auteur qui n’a pas reçu d’enseignement religieux hormis ce temps où sa mère lui a lu la Bible comme on lit de belles histoires. Pourtant à travers le vide et l’absence de Dieu, dont ses parents souhaitent même le tenir éloigné, Alexis Jenni va entrevoir la Lumière, percevoir le Souffle, accueillir la vitalité.
Ainsi en est-il de la foi pour Alexis Jenni. Ce n’est pas produit d’un enseignement mais une source, cachée, que l’on peut retrouver grâce à l’expérience de nos sens, à la découverte des sensations de notre corps porteuses de vérité.
« L’acte de croire est une confiance, un état de disponibilité, une sensibilité extrême de tous les sens, celui qui sent l’ensemble des sens, et que l’on pourrait appeler sens de la présence.
La foi dans sa conscience est une sensibilité. »
Croire, c’est retrouver le bon usage de ses sens et de ces sensations dont on nous a appris à nous méfier. Mais il faut éviter les pièges car nos sensations peuvent être polluées par des perceptions conditionnées dont nous attendons l’accès immédiat et facile à la réalité sans que cela nous conduise à Dieu. Mieux vaut par exemple écouter le silence qu’une musique qui remplit du vide. Les sensations nous permettent d’accéder à Dieu quand elles sont en prise avec l’intelligence, la pensée et surtout l’imagination. Voir, c’est voir ce que notre œil ne perçoit pas, voir l’invisible.
« On peut ne pas voir ce qui est, on peut tout autant voir ce qui n’est pas, car c’est la pensée qui voit, pas l’œil ; et le monde dans lequel nous vivons nous paraît toujours plein, toujours exact, toujours évidente, pauvres grands singes forestiers que nous sommes. »
Le goût, l’odorat, ces sens primitifs nous donnent accès au passé, aux souvenirs, à notre intimité profonde, à l’essentiel.
En revanche le goût, ce sens  dont on pourrait penser qu’il nous éloigne de l’intelligence tant il paraît primitif est peut-être celui qui nous introduit le mieux à la connaissance de Dieu.
« Ce dont on a le goût est somme toute assez simple, mais on n’en fait jamais le tour, on ne le saisit jamais, et du coup jamais on ne s’en lasse ; c’est bien la vertu de ce sens là, si fruste et si profond, incapable de subtilité, incapable d’aucune précision, mais qui nous lance dans une énergie obstinée sur une voie qui du coup est la nôtre. On ne sait pas où cela va, mais c’est c’est la nôtre ; voilà le goût : simple, personnel et sans fin. »
C’est en ouvrant nos sens à ce qui est leur fonction primordiale, soit permettre à l’humain d’être traversé par le souffle de la vie, le Souffle de la Résurrection, que nous pouvons créer un espace pour accueillir Dieu. Dieu ne peut entrer dans une maison encombrée, vivre dans un bric-à-brac de sensations perverties par des injonctions sociétales.
« le vrai cauchemar est le plein, un monde totalement rempli au point qu’il n’y reste ni terrain vague ni temps mort, plus d’ennui. Seul le vide laisse place, et permet la vie. »
Alexis Jenni nous engage ainsi à nous méfier de ce qu’il appelle notre sens préféré : voir. Voir, omni présent dans notre société est dominé par l’abus de l’image qui donne l’illusion d’accéder à la réalité, fait de nous des tout-puissants et nous détourne de l’essentiel.
Au contraire « Sentir, toucher, entendre, goûter sont des sens qui sont sans distance. Ce que l’on perçoit, on est dedans, cela vient d’où ça veut, on y est, c’est là ; et quand on y échappe pas, car il n’est pas de paupières aux mains, au nez, à la langue ou aux oreilles. En ces sens-là, que l’on éprouve en silence et les yeux clos, loge l’amour, et c’est là qu’il se déploie. »
Le fin mot de cette histoire, c’est l’amour, c’est à l’amour que nos sens nous destinent, c’est vers l’amour que nos sens nous orientent.

Pour Alexis Jenni tout parcours spirituel passe par l'attention qu'on accorde à ses sens, c'est ce qui fait la très grande originalité de ce livre.

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