jeudi, 15 mars 2012
Printemps des poètes : au coeur de la douleur...
à tous ceux qui aujourd'hui sont contraints à prendre la route de l'exil...
"...dans le monde y a tant de douleurs humaines qu'il n'y aura jamais assez de poètes pour les dire. Quand le peuple républicain est arrivé à la frontière française, le poète Antonio Machado traînait la patte. Pour avancer il s'appuyait sur sa mère. Avant d'atteindre la Jonquera, la plus grande philosophe espagnole du XXè siècle, Maria Zambrano, fit arrêter sa voiture et proposa à la mère et au fils de poursuivre la route avec elle. Machado refusa. Maria descendit de voiture et termina la route à pied. Avec eux Machado avait décidé de partager le malheur de son peuple jusqu'au bout. Collioure fut son lit de mort. Au même moment à Villequiers, le monument de Victor Hugo était barbouillé de goudron par des inconnus."
Juan Manuel Florensa, dernières pages de " Les mille et un jours des Cuevas".
Clin d'oeil à ma soeur qui travaille sur Maria Zambrano...
Antonio Machado et Maria Zambrano...
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mardi, 13 mars 2012
Les Mille et un jours des Cuevas
Surprenant de voir le fantastique se mettre au service de l’Histoire. L'auteur de ce roman, Juan Manuel Florensa, lui-même fils de réfugiés républicains espagnols, raconte l’histoire d’un jeune homme possédant le don de revivre des événements historiques qui lui sont inconnus. C’est ainsi qu’il part à la recherche de l’histoire de sa famille en grande partie décimée par le franquisme. Hébergé par son grand-père, il retrouve la douloureuse histoire des républicains espagnols, plus spécialement des anarchistes.
La particularité de cette page de l’Histoire espagnole est … qu’elle n’a pas encore été écrite ou si peu. Une chape de silence a recouvert l’Espagne jusqu’en 1975. Pendant « nos » Trente glorieuses, on a continué en Espagne à torturer et à emprisonner. Ensuite les Espagnols ont voulu rejoindre le reste de l’Europe plutôt que d’activer leur mémoire. Et tous ces non-dits accumulés de part et d’autre de la frontière continuent de faire des ravages.
Cette page d’histoire, on la découvre ainsi à travers la vie des quatre générations de la famille Cuevas… Un arrière-grand-père sauvagement massacré, son fils Antonio qui après s’être battu avec les Républicains a connu l’exil qu'il commence par le camp de concentration d’Argelès : c’était en France et en 1939… Tristement prémonitoire… On ne sait pas grand-chose de son fils soucieux d’intégration et de réussite sociale mais c’est le petit-fils, Régis, qui ouvre grandes les portes de la Mémoire…
Bien que passionnant ce roman historique est destiné aux lecteurs persévérants car l’écriture de ce gros livre est difficile et parfois déroutante. Tantôt sobre et poétique, tantôt boursouflée en se voulant épique, parfois ordurière : bref déconcertante !
http://www.facebook.com/pages/Les-mille-et-un-jours-des-C...
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lundi, 12 mars 2012
Printemps des poètes : qu'est-ce que la poésie ?
Toujours de Jean-Pierre Lemaire, ce texte court et très touchant... Je n'ai pas osé le publier le 8 mars : journée de la femme oblige !
Pourtant, comment ne pas être émerveillé par cette simple image des grains de poussière dans un rayon de soleil ? Dans l'Antiquité déjà Démocrite semble y avoir été sensible !
La ménagère
Quand elle a fini de cirer les meubles
d'essuyer les vases, le dos des vieux livres,
elle s'assied la tête vide.
Les grains de lumière ont partout remplacé
les grains de poussière
mais qui verra la différence ?
Le soleil seul
la félicite.
Jean-Pierre Lemaire
Jeanmi, s'interroge et nous interroge, dans un récent commentaire, sur le lien entre qualité de l'écriture et notoriété de l'éditeur : vaste question à laquelle il suggère d'ailleurs sa réponse.
À MON TOUR DE VOUS INTERROGER : QUELLE EST POUR VOUS LA VRAIE POÉSIE, CELLE QUE VOUS AVEZ VRAIMENT ENVIE DE LIRE ?
10:36 Publié dans Au jour le jour, Coups de coeur, Passages vers... | Lien permanent | Commentaires (9) | Facebook | Imprimer
vendredi, 02 mars 2012
Le printemps des poètes
Le printemps des poètes
Mars est, on le sait, le mois de la poésie.
Belle occasion de lire les poètes d’aujourd’hui…
J'ai découvert récemment Jean-Pierre Lemaire à lire absolument.
Son dernier recueil, « Figure humaine » porte bien son nom : on découvre une poésie incarnée dans le temps présent, dans la vie réelle. Ici pas de métaphores abstraites et stériles… Il y a des hommes, des femmes, des fleurs, le rythme des saisons… La relation à l’Autre est instaurée par le « tu » : on est dans le dialogue…Le rythme est paisible, serein les mots cheminent et prennent leur temps.
La poésie de Jean-Pierre Lemaire est également profondément imprégnée de spiritualité sans être dans le religieux.
Pour célébrer mars et la poésie, savourons le printemps de Jean-Pierre Lemaire.
"Assis au pied des choses,
Tu reprends doucement ton ancien métier
de musicien des rues :
tu notes les gouttes
capricieuses de mars
tombant du toit sur les jacinthes,
les oiseaux revenus,
la conversation des filles qui passent
avec leurs secrets.
Toutes les voix se posent
sur les balcons, les branchent, les fils parallèles
qui traversent ton cœur.
Toutes sont accordées.
Tu cherches des yeux au sommet des arbres,
Entre les nuages,
L’ange silencieux qui t’a rapporté
La mesure et la clé. »
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jeudi, 01 mars 2012
1er mars.
Aujourd'hui premier mars, c'est l'anniversaire de mon fils aîné...
Mais c'est pour nous plus souvent l'occasion d'évoquer cet ancien temps, où, avant le XVIème siècle, l'année commençait dans certaines régions, le 1er mars. C'est l'Édit de Roussillon qui a fixé le début de notre année au 1er janvier.
Roussillon est une petite commune de l'Isère où précisément nous habitions quand ce fils est né.
C'était au milieu des années 70. La ville vivait sous l'hégémonie paternaliste de Rhône-Poulenc, la très grande entreprise de Chimie dans laquelle mon mari travaillait. Plus de 2000 personnes étaient alors salariées de Rhône-Poulenc : pour une agglomération-Le Péage de Roussillon- qui à l'époque devait compter moins de 20 000 habitants c'était énorme. École, hôpital, stades, clubs sportifs : toute la ville était sous l'égide du géant de la chimie.
Château de Roussilon où fut signé l'Édit
Mais c'était la fin de l'âge d'or.
Choc pétrolier oblige, le coût du travail a commencé à peser et Rhône-Poulenc a procédé -dès 1972- aux premiers licenciements de sa branche textile : Rhodiacéta.
Les ouvriers ont occupé leur usine pendant plus de deux ans. En vain.
L'engin destructeur d'emplois s'était mis en place et ne s'est plus arrêté depuis.
11:31 Publié dans Au jour le jour, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (16) | Facebook | Imprimer
lundi, 27 février 2012
Les cris du cochon...
Suite à ma note sur l'abattage rituel, ma soeur m'a signalé une erreur : ma mémoire m'a trahie à propos des cris du cochon.
Ils étaient pourtant bien réels ces cris, oui mais...
Retour sur un souvenir.
Les cochons, entre novembre et janvier étaient tués à la fruitière, toute proche de notre petite école de campagne. Un matin, notre institutrice décida que nous irions "voir tuer le cochon" pour préparer une rédaction sur ce sujet... L'exercice était, me semble-t-il, hebdomadaire. Affolée par cette perspective d'un spectacle que je soupçonnais sanglant, je lui demandai alors de ne pas participer... Ce qu'elle accepta, très compréhensive... Je restais ainsi seule dans l'école qui n'avait qu'une seule classe à plusieurs niveaux. Impensable aujourd'hui ! Au retour, elle nous avait consciencieusement fait récapituler ce qui avait été vu ce qui m'avait permis de réussir ma rédaction...
Oui mais depuis ce qui a été raconté n'est pas entré dans ma mémoire alors que ma soeur, qui elle avait suivi toute la scène, a pu rectifier des détails que j'ignorais...
Et celui-ci : avant d'être saigné, le cochon était bien déjà assommé, dans les années 50, avec d'énormes gourdins, qui avaient impressionné ma soeur à tel point qu'elle pensait que le cochon était mort avant d'être égorgé.
Quant aux cris, comme elle me l'a rappelé, le cochon criait tout le temps même quand on le nourrissait. Nul doute donc que je les ai entendus, ces fameux cris quand on entraînait l'animal sur son lieu d'abattage.
Désolée de revenir sur ce sujet pas très gai mais je me devais de faire un rectificatif !
16:26 Publié dans Au jour le jour, Des objets et des mots..., D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | Imprimer
Succès phénoménal ?
Depuis plusieurs jours les médias nous rebattent les oreilles à propos du succès phénoménal de "The Artist".
Phénoménal vraiment ?
Le succès, sans aucun doute, mais le film ?
On peut en douter !
Je l'ai vu à sa sortie en salle par curiosité et j'avoue avoir été franchement déçue. Je m'y suis presque ennuyée et ce ne sont pas les quelques secondes du numéro de claquettes, admirable j'en conviens, qui m'ont réveillée...
Exercice de style certes, comme toute bonne parodie -aurait-on idée en littérature de couronner un pastiche ?- servi par une interprétation très professionnelle. Est-ce suffisant pour faire un bon film ? Un scénario insipide au possible auquel on ne croit pas une seconde, d'où l'ennui...
L'intérêt de ce succès est qu'il nous aura permis de découvrir la puissance, Outre-Atlantique, de la force de frappe du marketing américain. Dommage pourtant pour cet autre vrai bon film américain, également nominé, qu'est "The descendants". Il méritait davantage d'être couronné avec, outre une excellente interprétation, un scénario consistant, posant une véritable problématique humaine.
"The Artist" donnera-t-il aux spectateurs l'envie de revoir les films muets en noir et blanc du patrimoine ?
J'en doute...
On oublie que si les films de Charlie Chaplin ont eu autant de succès ce n'est pas parce qu'ils étaient muets et en noir et blanc, mais parce que leur contenu, souvent grave et sérieux, touchait la société de son temps. Ce qui n'est pas le cas de "The Artist".
Toutefois on peut s'interroger, à propos de ce film, sur nous-mêmes. Indépendamment du lobbying qui en a assuré le triomphe, que dit ce succès sur notre époque ?
Manque d'imagination des créations actuelles ? Nostalgie liée à la crise et au mal être ? Toutes les hypothèses sont possibles...
En tout cas, si vous n'avez pas encore vu ce film, ne vous précipitez pas dans les salles où on ne manquera pas de le proposer : attendez son passage sur petit écran pour satisfaire votre curiosité !
Charles Spencer Chaplin
ainsi que la première photo.
10:50 Publié dans Ciné-club, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (17) | Facebook | Imprimer