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mercredi, 31 mars 2010

Crunch ! Crunch !

903149.jpgLe pop corn, ou plus précisément le mangeur de pop corn -crunch ! crunch!- est précisément ce que je déteste au cinéma, raison pour laquelle j'évite les salles commerciales.

Mais il y a un pop corn que j'ai adoré

celui que j'ai reçu ce matin par courrier : le DVD d'un court métrage réalisé par Charlotte Philippe

Un scénario savoureux : en tant que cinéphile, il me comble d'aise. C'est l'histoire d'une étudiante qui, pour boucler son budget, est contrainte de travailler comme caissière dans un cinéma. On voit défiler les clients... Caricaturaux et redoutables les clients. Visiblement l'étudiante ne devait pas imaginer que les habitués des salles obscures pouvaient être aussi désagréables...

C'est drôle et ça fait réfléchir. Les images de pop corn rappellent qu'on est bien dans une salle comme celles que j'évite... Et pourtant les clients vont voir de bons films : comme quoi on peut être c...et cinéphile.

Mais pop-corn c'est une histoire d'amitié virtuelle !

Au départ, Chacha, qui raconte d'ailleurs cette histoire.

Chacha,  le nom du Doudou (de l'époque) de ma petite-fille m'avait attirée sur son blogue. Il y a au moins deux ans.

Elle fréquente alors le mien où elle rencontre Laurence. Laurence, géniale dans le film avec ses faux-ongles, sa balayette et ses escarpins.

Tournage du film. Apparemment, tout le monde s'est bien amusé. Oui mais il manque un monteur-son. Un petit courriel à Charlotte lui glisse que mon neveu, Louis, est monteur-son et se partage entre F3 à Marseille (fan de l'OM le Louis) et Paris ...Le voilà embarqué dans l'aventure de Pop-Corn (crunch! crunch!)

Qui doute encore de la réalité des relations virtuelles ?


samedi, 06 mars 2010

La Vaine attente

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Attention...Première de couverture trompeuse.

Pas tout à fait.

Ce roman de Nadeem Aslam, Pakistamais vivant en Angleterre, débute dans une maison dont on comprend qu'elle sera le lieu symbolique d'un affrontement entre barbarie et culture.

Chez Marcus Caldwell, vieil Anglais ayant épousé une Afghane, belle et intelligente, les livres sont cloués dans le plafond pour échapper aux talibans. Les murs qui avaient été superbement décorés de fresques délicates, ont été volontairement maculées de boue pour la même raison.

Tout le livre parle d'horreur et de violence.

L'histoire ? C'est la recherche des morts et des disparus, qui tous passent par cette maison.

Lara, une Russe, est à la recherche des traces de son frère  venu faire la guerre dans les années 80 mais qui avait déserté. La révélation de sa mort sera terrible.

Sa route croise celle de Marcus car le soldat russe avait fait un enfant à Zameen, fille de Marcus, disparue elle aussi.

Marcus, vieil homme seul : sa femme est morte, tuée par l'islamisme radical. De sa fille, il ignore les causes et le lieu de sa disparition mais cherche l' enfant qu'elle a eu devenu jeune homme.

David, l'ancien de la CIA le cherche aussi car il a aimé sa mère...

Casa, un jeune homme endoctriné dès l'enfance cherche à accomplir ce que Allah veut de lui et c'est épouvantable.

Le puzzle se renconstitue au fil des pages, construisant sous nos yeux la violence monstrueuse d'un pays qui semble n'avoir jamais rien connu d'autre. Horreur bestiale, insupportable, inhumaine mais sans aucune description voyeuriste, juste posée par petites touches, par suggestions  qui font frémir... Les soldats russes violent les femmes et torturent les hommes mais, à leur tour pris dans l'engrenage, se font massacrer de façon barbare ou désertent sans aucune chance de survivre. Les Américains soutiennent les pires monstruosités commises  par les combattants afghans, futurs talibans, sur les civils, par anticommunisme. Ils vont même jusqu'à les aider à répandre l'Islam radical en distribuant des Corans. Les talibans envoient au martyr des enfants endoctrinés dès leur plus jeune âge, arrachés ou achetés à leurs parents.

Aucune place pour l'innocence dans ce roman.

On ne sait même pas si Marcus retrouvera son petit-fils...

Aucune trace de rédemption, sauf peut-être à la fin, où la tête d'un bouddha protégée par Marcus retrouve sa place au musée de Kaboul...

Seule la nature toujours présente et magnifiquement observée par Nadeem Aslam permet de respirer et apporte de la paix dans l'inhumanité : des oiseaux qui gazouillent sans se lasser, un lac aux eaux calmes qui se teintent du sang humain comme pour l'effacer, des aubes douces et tendres ...

Peut-être pour nous rappeler que l'Afghanistan est un des plus beaux pays du monde.

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vendredi, 18 décembre 2009

Noël avec Louis-Paul

Ce matin j'ai reçu mon premier cadeau de Noël, que je me suis offert car, selon le dicton populaire, "on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même."

C'est le livre de photos de Louis-Paul, "de mer à monts".

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Louis-Paul est un ami de la blogosphère et un visiteur régulier de ce blogue.

Photos en noir et blanc qui reflètent complètement la sensibilité de Louis-Paul aux images de la vie quotidienne. Un regard plein de tendresse et de douceur, jamais blasé... C'est bon à prendre en ces temps difficiles où chacun essaie de grapiller les petits bonheurs là où il peut les prendre.

On peut le trouver à La Baie des Anges, Maison d'Édition-Cote D'Azur ou sur Amazone, en étant patient !

dimanche, 29 novembre 2009

Histoire oubliée

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"Et vous, combien de fois ?"

C'est ainsi que les femmes  s'interrogeaient  à Berlin,  durant le mois de mai 1945 quand elles se rencontraient.

Combien de fois avez-vous été violée.

C'est ce qu'on découvre dans ce document, "Une femme à Berlin", publié dans la collection Témoins de Gallimard.

L'auteure est anonyme et son livre a connu de nombreuses péripéties.

Anonyme ne veut pas dire inconnue : son identité a toujours été connue des différents éditeurs qui ont tous respecté son anonymat, même pour cette dernière publication de 2006.

Anonyme parce qu'aucune femme n'accepterait de mettre son nom sur ce que l'auteure  a vécu et  raconte avec la froideur et la distance de la journaliste qu'elle a été.

Anonyme pour se fondre parmi les femmes qui ont subi ces viols pendant les trois semaines où les soldats russes ont occupé Berlin. Des frustes et des soudards. Certes, avant leur arrivée, les femmes s'essayaient à l'autodérision. Dans les caves, pendant les derniers bombardements des Alliés, elles se risquaient à plaisanter : " Mieux vaut un Yvan sur le ventre qu'un amerloque sur la tête".

Puis on dut mettre à l'abri les jeunes filles, dans des soupentes voire sous des meubles. Envoyer les plus vieilles chercher l'eau. Malgré tout, 100 000 femmes violées entre fin avril et mi mai 1945. L'auteure dit elle-même qu'elle n'a survécu à la maladie mentale que grâce à ces trois cahiers d'écolier sur lesquels elle a, selon son expression, tout craché. Du 20 avril au 22 juin 1945 elle a tenu un journal quotidien à la lumière d'une bougie. Pour éviter tous ces soldats qui entraient dans les maisons à coups de bottes, elle s'est résolue à  se mettre sous la protection d'un officier russe dont elle a dû partager le lit... ce qui l'a entraînée encore plus bas : affamés, ses proches l'encourageaient à utiliser la séduction pour avoir des vivres. Car curieusement les soldats de Staline avaient des poches pleines de tout ce qui manquait aux vaincus. Parlant russe elle-même elle s'est trouvée dans la situation difficile d'interprète et d'une certaine manière de protectrice.

Mais elle décrit  aussi les conditions de faim, d'humiliation, de honte qu'ont supportées les Berlinois, situation d'autant plus douloureuse qu'ils n'avaient aucune nouvelles en l'absence de radio et de journaux : c'était le règne de la rumeur. Et le travail...Ce sont les femmes qui ont débarrassé Berlin de ses décombres.

Anonyme encore parce qu'après la guerre on a condamné au silence toutes ces femmes, c'était indécent. Heureusement elles en ont parlé entre elles au moment des faits.

Les aléas de la  publication du livre reflètent parfaitement cette atmosphère de honte concernant les viols des femmes de Berlin. Honte par  puritanisme mais aussi honte des hommes qui avaient abandonné les femmes aux vainqueurs. Première publication en 1954 aux Etats-Unis, mais pas  en allemand. Cinq ans plus tard l'original en allemand voit le jour ...à Genève. On parla de l'immoralité de l'auteure. C'est seulement après le décès de l'Anonyme en 2001 que le livre put reparaître.

Très belle présentation du document par Hans Magnus Enzensberger qui note :

"Il est à remarquer que dans le cas de l'Allemagne, les meilleurs témoignages personnels qui nous soient parvenus sont des journaux et des Mémoires écrits par des femmes.... Ce sont ces femmes qui surent préserver une certaine santé mentale dans un environnement progressivement livré au chaos. Tandis que les hommes faisaient une guerre meurtrière loin de leurs foyers, les femmes apparaissaient comme les véritables héroïnes de la survie au milieu des ruines de la civilisation."

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mardi, 24 novembre 2009

Automne fellinien (2)

à Pierre Ulm

Fellini et Nino Rota, la musique d'Amarcord (Je me souviens...dans un dialecte italien)

Dommage, il manque les seins de la boulangère... Avec la prof de maths et la Gradisca on a les fantasmes féminins de Fellini...

C'est à l'opposé du Ruban Blanc... et pourtant c'est pendant la période fasciste  en Italie.

Oscar du meilleur film en 1975.

 

Musique et cinéma

C'est quoi cette musique qui résonne?
C'est la musique qui accompagne Fellini
De Rimini
Car aujourd'hui c'est l'automne

C'est quoi cette musique qui résonne?
C'est la musique de Nino Rota
De la Strada,de la Dolce Vita
Car aujourd'hui c'est l'automne

Mais la Lune se lève
Comme Fellini
De Rimini
Sur l'automne qui rêve...

Poème écrit ce mardi 24.11.2009

Pierre

dimanche, 22 novembre 2009

Oratorio...insurrectionnel

L'oratorio appartenait pour moi à la musique sacrée car j'avais en tête cette définition de Reinard Strhom qui le présente ainsi :

"L'oratorio est tout autant une invention italienne que l'opéra. Les deux formes artistiques font appel à des chanteurs pour raconter un drame : un drame écrit par un poète, mis en musique par un compositeur et exécuté devant un auditoire. Mais alors que le sujet de l'opéra est classique et païen, celui de l'oratorio est catholique et sacré." Préface d'un CD, "IL primo omicidio" de Scarlatti que j'aime particulièrement !

Mais l'oratorio (sans vouloir faire la pédante, de orare : prier) s'est élargi aux thèmes profanes historiques et épiques.

Donc parfaitement adapté à la révolte des Canuts. Solko avait largement présenté cette oeuvre, exhumée de l'oubli par la Chorale populaire de Lyon.

Écrite par Jacques Gaucheron, poète, écrivain, philosophe décédé il y a quelques jours dans l'ignorance absolue et mis en musique par Kosma dont on célèbre cette année le quarantième anniversaire de la mort.

Hier soir cette oeuvre était donnée pour la quatrième fois à Lyon, à la Croix-Rousse.

297664262.jpgPlus de cent choristes, quatre solistes, plusieurs récitants... Concert très prenant.

C'est surtout le livret et texte magnifique de Gaucheron qui m'a profondément touchée. Contrairement à bon nombres d'oeuvres lyriques, je l'ai même trouvé supérieur à la musique de Kosma qui m'a un peu déçue : pour moi pas assez de mélodie sauf dans les solos. Mais n'étant pas une  spécialiste, j'accepte volontiers d'être désavouée. Partition difficile d'après mon mari, choriste lui-même... et musique contemporaine a-t-il ajouté.

C'est donc au texte que je préfère revenir.

Poétique, lyrique, émouvant et très scrupuleusement historique. A travers personnages et acteurs : le père, la mère, l'enfant, le juge, un canut et même le commandant de la garde, l'histoire des Canuts qui, du 21 au 23 novembre 1831 se sont battus pour faire respecter les accords des tarifs difficilement négociés avec les soyeux, a retrouvé toute son actualité. Comme l'a rappelé Dominique, cette lutte a été la première lutte ouvrière, même si les Canuts n'étaient pas des ouvriers salariés, qui a permis en particulier la création du conseil des prudhommes.

Je tenais bien sûr à citer ce texte très fort mais j'ai été tellement embarrassée par le choix que je ne suis pas sûre d'avoir sélectionné le meilleur passage. Je l'ai retenu parce qu'il rappelle que, si les canuts étaient surtout à La Croix-Rouse, il y avait des métiers à tisser dans presque tous les quartiers de Lyon.

Mais j'y reviendrai à d'autres occasions. Et surtout je me promets de lire Gaucheron.

N'espérez pas que Lyon se taise

Ceux de Saint Just et de Caluire attendent

Ceux de la Guille vous entendent

Ceux de Saint georges et ceux de Vaise

Encore un peu de temps vous pouvez nous détruire

Devant vos lois et vos canons,

Nous laisserons notre poussière et notre cendre

Notre flamme jamais.

Ne comptez pas que Lyon consente

Quand vient le soir la ville entière

Sous la lampe des deuils répète le serment,

Celui qu'on dit pour la vengeance,

Celui qu'on dit pour le retour des innocents.

De père en fils, de siècle en âge,

C'est nous qui sommes les canuts

Avant nous d'autres sont venus,

D'autres viendront finir l'ouvrage.

vendredi, 06 novembre 2009

À novembre

J'ai déjà cité des poèmes de Bernard-Dominique Lacroix, un garçon de mon pays. Fils d'un paysan et d'une institutrice, il écrit des textes qui sentent bon la poésie d'hier, celle qu'on apprenait à l'école. Les textes de Francis Jammes par exemple, qui évoquaient avec tendresse la vie quotidienne.

Automne

A peine un fruit, à peine un nid,

Regarde, c'est déjà l'automne !

Rien qu'un rayon, une éclaircie

Et dans ma main ta main frissonne.


Le temps d'un "oui", le temps d'un voeu

et d'autre amours nous appellent,

Tout juste un chant, tout juste un jeu,

Voilà novembre qui s'en mêle !


Tu vois les nuages sont fous

Tu vois les feuilles sont à bout !

C'est nos "je t'aime" qui s'envolent...


Voici qu'on enterre l'été :

La bise (1) pleure, le vent sonne,

Le chêne roux porte le dais,

Le charme porte la couronne.


Prenons encore si tu veux

Le sentier des folles promesses,

Puis sur l'arbre des jours heureux

Nous écrirons notre jeunesse...

Bernard-Dominique Lacroix

 

1/ La bise est le nom qu'on donne dans le Chablais au vent du Nord.