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mercredi, 05 septembre 2012

A perdre la raison...

Les réalisateurs belges ont vraiment le génie du cinéma réaliste.

Dès le début de"A perdre la raison"  de Joachim Lafosse, dès le générique noir et blanc comme un faire-part mortuaire, dès la première image où des cercueils blancs sont embarqués dans la soute d'un avion après qu'une femme a murmuré sur son lit d'hôpital "il faut les enterrer au Maroc", on sait qu'il s'agit d'une tragédie.

Inspiré d'un fait-divers , l'histoire retrace la descente aux enfers d'une jeune femme sensible et très fragile qui commet l'irréparable sous l'emprise d'une terrible dépression. Son interprète, Emilie Dequenne, mérite largement ce premier prix d'interprétation féminine qu'elle a obtenu à Cannes. Et pourtant plus de la moitié du film se passe dans une ambiance "tout va bien". Les événements familiaux s'enchaînent mariage, naissances, vacances dans un bonheur apparent. Le film bascule dans l'horreur, on le sait et on l'attend. Une petite musique funèbre vient ponctuer cette progression. La mort approche, elle devient palpable. 

"La famille est le lieu de toutes les violences" nous avait dit un animateur du festival de cinéma de La Salette à propos du film "Incendies". Pour Joachim Lafosse c'est particulièrement vrai... Elle est introduite par un homme au-dessus de tout soupçon : médecin aisé -formidable Niels Arestrup- il ne fait que le bien... Il adopte un jeune Marocain, aide et protège. Le problème ainsi posé est celui du bienfaiteur... Jusqu'où peut aller un bienfaiteur sans devenir destructeur ? A la sortie du cinéma j'ai échangé quelques impressions avec une spectatrice qui avait vu dans ce personnage un homme de pouvoir pervers. Pour moi c'est peut-être plus complexe. En tout cas on peut s'interroger sur le besoin de pouvoir qui anime la volonté de faire le bien...

On sort du film KO mais il vaut la peine.

 

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samedi, 30 juin 2012

La petite Venise

À Choubine...

 

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Le titre de ce film magnifique est pourtant détestable et mieux aurait valu conserver son titre italien : Io sono Li... car il relève du meilleur cinéma italien, celui que nous avons adoré, qui allie poésie et réalisme.

Les toutes premières images du réalisateur Andrea Segre  sont époustouflantes,  on passe sans transition d'une beauté sublime à la réalité cruelle : le ton est donné.

C'est l'histoire d'une jeune femme chinoise, mère d'un petit garçon confiée à son père, qui se retrouve à travailler en Italie et doit rembourser le prix de son voyage. Elle devient barmaid dans une bourgade de pêcheurs près de Venise et fait la connaissance d'un pêcheur retraité, ancien émigré. Leur lien est la poésie : Bepi est rimailleur et Shun Li honore - superbement car cela nous vaut parmi les plus belles images du film- un poète chinos traditionnel... La poésie n'appartient pas aux intellectuels mais aux gens du peuple. 

Une amitié très filiale, autour d'une mémoire commune au-delà des continents, se noue entre les deux personnages mais, c'est mal vu de leur entourage respectif... Côté italien,  ce sont les fantasmes traditionnels, façon péril jaune et chez les Chinois, l'angoisse d'être rejetés.

Malgré un dénouement en demi-teinte et très réaliste, le film est optimiste. À Venise les très beaux ponts ne manquent pas : symboles dans ce film de ceux qui peuvent s'établir entre deux mondes en apparence étrangers. Tout le film parle de rapprochements... Bepi au bord de cette lagune qu'il aime jusqu'à en mourir rejoint Shun Li, née elle aussi  au bord de la mer d'un père pêcheur.

Certes on n'est pas dans la Venise promise aux touristes mais c'est encore plus beau !  

 

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mercredi, 18 avril 2012

Nos voeux secrets...

iwish_01.jpgBien qu'il soit distribué dans des salles rares et confidentielles, je vous recommande "I wish" du réalisateur japonais Hirokazu Koreeda. De lui j'avais déjà vu "Still walking" et je suis émerveillée par la délicatesse de ce cinéaste. Nul ne sait mieux que lui filmer les relations humaines et plus particulièrement familiales.

L'histoire est simple : deux frères, deux petits garçons adorables bien que très différents, sont séparés parce que leurs parents ne vivent plus ensemble.

.Il y a longtemps que je n'avais pas vu représentée la magie du monde de l'enfance avec à la fois autant de réalisme et de tendresse. Les deux frères décident de se retrouver avec leurs amis respectifs, à mi-chemin de leurs domiciles. Cette rencontre des enfants est un vrai miracle de poésie, de joie, de générosité . On découvre un Japon où la famille est perturbée comme dans tout le monde occidental, pourtant c'est décrit par Hirokazu Koreeda sans aucun cynisme,  au contraire dans un climat de dignité et de solidarité. Les grands-parents sont merveilleux ! Ils accompagnent avec bienveillance, allant même, pour le grand-père, jusqu'à se faire complice de son petit-fils qui va faire l'école buissonnière  pour retrouver son frère . Par ailleurs on est transporté dans un Japon très loin des clichés  véhiculés en Europe, on est loin du Japon des haïku et des sushis. C'est le Japon populaire et provincial, des vrais gens : les hommes "prennent une cuite",  on y mange copieusement des plats roboratifs qui n'ont rien à voir avec les sushis ! ,Très émouvant aussi le rappel d'un Japon qui vit toujours avec des phénomènes naturels menaçants : dans ce film c'est un volcan qui est en activité et dont il faut chaque matin nettoyer les cendres.

Et aussi l'écriture du film est marqué par autant de  poésie que d'humour...

 

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lundi, 19 mars 2012

Printemps du cinéma avec Elena.

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La pluie et le tarif réduit du Printemps du cinéma m'ont empêchée d'assister à la séance que j'avais programmée pour voir Elena ce dimanche après-midi : la salle du Comoedia était déjà comble et il m'a fallu revenir à la séance suivante. Beau succès pour ce cinéma indépendant que les grands groupes avaient essayé de faire chuter en 2007. J'ai relu d'ailleurs avec plaisir les commentaires sur ma note de cette époque... 

Bien que l'auteur Andrey Zvyagintsev, soit russe, l'histoire pourrait être universelle même si sa résonance est peut-être différente dans le contexte russe. 

Une femme d'un certain âge vit avec un homme très riche alors qu'elle est issue d'un milieu très modeste auquel appartient la famille de son fils confrontée aux difficultés financières. L'homme riche a lui-même une fille, entretenue par papa, qui sait juste jouer auprès de l'auteur de ses jours -car il n'est rien d'autre pour elle- qu'une comédie suffisante pour obtenir son argent... et cela réussit puisque le riche vieux mari projette de déshériter sa femme au profit de sa fille.

D'habitude je n'aime pas trop faire de différence entre "le fond et la forme" mais je dois dire à propos de ce film que j'ai été émerveillée par la façon de filmer de  Andrey Zvyagintsev. Un cinéma comme on n'en voit plus assez souvent. Des images à la fois sublimes, dépouillées, sobres mais aussi très réalistes. Des clairs-obscurs, des portraits splendides : tout est mis en oeuvre pour sublimer une héroïne, magnifique d'humanité même si elle commet l'irréparable...

De même une organisation narrative très efficace. Le schéma narratif est réduit à l'essentiel de l'action, les dialogues minimalistes. Le film en est donc d'autant plus percutant.

Mais il faut saluer surtout l'interprétation absolument exceptionnelle de l'actrice Nadejda Markina qui crée un personnage superbe et très émouvant. On peut l'analyser d'un point de vue sociologique, celui d'une femme dépassée qui perd ses valeurs morales dans une Russie où règne le cynisme...

Impossible pour moi de la réduire ainsi car le réalisateur et surtout l'actrice, donnent au personnage une impressionnante   intériorité  : c'est une femme muette, au service de son mari et de sa famille, qui se trouve tellement écartelée qu'elle en arrive au crime. Dans l'adversité, elle fait preuve d'une détermination qui prend le spectateur par surprise.

Elena, c'est une  mère emblématique prête à tout pour défendre sa famille. Un personnage éternel autant qu'universel. 

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lundi, 27 février 2012

Succès phénoménal ?

170px-Chaplin2.jpgDepuis plusieurs jours les médias nous rebattent les oreilles à propos du succès phénoménal de "The Artist".

Phénoménal vraiment ?

Le succès, sans aucun doute, mais le film ?

On peut en douter ! 

Je l'ai vu à sa sortie en salle par curiosité et j'avoue avoir été franchement déçue. Je m'y suis presque ennuyée et ce ne sont pas les quelques secondes du numéro de claquettes, admirable j'en conviens, qui m'ont réveillée...

Exercice de style certes, comme toute bonne parodie -aurait-on idée en littérature de couronner un pastiche ?- servi par une interprétation très professionnelle. Est-ce suffisant pour faire un bon film ? Un scénario insipide au possible auquel on ne croit pas une seconde, d'où l'ennui...

L'intérêt de ce succès est qu'il nous aura permis de découvrir la puissance, Outre-Atlantique, de la force de frappe du marketing américain. Dommage pourtant pour cet autre vrai bon film américain, également nominé,  qu'est "The descendants". Il  méritait davantage d'être couronné avec, outre une excellente interprétation, un scénario consistant, posant une véritable problématique humaine.

"The Artist" donnera-t-il aux spectateurs l'envie de revoir les films muets en noir et blanc du patrimoine ?

J'en doute...

On oublie que si les films de Charlie Chaplin ont eu autant de succès ce n'est pas parce qu'ils étaient muets et en noir et blanc, mais parce que leur contenu, souvent grave et sérieux, touchait la société de son temps. Ce qui n'est pas le cas de "The Artist".

Toutefois on peut s'interroger, à propos de ce film, sur nous-mêmes. Indépendamment du lobbying qui en a assuré le triomphe, que dit ce succès sur notre époque ?

Manque d'imagination des créations actuelles ? Nostalgie liée à la crise et au mal être ?  Toutes les hypothèses sont possibles...

En tout cas, si vous n'avez pas encore vu ce film, ne vous précipitez pas dans les salles où on ne manquera pas de le proposer : attendez son passage sur petit écran pour satisfaire votre curiosité !

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Charles Spencer Chaplin

ainsi que la première photo.

mardi, 01 mars 2011

Les Françaises sont en deuil...

Les Françaises sont en deuil... car c'est un peu de nous qui s'en va. Cruelle la formule qu'on entend sur les ondes : on ne lutte pas contre la maladie d'Alzheimer, elle ne nous laisse même pas ce choix.

 

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dimanche, 27 février 2011

Mais y va où le monde...

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Pour une fois je vais parler d'un petit film dénigré par la critique parisienne et son magazine de référence que je ne nomme pas mais que tout le monde reconnaîtra. Financée par la région Rhône-Alpes, cette réalisation de Serge Papagalli m'a réjouie et j'ai ri de bon coeur. Certes, ce n'est pas une comédie lèchée mettant en scène des bobos.

C'est une farce populaire et nos critiques parisiens semblent ignorer que ce genre a toutes ses lettres de noblesse. Dans la farce, les traits sont exagérés, les personnages simplifiés et caricaturaux : cela relève du genre.

De même l'accent, les jurons et notre "y" local qui semble déranger les journaux parisiens.

Ce n'est pas la vision sociologique de Depardon qui pour certains médias serait le seul légitime pour évoquer le malaise paysan, sujet du film. Papagalli le fait à la manière de Desproges avec lequel il a travaillé. Des personnages comme ceux du film j'en ai rencontrés. Le dénouement est heureux même si on peut regretter que la seule façon de survie pour le monde rural soit l'installation de gites pour bobos.

En tout cas le paysan dauphinois n'a pas besoin de café philo pour se poser cette question fondamentale : mais y va où le monde ?

Je me la pose régulièrement, non pas en me rasant-je n'en suis pas encore là- mais en touillant mes sauces...

Et vous ?