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vendredi, 09 novembre 2012

Peut-on parler d'amour ?

Le film de Haneke mérite-t-il son titre ? Palme d'or au festival de Cannes il mérite en  sa récompense, mais on ce qui concerne le titre on peut s'interroger. C'est un film impressionnant même si pour ma part j'avais préféré "Le Ruban blanc".

On connaît l'histoire : un couple en fin de vie. Elle -Emmanuelle Riva- ancienne professeure de musique, se retrouve très handicapée suite à un AVC. Il la soigne, chez lui, "avec amour". Toute la question est là : ce dévouement maladroit et incompétent est-il de l'amour ? L'amour ne serait-il pas d'avoir recours à ceux dont c'est le métier ? C'est ce que soulignait dans un débat auquel j'ai participé un cinéphile également médecin. Ce qui m'est apparu dans ce film, et ce qui correspond pour moi à une conviction profonde, c'est que la fin de vie est conforme à l'existence qu'on a menée auparavant. On ne se retrouve pas par hasard enfermé dans l'isolement à plus de 80 ans. Isabelle Huppert joue superbement le rôle de la fille unique, éjectée de la vie de ses parents, soulignant à quel point ils  forment un couple égoïste et fusionnel, replié sur lui-même, tenant avec mépris à distance le monde extérieur... En cela ce film est une leçon à méditer. 

Toute mon admiration pour ces magnifiques interprètes que sont Trintignant et Riva : le film mérite d'être vu pour saluer leur travail... Et on peut se demander ce qu'éprouvent des comédiens qui jouent leur réalité : celle de la vieillesse. 

 

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mercredi, 31 octobre 2012

Devoir de mémoire

Je pars en Haute-Savoie pour le devoir de mémoire traditionnel. Rite que j'accomplis avec joie. Au cimetière, je connais tout le monde... Je les vois, tous ceux qui ont entouré mon enfance, je peux leur parler. Le dernier défunt a été un compagnon de jeux. Mais quand je parcours les rues, je ne connais plus personne. Voilà pourquoi je préfère le cimetière...

La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse,
Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,
Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.
Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,
Et quand octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,
Certes, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,
Tandis que, dévorés de noires songeries,
Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,
Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver
Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.

Baudelaire

La servante au grand coeur

dimanche, 21 octobre 2012

Dans la maison... de Lucchini

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Un immense bonheur ce dernier film de François Ozon "Dans la maison". Histoire très juste entre un professeur de Lettres et son élève doué  d'un talent  pour écrire... Cela devient tellement rare que l'enseignant décide d'accompagner l'adolescent dans cette  aventure de l'écriture. Ecrire conduit à transgresser : on le découvre assez vite dans la mesure où maître et élève  s'engagent dans la voie du socialement incorrect en pénétrant dans la vie d'une famille de classe moyenne.D'ailleurs ette famille perd son identité en tant que famille et devient objet littéraire de sorte qu'on ne sait plus qui sont réellement ces personnages puisqu'on ne les voit plus qu'à travers celui  qui les décrit.

Qu'importe.

Ce n'est pas d'eux qu'il est question mais de l'acte d'écrire,  de l'origine de la littérature.

Or nous sommes dans un temps qui n'aime pas la Littérature et rejette ce qu'elle a de dérangeant. Une époque nihiliste où l'art, représenté par l'épouse du professeur de Lettres, n'est que marchandise.

Oui la Littérature est voyeurisme et exhibitionnisme : mais transcendés par l'art. Curieusement à une époque où la téléréalité expose les histoires les plus intimes sur un média grand public, on parle de manipulation quand un apprenti écrivain s'invite dans une famille au nom de l'art.

Oui la Littérature répond  à des manques.

Pour moi c'est le message du film d'Ozon. Le maître comme l'élève souffrent et comblent leur vide : absence de famille pour l'adolescent, échec de l'écriture pour l'enseignant.

J'ai eu la chance, et l'ai déjà évoqué ici, de faire une expérience d'écriture avec un groupe d'élèves. Ils avaient apporté leur imagination fabuleuse et moi ma modeste plume. Expérience passionnante... Le roman policier devant être publié (il est à ce jour épuisé) j'avais fixé comme contrainte : on ne règle pas ses comptes avec les professeurs lesquels avaient majoritairement acheté le livre par souscription. Ils avaient  joué le jeu en ne choisissant que des enseignants qu'ils appréciaient... ce qui ne les avait pas empêchés de se défouler en leur attribuant des aventures invraisemblables.

Observer à travers mes élèves  l'acte d'écrire avait été passionnant car j'avais découvert à quel point ces auteurs amateurs mettaient d'eux-mêmes dans des personnages à l'origine bien réels.

Je me demande souvent ce qu'ils sont devenus... des adultes honorables  bien installés dans une vie de famille banale... mais ils auront eu cette lucarne de lumière à travers laquelle ils auront envisagé l'existence autrement.

 

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mercredi, 17 octobre 2012

C'était notre terre...

Je  ne ferai pas le compte-rendu de notre première rencontre littéraire à Saint-Bonaventure qui a réuni une quarantaine de personnes... Rencontre de qualité selon les participants : présentation approfondie du livre de Matthieu Belezi, lecture captivante par le directeur de l'ENSATT, Thierry Pariente et témoignage très émouvant d'une amie qui était rentrée d'Algérie à quinze ans en 1962. 

Je vous partage ce message d'une amie d'origine algérienne qui a été professeur d'anglais à Lyon.

Un grand merci pour cette soirée très intéressante que j'ai beaucoup appréciée.La lecture comme le commentaire étaient de grande qualité, ils m'ont permis tous deux de mieux percevoir ce livre foisonnant.
la lecture , très libre était vraiment enrichissante.
le témoignage de ton amie 
était très émouvant et les remarques de part et d'autre m'ont permis de voir les différences de perception des lecteurs.
pour ma part, j'ai mis plus d'une heure pour arriver car le tramway T3 ne marche pas en ce moment et d'arriver ainsi en retard m'a contrarié et  je me suis retrouvée un peu en marge du groupe.
En plus, je n'ai pas eu le temps de finir le livre et je n'avais pas assez de recul pour prendre la parole et pourtant ma perception du livre était différente de celles que j'ai entendues.
Je te remercie de m'avoir donnée l'occasion de lire ce livre qui tant dans sa forme que dand le fond nous permet d'approcher un tant soit peu par la fiction de la tragédie de cette terre qui a connu tant de" colonisations"successives, victime de sa beauté et de sa richesse.
La  forme de narration chorale, ainsi que la ponctuation très lâche ont à voir avec l'appât que représente cette terre pour l'avidité des hommes qui de tous les  temps ont voulu la conquérir et l'asservir pour satisfaire leur besoin de puissance.
La narration de Fatima  occupe le centre du roman, elle est en quelque sorte l'allégorie de l'Algérie, belle, attirante et éprise de liberté mais sans cesse muselée par le désir des hommes qui ne cherchent  qu'à la conquérir et la posséder.Elle qui pouvait tant donner  sera stérile par leurs fautes, n'ayant jamais été fécondée par quiconque et ne donnera aucun fruit, s'adaptant aux rôles que les hommes lui donneront .
Les autres personnages sont bien campés sauf celui de Marie-Claire que je perçois comme confus et monstrueux.
Ce livre m'a fait penser immédiatement au livre de William Faulkner " Le bruit et la fureur", il en reflète le même thème ainsi que la structure.
mis à part le personnage de Antoine , que je n'ai pas encore lu, et à l'exception de Fatima, tous les personnages manquent du sentiment de l'altérité, peut-être le sentiment qui a manqué le plus à tous les personnages fictifs ou réels qui ont eu un rapport avec cette terre.
A la veille de mon départ pour l'Algérie, je me rends compte que cette terre est toujours victime des hommes qui veulent la prendre et la posséder pour eux-mêmes sans savoir la rendre belle et épanouie.L'Algérie d'aujourd'hui est toujours muselée et  éprise de liberté, elle continue de voir passer les hommes et le sang continue toujours de couler de façon aussi tragique que dans le passé.
"C'était notre terre" dit le titre qui reprend le credo des premiers colons, dans ce titre il y a de la nostalgie face à la perte de la terre, de l'amertume mais aussi de l'ironie et de l'arrogance car la terre appartient à ceux qui la travaillent, à ceux qui l'aiment.En vérité pour moi la terre n'appartient à personne, elle est à nous tous en prêt jusqu'aux générations suivantes , à condition de savoir la faire fructifier tous ensemble.En cela et au delà du problème de l'Algérie, ce livre traite d'un thème universel, du rapport des hommes avec leurs terres et leurs environnements par delà les générations.

lundi, 01 octobre 2012

Un livre, un témoin

Après la fermeture des Xanthines, j'ai retrouvé un lieu pour organiser des rencontres littéraires. 

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A l'église Saint-Bonaventure

Place des cordeliers

rencontre littéraire

"Un livre, un témoin".

Le 15 octobre 2012

à 18 heures 30

nous présenterons le livre de Matthieu Belezi

"C'était notre terre"

avec pour témoin

une Française d'Algérie.

Lectures par Thierry Pariente

directeur de l'ENSATT.

 

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vendredi, 28 septembre 2012

Qu'en penserait Darwin ?

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Je vous laisse méditer ayant peu de temps pour bloguer ! 

à bientôt

samedi, 15 septembre 2012

Le tin derri (Arrière-saison)

C'est le temps de paix qui suit la récolte. On peut s'asseoir sur le vieux banc sans appréhension pour le lendemain, laisser son esprit aller où il veut, contempler la montagne sans avoir à y deviner les prémices de l'orage, se donner au vent qui tout à coup s'est fait sage, comme s'il voulait s'excuser d'avoir tant fait de peur que de mal.

 

-Tu viens te coucher ? dira la femme.

- Attends un peu !

A-t-elle bien compris que dans le soir qui tombe, un corps endolori s'abandonne ?Il faut ne rien dire , ne rien penser, ne rien répondre... Le chaume ne regrette pas ses épis, l'arbre ne souviendra bientôt plus de ses feuilles... L'oiseau lui-même s'est tu : il sait, lui, que le moment est court entre l'été et l'hiver, qu'il faut savourer ce moment béni où on peut être personne pour une fois, fermer les yeux sans dormir, écouter sans entendre, être fou avec lucidité, ivre sans boire, heureux sans joie, amoureux sans amour...

 

 

Bernard-Dominique Lacroix

 

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