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dimanche, 28 octobre 2007

Vive Harry Potter

Harry Potter est arrivé dans les librairies françaises provoquant la ruée des fans.

Je n'ai jamais lu aucun de ces romans : peut-être m'y mettrai-je quand ma petite-fille sera en âge de les lire. Dans l'immédiat, je me contente de tirer mon chapeau à ce personnage qui a mobilisé des milliers d'ados les amenant à lire des vrais livres, les soustrayant à leurs jeux vidéos au moins  le temps de la lecture.

Le plus difficile, pour un professeur de Français, est de convaincre ses élèves, obnubilés par l'image que, de ces caractères abstraits que sont les lettres, peut surgir un monde passionnant et merveilleux, plein d'aventures. Qu'on peut s'immerger dans un texte et y trouver du bonheur. Mes élèves, quand je leur proposais un livre à lire, me demandaient systématiquement quelle en était la longueur et quel en était le nombre de pages avant même d'en connaître le sujet. Or chaque volume d'Harry Potter est un pavé. Grâce à lui peut-être les pavés ne feront plus peur... Peut-être même les ados entreverront-ils du plaisir à débuter la lecture d'un pavé : le gros livre devient promesse de jouissance.

Une seule question pour moi demeure : avec les films qui ont suivi le succès de l'oeuvre, les jeunes lecteurs peuvent-ils imaginer leur apprenti sorcier sous d'autres traits que ceux de l'acteur qui l'incarne à l'écran ?

vendredi, 26 octobre 2007

La stratégie des antilopes.

Dans la déferlante des livres de la rentrée, j'ai retenu et lu

"La stratégie des antilopes" de Jean Hatzfeld.

Impossible de parler de ce livre, classé récit, sans évoquer les précédents conscrés au même sujet : le génocide du Rwanda.

Jean Hatzfeld a été grand reporter et correspondant de guerre. Il a été gravement blessé à Sarajevo. Il est allé au Rwanda après le génocide de 1994. Dans la ville de Nyamata, il a d'abord recueiili les témoignages des rescapés Tutsis qui sont depuis devenus ses amis. Il a consigné leurs récits bouleversants dans un livre :

"Dans le nu de la vie".

Puis il a essayé de comprendre le pourquoi du génocide en allant écouter les tueurs dans leur prison. Autres récits tout aussi bouleversants :

"Une saison de machettes".

Jean Hatzfeld partage, depuis, son temps entre la France et le Rwanda. Les rescapés de Nyamata sont devenus des amis qui lui écrivent ou lui téléphonent quand il est en France. En 2003, les tueurs ont été libérés, tous ensemble. Leur retour à Nyamata et leur réintégration parmi ceux dont ils avaient massacré les familles est l'objet de ce nouveau récit, "La stratégie des antilopes".

Dans ses ouvrages précédents, Jean Hazfeld avait essayé de comprendre comment des gens qui avaient été ensemble sur les bancs de l'école, joué au foot ensemble et ensemble chanté à l'église avaient pu en arriver là. Les tueurs Hutus ? Des gens ordinaires. Cultivateurs pour la plupart mais aussi des enseignants et même des prêtres catholiques.

Expliquer est impossible.

Au début de ce récit, Claudine, une rescapée Tutsi tente pourtant de le faire :

"La convoitise souffle sur l'Afrique plus de chamailles et de guerres que la sécheresse ou l'ignorance. Et dans le brouhaha elle a réussi à souffler un génocide sur nos mille collines."

Les tueurs sont revenus à Nyamata, en fait une nécessité économique. Impossible pour l'Etat rwandais de continuer à entretenir en prison ces milliers de Hutus. Leur emprisonnement et le  massacre des 50 000 Tutsis avaient laissé à l'abandon des parcelles de terre qu'il fallait cultiver.

Les prisonniers arrivent en colonnes à Nyamata. Il faudra malgré tout vivre ensemble.

Du côté des tueurs, pas de remords, on le savait déjà depuis "Une saison de machettes". Seuls des regrets d'avoir été emprisonnés et d'avoir perdu des biens ou une femme. Incapacité de demander pardon.

Du côté des rescapés, peur et évitement. La vie ne peut reprendre comme avant, on est obligé de faire avec. Pas de pardon puisqu'il n'est pas demandé.

Des deux côtés, persistance de la haine. A tel point qu'on se demande si cela ne pourrait pas recommencer. D'autant que, bien que le gouvernement actuel soit Tutsi, les hutus semblent être ceux qui ont le moins perdu.

Malgré tout, seul signe d'espoir, une histoire à la Roméo et Juliette. Un Hutu épouse une Tutsi contre l'avis des deux familles. Ils étaient ensemble à l'école. Lui a participé aux massacres mais a pris des risques pour la sauver et la mettre à l'abri. Il s'est retrouvé en prison où elle est allée à le voir. Elle l'a attendu sept ans et ils se sont mariés. Histoire que l'auteur souligne comme exceptionnelle.

Jean Hatzfeld essaie toujours de comprendre le phénomène génocidaire qui n'a rien à voir avec une guerre civile. Pour lui tous les génocides sont de même nature et il multiplie les analogies entre la Shoah et le génocide rwandais. Il lui consacre sa vie.

"Tant que je vivrai, je retournerai à Nyamata. Même si je ne comprendrai jamais".

mardi, 23 octobre 2007

La transmission en crise

L'Ecole des Grands-Parents de Lyon avait organisé ce soir une conférence sur un thème qui peut surprendre à savoir ... les grands-parents à l'école.

En fait la thèse du conférencier était simple: la transmission est en crise et, pour pallier ce vide, il faut .... que les grands-parents parlent dans les écoles.

Le "monde ancien" s'est écroulé dans les années 80 avec ce qu'on appelle la mondialisation. Avec lui a disparu la stabilité, en particulier la stabilité professionnelle qui permettait la transmission des valeurs attachées aux métiers comme celle du travail bien fait. Nous sommes entrés dans un monde d'incertitudes et, dans la vie professionnelle, les repères collectifs ont disparu au profit du développement individuel que le conférencier a résumé ainsi :

-fais ce que tu veux mais sois performant

- sois performant et tais-toi.

Nous avançons donc vers un monde inconnu auquel il est impossible de se préparer.

Il a ensuite beaucoup insisté sur le changement, pour les enfants et adolescents par rapport au temps, à l'espace et à la transmission d'énoncé.

Par rapport au temps (pas étonnant que les lunautes m'égarent)

il a distingué 4 étapes dans l'Histoire de l'humanité.

- le temps archaïque : sociétés traditionnelles fondées sur la répétition cyclique

- le temps religieux : avec un présent sur terre et  un futur dans la recherche du Salut après la mort

- depuis le XVI ème siècle, un temps mis en perspective avec le passé, le présent et l'avenir.

Cette structuration du temps est celle que nous avons connue mais ce rapport au temps a disparu pour les jeunes. C'est aujourd'hui un temps autarcique c'est-à-dire fondé sur l'immédiateté.Passé, présent et futur sont disloqués. La mémoire est maintenant semblable à celle d'une télévision où une image chasse l'autre, où une information chasse l'autre. C'est un temps autocentré.

En ce qui concerne l'espace, il nous a fait noter que pour les enfants d'aujourd'hui c'est l'ubiquité permanente : avec la télévision ou Internet on est en permanence dans d'autres lieux, d'où un phénomène d'excitation.

Dernier point d'achoppement pour la transmission : la transmission d'énoncé.

L'information remplace l'énoncé. Les élèves ont du mal à écrire car ils ont une intelligence du traitement de l'information qui fonctionne sur le modèle informatique et non sur la structure d'un énoncé qui construit la pensée. Ils ne peuvent ainsi investir un espace intérieur qui demande un cheminement, dans l'attente et la patience.

Face à ces bouleversements qui remettent en cause la transmission du modèle de pensée qui a été celui des grands-parents, le conférencier a conseillé d'éviter et la nostalgie et le manichéisme (le monde ancien était bon le monde moderne est mauvais).

Les grands-parents peuvent avoir toutes les clés de la transmission à condition qu'ils apprennent à utiliser les outils des petits-enfants (comme Internet) mais avec une approche différente.

J'espère que mon compte-rendu n'est pas trop rasoir car j'ai été passionnée !

 

lundi, 22 octobre 2007

Sacralisation de... ?

J'ai hésité à en parler...

Mais quelque part je suis encore prof dans ma tête.

Aujourd'hui mes collègues vont lire la lettre de Guy Moquet.

Pas question de participer à la polémique mais juste quelques impressions que cela m'inspire et propos que j'aurais échangés en salle des profs si j'y étais encore.

Choix d'un jeune militant communiste....

J'imagine mal ce choix il y a encore dix ans

même un jeune homme, héros et martyr.

Pendant de nombreuses décennies, les communistes ont été diabolisés à outrance. Apparemment ils sont sacralisés aujourd'hui à travers ce jeune martyr : ils ne dérangent plus, ne sont plus une menace. J'imagine ce que les communistes d'aujourd'hui peuvent ressentir, ils sont canonisés grâce à leur faible score aux élections. On peut aussi réfléchir à l'inutilité des diabolisations, celle des communistes mais aussi du Front national et de l'Islam.

Dans mon coin de Haute-Savoie, à cette époque, AVANT le génocide, des jeunes gens de l'âge de Guy Moquet se sont engagés dans la milice par anticommunisme. C'était aussi des idéalistes.

D'autre part les enseignants d'Histoire n'ont pas attendu une prescription du chef de l'Etat pour parler de la Résistance. Dans mon lycée, comme dans beaucoup d'autres, mes collègues invitaient régulièrement un résistant ayant connu les camps pour témoigner. Un homme extraordinaire qui malgré son grand âge consacre toute sa vie à faire le tour des établissements scolaires. Curieusement il semble que dans certaines filières les programmes soient en train de changer et que cette période de l'Histoire y occupera moins de place.

Une journée dans les lycées consacrée à la Résistance (toutes les résistances), au génocide, (tous les génocides)

oui, mais pourquoi imposer un texte particulier ?

dimanche, 21 octobre 2007

Retour du Havre

Quand j'aurai récupéré mon outil informatique, avec la possibilité d'enregistrer mes photos, je vous parlerai de cette ville très intéressante et agréable à vivre : Le Havre, première ville européenne du XXème siècle à être classée, par l'UNESCO, au patrimoine mondial.

Une ville qui le mérite et défend bien son patrimoine culturel, en particulier celui des peintres impressionnistes. Nombreux d'entre eux -Monet, Pissaro et surtout Eugène Boudin ont accroché à leurs toiles les lumières de la plage et du port.

Les bâtiments de la reconstruction méritent également une visite attentive. Leur réalisateur, Auguste Perret, est le premier architecte à avoir utilisé le béton mais ce n'est pas du béton brut et la ligne architecturale est très classique.

"Le béton, c'est la pierre que nous fabriquons" disait Perret.

Le retour en revanche fut moins plaisant que le séjour : Odyssée commune à tous ceux qui ont voyagé ce jour dit "de retour à la normale", en fait très perturbé. Une attente un peu longue à Paris, gare de Lyon-quand j'arrive dans cette station j'ai déjà l'impression d'être chez moi- m'a permis de deviser agréablement avec un charmant monsieur, un Suisse de Lausanne dont le TGV avait été plusieurs fois annoncé puis annulé. C'est la première fois que j'ai réalisé qu'un "conflit social" aujourd'hui n'était plus un événement franco-français mais concernait également de nombreux étrangers. Moi qui adore voyager j'avoue que je n'aimerais guère me retrouver dans un pays étranger avec cette incertitude du transport voire du retour. Donc je ne me plaindrai pas puisqu'il était question d'un voyage d'agrément pour regroupement conjugal.

mardi, 16 octobre 2007

Je retourne à Shangri La

Voilà je vais repartir sans doute jusqu'à la récupération de mon ordinateur, soit vers le 10 novembre environ.

Dans l'immédiat je dois passer quelques jours au Havre où mon mari travaille toute la semaine.

Si je croise un portable ou si je me décide à pousser la porte d'un cyber café, je donnerai peut-être des nouvelles d'ici là.

à bientôt.

lundi, 15 octobre 2007

Des rats très particuliers.

Avant de repartir à Changri La, quelques mots sur un passionnant roman policier chinois dont je termine la lecture.

La littérature policière est, pour moi, le dernier refuge du réalisme, tout du moins en France.

 Les romans policiers permettent également de se promener avec beaucoup d'intérêt dans la Chine d'aujourd'hui et il est un auteur que j'aime tout particulièrement

c'est QIU XIAOLONG

dont j'avais adoré le roman "Mort d'une Héroïne rouge".

Qiu Xiaolong vit aux Etats-Unis, il écrit en anglais. et je préfère pour ma part le titre anglais du roman dont je vous parle

"Red Rats, a case of two cities", qui à mon avis rend mieux compte de l'intrinsèque du livre,

 à son titre français

"Le très corruptible Mandarin".

Il s'agit d'une histoire de corruption dans la Chine du XXIème siècle, et plus précisément d'une enquête sur la mort d'un policier qui a participé à cette lutte.

Mais les deux titres rappellent

, chacun à leur manière, que la corruption est en Chine un état d'esprit quasi millénaire.

Le mot "rat" du titre anglais évoque une fable taoïste qui parle de corruption, racontée dans les premières pages.

"Dans une grange, des rats pensent que celle-ci leur appartient car les propriétaires semblent l'avoir abandonnée. Ils se gavent de blé et deviennent si gras qu'ils ne peuvent plus courir. Le propriétaire les tue alos facilement."

Bien sûr la parabole ne dit pas ce qu'il en a coûté au propriétaire sur sa récolte ! Mais nous avons un bel exemple des méthodes de lutte chinoise : on n'attaque pas de front.

Ainsi débute notre roman. Pas d'incipit addictif dès les premières lignes selon les techniques anglo-saxonnes.

Un crime certes, mais l'auteur semble très vite l'oublier pour vous inviter à visiter la société chinoise.

Cette visite est guidée par l'inspecteur Chen, héros récurrent de Qiu Xiaolong. Un personnage absolument extraordinaire comme on ne peut en rencontrer que dans un roman chinois.

Comme tous ses contemporains, l'inspecteur Chen n'a pas choisi son métier qui lui a été attribué par l'Etat, sans "aucune considération pour ses goûts personnels". Il est  diplômé de littérature occidentale. L'inspecteur Chen est d'abord poète. Il publie régulièrement ses oeuvres dans des revues littéraires et se réfère, au cours de ses enquêtes, à la poésie traditionnelle qu'il cite en permanence. Sutout celle de l'époque de la dynastie Tang, âge d'or de la poésie.

Le texte est donc émaillé de poèmes courts car, faut-il le rappeler, ce sont les Chinois qui ont inventé cette forme de poème.

Mais aussi l'inspecteur Chen est un fin gourmet : avec lui vous dégustez les meilleurs plats des meilleurs restaurants de Shangai. Vous vous régalez.

Enfin l'inspecteur Chen est profondément confucéen, d'où une morale à toute épreuve qui lui permet de résister à toutes les tentations et d'être le meilleur inspecteur de Shangai.

Car bien sûr comme dans tout policier digne de ce nom,  l'énigme policière est résolue.