lundi, 23 mai 2016
Quand est-ce qu'on s'y met ?
Pour Organza...
Quand je serai vieille, je m’habillerai de mauve
Je mettrai un chapeau rouge qui jure avec ma robe
Je dépenserai ma pension en cognac et en gants de dentelle
En sandales de satin et je dirai que
Nous n’avons pas les moyens d’acheter du beurre
Je m’assoirai sur le trottoir quand je serai fatiguée
Je tirerai les sonnettes d’alarme
Je ferai courir ma canne sur les barreaux des clôtures
Je rattraperai le temps perdu quand j’étais jeune et sérieuse
Je sortirai en pantoufles sous la pluie
Je cueillerai des fleurs dans les jardins des autres
J’apprendrai à cracher très loin
Mais peut-être devrais-je m’exercer un peu avant
Afin que mes amis ne soient pas surpris et choqués
Quand tout à coup je serai vieille
Et que je m’habillerai de mauve
Rose in the afternoon, Jenny Joseph, 1963
13:43 Publié dans Au jour le jour, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | Imprimer
mardi, 26 avril 2016
Le poète pisse dans son violon (suite)
Littérature et poésie
"Littérature contemporaine : "Ici on apporte
son manger."
"Le veau est une viande qui se laisse
trop facilement influencer par les sauces,
certains écrivains de même."
"Tout poète se trouve
quotidiennement confronté à
l'urgence de l'inutile."
"Se promener nu dans la littérature
est un plaisir sauvage."
Pierre Autin-Grenier
"Le poète pisse dans son violon"
10:19 Publié dans Chronique lyonnaise, Coups de coeur, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | Imprimer
jeudi, 14 janvier 2016
La mort de Victor Hugo
Continuons avec Victor Hugo.
Judith Perrignon, journaliste, a publié ce livre " Victor Hugo vient de mourir" qui relate l'événement phénoménal que fut la mort puis l'enterrement de Victor Hugo.
C'est un livre de journaliste, qui s'attache à rendre le caractère exceptionnel de l'événement plutôt qu'un roman, les personnages appartiennent à l'Histoire, et la fiction est quasiment absente sauf dans le ressenti des uns ou des autres.
L'événement a marqué cette fin du XIXÈME siècle, non seulement par l'immense notoriété du personnage mais aussi parce qu'il fut l'occasion d'un acte fondateur de la République à savoir la restitution de l'Eglise Sainte Geneviève à l'état qui en fit le Panthéon.
E n cette fin du mois de mai 1885, toute la famille est réunie autour du grand-homme qui est à l'agonie. Il a 83 ans. Impossible intimité, les bulletins de santé sont promulgués régulièrement à la foule massée devant sa porte. Victor Hugo n'appartient plus à sa famille, à ses petits-enfants qu'il adorait. On peut même se demander s'il n'est pas dépossédé de sa mort.
Victor Hugo appartient à la nation.
Quelle était la nation à cette époque ? C'est la troisième république, proclamée par Gambetta par Napoléon III qui avait exilé le poète. On est quelques années après la Commune, écrasée dans le sang. Victor Hugo n'a pas soutenu la Commune mais défendu l'amnistie pour les communards. C'est donc une république bourgeoise, qui a permis des avancées -liberté de la Presse, Lois Jules Ferry-et anticléricale.
Le lendemain de la mort de Victor Hogo se déroule au Pére Lachaise une manifestation de révolutionnaires qui rencontre une forte répression policière. On compte les morts.
Leur chef est un certain Maxime Lisbonne, qui avait été envoyé aux travaux forcés en Nouvelle Calédonie, a été gracié et se retrouve opposant au gouvernement.
Lisbonne et ses amis représentent le premier problème qui se pose au gouvernement chargé d'organiser le défilé des funérailles.
Autre composante à risques : les Anarchistes. Groupe politique très redouté à l'époque.
Tout ce beau monde veut défiler avec ses drapeaux, les rouges et les noirs. Interdiction formelle de la police.
Autre composante : les bourgeois. Eux n'appréciaient pas le poète jugé trop à gauche. Mais ils le revendiquent. On se met en quatre pour obtenir de la famille une lettre d'accréditation afin d'avoir une place en vue dans le défilé ou on loue à pris d'or un balcon sur le passage du convoi.
Ainsi est organisé ce défilé, chacun à sa place en fonction du groupe dont on se reconnaît.
Reste le peuple. Le peuple se retrouve lui, place de l'Etoile ou est exposé le gigantesque sarcophage. Et il rend hommage à sa manière, à travers une nuit de sombres bacchanales. Cela dure plusieurs jours...
Les funérailles de Victor Hugo, les plus imposantes jamais organisées à Paris, ont réuni deux millions de personnes.
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dimanche, 03 janvier 2016
Nostalgie
" Pour un flirt avec toi je ferais n'importe quoi..."
c'est le début d'une des chansons les plus célèbres de Michel Delpech qui vient de nous quitter.
nous sommes sans doute nombreux à l'avoir en tête ce matin.
Une chanson légère qui porte en elle toute l'insouciance de notre génération et de l'amour dans les années 70.
Le flirt ça n'engageait pas et ça n'allait pas toujours jusqu'au
"petit tour au petit jour entre tes draps".
une sorte d'entraînement à l'amour en quelque sorte. Une préparation.
Pour ma génération le flirt c'était "avant" la relation amoureuse sérieuse et engagée.
Aujourd'hui le mot ne s'emploie plus.
Peut-être parce que cette relation serait devenue la seule relation amoureuse normale, banalisée.
D'où la nostalgie quand surgissent ainsi certains mots de notre jeunesse qui nous renvoient à une époque vraiment disparue.
11:00 Publié dans Au jour le jour, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook | Imprimer
mardi, 01 septembre 2015
Ma mère
"Aujourd'hui,maman est morte.Ou peut-être hier, je ne sais pas."
Incipit de "L'étranger" d'Albert Camus.
Je savais qu'un jour je devrais parler de ma mère… Mais j'attendais. Le jour est venu. Mieux en parler pour mieux l'enterrer.
voilà qui est fait.
ce fut curieux mais il fallait s'y attendre. En 48 heures nous avons vécu un siècle d'évolution de rites funéraires... Correspondant à l'originalité de mes parents.
Ma mère a fini ses jours dans une maison de la fraternité Saint Pie X, cette tendance ultra intégriste du catholicisme.
Pourquoi ? Cela restera à jamais, pour nous ses huit enfants, un grand point d' interrogation. Une zone obscure dans laquelle je ne cesse de chercher me cognant chaque fois à d'improbables raisons.
Elle a passé 15 ans dans cette maison où elle est entrée encore en forme. Elle y est morte lucide et sereine après une année d'affaiblissement, de souffrances physiques et morales. Bien soignée et bien entourée. Elle avait choisi mais ce choix l'a coupée de ses enfants. Elle a voulu finir sa vie avec des gens qui partageaient ses convictions. Choix que nous avons respecté, même si ce fut difficile.
et cette question qui nous reste : pourquoi ? Pourquoi mes parents se sont-ils laissés entraîner dans l'intégrisme alors que rien dans leur milieu sociologique ne les disposait à cela. Ils étaient tout deux issus de familles d'insituteurs laïcs. Des familles non pratiquantes mais où on ne bouffait pas de curé. Tous deux étaient donc des convertis.
Jeunes ils appartenaients pourtant aux tendances plutôt progressistes du catholicisme. Ma mère après la guerre et avant son mariage militait dans l'action catholique et mon père lisait Témoignage chrétien.
Difficile de dire quand et pourquoi ils ont basculé.
nostalgie de passé ? Sentiment d'être dépassé par leur famille nombreuse : trois filles et six garçons. Fragilité accentuée à la mort d'un de mes frères, sans doute un suicide mais sans qu'on en ait eu la certitude ?
L'enfermement dans l'intégrisme est venu progressivement jusqu'à la rupture avec l'Eglise.
Et voilà elle est partie durant cette belle journée de juin.
Sur place nous avons eu une cérémonie en latin ultra-passéiste dont la rigueur a été compensée par la une atmosphère d'amitié chaleureuse qui nous a étonnés. Puis le lendemain, dans notre petit cimetière de Haute-Savoie une cérémonie souvenir à notre manière, pour expliquer aux gens du village ces quinze ans d'absence.
Point final le soir autour de la piscine de ma sœur.
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jeudi, 02 juillet 2015
Amitié virtuelle, amitié éternelle...
Alsacop devenu Alsa, un de mes premiers amis de la blogosphère est parti.
Au-delà des nuages, des blogues, de sa famille.
Vraiment parti.
Il s'appelait Mario dans la vraie vie.
Je l'ai connu ainsi que Doume, mes deux amis alsaciens, fin 2006.
Je savais qu'il était lourdement handicapé, en fauteuil roulant à l'extérieur, avec deux béquilles dans sa maison.
La blogosphère heureusement est un territoire où le fauteuil est inutile. Avec Yves, Noelle, Doume, Alsa nous avions, initiée par Yves, suivi une Transate virtuelle sur un bateau que nous avions baptisé l'Utopie. Yves aussi soignait un cancer et il est parti lui aussi.
Des décennies de souffrance et de lutte. Un magnifique combattant Mario.
Des heures de travail sur son corps, au quotidien, pour rester tonique. Et il l'était parfaitement tonique. Plus tonique dans son fauteuil que certains valides sur leurs deux jambes.
Je peux l'écrire car je l'ai rencontré chez lui il y a juste un an. Avec Roso nous avions eu l'opportunité d'un séjour en Alsace en juin 2014.
Alsa et Doume nous avaient accueillis, ainsi que leurs épouses, de façon splendide et chaleureuse. Nous avions fêté leurs deux anniversaires car tous deux sont né en juin.
Cette année Mario est parti en soins palliatifs juste après ce nouvel anniversaire.
Son dernier séjour à l'hôpital.
J'avais publié le très beau texte qu'il avait écrit sur une journée à l'hôpital car il en avait connu beaucoup.
Adieu donc Alsa, Adieu Mario : ami virtuel et ami réel.
Quel réconfort de t'avoir rencontré l'an dernier.
Amitié virtuelle, amitié réelle dont il me restera une image charnelle.
Photo prise et envoyée par Doume
09:26 Publié dans Au jour le jour, D'une génération à l'autre, Passages vers... | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook | Imprimer
dimanche, 07 juin 2015
Ecrire ou fabriquer ?
Hier j'étais à Paris pour une rencontre nationale sur les Grands-Parents. Cette rencontre pompeusement baptisée colloque n'était à mon avis, qu'une opération de com, complètement opposée à ce que nous faisons à Lyon dans notre association : un vrai travail de réflexion.
Parmi les intervenants il y avait Alexis Jenny qui a obtenu le prix Goncourt il y a quelques années pour un pavé mal construit, mal écrit et fort ennuyeux.
Au demeurant c'est un Lyonnais.
Il était invité à parler de sa relation avec son grand-père. Beaucoup de banalités mais avec un point intéressant : il a été élevé par une mère soixante-huitarde, une vraie, c'est à dire née dans les années 50, qui a envoyé promener la religion. Mais lui a retrouvé le goût du spirituel au contact de son grand-père.
Mais si je parle de lui ce n'est pas pour cette raison.
En évoquant ses livres, il a répété à plusieurs reprises : j'ai fait ce livre où les livres que j'ai faits.
On peut pointer deux choses… La pauvreté du vocabulaire : souvenez-vous des exercices de français de l'école primaire où on devait trouver un verbe plus précis au verbe "faire".
Deuxième point, peut-être le plus important, cela indiquerait qu'un livre aujourd'hui se fabrique et ne s'écrit plus. Pendant sa prise de parole je me suis répété "il va bien finir par l'employer ce mot écrire". mais pas une seule fois.
L'acte de publier un livre, de le fabriquer, est devenu complètement indépendant, déconnecté, de l'acte d'écrire.
J'aime beaucoup cette formule de Xavier Pattier, écrivain peu connu mais que j'aime beaucoup.
Il écrit, je cite de mémoire : "Il y a des auteurs de livres qui ne sont pas des écrivains et des écrivains qui n'ont jamais publié de livres."
D'ailleurs c'est ainsi que je considère pour moi l'acte d'écrire : une discipline du quotidien comme celle de marcher ou de courir qui n'a d'autre vertu que de m'entretenir intellectuellement, moralement et spirituellement.
Même si ce n'est pas trop visible sur ce blogue.
10:34 Publié dans Au jour le jour, Chronique lyonnaise, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (9) | Facebook | Imprimer