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vendredi, 29 juin 2007

Lectures de vacances (mise à jour)

J'ai fait une mise à jour grâce aux suggestions de vos commentaires...

Myster lira :
- De Sang froid de Truman Capote
-Tokyo de Mo Hayder
-Cartographie des nuages de David Mitchell
-Le Retour d'Anna Enquist

Ashab recommande :
-Boys, boys, boys de Joy Sorman
Pour les filles paraît-il !


Ulysse, c'est du sérieux :
-Le Procès de Kafka
-Gorgias de Platon


L'Hérétique, c'est du TRÈS sérieux :
-Lettre ouverte à notre prochain président (ouvrage collectif)

Anne va se régaler avec :
-Chants des Regrets Eternels de Wang Anyi
à mon avis c'est aussi plutôt pour les filles

Notre spécialiste de Science-Fiction (SF pour les intimes) Stéphane propose :
"La planète des singes" de Pierre Boulle.
Je m'y collerai peut-être...


Et pour Rosa c'est toujours :
-Lolita de Nabokov : je l'ai acheté mais je sens que en effet je vais avoir du mal...
- La Douceur de Christophe Honoré
Mais je lirai aussi, recommandé par Hervé Torchet du blog Jour pour Jour :
-Les Grandes Familles de Maurice Druon, il paraît que ça aide à comprendre l'ère sarkoziste.

Nef propose à tous :
-Visages cachés de Dali
et à ceux qui veulent découvrir la Science-Fiction :
- UBIK de Philippe Dick

C'est curieux, vous ne parlez pas de Dantec ?
Qui l'a lu ? On en parle beaucoup...

Pour célébrer le 150ème anniversaire de la parution des Fleurs du Mal mais aussi commémorer le procès qui avait été fait à l'éditeur Poulet-Massis, relisons Baudelaire...

jeudi, 28 juin 2007

Le rocher est son but...

Il faut quand même que je vous donne la fin du passage d'Insa Sané.
Pas si évident.

" (...)La vague monte, descend. Puis, dans un ultime fracas, la vague s'éteint sur le rocher. Au même moment, une petite vague vient de naître au fond de l'océan, par d'obscures et impénétrables voies.
L'homme est une vague, le rocher est son but, la vie est un long ballet cynique."

Bon il me semble que l'on peut aussi s'éteindre doucement sur une plage de sable fin.

mercredi, 27 juin 2007

L'homme est une vague

L'homme est une vague. Une vague enfant de l'eau et de la terre. Une vague née des profondeurs de l'océan par d'obscures et d'impénétrables voies. De l'abîme, la vague surgit à la surface du monde. Elle est indécise, fragile, presque intimidée par cet univers si différent du gouffre. Elle monte et elle descend. Elle n'est qu'une idée confuse, abstraite, flottant parmi une multitude d'incertitudes. C'est alors qu'elle voit poindre à l'horizon la question : "Quel est ton but ?"

Insa Sané
extrait de Sarcelles Dakar

mardi, 26 juin 2007

Rencontre avec Insa Sané

Ashab le libraire m'a donné l'occasion de rencontrer récemment Insa Sané, auteur d'un très joli roman pour d'jeunes (et même vieux ! la preuve !).
Il lui a fallu tout d'abord me convaincre : facile ! Ashab me vend ce qu'il veut, je sors toujours de sa librairie enrichie par ses connaissances et le porte-monnaie allégé. Mais c'est un détail.
Donc il a dû me convaincre car j'avais horreur de la "littérature" pour ados. Quand j'enseignais, je l'ai toujours évitée même si parfois c'était vraiment très sportif de faire lire des lycéens mâles dans un établissement technique industriel...
Cette fois j'ai été séduite complètement par ce petit livre, Sarcelles-Dakar

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et par son auteur.

Ce jeune écrivain qui vit à Sarcelles, a commencé par le Slam et le Rap. Son premier roman est une petite merveille, tout à fait propre à intéresser les adolescents garçons qui n'aiment pas lire.
J'ai pensé à vous, Myster et Léa, selon vos futures classes...
Il s'agit du parcours initiatique d'un jeune homme -limite racaille- vivant dans une cité. Les premiers chapitres sont parfaitement accrocheurs dans le langage des banlieues.
Je fais une parenthèse pour noter un paradoxe : j'ai lu Sarcelles Dakar en même temps que l'Obèle de Martine Mairal qui donne la parole à Marie de Gourmay, éditrice de Montaigne. Livre écrit dans le langage de son époque. J'ai trouvé aux mots, de la banllieue et de Montaigne, la même saveur, celle d'un langage vivant et goulayant...
Donc notre héros, obligé par sa mère à partir pour le Sénégal, son pays d'origine, va vivre une véritable aventure intérieure au contact de la culture de ses ancêtres. En fait, dans un pays officiellement musulman, le héros découvre l'animisme, véritable religion et grande culture. Il en reviendra transformé...
Après le verlan, place à la poésie et de très beaux chapitres qu'Insa Sané nous a lus chez Ashab en Slam : magnifique.
J'en publierai un passage.
Si vous avez autour de vous des ados qui n'aiment pas lire, offrez-leur ce roman : ils vont adorer.

Pour terminer, hommage au jeune éditeur qui a créé cette collection EXPRIM aux éditions Sarbacane.

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Il s'appelle Tibo Bérard.

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Insa Sané dédicace.

lundi, 11 juin 2007

Anna Politkovskaya

Anna Politkovskaya condamnée au silence à perpétuité
Anna Politkovskaya réduite au silence pour avoir parlé.
La vérité tue.

Comment pourrait-on exprimer tout ce qui bouillonne en nous : la colère, le désespoir, la tristesse, la rage, le sentiment d’impuissance ?
Comment dire cette envie d’hurler et en même temps cette pesanteur, cet engourdissement de la volonté devant une telle violence, devant un tel arbitraire, une telle impunité ?
Quels mots pour raconter le dégoût que nous inspirent la guerre en Tchétchénie, les morts, les disparus, les destructions, et, terrible, le déni de cette barbarie, les plaies vives recouvertes d’enduit, de peinture et de plâtre dans un Grozny transformé en chantier géant ?
Car les mots sont des armes, c’est bien connu, et ils peuvent tuer, ou plutôt condamner à mort. Ils l’ont prouvé, le 7 octobre 2006, en plein centre de Moscou. Une femme qui venait de faire ses courses portait ses sacs de provisions dans son appartement. Mais à la sortie de l’ascenseur l’attendait un meurtrier. Une balle dans la poitrine, une autre dans la tête. Vivante, morte.
Elle était journaliste. Immédiatement, quelques minutes après la découverte de celle qui n’était plus une femme vivante mais déjà un cadavre, l’information était transmise, publiée – et on ne parlait d’Anna Politkovskaya plus qu’au passé.
Elle était journaliste. Elle était courageuse. Elle était surprenante. Elle était dérangeante. Dès 2000 elle a ouvert non pas une autoroute, mais un chemin, un sentier pour les journalistes et les autres, avides de vérité, vers la Tchétchénie dévastée une deuxième fois en dix ans par la guerre. Elle a montré que c’était possible d’y travailler en dehors des sentiers battus, à ses risques et périls, bien sûr, mais de parvenir tout de même à recueillir la vérité et la restituer, à briser le huis-clos dans lequel les autorités voulaient maintenir le conflit.
Elle a prouvé que l’humain, avec toutes ses faiblesses et avec toute sa grandeur, peut résister à la machine infernale, au rouleau compresseur du pouvoir armé et décidé à en finir avec l’ennemi auto-proclamé, en l’occurrence avec les Tchétchènes dans leur ensemble. Elle a sans relâche dénoncé les crimes commis par l’armée russe en Tchétchénie contre des civils, au nom de la lutte anti-terroriste, mais aussi par les combattants tchétchènes, puis par les hommes de Kadyrov, l’homme fort de Tchétchénie depuis plusieurs mois maintenant, premier ministre, autocrate et héritier de son père Akhmad Kadyrov, président tchétchène pro-russe assassiné en mai 2004 à Grozny, devenu un mythe fabriqué de toutes pièces.
Que nous reste-t-il devant ce crime ? Evitons de pleurer sur notre sort, pensons plutôt aux proches, à la famille et aux collègues d’A. Politkovskaya. Et tâchons d’apporter tout notre soutien à ceux qui, comme elle, se battent pour que la vérité soit dite, sorte, éclate. Pour que les meurtriers, leurs commanditaires, et tous ceux qui avaient intérêt à ce que cette femme se taise pour toujours ne dorment pas sur leurs deux oreilles. Pour dire à ceux qui ne se disent pas concernés combien il nous semble vital de se battre pour la justice. Et contre la barbarie.
Pour que ce meurtre, la mort de cette grande femme ne reste pas impunis, faisons en sorte de ne jamais l’oublier, de convertir la rage qui nous emplit aujourd’hui en un désir toujours plus accru de savoir.

Bleuenn Isambard.


Merci à Bleuenn pour ces deux textes, des 9 et 11 juin.
Bleuenn, qui parle russe couramment, a passé plusieurs années en Russie et en Tchétchénie avec "Médecins du monde".
Je suis heureuse et honorée de l'avoir accueillie sur ce blogue.
Rosa

samedi, 09 juin 2007

Courageuses femmes tchétchènes

Pour complèter la présentation de la rencontre avec les femmes tchétchènes, cet article de Bleuenn.

Tchétchénie : Un avant, quel après?

On imagine qu'avant le thé avait à peu près le même goût qu'aujourd'hui, comme les gâteaux et les confitures qui l'accompagnent, qu'avant, les traditionnelles tchepalgash, galettes au fromage, répandaient en cuisant les mêmes effluves alléchantes que maintenant, qu'avant elles renouaient déjà leur foulard de ce geste un peu nonchalant mais précis, sans y penser, comme on balaierait de la main une mèche de cheveux tombant dans les yeux. Avant bien sûr, le russe était emprunt du même accent mi-chantant, mi-guttural. Assurément, avant, elles servaient déjà l'homme, les hommes, avec docilité mais sans soumission, la tête haute et le parler franc.
Avant, sans aucun doute, les gestes des femmes tchétchènes étaient déjà assurés, fermes, comme indépendants de la pensée, comme ancrés dans un savoir inné, ancestral et inconscient.
Mais peut-être qu'avant on ne lisait pas cette tristesse infinie dans leurs yeux, peut-être qu'alors leurs voix n'étaient pas cassées, comme étouffées dans un abîme de douleur, peut-être que leurs mouvements étaient vifs, rapides, empressés, ne connaissant pas encore le poids des souffrances qui ralentit la marche, le mouvement, le désir.
Peut-être qu'avant les rires fusaient plus volontiers, plus spontanément. Peut-être qu'avant on ne se méfiait de personne, et surtout pas des voisins. Peut-être qu'avant on laissait plus facilement les enfants jouer dans la rue, peut-être qu'alors l'angoisse ne prenait pas à la gorge dès qu'un fils ou un mari tardait un peu à rentrer. Peut-être qu'avant on s'endormait sans se demander si le lendemain matin tout le monde serait bien là, et bien vivant.
Peut-être qu'avant, la vie avait un sens.
Parce qu'avant, on avait un toit. Avant, on se promenait. Avant, on emmenait les enfants au cirque, on allait au théâtre. Avant, on se déplaçait, on allait rendre visite aux parents, aux cousins. Avant, il n'y avait pas de terribles check-points à passer pour aller d'un quartier à l'autre, d'une ville à l'autre. Avant, on n'enlevait pas les gens, la nuit, dans leur lit. Avant, on ne dénonçait pas ses voisins. Avant, les hommes ne disparaissaient pas. Avant, les enfants ne sautaient pas sur des mines. Avant, on ne parlait de « nettoyage » que pour le linge, la vaisselle, la maison, ignorant que ce mot allait devenir un des symboles de la terreur, de la violence, de l'inhumanité qui deviendraient quotidiennes.
Avant, c'est avant la guerre, les guerres qui ont dévasté la Tchétchénie depuis 1994.
Sous les bombardements et les tirs d'artillerie de l'armée russe en 1994-1995, puis en 1999-2000, la Tchétchénie s'est transformée en champ de ruines. Des quartiers, des villages entiers ont été détruits.
Sous la pression constante, sous la torture, sous la menace, par des meurtres, des arrestations arbitraires, des exécutions sommaires, par des humiliations permanentes, par la peur, par un cynisme incroyable, les Tchétchènes ont été brisés. Des dizaines de milliers de morts, des milliers de personnes portées disparues après avoir été enlevées par les militaires russes et leurs supplétifs tchétchènes, restent les vivants.
Et les vivantes. Les survivantes. Qui malgré tout trouvent la force de sourire, d'accueillir chez elles l'inconnu, l'étranger, de le nourrir et de s'enquérir de la santé des siens. Qui se battent pour reconstruire leurs logements détruits, pour scolariser leurs enfants qui n'ont connu que la guerre, la mort, la souffrance, les camps de réfugiés. Qui travaillent. Qui, parfois, se battent dans les organisations de défense des droits de l'homme, avec une rage, une hargne déconcertante. Qui sillonnent la région pour acheter des marchandises qu'elles revendront ensuite sur les marchés, gagnant quelques roubles et s'usant la santé. Qui s'inquiètent de tout et de tous. Qui sont malades, anémiées, souffrant du dos à force de porter les dizaines de litres d'eau quotidiens. Qui, plus qu'auparavant, sont atteintes de pathologies de la grossesse, font des fausses-couches, meurent en couche. Qui tentent d'apaiser les conflits, qui modèrent les hommes, blessés, aux abois, aux plaies souvent trop vives. Qui se laissent parfois gagner par l'égoïsme, par le fatalisme, par la haine. Qui font des enfants, s'en réjouissant et s'en désolant, n'ayant à leur offrir, disent-elles, qu'une vie de misère. Qui pour certaines se réfugient dans les valeurs religieuses, traditionnelles. Qui endossent le rôle de nourricier, traditionnellement celui de l'homme. Qui, pour beaucoup, n'attendent pourtant plus rien de la vie. Qui, souvent, disent ne pas vivre, mais vivoter, ou survivre. Qui sont aujourd'hui en première ligne. Et qui assurent elles-mêmes cette survie.
Bleuenn Isambard

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Photo de Anne-Sophie Zika
Photographe de presse

jeudi, 31 mai 2007

Sauvée par l'artiste.

Je vous l'avais présentée ainsi...

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Voici la tête qu'elle a aujourd'hui ! Elle va retourner dans un coin obscur jusqu'à l'année prochaine.
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Heureusement, une artiste est passée par là...
Anne est arrivée sur mon blogue : elle l'a transfigurée et sauvée. Elle l'a même débarrassée de ses piquants.
Merci Anne car cette capricieuse peut très bien ne pas refleurir l'an prochain et même pendant plusieurs années !


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