lundi, 28 novembre 2011
Une révolution contre les femmes ?
Les élections en Egypte sont présentées par les médias occidentaux comme une victoire de la démocratie.
Pourtant j'ai lu dans le dernier numéro de Courrier international un article d'une journaliste égyptienne qui m'a alertée.
Pour qui la démocratie ?
Pas sûr que ce soit pour les femmes.
Selon Aliaa Dawood, journaliste dans le quotidien Al-Masri Al-Youm, les acquis des femmes égyptiennes risquent d'être gravement remis en cause.
En effet, c'est essentiellement Suzanne Moubarak, l'épouse du dicatateur déchu, qui s'était beaucoup investie pour faire progresser les conditions de vie des femmes égyptiennes.
Les différentes lois liées aux droits des femmes étaient appelées "lois de Suzanne Moubarak". Imposées aux hommes de manière autoritaire.
"Beaucoup de citoyens avaient le sentiment que les changements relatifs aux droits des femmes leur étaient imposés, sentiment qui n'a fait que s'amplifier avec l'impopularité croissante du régime Moubarak. ... La manière dont dont la plupart de ces lois ont été introduites à conduit les hommes à penser qu'on les privait de leurs droits pour les donner aux femmes. (...) Certains ont même créé, bien avant la révolution, des organisations de défense des droits des hommes."
D'après Aliaa Davood, les femmes épyptiennes peuvent craindre un retour de bâton lié à un désir des hommes de retrouver leurs droits.
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samedi, 26 novembre 2011
Atriaux ou verrines ?
En arrivant à Allinges -à côté de Thonon-les-Bains- j'ai eu l'impression de faire une plongée dans l'hiver. J'avais quitté à Lyon un bel automne, doux et lumineux, et je subissais un ciel gris et le premier froid.
C'est donc frigorifiée que j'ai parcouru le marché de Thonon. Achat d'un superbe boudin à la crème à cuisiner avec des pommes. Le soir, chez une belle-soeur, atriaux et saucisses au chou : en un jour, le plein de cochonaille. Tout ce que nos médecins nous interdisent.
Ma mémoire des saveurs est moins raffinée que celle de Proust puisque n'y figure aucun biscuit fondant dans le thé mais plutôt de roboratifs plats de cochon.
Octobre et surtout novembre étaient les mois où on tuait le cochon et le village, aux premières heures du jour, retentissait des cris des cochons saignés par un boucher itinérant qui allait de ferme en ferme. Désolée pour les âmes sensibles mais utile pour tous les nostalgiques de la vie rurale qu'on a tendance à édulcorer...
Ceci dit je peux me ranger parmi ces âmes sensibles. Un de ces matins de novembre, notre institutrice avait décidé de nous conduire à la fruitière toute proche où on tuait également le cochon. L'observation du sacrifice de l'animal devait être l'objet de la "rédaction" du jour.
Angoissée par cette perspective d'un spectacle pour moi insoutenable, je lui avais demandé de ne pas m'y rendre.
Très compréhensive, elle m'en avait dispensé.
J'étais donc restée seule avec mon livre... seule dans la classe mais aussi seule dans l'école qui ne comprenait qu'une seule salle classe à plusieurs niveaux. Impensable aujourd'hui.
Et pourtant j'avais très bien réussi ma rédaction... exercice dont on doit avoir oublié jusqu'au nom.
Donc, ce jeudi soir dernier, je déguste à nouveau chez une belle-soeur force cochonaille car, si on ne tue plus le cochon dans les fermes, on continue de s'en régaler aux premiers froids.
À ce dîner en famille, nous avons évoqué la cuisine de nos mères, non par nostalgie, mais pour faire ce constat.
Nous étions pauvres il y a quarante ans et pourtant nous ne connaissions pas la misère.
Et surtout nous mangions mieux qu'aujourd'hui.
Chaque maison avait son potager, ses clapiers à lapins et ses poules.
Pas de boeuf sur les tables, réservé aux riches : même le poulet était pour les jours de fête.
Les repas étaient riches et consistants et pourtant nous ignorions l'obésité.
Ce week-end, collecte de la banque alimentaire : si nous réapprenions aux jeunes parents à cuisiner et apprécier des choses simples ? Il est prouvé que la cuisine familiale est la moins onéreuse.
À mon retour, dans mon courrier, je trouve une publicité pour un de ces appareils destinés à fabriquer ces mousses qu'on sert en verrines : la grande mode...
S'est-on interrogé sur ce qu'on déguste avec cette cuisine "tendance" ?
Du spectacle et du vent.
09:40 Publié dans Au jour le jour, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook | Imprimer
mercredi, 23 novembre 2011
Quelques jours ailleurs...
Le bel automne se termine, il faut quand même songer à préparer la maison pour l'hiver. Quelques jours en Chablais sans connexion mais il faut dire qu'en ce moment, de toute façon, mes temps de connexion sont limités.
photo de Roso
09:06 Publié dans Au jour le jour, Image du jour | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook | Imprimer
vendredi, 18 novembre 2011
Les atriaux
Cette semaine encore je vais acheter à l'occasion d'un nouveau séjour en Haute-Savoie cette délicieuse et exceptionnelle charcuterie : l'atriau. Ma mère, fidèle auditrice de l'émission "Des chiffres et des lettres", m'a dit que le mot avait été trouvé dans le jeu. Nous en avons été étonnées toutes les deux, puisque pour nous, cette spécialité qu'on a tant de plaisir à retrouver à l'automne et en hiver, ne dépasse les frontières du Chablais, inconnue même dans le reste de la Haute-Savoie.
En fait la spécialité est suisse, ainsi que le mot. Ce qui confirme que nous, Chablaisiens, sommes bien de culture suisse... Les atriaux sont cités dans l'hymne national suisse.
Cé qu'è lainô : Et poi saplia queman dés atrio, « Et puis [ils furent] taillés comme des atriaux ».
Composés de viande hachée de porc frais, essentiellement du foie, aromatisés de persil et d'épices, façonnés en boulettes et enfermés dans une crépine de porc, les atriaux se rôtissent à la poêle et se servent avec un jus au vin blanc.
Et franchement l'atriau c'est beaucoup plus fin et beaucoup moins gras que la très célèbre andouillette lyonnaise...
14:59 Publié dans Des objets et des mots..., D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (11) | Facebook | Imprimer
jeudi, 17 novembre 2011
Horripilants...
Le Progrès, mon journal local, a publié à ce jour un court article que j'ai bien aimé sur un sujet qui me tient à coeur : les tics de langage.
Comme moi peut-être vous ne supportez plus les "hallucinants", "grave" ou encore "c'est clair" qu'on entend à chaque coin de phrase. Je déteste particulièrement "y-a-pas de souci" ou encore "bonne journée" qui a remplacé le bon vieil "au-revoir". Le pire d'entre tous c'est "on gère" alors que la crise financière semble prouver qu'on ne gère plus rien du tout. Et pourtant si ! On gère même les sentiments...
J'ai donc été bien aise de découvrir, via Le Progrès que si un sociologue, Pierre Merle, admet ces tics de langage comme "des chevilles qui tiennent le discours", le psychiatre Yves Prigent les dénoncent comme des mots paresseux qui vident les échanges de leur contenu. Le tic "sert à faire le bruit de la parole, sans en contenir aucune, comme la musique que l'on entend dans les supermarchés, destinée à endormir le client."
Il nous engage au contraire à diversifier notre vocabulaire ou ... à nous réconcilier avec le silence.
18:13 Publié dans Au jour le jour, Chronique lyonnaise, Entendu dans la rue... | Lien permanent | Commentaires (23) | Facebook | Imprimer
lundi, 07 novembre 2011
Goncourt des lycéens
Contrairement à "L'Art français de la guerre" que j'avais lu en septembre, je ne connais pas le livre des Carole Martinez, "Du domaine des murmures" récompensé par le Goncourt des lycéens.
En tout cas un sujet original :
"En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire « oui » : elle veut faire respecter son vœu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe.."
.En général je suis rarement déçue par leur choix.
C'est grâce à eux que j'avais découvert Shan Sa, auteure d'origine chinoise, que j'ai suivie fidèlement.
Il y a dans ce jury lycéen, une fraîcheur, une authenticité qui manquent aux autres prix, lesquels ont tendance à choisir les ouvrages dans l'air du temps ou "qui se la pètent" ! ... En tout cas, je suis déjà d'accord avec ceux qu'ils ont écartés, encensés pourtant par les médias.
Parfois je me demande si, en tant que lectrice, je n'en suis pas restée au niveau du lycée!
14:34 Publié dans Coups de coeur, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (11) | Facebook | Imprimer
mercredi, 02 novembre 2011
Littérature et colonisation
C'est donc Alexis Jenni qui a obtenu le Goncourt pour "L'Art français de la guerre": mon opinion négative n'a pas changé pour autant...
Ashab doit être content ...
Ce n'est pas mauvaise foi de ma part : d'ordinaire je n'évoque jamais les livres qui m'ont déplu.
Je vais essayer d'expliquer mon aversion, sans scrupules, puisque le monsieur aura plein d'éloges, d'acheteurs qui ne seront pas forcément des lecteurs, mais le bruit des sous n'a jamais empêché de dormir, surtout l'auteur d'un premier roman (publié).
L'histoire : un bobo lyonnais quadra, qui s'ennuie et traîne ses états d'âme, rencontre un vieil aquarelliste qui a fait les trois dernières guerres; la grande et les deux coloniales. Donc le récit alterne entre les problèmes de couple de notre malheureux quadra, épanchements qui dégoulinent à n'en plus finir- en tant que narrateur il justifie d'ailleurs sans complexes son épandage sentimental- et les aventures du guerrier Salagnon devenu un peintre du dimanche.
Cela pourrait être original et où est le problème ?
Pour moi il y a maldonne dans la distribution du vécu des personnages.
D'un côté le narrateur bobo qui étale ses tripes -et même au sens propre, au cours d'un repas délirant où il sert des abats crus pour choquer la province- et de l'autre un soldat qui vit trois guerres, racontées à travers des actions, dans le genre archi- vu et revu, lu et relu mais dont on ignore toutes les réactions face aux violences, aux tortures, à la mort qu'il a dû donner ou voir opérer...
Et qui finit sa vie tranquillement en peignant des aquarelles : vous y croyez vous ?
Ce qui m'aurait intéressée, c'est de lire ce qui était dans la tête et dans le coeur de Salagnon le soldat...
D'autant que pour cette rentrée littéraire est justement paru un superbe roman sur la colonisation française en Algérie.
Je ne l'ai pas tout à fait terminé mais je le trouve magnifique.
"Les Vieux fous" de Mathieu Belezi.
J'avais déjà beaucoup aimé son ouvrage précédent "C'était notre terre", saga d'une famille de colons, racontée par des récits croisés entre les différents membres de la famille.
Dans "Les Vieux fous", il raconte un colon, qui est "le" colon. Belezi flirte avec l'irrationnel puisque son personnage barricadé au moment de l'indépendance dans son immense domaine, des milliers d'hectares, avec une poignée de légionnaires, a 145 ans...l'âge de l'Algérie française. Le personnage est un mythe. Il fait défiler tout son passé colonial... La conquête par la force, les viols nombreux évoquent le viol de la terre, puis les visites des hommes politiques français de la quatrième république, qui viennent profiter, participer à ses festins et à ses gabegies, puisque c'était "notre terre".
L'écriture de Belezi est tout simplement somptueuse : lyrique, poétique, fulgurante avec des intonations rabelaisiennes surtout dans la première partie, que je trouve particulièrement savoureuses.
Mais surtout, comme dans "Les Bienveillantes", on saisit l'intérieur, on découvre les racines... Du génocide ou de la colonisation pour Bélezy et les racines sont multiformes, s'enchevêtrent dans l'Histoire.
Donc il faut lire Bélezi plutôt que Jenni...
La colonisation étant à la mode en littérature, et pourquoi pas, concernant l'Indochine rien ne vaut Jean Hougron que j'ai déjà cité et dont je viens de terminer les cinq volumes de sa "Nuit indochinoise", primée par 'Académie française dans les années soixante.
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