Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 21 octobre 2012

Dans la maison... de Lucchini

120928DDM804-600x337.jpg

Un immense bonheur ce dernier film de François Ozon "Dans la maison". Histoire très juste entre un professeur de Lettres et son élève doué  d'un talent  pour écrire... Cela devient tellement rare que l'enseignant décide d'accompagner l'adolescent dans cette  aventure de l'écriture. Ecrire conduit à transgresser : on le découvre assez vite dans la mesure où maître et élève  s'engagent dans la voie du socialement incorrect en pénétrant dans la vie d'une famille de classe moyenne.D'ailleurs ette famille perd son identité en tant que famille et devient objet littéraire de sorte qu'on ne sait plus qui sont réellement ces personnages puisqu'on ne les voit plus qu'à travers celui  qui les décrit.

Qu'importe.

Ce n'est pas d'eux qu'il est question mais de l'acte d'écrire,  de l'origine de la littérature.

Or nous sommes dans un temps qui n'aime pas la Littérature et rejette ce qu'elle a de dérangeant. Une époque nihiliste où l'art, représenté par l'épouse du professeur de Lettres, n'est que marchandise.

Oui la Littérature est voyeurisme et exhibitionnisme : mais transcendés par l'art. Curieusement à une époque où la téléréalité expose les histoires les plus intimes sur un média grand public, on parle de manipulation quand un apprenti écrivain s'invite dans une famille au nom de l'art.

Oui la Littérature répond  à des manques.

Pour moi c'est le message du film d'Ozon. Le maître comme l'élève souffrent et comblent leur vide : absence de famille pour l'adolescent, échec de l'écriture pour l'enseignant.

J'ai eu la chance, et l'ai déjà évoqué ici, de faire une expérience d'écriture avec un groupe d'élèves. Ils avaient apporté leur imagination fabuleuse et moi ma modeste plume. Expérience passionnante... Le roman policier devant être publié (il est à ce jour épuisé) j'avais fixé comme contrainte : on ne règle pas ses comptes avec les professeurs lesquels avaient majoritairement acheté le livre par souscription. Ils avaient  joué le jeu en ne choisissant que des enseignants qu'ils appréciaient... ce qui ne les avait pas empêchés de se défouler en leur attribuant des aventures invraisemblables.

Observer à travers mes élèves  l'acte d'écrire avait été passionnant car j'avais découvert à quel point ces auteurs amateurs mettaient d'eux-mêmes dans des personnages à l'origine bien réels.

Je me demande souvent ce qu'ils sont devenus... des adultes honorables  bien installés dans une vie de famille banale... mais ils auront eu cette lucarne de lumière à travers laquelle ils auront envisagé l'existence autrement.

 

1772540_7_2a6b_ernst-umhauer-et-fabrice-luchini-dans-une-scene_433e44dc5a6beef91ef6a2671e0b298e.jpg


mercredi, 17 octobre 2012

C'était notre terre...

Je  ne ferai pas le compte-rendu de notre première rencontre littéraire à Saint-Bonaventure qui a réuni une quarantaine de personnes... Rencontre de qualité selon les participants : présentation approfondie du livre de Matthieu Belezi, lecture captivante par le directeur de l'ENSATT, Thierry Pariente et témoignage très émouvant d'une amie qui était rentrée d'Algérie à quinze ans en 1962. 

Je vous partage ce message d'une amie d'origine algérienne qui a été professeur d'anglais à Lyon.

Un grand merci pour cette soirée très intéressante que j'ai beaucoup appréciée.La lecture comme le commentaire étaient de grande qualité, ils m'ont permis tous deux de mieux percevoir ce livre foisonnant.
la lecture , très libre était vraiment enrichissante.
le témoignage de ton amie 
était très émouvant et les remarques de part et d'autre m'ont permis de voir les différences de perception des lecteurs.
pour ma part, j'ai mis plus d'une heure pour arriver car le tramway T3 ne marche pas en ce moment et d'arriver ainsi en retard m'a contrarié et  je me suis retrouvée un peu en marge du groupe.
En plus, je n'ai pas eu le temps de finir le livre et je n'avais pas assez de recul pour prendre la parole et pourtant ma perception du livre était différente de celles que j'ai entendues.
Je te remercie de m'avoir donnée l'occasion de lire ce livre qui tant dans sa forme que dand le fond nous permet d'approcher un tant soit peu par la fiction de la tragédie de cette terre qui a connu tant de" colonisations"successives, victime de sa beauté et de sa richesse.
La  forme de narration chorale, ainsi que la ponctuation très lâche ont à voir avec l'appât que représente cette terre pour l'avidité des hommes qui de tous les  temps ont voulu la conquérir et l'asservir pour satisfaire leur besoin de puissance.
La narration de Fatima  occupe le centre du roman, elle est en quelque sorte l'allégorie de l'Algérie, belle, attirante et éprise de liberté mais sans cesse muselée par le désir des hommes qui ne cherchent  qu'à la conquérir et la posséder.Elle qui pouvait tant donner  sera stérile par leurs fautes, n'ayant jamais été fécondée par quiconque et ne donnera aucun fruit, s'adaptant aux rôles que les hommes lui donneront .
Les autres personnages sont bien campés sauf celui de Marie-Claire que je perçois comme confus et monstrueux.
Ce livre m'a fait penser immédiatement au livre de William Faulkner " Le bruit et la fureur", il en reflète le même thème ainsi que la structure.
mis à part le personnage de Antoine , que je n'ai pas encore lu, et à l'exception de Fatima, tous les personnages manquent du sentiment de l'altérité, peut-être le sentiment qui a manqué le plus à tous les personnages fictifs ou réels qui ont eu un rapport avec cette terre.
A la veille de mon départ pour l'Algérie, je me rends compte que cette terre est toujours victime des hommes qui veulent la prendre et la posséder pour eux-mêmes sans savoir la rendre belle et épanouie.L'Algérie d'aujourd'hui est toujours muselée et  éprise de liberté, elle continue de voir passer les hommes et le sang continue toujours de couler de façon aussi tragique que dans le passé.
"C'était notre terre" dit le titre qui reprend le credo des premiers colons, dans ce titre il y a de la nostalgie face à la perte de la terre, de l'amertume mais aussi de l'ironie et de l'arrogance car la terre appartient à ceux qui la travaillent, à ceux qui l'aiment.En vérité pour moi la terre n'appartient à personne, elle est à nous tous en prêt jusqu'aux générations suivantes , à condition de savoir la faire fructifier tous ensemble.En cela et au delà du problème de l'Algérie, ce livre traite d'un thème universel, du rapport des hommes avec leurs terres et leurs environnements par delà les générations.

lundi, 01 octobre 2012

Un livre, un témoin

Après la fermeture des Xanthines, j'ai retrouvé un lieu pour organiser des rencontres littéraires. 

120px-Vitrail-eglise-saint-bonaventure.jpg

A l'église Saint-Bonaventure

Place des cordeliers

rencontre littéraire

"Un livre, un témoin".

Le 15 octobre 2012

à 18 heures 30

nous présenterons le livre de Matthieu Belezi

"C'était notre terre"

avec pour témoin

une Française d'Algérie.

Lectures par Thierry Pariente

directeur de l'ENSATT.

 

41Pmck-gnNL._SL500_AA300_.jpg



vendredi, 28 septembre 2012

Qu'en penserait Darwin ?

pkx1ozwi.jpg

Je vous laisse méditer ayant peu de temps pour bloguer ! 

à bientôt

samedi, 15 septembre 2012

Le tin derri (Arrière-saison)

C'est le temps de paix qui suit la récolte. On peut s'asseoir sur le vieux banc sans appréhension pour le lendemain, laisser son esprit aller où il veut, contempler la montagne sans avoir à y deviner les prémices de l'orage, se donner au vent qui tout à coup s'est fait sage, comme s'il voulait s'excuser d'avoir tant fait de peur que de mal.

 

-Tu viens te coucher ? dira la femme.

- Attends un peu !

A-t-elle bien compris que dans le soir qui tombe, un corps endolori s'abandonne ?Il faut ne rien dire , ne rien penser, ne rien répondre... Le chaume ne regrette pas ses épis, l'arbre ne souviendra bientôt plus de ses feuilles... L'oiseau lui-même s'est tu : il sait, lui, que le moment est court entre l'été et l'hiver, qu'il faut savourer ce moment béni où on peut être personne pour une fois, fermer les yeux sans dormir, écouter sans entendre, être fou avec lucidité, ivre sans boire, heureux sans joie, amoureux sans amour...

 

 

Bernard-Dominique Lacroix

 

Meule-de-Foin-A2.jpg


lundi, 10 septembre 2012

Le doute est au coeur de la spiritualité

78867060_p.jpg


Plus je vieillis, plus je doute... Compte-tenu de mon âge avancé, cela n'est pas sans m'inquiéter. Où sont donc passées les belles, fières et parfois arrogantes certitudes de mes vingt ou trente ans ? Heureusement une exposition prochaine à Lyon dans un lieu d'art que j'aime, car il se distingue des galeries habituelles, devrait nous rappeler  que le doute est indispensable au cheminement de la vie. Michel Durand, prêtre et commissaire de cette exposition le confirme : "la spiritualité et le doute sont inséparables." Montaigne en avait fait le coeur de sa philosophie et il savait de quoi il parlait : en ces temps de guerres de religion c'est au nom des certitudes que les hommes s'entretuaient. Pour moi le doute n'exclut pas les convictions, au contraire ! C'est parce qu'on a des convictions qu'on cherche  la meilleure manière de les mettre en pratique...

Donc je me rassure : le doute n'est pas lié à la sénilité... peut-être à La Sagesse.

Vernissage Jeudi 13 septembre

à 18 heures.

Galerie Confluences Saint-Polycarpe

25 rue Leynaud (entrée rue Mermet)

Lyon

mercredi, 05 septembre 2012

A perdre la raison...

Les réalisateurs belges ont vraiment le génie du cinéma réaliste.

Dès le début de"A perdre la raison"  de Joachim Lafosse, dès le générique noir et blanc comme un faire-part mortuaire, dès la première image où des cercueils blancs sont embarqués dans la soute d'un avion après qu'une femme a murmuré sur son lit d'hôpital "il faut les enterrer au Maroc", on sait qu'il s'agit d'une tragédie.

Inspiré d'un fait-divers , l'histoire retrace la descente aux enfers d'une jeune femme sensible et très fragile qui commet l'irréparable sous l'emprise d'une terrible dépression. Son interprète, Emilie Dequenne, mérite largement ce premier prix d'interprétation féminine qu'elle a obtenu à Cannes. Et pourtant plus de la moitié du film se passe dans une ambiance "tout va bien". Les événements familiaux s'enchaînent mariage, naissances, vacances dans un bonheur apparent. Le film bascule dans l'horreur, on le sait et on l'attend. Une petite musique funèbre vient ponctuer cette progression. La mort approche, elle devient palpable. 

"La famille est le lieu de toutes les violences" nous avait dit un animateur du festival de cinéma de La Salette à propos du film "Incendies". Pour Joachim Lafosse c'est particulièrement vrai... Elle est introduite par un homme au-dessus de tout soupçon : médecin aisé -formidable Niels Arestrup- il ne fait que le bien... Il adopte un jeune Marocain, aide et protège. Le problème ainsi posé est celui du bienfaiteur... Jusqu'où peut aller un bienfaiteur sans devenir destructeur ? A la sortie du cinéma j'ai échangé quelques impressions avec une spectatrice qui avait vu dans ce personnage un homme de pouvoir pervers. Pour moi c'est peut-être plus complexe. En tout cas on peut s'interroger sur le besoin de pouvoir qui anime la volonté de faire le bien...

On sort du film KO mais il vaut la peine.

 

1698936_7_5b00_tahar-rahim-et-emilie-dequenne-dans-le-film_c6e803eb2fec9483e672a5817a647277-1.jpg