jeudi, 24 avril 2014
Rencontres
Entre 1998 et 2005, j'ai participé au jumelage de mon lycée avec un lycée mauritanien à Boghé, au bord du fleuve Sénégal… Je m'y suis rendue cinq ou six fois et nous avons accueilli à Lyon élèves et professeurs mauritaniens.
Depuis il est déconseillé aux Occidentaus de circuler dans le pays menacé par le terrorisme.
Mes amis mauritaniens sont aujourd'hui les otages de l'extrémisme.
Plus de jumelage, plus de visites d'étrangers...
Que sont-ils devenus ?
Je retrouve aujourd'hui cette photo et je pense à eux.
10:29 Publié dans Mauritanie, Souvenirs de prof | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | Imprimer
dimanche, 06 avril 2014
Les années passent !
Il fut un temps, les premiers temps de ce blogue, où un groupe de jeunes enseignants me ravissaient par leur publications : c'était la bande de Myster. Ils ont disparu vers d'autres cieux du web...
Je retrouve parfois Naturella, l'un des sourires du groupe.
Professeure des écoles, elle a récemment publié sur FB cette anecdote que je trouve particulièrement savoureuse.
Ce n'est pas un hasard si je vous la livre aujourd'hui, jour de mon anniversaire.
C'est vrai qu'à 40 ans j'étais déjà une "vieille prof" donc que dire à plus de 60...
"Dans ma classe, Olivia a commencé sa rédaction : "une très vieille dame âgée de 42 ans traversait la route...".
Quand elle a vu ma tête à la lecture de sa production,
elle a dit "ouh là, maîtresse, je vais peut-être enlever le 'très' ..."
é_è"
10:08 Publié dans Au jour le jour, D'une génération à l'autre, Souvenirs de prof | Lien permanent | Commentaires (18) | Facebook | Imprimer
vendredi, 21 décembre 2012
Une belle humanité...
La belle humanité existe : on a tendance à l'oublier...
J'ai lu récemment dans Le Progrès un article sur Georges Babel, ami résistant qui témoigne dans les écoles sur la déportation. C'est l'un des derniers, il a 93 ans et j'ai déjà parlé de lui.
Le Progrès a réalisé récemment un ouvrage très intéressant sur la Résistance en Rhône-Alpes dans lequel Georges Babel figure en bonne place.
Georges, était avant la guerre et son entrée en Résistance, germanophone et germanophile. Dans ces témoignages, il insiste toujours sur l'aide que cela lui a été de parler allemand dans les camps : pour lui et ses compagnons. De même, il ajoute que, germanophile, il n'a jamais éprouvé la moindre haine envers les Allemands même aux pires moments de son séjour dans le camp de Mauthausen.
Cette anecdote confiée au Progès en témoigne.
Le 21 avril 1945, le chef de camp camp réunit les prisonniers pour leur dire qu'ils vont être libérés. "Comme on connaissait les nazis, on s'est méfié. En rentrant, j'ai croisé un chef SS. Je savais qu'on n'avait pas le droit de leur parler, mais là, nous n'étions que nous deux, et je voulais vraiment savoir pour la libération. Alors je lui ai adressé la parole. S'en est suivie une conversation surréaliste. Je lui ai demandé si c'était vrai. Il m'a dit que oui, et m'a souhaité de retrouver ma famille et d'oublier toute cette guerre. Alors je lui ai souhaité la même chose, et que le peuple allemand devienne ami avec le peuple français. Il a changé de couleur, c'était un grand moment."
09:48 Publié dans Au jour le jour, D'une génération à l'autre, Passages vers..., Souvenirs de prof | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | Imprimer
dimanche, 21 octobre 2012
Dans la maison... de Lucchini
Un immense bonheur ce dernier film de François Ozon "Dans la maison". Histoire très juste entre un professeur de Lettres et son élève doué d'un talent pour écrire... Cela devient tellement rare que l'enseignant décide d'accompagner l'adolescent dans cette aventure de l'écriture. Ecrire conduit à transgresser : on le découvre assez vite dans la mesure où maître et élève s'engagent dans la voie du socialement incorrect en pénétrant dans la vie d'une famille de classe moyenne.D'ailleurs ette famille perd son identité en tant que famille et devient objet littéraire de sorte qu'on ne sait plus qui sont réellement ces personnages puisqu'on ne les voit plus qu'à travers celui qui les décrit.
Qu'importe.
Ce n'est pas d'eux qu'il est question mais de l'acte d'écrire, de l'origine de la littérature.
Or nous sommes dans un temps qui n'aime pas la Littérature et rejette ce qu'elle a de dérangeant. Une époque nihiliste où l'art, représenté par l'épouse du professeur de Lettres, n'est que marchandise.
Oui la Littérature est voyeurisme et exhibitionnisme : mais transcendés par l'art. Curieusement à une époque où la téléréalité expose les histoires les plus intimes sur un média grand public, on parle de manipulation quand un apprenti écrivain s'invite dans une famille au nom de l'art.
Oui la Littérature répond à des manques.
Pour moi c'est le message du film d'Ozon. Le maître comme l'élève souffrent et comblent leur vide : absence de famille pour l'adolescent, échec de l'écriture pour l'enseignant.
J'ai eu la chance, et l'ai déjà évoqué ici, de faire une expérience d'écriture avec un groupe d'élèves. Ils avaient apporté leur imagination fabuleuse et moi ma modeste plume. Expérience passionnante... Le roman policier devant être publié (il est à ce jour épuisé) j'avais fixé comme contrainte : on ne règle pas ses comptes avec les professeurs lesquels avaient majoritairement acheté le livre par souscription. Ils avaient joué le jeu en ne choisissant que des enseignants qu'ils appréciaient... ce qui ne les avait pas empêchés de se défouler en leur attribuant des aventures invraisemblables.
Observer à travers mes élèves l'acte d'écrire avait été passionnant car j'avais découvert à quel point ces auteurs amateurs mettaient d'eux-mêmes dans des personnages à l'origine bien réels.
Je me demande souvent ce qu'ils sont devenus... des adultes honorables bien installés dans une vie de famille banale... mais ils auront eu cette lucarne de lumière à travers laquelle ils auront envisagé l'existence autrement.
10:35 Publié dans Ciné-club, Coups de coeur, Souvenirs de prof | Lien permanent | Commentaires (10) | Facebook | Imprimer
dimanche, 19 août 2012
Album de vacances
Toujours dans le Gers, on visite la très belle abbaye de Moissac. Dans l'église, d'émouvantes sculptures en bois polychrome du XVème siècle comme cette mise au tombeau.
La disproportion est touchante : le Christ adulte a la taille d'un enfant sur les genoux de sa mère.
Le cloître est considéré comme un des plus beaux de France avec ses chapiteaux tous sculptés sur quatre faces. Mais ces splendides édifices de l'art gothique, situés sur la la route des pèlerins de Compostelle sont fragilisés car ils ont été construits dans une pierre très calcaire.
Heureusement leur classement au patrimoine mondial de l'UNESCO les protège.
17:01 Publié dans Au jour le jour, Coups de coeur, Passages vers..., Souvenirs de prof | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook | Imprimer
jeudi, 02 août 2012
Sorti du grenier...
L'été est propice au rangement, au tri... Je jette facilement mais Roso renâcle : il conserve, c'est le roi des archives... Aujourd'hui il a extirpé du grenier des dossiers poussiéreux dans lesquels j'ai retrouvé des copies d'élèves que j'avais conservées... C'était en juin 1974, dans une classe de seconde et je devais quitter l'établissement en fin d'année... Motif sans doute de cet archivage sentimental. Une classe dont je me souviens comme ayant été très agréable. J'ai parcouru ces textes d'élèves du 17 juin, sujet libre sans doute et j'avais dû demander aux intéressées de recopier elles-mêmes leurs écrits car il n'y a pas d'annotations. Ecritures d'adolescents, pour la plupart sympathiques mais sans plus. L'un de ces textes m'a amusée et que je vous livre...
"Ils sont là, tous assis derrière un bureau
la tête appuyée sur la main, le regard rêveur
ils suivent le cours
le cours de la rivière ou
le cours de leurs pensées.
Ils regardent sans voir
écoutent sans entendre.
Lui continue de parler
content puisqu'ils sont silencieux.
Il parle, il démontre, il affirme.
Mais eux ne sont déjà plus là
ne sont plus enfermés entre ces quatre murs.
Et ces bureaux n'existent plus.
Chacun rêve à quelque chose
de plus profond, de plus merveilleux
que cette pièce carrée.
Certains regardent des images sur le mur.
Le professeur fait un signe
que chacun revienne sur terre.
Mais ils sont trop loin
ils ne l'entendent plus.
Une seule chose peut arrêter leur voyage
aussitôt ils seront sur terre,
c'est la cloche.
Cette cloche ! La seule voix
qui leur fait plaisir
qui les enchante."
L'auteure : Brigitte L... dont je n'ai aucun souvenir, ni le nom ni le visage ne me reviennent en mémoire. Sans doute une de ces élèves silencieuses qui s'ennuient poliment.
Qu'est-elle devenue ? Elle doit avoir passé la cinquantaine...Quelle femme a-t-elle été ?
17:19 Publié dans D'une génération à l'autre, Souvenirs de prof | Lien permanent | Commentaires (7) | Facebook | Imprimer
samedi, 24 mars 2012
Fragiles adolescences...
Les spécialistes de l'adolescence s'accordent pour reconnaître qu'aujourd'hui celle-ci va jusqu'à trente ans. Le tueur de Toulouse était dans la troisième étape dite "post-adolescence".
J'en profite pour rééditer une note ancienne sur un sujet qui me tient à coeur : la fragilité des adolescents.
Il est dans un monde où tout est possible.
C'est pourquoi j'ai tellement aimé les adolescents. Il m'est arrivé de retrouver, adultes, d'anciens élèves. Ils étaient (légitimement) fiers de me montrer ce qu'ils étaient devenus mais en les félicitant je ne pouvais m'empêcher de regretter les adolescents qu'ils avaient été. Là se trouve la différence entre les parents et le professeur.
Les parents sont heureux -à juste titre- de voir leurs enfants installés dans l'existence, établis, le professeur le plus souvent porte le deuil de l'adolescent qu'il a connu.
11:11 Publié dans Souvenirs de prof | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | Imprimer