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samedi, 16 août 2014

Autour du 15 août , suite

Deux lettres à cette date...

L'une donnant des nouvelles, l'autre  que François Ruche devait remettre en cas  décès à ma grand-mère et qui a dû lui parvenir en décembre seulement, d'après la date du télégramme annonçant sa mort.

Rocroy 16 aout 1914

Chère femme Chères soeurs

Sommes arrivés aujourd'hui a Rocroy, a 5 km de la frontière belge après 36 h de chemin de fer, par Moulins, Nevers Paris Soisson. Demain nous entrons en Belgique a pied après je n'en sais pas plus long. Ne vous faites pas de soucis pour moi, vous me verrez revenir. Je vous embrasse bien toutes. au revoir

H.Mermin

 

 

Rocroy 16 août 1914

Ma Chère Marie

Cette lettre je te l'écris a la veille d'affronter la mort.

Si tu l'as reçoit c'est que je ne serait plus.

Pour les titres adresse toi a Mr Bonnon (?) ou a son successeur, muni de la lettre que je t'ai remise.

Il n'y a plus que des obligations serbes 41/2 p cent or 1909.

Avec tu paieras Challande.

Et tu restera a la maison, tu y auras un droit inaliénable, quand tu recevras la nouvelle officielle de mon décès tu porteras mon testament au notaire, c'est indispensable.

J'espère que tu ne seras pas à la misère, ni notre enfant que j'aurais eu tant de plaisir a voir. Tout ce que je regrette c'est d'avoir bâti au lieu d'avoir laissé cet argent disponible. Mais pouvait-on prévoir ?...

Adieu ma Chère Marie, toi que j'aimai plus que moi même soit forte pour notre enfant qui sera peu de moi qui te restera.

Adieu mon amour, toute ma vie, je t'embrasse de toute la force de mon être ainsi que le pauvre innocent qui va naitre. 

Ton mari qui t'adore

Henri Mermin

 

Allusion à Challande. 

C'était le meunier, nos grands-parents devaient lui confier  leur blé à moudre. Cet été je  l'ai retrouvé pour la première fois : il n'en reste que des ruines.

20140723_151630.jpg

 

 

 

jeudi, 14 août 2014

Autour du 15 août 1914

Plusieurs lettres d'Henri Mermin entre les 14 et 16 août 1914.

Pour ce jour, deux lettres mentionnant des endroits d'expédition différents.

 La première est adressée  à un cousin  pour lui confier une lettre destinée à son épouse dans le cas où il serait tué au combat.

La seconde a été envoyée comme les précédentes   à ma grand-mère et à ses soeurs.

Rocroy 14 aout 1914

Cher François

Deux mots a la  veille d'aller a la vie ou à la mort pour vous prier si plus tard vous recevez la nouvelle officielle que je ne reviendrai pas (car c'est a vous qu'on l'adressera) de bien vouloir bien remettre a ma femme celle qui est dans la votre quoique j'espère bien revenir.

Bien des amitiés a toute la famille.

H.Mermin

Remarque : c'est en effet à François Ruche qu'est adressé le télégramme de l'armée annonçant son décès.

Satonay 14 aout 1914

Ma Chère Marie

Mes chères soeurs

nous embarquons aujourd'hui pour je ne sais où. recevez vous mes lettres ? Sont elles décachetées. Car je crois qu'on les décachette. Aussi ne vous étonnez pas si je ne vous dis pas grand chose, car si on parle de l'armée elles sont mises au panier.

Dans mes précédentes je vous demandai des nouvelles de votre genre de vie. Ecrivez moi une longue lettre. Adresse (illisible)

et avec mention : en campagne.

J'ai une idée invincible que je vous reverrai aussi je ne vous dis pas adieu mais au revoir, et jevous embrasse bien, ma chère Marie, mes chères soeurs,

Votre mari et frère

H.Mermin

PS C'est la 5è que je vous écris si une vous parvient répondez moi vite.

 

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Rocroy, citadelle Vauban

qui a dû héberger son régiment

 

dimanche, 10 août 2014

10 août 1914

Rilleux 10 aout 1914

 

Chere femme, Chères soeurs

 

Avez-vous reçu ma lettre de vendredi. J'espère que oui d'autant plus que j'en ai envoyé une a l'oncle Marie D. aujourd'hui ou je lui dit a peu près la même chose.

Je vous en écris une seconde fois afin de vous prévenir et que vous le préveniez aussi que j'ai changé de compagnie, je suis maintenant à la quatrième 4ème 1er bataillon d'Afrique. Cette fois je crois que mercredi nous partons pour ? (destinations probablement la Belgique où va se trouver le grand coup de tampons avec les armées Anglo-Franco Belge et les Allemands Je vous rapporterai quelques oreilles de Prussiens.) Ne vous faites pas de mauvais sang. Vous verrez que la fameuse classe 10 reviendra intacte.

Je ne vous en dit pas plus long pour le moment. Dites moi un peu ce qui se passe à ST D. Je vous embrasse toutes. 

H.Mermin

3è Z 4ème Compagnie

Ecrivez toujours les lettres suivront toujours.

compiegne_14.jpg

10 août 1914

Je poursuis la publication des lettres de on grand-père même si leur intér^t est inégal… Devoir de souvenir.

Rilleux 10 aout 1914

 

Chere femme, Chères soeurs

 

Avez-vous reçu ma lettre de vendredi. J'espère que oui d'autant plus que j'en ai envoyé une a l'oncle Marie D. aujourd'hui ou je lui dit a peu près la même chose.

Je vous en écris une seconde fois afin de vous prévenir et que vous le préveniez aussi que j'ai changé de compagnie, je suis maintenant à la quatrième 4ème 1er bataillon d'Afrique. Cette fois je crois que mercredi nous partons pour ? (destinations probablement la Belgique où va se trouver le grand coup de tampons avec les armées Anglo-Franco Belge et les Allemands Je vous rapporterai quelques oreilles de Prussiens.) Ne vous faites pas de mauvais sang. Vous verrez que la fameuse classe 10 reviendra intacte.

Je ne vous en dit pas plus long pour le moment. Dites moi un peu ce qui se passe à ST D. Je vous embrasse toutes. 

H.Mermin

3è Z 4ème Compagnie

Ecrivez toujours les lettres suivront toujours.

compiegne_14.jpg

vendredi, 08 août 2014

Terrasse de Saint-Bonaventure

Lyon, France.jpgCet été, pour ceux qui restent à Lyon, le sanctuaire de Saint-Bonaventure organise ses terrasses pour la seconde année tous les jeudis à 20 heures. Intéressant et sympathique. J'ai eu le plaisir d'animer hier une rencontre autour des poètes lyonnais dont Louis Calaferte et Pierre Autin-Grenier.

Un texte de chacun d'eux.

 Simple

Un caillou, un bout de bois, un morceau de ficelle… Il écrit tout ça sur une feuille de papier qu'il faut bien dire d'une blancheur impressionnante. Il ajoute un chien mouillé aussi ; un verre vide, une calebasse emplie de citrons posée sur un coin de la table de marbre...

Moins blanche la page maintenant. Déjà noircie au tiers (l'écriture est généreuse) par ces mots, si simples.

Alors levant les yeux vers les yeux de celui qui lisait, intrigué par-dessus son épaule, il dit humblement : "ça n'est que ça la poésie." Et l'autre, surpris, lui parle alors d'où il vient : un pays de cailloux. Lui parle de bouts de bois et morceaux de ficelle avec lesquels il fabriquait, jadis, les jouets de son enfance...

Les verres ne restent pas vides longtemps quand on cause ainsi des choses de tous les jours. Tout le monde a aimé aussi un chien mouillé, une fois au moins dans sa vie. Mais certains, par pudeur, n'en disent rien. C'est pour ceux-là - qu'ils osent enfin parler - que le poète écrit parfois un poème. Très simplement. Pour des gens comme lui en sommes, simples.

"Patron ! Remettez-moi ça !"

Pierre Autin-Grenier

"Jours anciens"

 

Un matin transparent.

L'ombre bleue d'un arbre.

Une lune blanche.

Une rose rouge.

Une rose jaune.

Une rose jaune.

Une rose rose.

Un visage de femme.

Un verre d'eau glacée.

Un livre vingt fois relu.

Une maison calme et tiède.

Une joue d'enfant ronde.

Et tout ce qui est beau.

Et pur.

Et émouvant.

Et tout ce qui fait de moi un homme de foi debout dans la Vie.

 

Louis Calaferte

"L'homme vivant."

jeudi, 31 juillet 2014

Les grands-mères

Pour continuer sur le thème, je publie à nouveau ce texte attribué à un écolier savoyard...

"Il y en a qui boitent, d'autres qui sont bossues et d'autres qui portent une canne. On les appelle les mémés. Nous on a les copains, les copines. Les grands-mères, si elles n'ont pas de copains, elles n'ont rien à faire. alors elles n'ont qu'à être là. Quand elles vous emmènent en promenade voir les mouettes, elles marchent lentement, sans même écraser les miettes. Ni les belles feuilles, ni les chenilles. Elles ne disent jamais "avance plus vite". En général, elles sont grosses, mais pas trop pour pouvoir attacher nos baskets. Elles savent qu'on a toujours envie d'une chiclette ou d'un gros cornet glacé à la crème. Une vraie grand-mère ne bouscule jamais un enfant. Elle sait rester sage. Elle sait aussi se mettre en colère en riant. Les grands-mères portent des lunettes. Parfois elles peuvent enlever leurs dents. Quand elles nous racontent des histoires, elles ne sautent jamais un bout. Si on a envie elles nous racontent la même histoire plusieurs fois. Les grands-mères sont les seuls adultes qui ont toujours le temps. Elles ne sont pas aussi fragiles qu'elles le disent, même si elles meurent plus souvent que nous. Tout le monde devrait essayer d'avoir une grand-mère. Surtout ceux qui n'ont pas la télé. C'est aussi pour m'amuser que moi aussi j'ai une grand-mère." Ecrit par Loïc 8 ans de Haute-Savoie

 

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Chiclette : chewing-gum  en Suisse

mardi, 29 juillet 2014

Mon centenaire

Quelle absence ! On finit par oublier...

Oui je ferai un compte-rendu de mon séjour en Alsace et de "la rencontre" avec Doume et Alsa.

Pour le moment je suis noyée dans les confitures à cause des fruits  qui m'arrivent de partout tant ils sont abondants cette année.

Mais aussi je me promets de commémorer à ma manière le centenaire de 1914 car c'est l'année oùmes grands-parents se sont mariés, en mai. Mon grand-père étant parti à la guerre en août et ayant été tué en novembre, mon père et ma fratrie doivent leur existence aux trois mois que mes grands-parents ont passé ensemble.