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mercredi, 21 octobre 2009

J'ai toujours préféré

Pour Cathy

qui aime la chanson française


 

J’ai toujours préféré aux voisins les voisines
Dont les ombres chinoises ondulent sur les volets
Je me suis inventé un amour pantomime
Où glissent en or et noir des bas sur tes mollets

De ma fenêtre en face, j’caresse le plexiglas
J’maudis les techniciens dont les stores vénitiens
Découpent en tranches la moindre pervenche

J’ai toujours préféré aux voisins les voisines
Qui sèchent leurs dentelles au vent sur les balcons
C’est un peu toi qui danse quand danse la mousseline
Invité au grand bal de tes slips en coton

De ma fenêtre en face, j’caresse le plexiglas
Je maudis les méninges inventeurs du sèche-linge
Plus de lèche vitrine a ces cache-poitrine

J’ai toujours préféré aux voisins les voisines
Qui vident leurs armoires en quête d’une décision
Dans une heure environs, tu choisiras le jean
Tu l’enfileras bien sur dans mon champ de vision

De ma fenêtre en face, j’caresse le plexiglas
Concurrence déloyale de ton chauffage central
Une buée dense interrompt ma transe
Puis des effets rideaux et c’est la goute d’eau
Un ravalement de façade me cache ta palissade
Une maison de retraite, construite devant ma fenêtre
Sur un fil, par centaines, sèchent d’immenses gaines

Renan Luce

"Une maison de retraite, construite devant ma fenêtre
Sur un fil, par centaines, sèchent d’immenses gaines"

à La semaine bleue

dont je ne comprends guère l'intérêt.

mardi, 08 septembre 2009

Une odeur de gingembre

51KYW6QH6ML._SS500_.jpgIndépendamment du fait que j'adore le gingembre, j'ai eu un vrai coup de coeur pour ce livre qui n'est pas tout à fait récent.

Son auteur, Oswald Wynd, est un Écossais né au Japon en 1913, et revenu da son pays à l'âge de vingt ans. Le récit retrace la vie d'une très jeune Écossaise qu'on suit pendant quarante ans à travers son journal et sa correspondance. Elle débarque à Pékin en 1904, pour épouser un officier écossais qu'elle n'a rencontré qu'une seule fois. À la suite d'une très brève liaison avec un officier japonais, elle est contrainte de quitter la Chine pour le Japon, où elle parviendra à se défendre avec un courage et une intelligence exceptionnels. Récit très émouvant car cette femme, au départ timide et naïve, paie très cher, à travers ses enfants, cette survie dans une société totalement hostile. On découvre à quel point la société japonaise du début du XXème siècle est une véritable moulinette à broyer les femmes.

Récit passionnant par la vie d'une héroïne infiniment attachante. C'est le premier intérêt du livre mais surtout on découvre les codes complètement figés

et ultra compliqués qui emprisonnent voire ligotent complètement chaque membre de la société.

Je ne sais pas ce qu'il en est aujourd'hui, le Japon n'ayant pas connu de révolution culturelle, mais dans ce récit on a l'impression que la nation est une prison pour chacun de ses habitants. C'est aussi un roman historique qui rappelle toutes les tentatives impérialistes du Japon sur l'ensemble de l'Asie, surtout la Chine,  pendant toute la première moitié de ce XXème siècle. Apparemment le récit d'Oswald Wynd comprend de nombreux éléments autobiographiques et l'on peut s'interroger : une  femme de sa famille ou amie aurait-elle vécu une telle destinée ?

 

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Oswald Wynd a connu le Japon non seulement durant les vingt premières années de sa vie mais aussi comme prisonnier  des Japonais pendant la dernière guerre mondiale. L'esprit samouraï dont on a fait, à tort,  une sorte de code admirable : il  le connaît et ne l'admire pas. D'ailleurs il se gausse, à travers son héroïne, de l' admiration de certains Occidentaux pour le Japon.
"Les Nippophiles-ces Occidentaux convertis au mode de vie japonais- ne font qu'amuser les autochtones, qui se cachent la bouche d'une main polie pour rire tout à leur aise. J'en ris aussi, à présent, sans mettre la main devant ma bouche."

 

jeudi, 03 septembre 2009

Catalogne

Barcelone en août, ce n'est pas un temps à mettre une savoyarde dans la rue. Trop de monde. Je n'ai rien contre la foule au demeurant sympathique et bon enfant des ramblas (il paraît qu'il y en a plusieurs) mais cela est tout à fait détestable pour les visites quand on a peu de temps à passer dans la ville. Une journée consacrée à Gaudi avec la déception de ne pouvoir entrer dans la Sagrada Familia pour laquelle deux heures de file d'attente auraient été nécessaires.le tour de cette cathédrale m'a permis de ressentir malgré tout la ferveur religieuse de cet architecte génial et sa création hors toutes conventions.

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Église fascinante, toujours en construction comme au Moyen-Âge. Après Barcelone nous avons eu l'occasion de découvrir  d'autres monastères catalans mais qui m'ont paru révéler davantage  la volonté de puissance de l'Église que la  spiritualité. Nous avons parcouru le parc Güell et la splendide demeure de la Pedrera. Puis direction Figueres : impossible de visiter le musée Dali, il faut réserver longtemps à l'avance. Heureusement l'amie qui m'accueillait, une catalane obstinée, m'a permis d'entrer dans la maison que Dali a occupée avec Gala jusqu'en 1982, à Portlligat, près de Cadaquès. Pour moi coup de foudre. Et j'ai bien l'intention de me plonger dans la découverte des symboles daliniens pour mieux connaître cet autre artiste catalan tout aussi époustouflant que Gaudi.
En particulier l'oeuf, omniprésent dans la maison.
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Univers surréaliste, mais moins que je l'imaginais. Univers de mystères plutôt, chaque objet demanderait une interprétation tant il semble avoir une signification particulière dans cette maison surprenante.
IMGP2024.JPGIci une terrasse-salon avec le fameux canapé en forme de bouche.

06.jpgLa chambre de Dali et Gala avec une seule fenêtre donnant sur la mr. Une seule chambre dans la maison, le peintre recevait ses amis dans les maisons de pêcheurs voisines dont il avait fait l'acquisition.
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Gaudi, Dali pour ne citer qu'eux : quelle surprenante vitalité créative de toute une région, quel bouillonnement aussi bien dans l'Art que dans le domaine des idées politiques puisque la Catalogne est le berceau de la république espagnole.
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Cette république qui voulait offrir aux femmes une liberté et des droits alors uniques en Europe. Mais c'était trop tôt sans doute. Et les murs en parlent encore.
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P.C.C. Parti communiste catalan.
TAG romantique, non ?
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Donc, forte envie de retourner à Barcelone ... sans doute un mois de janvier.
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lundi, 17 août 2009

Aldebert

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à mon démon préféré

Des neveux bisontins m'ont fait découvrir ce week-end un jeune chanteur, auteur-interprète, Aldebert (qui est de Besançon). Une merveille ! Ils ont offert à ma petite-fille son dernier album, Enfantillages. Pour enfants mais dans l'impertinence totale. Il est dans la mouvance des plus grands de la chanson française. Avec humour, ironie, il chante notre société à la manière d'un Brel ou d'un Brassens. Dans ce dernier CD il est accompagné par Renan Luce, Clarika, Anne Sylvestre, Steve Waring, Maxime le Forestier, Marcel Amont, Élodie Frégé, Riké (de Sinsémilia), Vincent Baguian, les Ogres de Barback, Amélie les crayons.

 

Évidemment j'ai adoré "Super-Mamie" qui m'a bien fait rire.

 


- Moi, ma grand-mère, c'est un super-héros
- Ah, bon, elle a une cape ?
- Non, elle a une canne et puis elle a des pouvoirs
- Ouah ! La chance !
- Salut les jeunes

Ma grand-mère fête aujourd'hui ses quatre-vingt-dix-neuf ans
Croyez-moi, elle a toute sa tête, elle a toutes ses dents
Elle parle de reprendre le sport, elle a su rester jeune
Elle explose tous les records à la PlayStation

C'est la seule femme de son âge à faire ses courses en courant
Ses amis sont au cimetière depuis déjà bien longtemps
Grand-mère a repris les cours du soir à la Sorbonne
Elle croque dans la vie comme dans une pomme

{Refrain:}
Super Mamie ! Attention les secousses
Super Mamie ! Tu nous enterreras tous

- Oui, tu sais que... C'est pas facile...

Ma grand-mère est très tendance, pour une femme de son âge
Y faut pas s' fier aux apparences, elle a quelques tatouages
Les gens qui disent qu'elle est folle sont des imbéciles
Tout ça parce qu'elle porte un petit piercing au nombril

Elle sait marcher sur les mains
Elle sait aussi construire des meubles
Tenir en respect les gros chiens
Escalader les immeubles
À la cigarette elle a dit stop !
- "Stop !"
Ma grand-mère est une athlète,
Ma grand-mère, c'est Monsieur Propre



- Et ouais, p'tit bonhomme... hé hé hé...

Ma grand-mère fête aujourd'hui ses cent quarante-et-un ans
Et moi, j'ai plus toute ma tête, moi, j'ai plus toutes mes dents
Pour fêter ses nombreuses nominations au livre des records
Elle a fait trois fois l' tour du monde à pied et là, elle court encore

Jusqu'où ira-t-elle ? On se pose la question
Serait-elle éternelle ? Il faut se faire une raison
Elle joue du violoncelle et résout des équations
Son médecin, Docteur Michel, a fait une dépression



Super Mamie ! Attention les secousses
Super Mamie ! Y a des fois, ça fout la frousse

Super Mamie ! On n'a pas l' temps d' dire ouf
Super Mamie ! Ça, c'est vrai que.. elle a d' la ressource

Super Mamie ! Non mais là, mamie... tu pousses
Super Mamie ! Tu nous enterreras
Tous, tous, tous, tous, tous, tous, tous
- J' vous enterrerai tous
Tous, tous, tous, tous, tous, tous, tous {x2}
- Ça, c'est bien vrai
Tous, tous, tous, tous, tous, tous, tous
- Eh oui, mon p'tit, c'est la vie !

 

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lundi, 06 juillet 2009

Lectures d'été

Oui, je suis peu active sur ce blogue et je le regrette. Mais ça reviendra...

Comme chaque année, j'avais prévu de faire une note sur les lectures d'été, cette saison étant censée être propice à l'immersion complète dans de bons gros livres, pour oublier le  monde extérieur et  ses réalités.

Pour moi, c'est pas vraiment gagné mais on va faire comme si...

Edith me tend une perche : lire Yu Hua, cet écrivain chinois que j'admire éperdument. Edith a lu "Brothers", son dernier roman et m'a écrit ce qu'elle en pense.

Captivant, en effet. J'ai dévoré les quelque 700 pages en un week-end. Passionnant par ce qu'il révèle de la société chinoise et de son évolution, par le "cours accéléré" d'histoire contemporaine et remarquable par le ton, si varié, si truculent et en même temps tragique. Mais tu en parles mieux que moi. Roman plus abouti, sans aucun doute que "Vivre" qui m'avait pourtant intéressée.

Pour moi, et j'en reparlerai quand j'aurai l'esprit plus disponible, retour à Georges Navel !

jeudi, 25 juin 2009

Les voix d'anges

Quand je parle des voix d'anges des religieuses bénédictines, ce n'est en aucun cas une métaphore.

C'est réel.

Pendant deux jours, à raison de quatre offices par jour,  j'ai vraiment été transportée dans un ailleurs que la ferveur populaire appelait autrefois le ciel.

Comment les qualifier autrement ?

Rien à voir avec les voix travaillées des chanteuses d'art lyrique que, pour ma part, j'admire d'un point de vue esthétique mais qui ne me procurent aucune émotion particulière.

Les voix des moniales, qui travaillent  le chant elles aussi, sont pures, limpides, souples, fermes. Elles chantent presque exclusivement des Psaumes, en français, et c'est une merveille de lire ces textes magnifiques portés par des voix d'anges. Les musiques, oeuvres de compositeurs de chants  sacrés ont été créées exclusivement pour elles. J'aime particulièrement les échanges ou dialogues entre la schola (trois ou quatre solistes de registres différents) et le reste du choeur. J'ai quand même noté que les plus âgées ne chantaient plus, peut-être pour ne pas briser le pur cristal de cette musique céleste.

Deux jours hors du monde

Deux jours hors du monde. À tel point qu'à l'heure à laquelle j'écris je ne connais toujours pas le nouveau casting élyséen. Sauf Frédéric Mitterrand dont je ne comprends pas qu'il ait pu quitter la villa Médicis pour venir dans cette galère.

Bon vent à lui. 

Mais vous, si  vous cherchez un chemin d'intériorité, les voix des moniales peuvent vous y conduire.

jeudi, 11 juin 2009

Ville éternelle

On ne raconte pas Rome, d'autant que j'y suis restée si peu de temps.

Très étonnée de prime abord car je m'attendais à découvrir une grande ville trépidante comme Milan que je connais bien. Étonnée donc par cette  grande ville aux allures provinciales, un peu comme Lyon, ayant assez peu le visage d'une capitale.

J'ai été séduite plus que tout par la ville antique, avec  l'impression de retrouver mes versions latines sur lesquelles j'ai pourtant sué péniblement. Le S.P.Q.R    (Senatus Populus Que Romano) m'a presque tiré des larmes... et pourtant j'en ai visité des ruines romaines, dans des pays très différents, mais ici on est au coeur même de notre identité. J'ai été  également très sensible au charme romantique des ruines et là, c'est Chateaubriand que j'ai retrouvé.

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"Rien n'est comparable pour la beauté aux lignes de l'horizon romain, à la douce inclinaison des plans, aux contours suaves et fuyants des montagnes qui le terminent. Souvent les vallées dans la campagne prennent la forme d'une arène, d'un cirque, d'un hippodrome ; les coteaux sont taillés en terrasses, comme si la main puissante des Romains avait remué toute cette terre. Une vapeur particulière, répandue dans les lointains, arrondit les objets et dissimule ce qu'ils pourraient avoir de dur ou de heurté dans leurs formes. Les ombres ne sont jamais lourdes et noires ; il n'y a pas de masses si obscures de rochers et de feuillages, dans lesquelles il ne s'insinue toujours un peu de lumière. Une teinte singulièrernent harmonieuse marie la terre, le ciel et les
eaux : toutes les surfaces, au moyen d'une 
gradation insensible de couleurs, s'unissent par leurs extrémités, sans qu'on puisse déterminer le point où une nuance finit et où l'autre commence. Vous avez sans doute admiré dans les paysages de Claude Lorrain cette lumière qui semble idéale et plus belle que nature ? Eh bien, c'est la lumière de Rome !"

Lettre sur la campagne romaine

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"tout porte à Rome l'empreinte de la durée : j'ai vu la carte de la ville éternelle tracée sur des rochers de marbre du Capitole, afin que son image même ne pût s'effacer."

Les Martyrs

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Rome de la Dolce Vita soluble dans la Ville éternelle ? Certainement pas, complice plutôt.

 

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Mais comment font-elles, les belles romaines, pour déambuler ainsi chaussées sur les pavés ? à les croiser, on se sent mal à l'aise dans ses baskets de touristes. Nous nous sommes d'ailleurs promis, avec d'autres compagnes de voyage, de revenir entre femmes juste pour faire les élégantes.

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Mais il est vrai que parfois l'accident est inévitable et que la malheureuse chaussure se retrouve blessée et abandonnée au voyeurisme d'une touriste étrangère qui se dit : "il y a une justice."
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Bien sûr, vous devez penser que j'ai vu la ville par le petit bout de la lorgnette et vous préféreriez que je vous raconte mon extase à la chapelle Sixtine : mais extase il n'y pas eu, juste le souci de ne pas m'évanouir dans la foule : la contemplation du plafond de Michel-Ange en a été perturbée.

J'ai aimé aussi la villa Médicis, cette France au coeur de Rome avec bien sûr un brin d'envie sous les fenêtres de Frédéric Mitterrand et des 26 pensionnaires privilégiés qui occupent les lieux.

 

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Ravie aussi de découvrir que l'acanthe n'était pas qu'un motif décoratif des chapiteaux de temples grecs mais aussi une très belle fleur. Sauvage qui plus est. Oui, vraiment le petit bout de la lorgnette.

 

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