lundi, 27 février 2012
Les cris du cochon...
Suite à ma note sur l'abattage rituel, ma soeur m'a signalé une erreur : ma mémoire m'a trahie à propos des cris du cochon.
Ils étaient pourtant bien réels ces cris, oui mais...
Retour sur un souvenir.
Les cochons, entre novembre et janvier étaient tués à la fruitière, toute proche de notre petite école de campagne. Un matin, notre institutrice décida que nous irions "voir tuer le cochon" pour préparer une rédaction sur ce sujet... L'exercice était, me semble-t-il, hebdomadaire. Affolée par cette perspective d'un spectacle que je soupçonnais sanglant, je lui demandai alors de ne pas participer... Ce qu'elle accepta, très compréhensive... Je restais ainsi seule dans l'école qui n'avait qu'une seule classe à plusieurs niveaux. Impensable aujourd'hui ! Au retour, elle nous avait consciencieusement fait récapituler ce qui avait été vu ce qui m'avait permis de réussir ma rédaction...
Oui mais depuis ce qui a été raconté n'est pas entré dans ma mémoire alors que ma soeur, qui elle avait suivi toute la scène, a pu rectifier des détails que j'ignorais...
Et celui-ci : avant d'être saigné, le cochon était bien déjà assommé, dans les années 50, avec d'énormes gourdins, qui avaient impressionné ma soeur à tel point qu'elle pensait que le cochon était mort avant d'être égorgé.
Quant aux cris, comme elle me l'a rappelé, le cochon criait tout le temps même quand on le nourrissait. Nul doute donc que je les ai entendus, ces fameux cris quand on entraînait l'animal sur son lieu d'abattage.
Désolée de revenir sur ce sujet pas très gai mais je me devais de faire un rectificatif !
16:26 Publié dans Au jour le jour, Des objets et des mots..., D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | Imprimer
Succès phénoménal ?
Depuis plusieurs jours les médias nous rebattent les oreilles à propos du succès phénoménal de "The Artist".
Phénoménal vraiment ?
Le succès, sans aucun doute, mais le film ?
On peut en douter !
Je l'ai vu à sa sortie en salle par curiosité et j'avoue avoir été franchement déçue. Je m'y suis presque ennuyée et ce ne sont pas les quelques secondes du numéro de claquettes, admirable j'en conviens, qui m'ont réveillée...
Exercice de style certes, comme toute bonne parodie -aurait-on idée en littérature de couronner un pastiche ?- servi par une interprétation très professionnelle. Est-ce suffisant pour faire un bon film ? Un scénario insipide au possible auquel on ne croit pas une seconde, d'où l'ennui...
L'intérêt de ce succès est qu'il nous aura permis de découvrir la puissance, Outre-Atlantique, de la force de frappe du marketing américain. Dommage pourtant pour cet autre vrai bon film américain, également nominé, qu'est "The descendants". Il méritait davantage d'être couronné avec, outre une excellente interprétation, un scénario consistant, posant une véritable problématique humaine.
"The Artist" donnera-t-il aux spectateurs l'envie de revoir les films muets en noir et blanc du patrimoine ?
J'en doute...
On oublie que si les films de Charlie Chaplin ont eu autant de succès ce n'est pas parce qu'ils étaient muets et en noir et blanc, mais parce que leur contenu, souvent grave et sérieux, touchait la société de son temps. Ce qui n'est pas le cas de "The Artist".
Toutefois on peut s'interroger, à propos de ce film, sur nous-mêmes. Indépendamment du lobbying qui en a assuré le triomphe, que dit ce succès sur notre époque ?
Manque d'imagination des créations actuelles ? Nostalgie liée à la crise et au mal être ? Toutes les hypothèses sont possibles...
En tout cas, si vous n'avez pas encore vu ce film, ne vous précipitez pas dans les salles où on ne manquera pas de le proposer : attendez son passage sur petit écran pour satisfaire votre curiosité !
Charles Spencer Chaplin
ainsi que la première photo.
10:50 Publié dans Ciné-club, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (17) | Facebook | Imprimer
samedi, 11 février 2012
Pause : explications...
Un anniversaire est l'occasion de faire un bilan, et pour l'anniversaire de ce blogue -cinq ans c'est beaucoup en années de blogue- il n'est pas inutile d'en faire un...
Et aussi parce que les absences me rendent redevable vis-à-vis de mes visiteurs.
Quand on commence un blogue, les raisons sont aussi nombreuses que variées, les motivations sont propres à chaque blogueur même si on retrouve des constantes.
Il faut que je revienne sur les miennes...
Un départ à la retraite relativement tôt puisque avant soixante ans, ce que je n'oserai avouer dans quelques années... Un vide, donc, même si cette retraite a été voulue et décidée. Un manque d'échanges au quotidien d'autant que mon mari travaillait à l'autre bout de la France. Pourtant un grand plaisir à savourer cette liberté de disposer d'un temps que j'ai beaucoup consacré à la blogosphère.
La blogosphère, cette "terra incognita", fascinante et mystérieuse, qui m'attirait et m'effrayait.
J'ai appris à la découvrir en la parcourant à tâtons, en découvrant les blogues un à un, parfois d'ailleurs curieusement retenue par des blogues sans intérêt mais dont l'assurance de leurs auteurs me stupéfiait...
Je me souviens en particulier d'un blogue de poésie avec un nom japonais et une présentation sophistiquée... De cette époque je garde Choubine qui m'a beaucoup aidée accompagnant mes premiers pas.
C'était le temps où je m'étais littéralement enfermée dans une bulle, papillonnant de blogue en blogue, presque coupée de mon entourage réel. Seule à la maison, je pouvais me permettre de négliger et la cuisine -grignotage en tête-à-tête avec l'ordinateur- et le rangement, me contentant de faire le ménage le vendredi avant le retour de l'homme ! J'ai souvent la nostalgie de cette époque.
Mais la vie change car elle continue d'avancer.
Peu à peu sont arrivées des sollicitations nouvelles pour des activités qui me plaisaient et que que je ne pouvais ni ne voulais refuser. Je ne vais pas les énumérer mais c'est ainsi, un contact en entraîne un autre.
Les doutes aussi ont commencé à pointer le nez : à force de fréquenter d'autres blogues je me suis dis que le mien n'était pas si intéressant... Méritait-il d'être maintenu en vie ? Ne valait-il pas mieux l'euthanasier ? Sans doute d'autres blogueurs sont-ils passés par là.
Nouveau grand changement avec la retraite du mari et son retour à la maison en 2009. Ménage et préparation des repas à nouveau obligatoires ! Surtout une nouvelle vie : plus d'absences de la maison -et je refuse de m'équiper d'un de ces engins qui permet d'être connecté à Internet 24 heures sur 24- mais aussi plus d'occupations... Les travaux d'entretien remis depuis vingt ans qu'il a fallu entreprendre. La vie quoi, mais qui a vraiment réduit mon temps de blogue. D'autant que mon ordinateur a vieilli lui aussi et devient lent. C'est comme pour un couple, quand on commence à prendre de la distance la séparation est à la porte...
Aujourd'hui ce qui me pousse à continuer ce sont les liens d'amitié : j'ai trop regretté la fermeture de certains blogues pour en faire de même avec le mien.
Donc je vais... "m'accrocher"...
Je voudrais changer de style, cesser ce bric-brac fait de tout et de rien... Devenir un blogue respectable, avec une belle ligne rédactionnelle thématique mais je m'en sens incapable...
Ainsi aux Passages de Rosa ce sera toujours ce café du commerce dont le seul intérêt est de vous y recevoir...
17:27 Publié dans Chronique lyonnaise, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (10) | Facebook | Imprimer
samedi, 26 novembre 2011
Atriaux ou verrines ?
En arrivant à Allinges -à côté de Thonon-les-Bains- j'ai eu l'impression de faire une plongée dans l'hiver. J'avais quitté à Lyon un bel automne, doux et lumineux, et je subissais un ciel gris et le premier froid.
C'est donc frigorifiée que j'ai parcouru le marché de Thonon. Achat d'un superbe boudin à la crème à cuisiner avec des pommes. Le soir, chez une belle-soeur, atriaux et saucisses au chou : en un jour, le plein de cochonaille. Tout ce que nos médecins nous interdisent.
Ma mémoire des saveurs est moins raffinée que celle de Proust puisque n'y figure aucun biscuit fondant dans le thé mais plutôt de roboratifs plats de cochon.
Octobre et surtout novembre étaient les mois où on tuait le cochon et le village, aux premières heures du jour, retentissait des cris des cochons saignés par un boucher itinérant qui allait de ferme en ferme. Désolée pour les âmes sensibles mais utile pour tous les nostalgiques de la vie rurale qu'on a tendance à édulcorer...
Ceci dit je peux me ranger parmi ces âmes sensibles. Un de ces matins de novembre, notre institutrice avait décidé de nous conduire à la fruitière toute proche où on tuait également le cochon. L'observation du sacrifice de l'animal devait être l'objet de la "rédaction" du jour.
Angoissée par cette perspective d'un spectacle pour moi insoutenable, je lui avais demandé de ne pas m'y rendre.
Très compréhensive, elle m'en avait dispensé.
J'étais donc restée seule avec mon livre... seule dans la classe mais aussi seule dans l'école qui ne comprenait qu'une seule salle classe à plusieurs niveaux. Impensable aujourd'hui.
Et pourtant j'avais très bien réussi ma rédaction... exercice dont on doit avoir oublié jusqu'au nom.
Donc, ce jeudi soir dernier, je déguste à nouveau chez une belle-soeur force cochonaille car, si on ne tue plus le cochon dans les fermes, on continue de s'en régaler aux premiers froids.
À ce dîner en famille, nous avons évoqué la cuisine de nos mères, non par nostalgie, mais pour faire ce constat.
Nous étions pauvres il y a quarante ans et pourtant nous ne connaissions pas la misère.
Et surtout nous mangions mieux qu'aujourd'hui.
Chaque maison avait son potager, ses clapiers à lapins et ses poules.
Pas de boeuf sur les tables, réservé aux riches : même le poulet était pour les jours de fête.
Les repas étaient riches et consistants et pourtant nous ignorions l'obésité.
Ce week-end, collecte de la banque alimentaire : si nous réapprenions aux jeunes parents à cuisiner et apprécier des choses simples ? Il est prouvé que la cuisine familiale est la moins onéreuse.
À mon retour, dans mon courrier, je trouve une publicité pour un de ces appareils destinés à fabriquer ces mousses qu'on sert en verrines : la grande mode...
S'est-on interrogé sur ce qu'on déguste avec cette cuisine "tendance" ?
Du spectacle et du vent.
09:40 Publié dans Au jour le jour, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook | Imprimer
vendredi, 18 novembre 2011
Les atriaux
Cette semaine encore je vais acheter à l'occasion d'un nouveau séjour en Haute-Savoie cette délicieuse et exceptionnelle charcuterie : l'atriau. Ma mère, fidèle auditrice de l'émission "Des chiffres et des lettres", m'a dit que le mot avait été trouvé dans le jeu. Nous en avons été étonnées toutes les deux, puisque pour nous, cette spécialité qu'on a tant de plaisir à retrouver à l'automne et en hiver, ne dépasse les frontières du Chablais, inconnue même dans le reste de la Haute-Savoie.
En fait la spécialité est suisse, ainsi que le mot. Ce qui confirme que nous, Chablaisiens, sommes bien de culture suisse... Les atriaux sont cités dans l'hymne national suisse.
Cé qu'è lainô : Et poi saplia queman dés atrio, « Et puis [ils furent] taillés comme des atriaux ».
Composés de viande hachée de porc frais, essentiellement du foie, aromatisés de persil et d'épices, façonnés en boulettes et enfermés dans une crépine de porc, les atriaux se rôtissent à la poêle et se servent avec un jus au vin blanc.
Et franchement l'atriau c'est beaucoup plus fin et beaucoup moins gras que la très célèbre andouillette lyonnaise...
14:59 Publié dans Des objets et des mots..., D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (11) | Facebook | Imprimer
lundi, 07 novembre 2011
Goncourt des lycéens
Contrairement à "L'Art français de la guerre" que j'avais lu en septembre, je ne connais pas le livre des Carole Martinez, "Du domaine des murmures" récompensé par le Goncourt des lycéens.
En tout cas un sujet original :
"En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire « oui » : elle veut faire respecter son vœu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe.."
.En général je suis rarement déçue par leur choix.
C'est grâce à eux que j'avais découvert Shan Sa, auteure d'origine chinoise, que j'ai suivie fidèlement.
Il y a dans ce jury lycéen, une fraîcheur, une authenticité qui manquent aux autres prix, lesquels ont tendance à choisir les ouvrages dans l'air du temps ou "qui se la pètent" ! ... En tout cas, je suis déjà d'accord avec ceux qu'ils ont écartés, encensés pourtant par les médias.
Parfois je me demande si, en tant que lectrice, je n'en suis pas restée au niveau du lycée!
14:34 Publié dans Coups de coeur, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (11) | Facebook | Imprimer
lundi, 17 octobre 2011
Des objets et des mots...
Aujourd'hui j'inaugure une une nouvelle catégorie qui porte le nom de ce billet.
Les mots on le sait naissent, vivent et souvent meurent... S'ils ne meurent pas ils sombrent dans un coma profond. J'ai lu récemment dans un roman des années 60 l'adjectif "épatant" : qui l'emploie encore aujourd'hui ?
En particulier quand ils désignent des objets dont l'usage se perd.
Récemment j'évoquais devant la famille un souvenir d'enfance : mon père, vétérinaire, recevait d'un laboratoire qu'il faisait travailler, des buvards publicitaires, très efficaces car très absorbants. Un de mes neveux a fait cette remarque " méfie-toi ma tante, si tu associes "buvard" et "labo" tu peux créer une regrettable confusion...
Je suis allée consulter mon ami Wiki pour découvrir que le buvard était le nom que les utilisateurs de LSD donnaient à des petits carrés d'un papier spécial grâce auquel ils absorbent leur drogue.
Un peu gourdasse la tante de ne pas savoir ça...
Et oui ! Pour moi le buvard restera éternellement ce rectangle spongieux, doux à la main, qui suivait la pérégrination laborieuse de notre plume formant des mots sur les lignes d'un cahier d'écriture, avec une plume trempée dans l'encre violette, contenue dans un petit pot en porcelaine, encastré dans notre bureau d'écolier. À la fin de la ligne, le buvard nous permettait de sécher l'encre. La terreur, c'était le "pâté", cette grosse tâche liée à la maladresse ou au mauvais dosage de l'encre. Le buvard ne pouvait nous sauver de cette catastrophe qui nous valait la honte car le "pâté" était apprécié d'un "mal" écrit d'une main rageuse à côté de l'exercice...
J'ai appris qu'il existait des collectionneurs de ces précieux rectangles qui étaient des supports publicitaires, les Papibeverophiles qui en conserveront la mémoire.
09:48 Publié dans Des objets et des mots..., D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (15) | Facebook | Imprimer