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dimanche, 09 novembre 2008

Passage

Sur le blogue de Frasby et grâce à Marc, découverte d'un poète québécois.

Merci à eux.

Dans les lointains de ma rencontre des hommes
le cœur serré comme les maisons d'Europe
avec les maigres mots frileux de mes héritages
avec la pauvreté natale de ma pensée rocheuse

j'avance en poésie comme un cheval de trait
tel celui-là de jadis dans les labours de fond
qui avait l'oreille dressée à se saisir réel
les frais matins d'été dans les mondes brumeux

Gaston Miron

lundi, 03 novembre 2008

Les folles de la Salpêtrière

à Léopold

Comme le livre d'Enquist m'a marquée, je vous en propose un nouvel extrait.

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Conduite des filles de joie à la Salpêtrière au XVIIIème siècle.

"En 1657, la mendicité fut interdite à Paris, les mendiants furent arrêtés et conduits à la Salpêtrière, qui au XVIIIè siècle devint le plus grand hospice d'Europe avec plus de huit mille patients et prisonniers.

Personne n'arrivait à distinguer ces deux notions, patient t prisonnier. On finit par se mettre d'accord pour dire patient.

Les vieux, les sans-ressources, les mendiants, les prostituées atteintes de maladies vénériennes, les paralysés, les malades chroniques, les spastiques, les malades mentaux et les enfants abandonnés, tous furent réunis là. Aussi ceux qui n'entraient dans aucune de ces catégories mais qu'on avait fini par définir ainsi. Ceux qui se trouvaient tout en bas de l'échelle séjournaient dans le ventre du Château, la cavité abdominale qu'on appelait les Loges des Folles : des caves avec sol en terre battue destinées aux  femmes aliénées démentes, ou les patientes les plus faibles étaient rapidement mises à mort par des hordes de rats belliqueux qui dans le noir engageaient la lutte pour la survie, une lutte qu'ils remportaient généralement face à ces intruses d'un âge avancé."

Pendant la Révolution française, l'aliéniste Philippe Pinel, esprit marqué par les Lumières, devient directeur de la Salpêtrière. Il tente d'humaniser le lieu et de libérer les femmes.

"Citoyen Pinel serais-tu fou pour libérer ces femmes animales !"

Il obtient gain de cause.

"Quelques centaines de femmes furent alors remontées à la lumière du jour. Une foule révoltée effrayée par l'aspect physique de ces femmes se jeta sur Pinel. Celui-ci fut sauvé par un soldat du nom de Chevigne, qu'il venait de libérer de dix années aux fers."

dimanche, 02 novembre 2008

Amor omnia vincit

396px-Pr_Charcot_DSC09405.jpgAmor omnia vincit : lettres tracées sur une chemise contenant des carnets.

Ceux qui autorisent une biographie de fiction, celle de Blanche Wittman, enfermée à la Salpêtrière et devenue l'objet d'expérience préféré de Charcot.

C'est elle qui est représentée sur ce tableau, elle dont on ne sait rien d'autre mais à qui Per Olov Enquist invente une vie dans son roman

"Blanche et Marie".

Marie, c'est Marie Skłodowska Curie, récompensée deux fois par un prix NobeL

Dans cette fiction, Blanche serait devenue l'assistante de Marie. Histoire émouvante d'amitié entre deux femmes dont les destins illustrent la difficulté d'être femme au XIXème siècle.

Le siècle le plus abominable pour les femmes.

Blanche souffre d'hystérie, enfermée à la Salpêtrière avec 6000 femmes, toutes étant censées souffrir de cette maladie.

Charcot est le grand médecin spécialiste assisté de jeunes disciples dont Freud et Jung.

Quand on referme le livre, on se demande si ce ne sont pas ces médecins qui ont rendu ces femmes malades d'ailleurs la maladie n'a-t-elle pas disparu avec eux ?

"L'hystérie disparut purement et simplement. On lui donna d'autres noms."

Blanche est donc enfermée à 16 ans dans cet hôpital appelé Le Château et y restera également 16 ans. Plus tard, Enquist en fait l'assistante et amie intime de Marie Curie. Ce qui lui vaudra d'être amputée progressivement de tous ses membres et de terminer sa vie femme-tronc vivant sur ne caisse en bois à roulettes. Un cadeau du radium.

"Le radium, la mort, l'art et l'amour."

Quant à Marie, l'histoire nous rapporte une période noire de sa vie. Pierre est mort. Elle s'enfouit dans le deuil pendant trois ans. Elle revient à la vie avec une brève histoire d'amour. Paul Langevin, le savant devient son amant. Il est marié.

Éclate alors un scandale abominable. C'est une nouvelle affaire Dreyfus. Et ce sont les mêmes qui s'acharnent contre elles. Slogans, pierres, articles de presse contre "l'étrangère, juive et polonaise". Marie doit fuir. C'est à ce moment qu'lle reçoit le prix Nobel de physique, le second. Le premier, celui de Chimie elle l'avait partagé avec Pierre. À cause du scandale, l'Académie royale de Suède lui déconseille de venir recevoir son prix. Pourtant elle se présente courageusement.

Ce roman d'un écrivain suédois est absolument bouleversant. J'ai rarement lu, et je n'ose dire "jamais", sous la plume d'un homme une telle empathie vis-à-vis des femmes.

Reconstitution minutieuse de la Salpêtrière, un château des horreurs.

"Une forteresse dans Paris, un château. La Salpêtrière l'était réellement, et c'est là qu'on rassemblait les femmes qui avaient été troublées par l'amour. Celles qui avaient des moeurs dissolues, les vieillissantes, et celles qui étaient sur le point d'entrer en amour mais que l'impatience avait fait s'effondrer. Elles avaient ceci en commun : l'amour avait joué un rôle pour toutes, et elles avaient été déçues."

Parmi les patientes célèbres du docteur Charcot, Jane Avril, devenue danseuse au Moulin-Rouge et immortalisée par Toulouse-Lautrec.

S1068~Jane-Avril-1899-Posters-1.jpgHystérique, folle...ainsi était diagnostiquée une femme trop amoureuse ou qui sortait des clous à la fin du XIXème siècle.

Enfermée à la Salpêtrière.

Quant aux remèdes, on croit halluciner.

Charcot dessinait sur le corps de ses patientes des points dits hystérogènes. Il avait inventé une ceinture de compression ovarienne, censée agir sur ces points et freiner les crises.

Mais il était surtout célèbre pour ses séances d'hypnotisme. Il les pratiquait en public. Pas seulement avec des étudiants en médecine, non ! Il y avait des journalistes, le Tout-Paris se bousculait aux séances du docteur Charcot le vendredi.

Certaines patientes répondaient mieux que d'autres à ces soins et sont devenues des vedettes. Comme Blanche Wittman.

On a même parlé de supercherie.

Un livre vraiment émouvant et instructif.Un regard particulier sur l'hystérie qui pourrait n'avoir été qu'une maladie inventée par les hommes dans un siècle intolérant au désir des femmes.

Une_leçon_clinique_à_la_Salpêtrière.jpg

 

 

 

 

dimanche, 12 octobre 2008

Nomades...

à Pierre Ulm et à Debla

Un jeu innocent,

Retrouver le titre de cinq chansons.

Et c'est tout un passé qui est de retour car les chansons nous accompagnent sur des étapes de notre vie, restent en nous, parfois endormies, toujours prêtes à se réveiller.

Dans les chansons qui me sont revenues, j'ai cité "La parisienne" de Marie-Paule Belle.Dans les années 80, elle  a accompagné une quête identitaire de femme, propre aux femmes de ma génération. "Femmes je vous aime" est venu plus tard, quand le temps avait commencé à faire son sale travail.

Mais la chanson dont les retrouvailles m'ont le plus touchée est lcelle  de Beau Dommage "La complainte du phoque...".

Ce refrain

Ça vaut pas la peine
De laisser ceux qu'on aime
Pour aller faire tourner
Des ballons sur son nez

m'a longtemps tenu compagnie pendant toute une période de ma vie où le métier de mon mari me faisait déménager souvent. Maintenant je pense que ce fut une chance. J'ai l'impression d'avoir vécu plusieur vies. Mais à l'époque je râlais.

"ça vaut pas la peine".

Ce n'était  pas une vie de nomade car le nomade ne quitte pas ceux qu'il aime. Mais finalement ça m'a fait découvrir la difficulté d'être d'ailleurs et considéré comme étant de nulle part. Je me souviens être arrivée dans une commune semi-rurale, on dit rurbaine je crois, pendant une période électorale et avoir été stupéfaite par l'unique argumentation de celui qui est devenu maire, à savoir

"Ma famille est dans la commune depuis 200 ans".

Gestion  pitoyable, immobilisme ont suivi pendant les années où je suis restée.

Depuis je me méfie des sédentaires et me sens du côté de ceux qui bougent, même  il y a plusieurs manières de bouger.

Plusieurs façons d'être ailleurs.

Et pourtant la tristesse du phoque me touche toujours.

mercredi, 01 octobre 2008

Le champion sans qualités.

à Pierre Ulm

La rentrée littéraire donne des indigestions, heureusement, j'étais partie...

Aujourd'hui, dans Télérama, je découvre la présentation d'un "roman" qui a des chances de m'intéresser.

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Tout d'abord parce qu'il est signé Jean Échenoz dont j'apprécie tout particulièrement l'écriture.

Mais aussi parce qu'il s'agit d'une biographie romancée : tout en étant dans la vérité Echernoz fait de ce sportif un personnage.

Voici les premières lignes de la critique de Nathalie Crom.

"Ce type-là n'a rien d'un héros. Encore moins d'une légende. On n'en finirait pas de décliner les symptômes de sa banalité. Ce n'est pas qu'il soit sot, non plus que spécialement intelligent.Ce n'est pas qu'il soit laid non plus que d'une beauté singulière. Certes, il est plutôt grand mais de là à dire qu'il a l'air d'un athlète... Non, en fait c'est juste un type qui ne fait "jamais, jamais rien comme les autres, même si c'est un type comme tout le monde."

 

"Courir" de Jean Échenoz aux Éditions de Minuit

lundi, 08 septembre 2008

Cela aurait pu être un simple fait-divers

à Frasby et à Naturella...

Cela aurait pu être un simple fait-divers mais il nous a donné un un des plus beaux poèmes de notre gloire nationale, Victor Hugo.

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DEMAIN DES L'AUBE

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

 

On dit souvent qu'il ne faut pas lire un texte, ni l'expliquer, en fonction de ce qu'on connaît de l'auteur. Difficile en ce qui concerne ce poème.

Ce week-end, j'ai préféré ce pèlerinage littéraire au festival du cinéma à Deauville.

Villequier, jolie bourgade, située à quelques kilomètres du Havre, garde le souvenir de la mort de Lépoldine, la fille aînée de Victor Hugo, décédée à 19 ans dans un tragique accident de bateau avec son mari, Charles Vacquerie. Ils étaient marié depuis six mois contre la volonté du poète. La ville conserve et entretient la mémoire  des deux familles, Vacquerie et Hugo. En fait le poète a très peu séjourné à Villequier. Il était en voyage en Espagne avec Juliette Drouet quand le drame s'est produit. Tragédie qu'il a découverte à son retour par un article dans le journal "Le Siècle".

Voilà en résumé ce qu'il a pu lire.

Le 4 septembre 1843, Charles Vacquerie, Léopoldine, un oncle de Charles et un neveu ont embarqué dans une barque de course, équipée d'une voile. Mal équilibrée, l'embarcation a chaviré à cause d'un coup de vent.

Charles était un excellent nageur, il a plongé plusieurs fois pour sauver Léopoldine dont les grandes robes s'étaient coincées sous le canot.

Ne parvenant pas à la dégager, il s'est laissé glisser avec elle.

Ni le poète ni Adèle Hugo n'assistèrent à sa sépulture. Léopoldine fut enterrée à Villequier, lieu de villégiature de la famille Vacquerie.

Victor Hugo écrivit ce poème le 3 eptembre 1847 et c'était la première fois qu'il se rendait sur la tombe de sa fille, d'où peut-être la tension et la détermination qu'on ressent à la lecture de ces vers. Adèle, très liée à la famille Vacquerie, se rendait fréquemment à Villequier pour se recueillir sur la tombe de sa fille.

La maison Vacquerie est dédiée  à Victor Hugo.
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On évoque particulièrement le père qu'il a été.

Un père très moderne, s'occupant de ses enfants, les suivant dans leur éducation d'une manière qui était très rare au XIXè siècle.

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Depuis le cimetière on a une très belle vue sur la Seine

même si ce ne sont plus des "voiles au loin descendant vers Harfleur" mais de gros bateaux chargés de containers.

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Pèlerinage très émouvant, même mon mari, pas du tout littéraire, a été touché et m'a demandé de lui dire le poème dans la voiture au retour...
Vers que nous avons commentés en fonction de ce que nous avions vu...

jeudi, 28 août 2008

La fleur de l'été

C'est curieux mais j'ai remarqué que chaque année, une fleur se démarquait des autres en profitant mieux de l'été.

Pourquoi ? Mystère !

Météo particulière ? Des soins inconsciemment sélectifs ?

Cette année ce sont les capucines qui s'éclatent alors que les oeillets d'Inde, magnifiques l'an dernier, sont tout rabougris.

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