dimanche, 21 octobre 2012
Dans la maison... de Lucchini
Un immense bonheur ce dernier film de François Ozon "Dans la maison". Histoire très juste entre un professeur de Lettres et son élève doué d'un talent pour écrire... Cela devient tellement rare que l'enseignant décide d'accompagner l'adolescent dans cette aventure de l'écriture. Ecrire conduit à transgresser : on le découvre assez vite dans la mesure où maître et élève s'engagent dans la voie du socialement incorrect en pénétrant dans la vie d'une famille de classe moyenne.D'ailleurs ette famille perd son identité en tant que famille et devient objet littéraire de sorte qu'on ne sait plus qui sont réellement ces personnages puisqu'on ne les voit plus qu'à travers celui qui les décrit.
Qu'importe.
Ce n'est pas d'eux qu'il est question mais de l'acte d'écrire, de l'origine de la littérature.
Or nous sommes dans un temps qui n'aime pas la Littérature et rejette ce qu'elle a de dérangeant. Une époque nihiliste où l'art, représenté par l'épouse du professeur de Lettres, n'est que marchandise.
Oui la Littérature est voyeurisme et exhibitionnisme : mais transcendés par l'art. Curieusement à une époque où la téléréalité expose les histoires les plus intimes sur un média grand public, on parle de manipulation quand un apprenti écrivain s'invite dans une famille au nom de l'art.
Oui la Littérature répond à des manques.
Pour moi c'est le message du film d'Ozon. Le maître comme l'élève souffrent et comblent leur vide : absence de famille pour l'adolescent, échec de l'écriture pour l'enseignant.
J'ai eu la chance, et l'ai déjà évoqué ici, de faire une expérience d'écriture avec un groupe d'élèves. Ils avaient apporté leur imagination fabuleuse et moi ma modeste plume. Expérience passionnante... Le roman policier devant être publié (il est à ce jour épuisé) j'avais fixé comme contrainte : on ne règle pas ses comptes avec les professeurs lesquels avaient majoritairement acheté le livre par souscription. Ils avaient joué le jeu en ne choisissant que des enseignants qu'ils appréciaient... ce qui ne les avait pas empêchés de se défouler en leur attribuant des aventures invraisemblables.
Observer à travers mes élèves l'acte d'écrire avait été passionnant car j'avais découvert à quel point ces auteurs amateurs mettaient d'eux-mêmes dans des personnages à l'origine bien réels.
Je me demande souvent ce qu'ils sont devenus... des adultes honorables bien installés dans une vie de famille banale... mais ils auront eu cette lucarne de lumière à travers laquelle ils auront envisagé l'existence autrement.
10:35 Publié dans Ciné-club, Coups de coeur, Souvenirs de prof | Lien permanent | Commentaires (10) | Facebook | Imprimer
mercredi, 17 octobre 2012
C'était notre terre...
Je ne ferai pas le compte-rendu de notre première rencontre littéraire à Saint-Bonaventure qui a réuni une quarantaine de personnes... Rencontre de qualité selon les participants : présentation approfondie du livre de Matthieu Belezi, lecture captivante par le directeur de l'ENSATT, Thierry Pariente et témoignage très émouvant d'une amie qui était rentrée d'Algérie à quinze ans en 1962.
Je vous partage ce message d'une amie d'origine algérienne qui a été professeur d'anglais à Lyon.
09:05 Publié dans Chronique lyonnaise, Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | Imprimer
lundi, 01 octobre 2012
Un livre, un témoin
Après la fermeture des Xanthines, j'ai retrouvé un lieu pour organiser des rencontres littéraires.
A l'église Saint-Bonaventure
Place des cordeliers
rencontre littéraire
"Un livre, un témoin".
Le 15 octobre 2012
à 18 heures 30
nous présenterons le livre de Matthieu Belezi
"C'était notre terre"
avec pour témoin
une Française d'Algérie.
Lectures par Thierry Pariente
directeur de l'ENSATT.
18:40 Publié dans Chronique lyonnaise | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | Imprimer
vendredi, 28 septembre 2012
Qu'en penserait Darwin ?
Je vous laisse méditer ayant peu de temps pour bloguer !
à bientôt
10:06 Publié dans Image du jour | Lien permanent | Commentaires (8) | Facebook | Imprimer
samedi, 15 septembre 2012
Le tin derri (Arrière-saison)
C'est le temps de paix qui suit la récolte. On peut s'asseoir sur le vieux banc sans appréhension pour le lendemain, laisser son esprit aller où il veut, contempler la montagne sans avoir à y deviner les prémices de l'orage, se donner au vent qui tout à coup s'est fait sage, comme s'il voulait s'excuser d'avoir tant fait de peur que de mal.
-Tu viens te coucher ? dira la femme.
- Attends un peu !
A-t-elle bien compris que dans le soir qui tombe, un corps endolori s'abandonne ?Il faut ne rien dire , ne rien penser, ne rien répondre... Le chaume ne regrette pas ses épis, l'arbre ne souviendra bientôt plus de ses feuilles... L'oiseau lui-même s'est tu : il sait, lui, que le moment est court entre l'été et l'hiver, qu'il faut savourer ce moment béni où on peut être personne pour une fois, fermer les yeux sans dormir, écouter sans entendre, être fou avec lucidité, ivre sans boire, heureux sans joie, amoureux sans amour...
09:57 Publié dans Chronique lyonnaise, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook | Imprimer
lundi, 10 septembre 2012
Le doute est au coeur de la spiritualité
Plus je vieillis, plus je doute... Compte-tenu de mon âge avancé, cela n'est pas sans m'inquiéter. Où sont donc passées les belles, fières et parfois arrogantes certitudes de mes vingt ou trente ans ? Heureusement une exposition prochaine à Lyon dans un lieu d'art que j'aime, car il se distingue des galeries habituelles, devrait nous rappeler que le doute est indispensable au cheminement de la vie. Michel Durand, prêtre et commissaire de cette exposition le confirme : "la spiritualité et le doute sont inséparables." Montaigne en avait fait le coeur de sa philosophie et il savait de quoi il parlait : en ces temps de guerres de religion c'est au nom des certitudes que les hommes s'entretuaient. Pour moi le doute n'exclut pas les convictions, au contraire ! C'est parce qu'on a des convictions qu'on cherche la meilleure manière de les mettre en pratique...
Donc je me rassure : le doute n'est pas lié à la sénilité... peut-être à La Sagesse.
Vernissage Jeudi 13 septembre
à 18 heures.
Galerie Confluences Saint-Polycarpe
25 rue Leynaud (entrée rue Mermet)
Lyon
17:10 Publié dans Au jour le jour, Passages vers... | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook | Imprimer
mercredi, 05 septembre 2012
A perdre la raison...
Les réalisateurs belges ont vraiment le génie du cinéma réaliste.
Dès le début de"A perdre la raison" de Joachim Lafosse, dès le générique noir et blanc comme un faire-part mortuaire, dès la première image où des cercueils blancs sont embarqués dans la soute d'un avion après qu'une femme a murmuré sur son lit d'hôpital "il faut les enterrer au Maroc", on sait qu'il s'agit d'une tragédie.
Inspiré d'un fait-divers , l'histoire retrace la descente aux enfers d'une jeune femme sensible et très fragile qui commet l'irréparable sous l'emprise d'une terrible dépression. Son interprète, Emilie Dequenne, mérite largement ce premier prix d'interprétation féminine qu'elle a obtenu à Cannes. Et pourtant plus de la moitié du film se passe dans une ambiance "tout va bien". Les événements familiaux s'enchaînent mariage, naissances, vacances dans un bonheur apparent. Le film bascule dans l'horreur, on le sait et on l'attend. Une petite musique funèbre vient ponctuer cette progression. La mort approche, elle devient palpable.
"La famille est le lieu de toutes les violences" nous avait dit un animateur du festival de cinéma de La Salette à propos du film "Incendies". Pour Joachim Lafosse c'est particulièrement vrai... Elle est introduite par un homme au-dessus de tout soupçon : médecin aisé -formidable Niels Arestrup- il ne fait que le bien... Il adopte un jeune Marocain, aide et protège. Le problème ainsi posé est celui du bienfaiteur... Jusqu'où peut aller un bienfaiteur sans devenir destructeur ? A la sortie du cinéma j'ai échangé quelques impressions avec une spectatrice qui avait vu dans ce personnage un homme de pouvoir pervers. Pour moi c'est peut-être plus complexe. En tout cas on peut s'interroger sur le besoin de pouvoir qui anime la volonté de faire le bien...
On sort du film KO mais il vaut la peine.
16:55 Publié dans Ciné-club | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | Imprimer