samedi, 14 mars 2009
En ce temps de crise...
En ce temps dit de crise, les préceptes d'un ancien maître chinois pourront peut-être inspirer certains.
Richesse assurée
S'efforcer d'acquérir et réduire ses besoins
Se rendre compte des arts ; étendre ses connaissances par l'étude.
Constamment passer en revue les affaires domestiques.
Ne pas s'adonner au vin et aux femmes.
Ne pas manquer de régler ses dettes.
Quand les esclaves, hommes et femmes, sont habiles dans les travaux de l'agriculture et du tissage.
Dormir la nuit et se lever tôt.
Faire à la maison l'élevage des six sortes d'animaux domestiques.
En agriculture ne pas manquer la saison favorable.
Le moment venu faire la récolte et engranger.
Quand les enfants sont d'un seul coeur.
Quand la mère du maître de la maison ne croit pas en Bouddha.
Quand toutes les femmes de la maison sont en bon accord.
Ne pas être ennemi du simple et du frugal.
Avoir l'inventaire de ses biens.
Accumulant des petites quantités en constituer une grande.
Pour acheter ou vendre ne pas manquer le moment pportun.
Ne pas gâcher les objets utiles.
Li Yi-chan
Lettré du Xème Siècle.
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vendredi, 27 février 2009
José Marti, le précurseur.
«Un grain de poésie suffit à parfumer tout un siècle.»
José Marti
José Marti est le grand poète cubain qui a sacrifié sa vie pour l'indépendance de son pays.
Même s'il n'a pas trop une gueule à se retrouver sur les tee-shirts.
Né le 28 janvier 1853 à La Havane, de parents espagnols, mère créole et père sergent, de condition modeste, il fut tué le 19 mai 1895 en combattant le colonisateur espagnol. À quinze ans, il commence à lutter pour l'indépendance. Jugé pour trahison, il est condamné aux travaux forcés, il en gardera de graves séquelles, puis exilé en Espagne. C'est le début d'errances qui vont l'amener aux Etats-Unis où il prendra conscience du danger que cette nation représente pour l'Amérique Latine.
Il annonce "l'annexion des peuples de notre Amérique par le Nord brutal et turbulent qui les méprise... J'ai vécu avec le monstre et je connais ses entrailles-et ma fronde est celle de David." On est en 1881. Pendant quinze ans, il va consacrer toutes ses forces à la lutte. En 1892 il fonde le Parti révolutionnaire cubain.
Avec le général Maximo Gomez, ils débarquent secrètement sur la côte Sud-Est, à bord d'un petit bateau qu'une tempête manque de mettre en pièces. Des centaines de partisans les rejoignent dans la Sierra. (déjà !)
Le 19 mai 1895, Marti livre sa première et dernière bataille, une photo de sa fille sur son coeur.
Il est abattu presque immédiatement, dès le premier assaut, sans avoir eu le temps de tirer. Les Cubains le vénèrent et les deux camps (castristes comme exilés de Miami) revendiquent sa pensée.
Fidel Castro a dit de lui :
"Mais José Marti n'est pas mort, il vit dans son peuple rebelle, dans son peuple digne, dans son peuple fidèle à son souvenir. Des cubains sont morts en défendant ses doctrines, des jeunes gens, en un merveilleux sacrifice, sont venus mourir auprès de sa tombe, ils donnèrent leur sang et leur vie pour que l'Apôtre continue à vivre dans l'âme de sa patrie. Cuba, que serait-il advenu de toi, si tu avais laissé mourir ton apôtre?»
C'est lui qui a écrit les paroles de la très célèbre chanson :
Guantanamera qui signifie "fille de Guantanamo".
20:53 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : littérature | Facebook | Imprimer
L'essentiel...
"On nous avait enseigné des années durant l'insignifiant, nous laissant seuls le soin d'inventer maintenant l'essentiel."
"Je ne suis pas un héros"
13:15 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, lyon | Facebook | Imprimer
samedi, 21 février 2009
Voyage
"Qu'est-ce que le voyage ? sinon une tentative de divorce d'avec sa réalité présente, un refus de soi avorté parce qu'il s'est trouvé une issue propice. Du moins a-t-on la latitude d'essayer de cette ébauche de suicide qu'est le départ.(L'absurde subordination ce serait si, à tout moment, nous ne disposions pas de cette possible évasion par le suicide.)
Louis Calaferte
Rosa mystica
13:21 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, lyon | Facebook | Imprimer
jeudi, 19 février 2009
Requiem des innocents
"ça commence au bout du monde".
Première phrase d'un récit qui se déroule nulle part. Récit véridique sans aucune place pour la fiction. Il s'agit de l'enfance de Louis Calaferte, écrivain lyonnais que j'ai eu le goût de lire grâce à Solko. Un récit brutal qui vous laisse KO. L'auteur raconte une enfance passée dans l'abjection d'une misère qu'il est impossible d'imaginer. La Zone se situe à Lyon, nommée une seule fois mais qui pourrait être dans n'importe quelle grande ville.
Le domaine de la violence, du sexe, de l'alcool, de la perversité sous toutes ses formes. Le couple parental n'échappe pas à la règle : mère dépravée, père petit truand.
L'enfant Calaferte, n'a d'autre famille que la bande de gamins livrés à eux-mêmes, et pour lesquels il emploie à plusieurs reprises le mot "racaille". Il est le second du chef de la bande, des gosses cruels qui s'acharnent contre les plus faibles d'entre eux. Absence totale d'humanité. Huis-clos de fureur où la police vient systématiquement chercher un coupable quand un mauvais coup est commis quelque part. On ne sort jamais de la Zone. Les lieux sont balisés : le fleuve, la voie ferrée, les voûtes.
Le miracle se produit un jour. À la suite d'une action particulièrement atroce commise par la bande "d'innocents" contre l'un des leurs, la presse s'émeut de cette situation. Au lieu de la maison de redressement, les enfants sont conduits dans une école "normale", encadrés par les policiers, dans une classe à part... Ils n'auront même pas droit à la récréation. Calaferte finit par y rencontrer un instituteur différent, marginal lui aussi, qui comprend ce que l'enfant porte en lui. Il va l'aider à faire surgir son humanité et le sauver. Miracle d'une rencontre, histoire de salut au sens spirituel du terme.
On est réellement sonné par la lecture de ce texte qu'on reçoit comme un coup de poing.
Arrive-t-on à évacuer un jour tous les déchets de son passé ? Ne reste-t-il pas toujours dans un coin de la mémoire ce petit tas de gravats
qu'on aimerait bien ne pas regarder mais qui est toujours là ?
"Requiem des innocents" de Louis Calaferte Folio
Image envoyée par Pierre Autin-Genier pour illustrer son commentaire.
PAG reconnaît l'influence de Calaferte, qu'il a beaucoup lu, sur son oeuvre.
22:41 Publié dans Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : lyon, littérature | Facebook | Imprimer
dimanche, 15 février 2009
Saint-Valentin, l'After
à Pierre Autin-Grenier
- J'ai vu un papillon jaune et vert, dit-elle, avec de petits yeux sur les ailes.
-Eh bien ?
-je ne sais pas. Tout à coup, je me suis sentie très triste.
- C'était un papillon mort ?
- Non, vivant, mais c'était comme si moi j'étais déjà morte.
- Symboliquement, les papillons sont liés à la mort. Est-ce cela que tu veux dire ?
- Non. Je ne connais rien à ces choses dont tu parles si souvent sans que je puisse vraiment les comprendre, mais de toute façon ce n'est pas de cela qu'il s'agissait.
- Il s'agissait d'un papillon jaune et vert, avec de petits yeux sur les ailes.
- Pas seulement.
- De quoi, alors ?
- Du papillon, mais aussi de tout ce qui meurt autour de nous. De tout ce qui meurt et de tout ce qui souffre autour de nous, sans toujours que nous le sachions.
- Pas uniquement le papillon ?
- Non. Toi. Moi. Ou encore des choses qu'on a aimées et qui ne sont plus, quoi qu'on puisse imaginer pour les faire revivre.
- Si je comprends bien, la question revient pour toi à savoir si je t'aime ?
- Tu as bien compris, même si je n'ai jamais su exprimer ce que je ressens.
- Tu t'es bien exprimée, au contraire.
- Est-ce que nous sommes en train de mourir ?
- Nous sommes en train de mourir.
- Je voudrais que tu saches une chose.
- Quoi encore ?
- C'est que je n'ai jamais vu de papillon jaune et vert.
- Je le savais.
Louis Calaferte.
"Memento Mori"
22:00 Publié dans Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, lyon | Facebook | Imprimer
jeudi, 22 janvier 2009
Victor et François
C'est l'histoire d'un compagnonnage au-delà de la mort : celui de Victor Segalen et de François Cheng. Deux passeurs marchant en sens inverse.
Victor Segalen breton, médecin, poète et voyageur. Il va parcourir la Chine de 1908 à 1918 avant de décéder en 1919.
Par amour pour cette nation et cette civilisation il deviendra archéologue et conduira des recherches et des fouilles sur la dynastie Han. Son recueil de poèmes "Stèles" est un hymne à la Chine.
Cité violette interdite |
"Elle est bâtie à l'image de Pei-king, capitale du Nord, sous un climat chaud à l'extrême ou plus froid que l'extrême froid.
À l'entour, les maisons des marchands, l'hôtellerie ouverte à tout le monde avec ses lits de passage ses mangeoires et ses fumiers.
En retrait, l'enceinte hautaine, la Conquérante aux âpres remparts, aux redans, aux châteaux d'angles pour mes bons défenseurs.
Au milieu, cette muraille rouge, réservant au petit nombre son carré d'amitié parfaite.
Mais, centrale, souterraine et supérieure, pleine de palais, de lotus, mes eaux mortes, d'eunuques et de porcelaines, -- est ma Cité Violette interdite."
François Cheng est né chinois et est devenu français par amour de la culture française. Il a été admis à l'Académie française.
Poète, auteur de très beaux romans comme "Le dit de Tyany", traducteur, essayiste.
Ils ne pouvaient que se rencontrer même si François Cheng est né en Chine dix ans après la mort de Segalen. C'est dans un livre de François Cheng que la rencontre avec Victor Segalen s'est produite.
"L'un vers l'autre" est le tite de cet ouvrage. François découvre sa Chine à travers les mots de Victor. Voyage commun, main l'un vers l'autre, le breton et le chinois.
François comprend la poésie de Victor.
"Avant que ne s'achève le XXè siècle, il serait bon, n'est-ce pas, qu'ayant fait le parcours inverse, quelqu'un venu de l'Orient extrême vienne saluer le poète en sa terre natale, en ce "finistère" de l'Occident extrême."
Ce que François admire chez Victor c'est sa confrontation avec le réel, la géographie chinoise si dure au voyageur que Victor a affronté parfois au péril de sa vie. Comme cette descente en sempan, bateau fragile, dans les gorges du Yang-Tse dont les remous sont mortels. (à ce jour ils ne le sont plus depuis le barrage des Trois-Gorges)
"Cette espèce de mythologie géographique (ou dynamisme universel), Segalen l'a sentie très fort et fait entrer dans sa propre vision."
Le poète se laisse transformer par la terre chinoise. L'homme des bords de mer découvre la puissance de la terre, les montagnes, lieux sacrés dans l'imaginaire chinois. Et surtout "Le fleuve". (Le Yang-Tse)
"Mais le Fleuve, par son existence fluidique, ordonnée, contenue, donnant l'impression de la Cause, du Désir, est accessible à tous les amants de la vie." écrit Victor et François lit : "À l'image du Fleuve, de nature à la fois Yin (douceur porteuse) et yang (écoulement puissant), il a vu au travers d'un combat proprement sexuel, sa propre double nature, mausculine et féminine, pleinement révélée".
François a été bouleversé par les écrits de Victor sur ses voyages en Chine. Lui-même s'est senti, dans les années soixante, quand la Chine était fermée au monde, en exil en France ayant perdu l'espoir d'y retourner un jour. Les livres de Victor lui ont évité de sombrer dans la dépression. Grâce à lui il retrouvait son pays et découvrait des régions qu'il n'avait jamais visitées. Et il conclut.
"Je venais de faire le même voyage que Segalen, sous une forme autre, et que ce qui me semblait à jamais hors d'atteinte m'était offert sans réserve.Toute nostalgie évanouie, je me suis senti réconcilié avec la terre de France qui m'avait accueilli."
18:32 Publié dans Âme chinoise | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : littérature, chine, vive la vie, lyon | Facebook | Imprimer