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samedi, 30 janvier 2010

De battre mon coeur s'est arrêté...

"Wen Tche fit tourner Long Chou le dos à la lumière et lui-même se mit derrière son patient pour examiner sa silhouette qui se découpait dans la lumière. Il dit alors : " Je vois bien votre coeur : c'est un pouce carré de vide ! Vous êtes comme un saint. Six ouvertures de votre coeur sont parfaitement libres et une seule ouverture reste fermée. (1) Par le temps qui court, on tient la sainte sagesse pour maladie. Sans doute est-ce là votre maladie. À cela, je ne connais pas de remède."

Lie-Tseu, Philosophe chinois 450 avantJ.C.

(1) Le Sage avait toutes les ouvertures de son coeur ouvertes alors que le commun des mortels les avaient bouchées.

Les premiers essais de pontages sur les coronaires ont été tentés sur les animaux par Alexis Carrel. C'est seulement depuis le début des années 80 que les techniques actuelles sont au point et n'ont cessé de s'améliorer pour le confort du malade.

À une époque où l'exploit reconnu comme tel est souvent un ballon envoyé dans une lucarne,

à une époque qu'on entend décrier comme étant la pire de toutes,

je salue le travail de tous ces praticiens obscurs et modestes qui ont contribué à sauver tant de vies, exploit auquel on s'est trop habitués on le considérant comme banal.

Je suis contente de vivre à cette époque où, grâce à la médecine, mon mari a eu ses quatre coronaires pontées. Le coeur a recommencé à battre, rajeuni.

Il ne me reste qu'à espérer qu'il en tirera la Sagesse du philosophe chinois.

jeudi, 28 janvier 2010

"Jusqu'à la connivence d'un sourire..."

Je ne suis pas une inconditionnelle d'Élisabeth Badinter mais j'ai trouvé qu'elle avait adopté dans cet article le ton juste.

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Ce n'est pas parce que j'ai exprimé mon trouble en essayant la burqua que je ne
suis pas d'accord avec ce plaidoyer de Badinter...

mardi, 26 janvier 2010

À l'origine, un rebelle...


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Prego !
C'est par ce simple mot dans l'Avant-Propos du film de Bellochio, "Vincere", que Benito Mussolini est invité à parler dans une réunion à Trente où il défie Dieu
Il est jeune, il est beau et mince, avec tous ses cheveux.
Il est socialiste et révolutionnaire.
Il combat le Roi Victor-Emmanuel et le Pape.
Au premier rang, une très belle jeune femme, Ida Dalser, magnifiquement interprétée par Giovanna Mezzogiorno, follement amoureuse, qui va lui sacrifier sa vie et sa fortune. Nous sommes en 1914.
Après avoir défilé avec les pacifistes, Mussolini, toujours socialiste, rejoint le camp des pro-guerre. Il part se battre contre l'Allemagne, laissant derrière lui Ida, enceinte, et Rachel qui lui a déjà donné une fille. Rachel, la femme italienne traditionnelle.

Blessé au combat il revient en héros.

L'Histoire bascule. Il revient au roi, Victor-Emmanuel et au Pape.

Et surtout il choisit Rachel, rejetant Ida qui lui a donné un fils, Benito.

Descente aux enfers pour l'un et l'autre. Ida n'aura de cesse de réclamer la reconnaissance, pour son fils Benito, et pour elle qui se dit unie au Duce par un mariage secret.

Comment se débarrasser d'une telle femme ? Elle est jetée dans un asile de fous, où l'une des malades l'accueille par le célèbre vers de Dante : "Lasciate ogni speranza, voi ch'entrate."

Elle ne deviendra pas folle mais restera rebelle. Son fils Benito, lui le devient...

Du grand cinéma italien, qui a du souffle. Des images splendides, parfois épiques mais surtout très poétiques. Elles nous rappellent le meilleur de Fellini. Et surtout le cinéma : tout le monde va au cinéma dans ce film. Clin d'oeil à la belle époque du cinéma italien ?

J'ai beaucoup aimé ce film.

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dimanche, 24 janvier 2010

Haïti : le temps du souvenir.

Unknown-1.gifLes recherches (officielles) sont arrêtées.

La nouvelle tombe comme une condamnation à mort.

Les bulldozers vont faire office de Pompes funèbres.

Antigone est trop occupée à soigner les enfants pour se préoccuper des sépultures. C'est ainsi, il ne peut en être autrement.

"Il dit à un autre: Suis-moi.

Et il répondit: Seigneur, permets-moi d'aller d'abord ensevelir mon père.

Mais Jésus lui dit: Laisse les morts ensevelir leurs morts; et toi, va annoncer le royaume de Dieu. "

Luc-9 59/60

La mission de la Vie est prioritaire.

Mais il reste le devoir de se souvenir. Se souvenir de Larbi qui sera enseveli dans la mémoire de sa famille et de ses amis dont j'ai croisé furtivement les chemins virtuels.

Il restera de lui en guise d'épitaphe ces quelques lignes dans Paris-Match.

"Larbi Lafkih, professeur de mathématiques au lycée français Alexandre Dumas, est toujours porté disparu. Ce Franco-Marocain, haute figure de la petite communauté des expatriés, avait coutume de venir déguster au bar du Montana, après ses cours, quelques rhums hors d'âge et des cigares cubains qu'il aimait, en amateur éclairé, à faire partager."

Ce superbe hôtel qui dominait la capitale d'Haïti va-t-il devenir un "ground Zéro" ?

Plus tard les Haïtiens trouveront leur lieu de mémoire car c'est aussi nécessaire pour la vie.

 

mercredi, 20 janvier 2010

Haïti : passage

Le travail d'aide continue pour ma belle-soeur : recensement des élèves dans son établissement transformé en hôpital de campagne. Tâche douloureuse qui fait apparaître les noms de ceux qui sont morts ou disparus comme ceux qui ont perdu leur famille. important pour elle : écoute de ses élèves. Un état d'urgence a été déclaré pour un mois mais au lycée français on aspire à une vie "normale" grâce à la reprise des cours.

Comme ce n'est pas évident pour moi de transmettre, je préfère vous renvoyer au blogue passionnant d'un Français vivant en Haïti. Vous y trouverz bien sûr le récit de la vie quotidienne depuis le séisme mais aussi une foule de remarques et d'analyses du pays.

Donc Passage ICI.

dimanche, 17 janvier 2010

Haïti : détour par la Littérature

31r87iJrwiL._SL500_AA240_.jpgQuand le séisme s'est produit, j'étais justement en train de lire le dernier ouvrage de Dany Laferrière écrivain haïtien vivant au Québec.

Pour son dernier livre : "L'énigme du retour", il a obtenu le prix Médicis.

"Ces envoyés des organismes humanitaires arrivent à Port-au-Prince toujours pleins de bonnes intentions. Des missionnaires laïques qui vous regardent droit dans les yeux tout en vous débitant leur programme de charité chrétienne. Ils se répandent dans les médias à propos des changements qu'ils comptent apporter pour soulager la misère des pauvres gens. Le temps de faire un petit tour des bidonvilles et des ministères pour prendre le pouls de la situation. Ils comprennent si vite les règles du jeu (se faire servir par une nuée de domestiques et glisser dans sa grande poche une partie du budget alloué au projet qu'ils pilotent) qu'on se demande s'ils n'ont pas ça dans le sang-un atavisme de colon. Leur parade quand ils sont mis en face du projet initial c'est qu'Haïti semble inapte au changement. Pourtant ils continuent dans la presse internationale à dénoncer la corruption dans ce pays. Tous les journalistes de passage savent bien qu'il faut passer prendre un verre près de leur piscine pour avoir cette information solide venant de gens objectifs et honnêtes -les Haïtiens, on le sait, ne sont pas fiables. Ces journalistes ne se demandent jamais comment se fait-il que ces gens vivent dans de telles villas quand ils se disent ici pour aider les damnés de la terre à s'en sortir."

Voilà qui inquiète pour la reconstruction...

Plus loin, il évoque l'hôtel Montana qui s'est effondré.

"Nous prenons un verre au bar de l'hôtel Montana.(...)

C'est le quartier général des journalistes étrangers.

Un hôtel haut perché qui permet

de savoir ce qui se cuisine en bas

dans la chaudière de Port-au-Prince

sans être obligé de se déplacer.

Le bar est assez pourvu pour tenir un mois de siège."

 

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Hôtel Montana au coucher du soleil.

février 2009

La propriétaire vient d'être retrouvée dans les décombres

ce qui nous rappelle que ce sont les moins pauvres et les riches qui ont été touchés par le séisme.

Ils habitaient dans des maisons en dur ...

mais ce sont les pauvres qui souffrent de la désorganisation qui en résulte.

samedi, 16 janvier 2010

Haïti : troisième jour.

Message reçu directement de Geneviève, ma belle-soeur.

"Je suis restée toute la journée hors de la maison . D'abord un arrêt à la résidence (détruite) de l'ambassade (elle aussi détruite) pour tenter d'obtenir des consignes claires concernant notre situation ici. En fait tout le monde était plus préoccupé par la venue du ministre Joyandet. Puis nous avons filé à l'aéroport, long parcours à travers la ville. (ceux qui connaissent comprendront mieux) qui m'ont permis de prendre la température .Spectacle de désolation qui rappellerait celui d'un bombardement ! Parmi la population, aucune agressivité, aucune colère, mais beaucoup de solidarité et d'entraide pour fouiller dans les ruines et retrouver des objets, des outils qui serviront à nouveau. Certains reconstruisent des murs de fortune, d'autres récupèrent une gamelle, improvisent un trépied pour le feu et cuisinent pour la rue . Je ne nie pas qu'il y ait des scènes de violence, notamment autour des distributions d'eau et de vivres : ce sont des dons, donc gratuits ce qui justifie les bagarres car chacun veut en profiter. Quand il s'agit d'attendre pour faire ses courses dans les premiers markets qui ré-ouvrent, la file est très organisée et respectée ! Bien sûr qu'il y a aussi des pillages dans les maisons, les boutiques ... , mais quelle catasrophe ne les a pas connus ? On entend des coups de feu la nuit tirés en l'air par les gardiens pour faire fuir les voleurs.

Mais nous avons ce moment un temps magnifique et la chaleur accélérant la décomposition, il règne une odeur qui ne peut nous faire oublier le drame et les pertes en vies humaines.

Nous allions à l'aéroport pour chercher parmi les listes des blessés et des disparus à la Log Base (logistic base) de la minustah deux noms , celui d'un ami onusien que nous avons retrouvé bien vivant sur ses deux pieds. Mais quelle activité sur cette base ! et l'on réalise mieux ce que signifie le mot "coordination" ! De gros moyens, des compétences et de l'efficacité !
Au retour second arrêt à la résidence . Une équipe de gendarmes français et leurs chiens rentraient d'une expédition de recherches : on nous a présenté Ben Hur qui, grâce à son flair exercé, venait de retrouver deux personnes vivantes ! Miracle de ces situations extrêmes !
Puis coup de main aux collègues pour dresser la liste des derniers rapatriés du jour, les faire monter dans les bus et les diriger vers l'aéroport. J'ai vu partir certains de mes élèves seuls car leurs parents restent "pour continuer et reconstruire" ! .Il a fallu aussi monter des tentes récemment débarquées car jusqu'à présent les personnes réfugiées à la résidence ne disposaient que de la pelouse et de quelques draps et couvertures !

Pendant ce temps Sylvie aidait à l'hopital général avec beaucoup de courage car les blessures sont souvent si horribles que seule l'amputation se révèle salvatrice ! et les moyens sont si précaires qu'il faut avoir une bonne dose de foi pour y croire ! Dénuement total : pas de pansements, ni de désinfectant (elle a acheté de la javel!) , pas d'éclairage : elle a donné sa lampe frontale au toubib pour qu'il termine, la nuit tombée, sa dernière amputation ! Les dons pour les hôpitaux sont arrivés et leur distribution devrait se faire maintenant d'une façon plus rationnelle que ces dernières heures !ce qui soulagera bien sûr les malades et le personnel médical !
Voilà c'est notre troisième jour depuis le séisme !
Merci à tous pour vos pensées et vos messages . Toutes ces ondes positives nous aident et nous soutiennent !"