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lundi, 14 décembre 2009

Comme un lundi...

Petite discussion entre voisins, ce matin,  à l'arrêt du bus. Il fait froid, rien de tel pour engager une conversation. Le monsieur, genre papi vraiment papi. Moi emmitouflée jusqu'au nez.

Lui : quelle horreur ce froid, l'an dernier à cette époque j'étais aux Antilles.

Moi : silence poli qui laisse venir.

Lui : c'était en plein pendant le mouvement de la Guadeloupe. Quels racistes ces Antillais, ils nous détestent.

Moi : (timidement) Essayez Cuba, c'est la même région du globe et l'ambiance est extra, les Cubains charmants...

Lui: oui, peut-être, mais ils ne parlent pas français. Et passer plus plus de trois jours dans un pays où on ne parle pas français, je ne supporte pas.

Moi : (enhardie et conciliante) Allez au Sénégal ou en Mauritanie : on parle français et la température est idéale en cette saison.

Lui : (furieux) Mais ça ne va pas ! Les Negros  et les "Niaque", les Jaunes, jamais je n'irai chez eux. Et d'abord ils sont sales.

Fin de l'échange entre voisins à l'arrêt d'un bus le lundi matin.

Cher monsieur, allez donc à Nice où Dominique se fera une joie de vous accueillir cet hiver.

 

dimanche, 13 décembre 2009

Une votation peut en cacher une autre

Alsacop m'ayant interrogée, sur un autre blogue, à propos des Suisses et de la "racaille", j'ai beaucoup de plaisir à lui répondre, car la votation des Genevois qui avait motivé cette campagne xénophobe, a elle, connu au contraire une résultat positif.

Explication.

On a beaucoup entendu parler en France de la votation contre les minarets. Cette votation concernait toute la Suisse. Le résultat de ce référendum a scandalisé, à juste titre. Toutefois, l'analyse du scrutin a montré que ce vote contre les minarets avait été massif dans la Suisse allemande et plus particulièrement les vallées de montagne les plus reculées.

Ce vote n'a pas été majoritaire à Genève,  ville très internationale et cosmopolite. Ni en Suisse francophone.

Ce même dimanche a eu lieu une autre votation qui ne concernait que le canton de Genève. Les Genevois devaient se prononcer pour ou contre le CEVA, projet de RER entre  la gare de Cornavin, à Genève, et la gare d'Annemasse. Cette votation avait provoqué une campagne du parti d'extrême-droite, l'UDC opposé au  CEVA, contre les travailleurs frontaliers, avec ce slogan : "non à la racaille d'Annemasse."

Les Genevois n'ont pas suivi. Ils ont au contraire approuvé la construction du CEVA qui sera financé, pour plus de la moitié, par la Suisse.

Les Genevois ont compris leur intérêt. Les travailleurs frontaliers, avec ou sans ce train, continueront de passer chaque jour la frontière provoquant matin et soir des kilomètres de bouchons sur les routes.

Ils sont ainsi les premiers pénalisés par l'absence de transport, en commun efficaces.

D'autre part ils sont eux-mêmes de plus en plus nombreux à habiter en France grâce aux accords bilatéraux. D'où leur intérêt pour ce train rapide qui assurera la liaison de 16 kms en vingt minutes.

Bravo au maire d'Annemasse qui s'est beaucoup battu sur ce dossier. Le seul maire socialiste de Haute-Savoie !

 

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mardi, 08 décembre 2009

Identité

"Un peuple qui n'enseigne pas son histoire est un peuple qui perd son identité."

François Mitterrand

lundi, 07 décembre 2009

Sauver l'Histoire

Article du JDD qui le premier a alerté l'opinion publique

Il faut sauver l’histoire!

La réforme des lycées, présentée jeudi devant le Conseil supérieur de l’Education, propose de rendre optionnelle l’histoire-géo en terminale S.

L'annonce était passée presque inaperçue. Le 19 novembre dernier, au Salon de l’éducation, le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, présente une mouture quasi définitive de sa réforme des lycées. Une réforme qui n’a rien de révolutionnaire à première vue. En épluchant la grille horaire de la classe de terminale, une nouveauté saute pourtant aux yeux: la disparition de l’histoire-géographie parmi les matières obligatoires en classe de terminale scientifique. Celle-ci deviendrait facultative. Une mesure d’abord dénoncée par la seule APHG (association des professeurs d’histoiregéographie), qui a lancé lundi dernier une pétition.

Plus qu’une amputation horaire, les professeurs d’histoire-géographie y voient une atteinte à la culture générale. "Quels citoyens voulons-nous pour demain?", s’interrogent aujourd’hui historiens et intellectuels dans un appel rédigé par Serge Berstein, spécialiste de l’histoire politique du XXe siècle. Parmi les premiers signataires, Pierre Milza, spécialiste du XXe siècle, n’hésite pas à dénoncer "une régression formidable qui pourrait concourir à une amnésie générale!" Jean-Pierre Azéma, grand spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, rappelle que "l’étude de l’histoire et de la géographie est utile à nos élites scientifiques, elle permet de se situer dans le temps et dans l’espace, de questionner le passé pour se forger un jugement".

"Une volonté de rupture avec les humanités"

Les débat dépasse désormais une réaction que d’aucuns pourraient juger corporatiste. L’appel lancé hier dans la première édition du JDD auprès des historiens a, depuis, été rejoint par de nombreux écrivains et personnalités politiques. Pour les signataires, la réforme envisagée de l’enseignement en histoire et géographie est en effet incompréhensible, alors qu’est engagé un grand débat sur la question de l’identité nationale et que le président de la République, Nicolas Sarkozy, multiplie les références à l’histoire : lecture de la lettre de Guy Môquet dans les lycées, mémoire d’un enfant déporté confiée à des écoliers, création d’un musée de l’Histoire de France… "Depuis la guerre de Cent Ans jusqu’aux maquis du Vercors, de Corrèze ou des Glières, depuis Valmy jusqu’au chemin des Dames, depuis Lazare Ponticelli, le dernier poilu […], la France a vécu d’abord dans l’esprit et dans le coeur de ceux qui avaient le sentiment de lui devoir tant qu’ils étaient prêts à se battre pour elle et peut-être à mourir", lançait-il aussi le 12 novembre dernier à La Chapelle-en-Vercors (Drôme).

Citant aussi "Marc Bloch, le plus grand historien peut-être du XXe siècle". Au cabinet de Luc Chatel, on pense que cette mesure sera bénéfique aux élèves. "En terminale, les élèves scientifiques vont pouvoir se consacrer à leur spécialité et être mieux préparés aux études supérieures. Et pour ceux qui choisiront l’option histoire- géographie, ce sera un vrai choix et non une matière imposée." Un conseiller du ministre préfère souligner "la place prépondérante que la matière prendra en première, puisque tous les élèves – L, ES et S – vont bénéficier pour la première fois d’un même enseignement en histoire- géo, à raison de quatre heures par semaine". Un discours qui ne convainc pas les professeurs d’histoire-géographie :

"Les élèves de terminale S représentent aujourd’hui la moitié des effectifs. Trop d’élèves seront privés d’un enseignement indispensable à leur culture générale, déplore Hubert Tison, président de l’APHG. Cela dénote une volonté de rupture avec les humanités et avec des valeurs supposées être de gauche. Dans une vision utilitariste de la société, tout enseignement qui ne débouche pas sur un métier concret est mal vu." L’opposition au projet ministériel dépasse les clivages politiques. Joint par le JDD, Max Gallo, qui n’a pas caché son vote en faveur de Nicolas Sarkozy lors de l’élection présidentielle de 2007, apporte son soutien à l’association des professeurs d’histoire: "Je juge très négativement qu’on puisse envisager de supprimer le caractère obligatoire de cet enseignement en terminale."

L’historienne Hélène Carrère d’Encausse, autre membre de l’Académie française, juge quant à elle "catastrophique que des élèves de terminale ne disposent pas d’enseignement en histoire-géographie, ce qui les priverait de la culture générale la plus élémentaire qui forme l’entendement des citoyens". François Bayrou, président du MoDem, ancien ministre de l’Education nationale et agrégé de lettres, parle quant à lui d’une "amputation, une offense à l’idée que l’on va se faire de l’enseignement général. C’est tellement révélateur de la fermeture culturelle à laquelle conduit une conception uniquement utilitariste des études. Comme si les matheux ne devaient faire que des maths, les physiciens de la physique… On oublie ainsi que l’on forme des esprits libres et que la formation humaniste et civique est fondamentale".

Adeline Fleury et Alexandre Duyck (avec Camille Neveux) - Le Journal du Dimanche

Samedi 05 Décembre 2009

samedi, 05 décembre 2009

Fête des Lumières

Vous allez déambuler, trabouler pour la fête des Lumières...Aux Xanthines, un havre de paix vous attend, au calme pour déguster vin chaud ou bière... J'assurerai ces deux soirées : lundi avec Patoo.

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Solko dénonce à juste titre la dérive concernant la fête des Lumières.
Je reproduis mon commentaire sur son blog.
"Je vais encore jouer l'avocat du diable même si je partage ce constat sur la fête des Lumières.
La récupération à des fins commerciales de notre fête religieuse et traditionnelle n'est pas propre au 8 décembre à Lyon : le carnaval de Venise, les carnavals du Nord, les marchés de Noël alsaciens ont subi la même dérive que celle-ci et il nous faut dénoncer plus largement tout un système de société qui est d'abord et exclusivement marchand.
Système qui aboutit par ailleurs et le rapprochement me paraît juste à la suppression de l'épreuve d'Histoire et géographie au bac scientifique qui draine actuellement la majorité des élèves."
Aux Xanthines, les temps sont durs.
Donc si nous pouvons récupérer quelques miettes de cette manne commerciale, nous aurons moins d'angoisse pour payer notre loyer !

lundi, 30 novembre 2009

IL s'appelait Sum

Pour ceux qui suivent la Saga des hérissons : la famille  est aujourd'hui en deuil.

Nathalie, la nounou des hérissons m'a adressé ce message.

Il s'appelait Sum et je l'avais trouvé un vendredi en pleine après-midi, couvert de tiques .
À 200 g environ, il se nourrissait déjà de croquettes et s'abreuvait tout seul.
Il commençait à s'apprivoiser...mais son état de santé était en dents de scie.
Malgré les soins du vétérinaire qui le trouvait déshydraté
(il a reçu 3 perfusions : glucose, etc), mon courageux bébé n'a pas survécu !
On a espéré jusqu'au bout car d'autres avant lui avaient été sauvés !

Un hérisson de 200 grammes laisse supposer qu'il était né en septembre. Et chapeau à Nathalie qui l'a emmené chez le vétérinaire. Sur les photos il est en compagnie de Snow Belle, la chatte de la maison. Une vraie princesse !

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dimanche, 29 novembre 2009

Histoire oubliée

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"Et vous, combien de fois ?"

C'est ainsi que les femmes  s'interrogeaient  à Berlin,  durant le mois de mai 1945 quand elles se rencontraient.

Combien de fois avez-vous été violée.

C'est ce qu'on découvre dans ce document, "Une femme à Berlin", publié dans la collection Témoins de Gallimard.

L'auteure est anonyme et son livre a connu de nombreuses péripéties.

Anonyme ne veut pas dire inconnue : son identité a toujours été connue des différents éditeurs qui ont tous respecté son anonymat, même pour cette dernière publication de 2006.

Anonyme parce qu'aucune femme n'accepterait de mettre son nom sur ce que l'auteure  a vécu et  raconte avec la froideur et la distance de la journaliste qu'elle a été.

Anonyme pour se fondre parmi les femmes qui ont subi ces viols pendant les trois semaines où les soldats russes ont occupé Berlin. Des frustes et des soudards. Certes, avant leur arrivée, les femmes s'essayaient à l'autodérision. Dans les caves, pendant les derniers bombardements des Alliés, elles se risquaient à plaisanter : " Mieux vaut un Yvan sur le ventre qu'un amerloque sur la tête".

Puis on dut mettre à l'abri les jeunes filles, dans des soupentes voire sous des meubles. Envoyer les plus vieilles chercher l'eau. Malgré tout, 100 000 femmes violées entre fin avril et mi mai 1945. L'auteure dit elle-même qu'elle n'a survécu à la maladie mentale que grâce à ces trois cahiers d'écolier sur lesquels elle a, selon son expression, tout craché. Du 20 avril au 22 juin 1945 elle a tenu un journal quotidien à la lumière d'une bougie. Pour éviter tous ces soldats qui entraient dans les maisons à coups de bottes, elle s'est résolue à  se mettre sous la protection d'un officier russe dont elle a dû partager le lit... ce qui l'a entraînée encore plus bas : affamés, ses proches l'encourageaient à utiliser la séduction pour avoir des vivres. Car curieusement les soldats de Staline avaient des poches pleines de tout ce qui manquait aux vaincus. Parlant russe elle-même elle s'est trouvée dans la situation difficile d'interprète et d'une certaine manière de protectrice.

Mais elle décrit  aussi les conditions de faim, d'humiliation, de honte qu'ont supportées les Berlinois, situation d'autant plus douloureuse qu'ils n'avaient aucune nouvelles en l'absence de radio et de journaux : c'était le règne de la rumeur. Et le travail...Ce sont les femmes qui ont débarrassé Berlin de ses décombres.

Anonyme encore parce qu'après la guerre on a condamné au silence toutes ces femmes, c'était indécent. Heureusement elles en ont parlé entre elles au moment des faits.

Les aléas de la  publication du livre reflètent parfaitement cette atmosphère de honte concernant les viols des femmes de Berlin. Honte par  puritanisme mais aussi honte des hommes qui avaient abandonné les femmes aux vainqueurs. Première publication en 1954 aux Etats-Unis, mais pas  en allemand. Cinq ans plus tard l'original en allemand voit le jour ...à Genève. On parla de l'immoralité de l'auteure. C'est seulement après le décès de l'Anonyme en 2001 que le livre put reparaître.

Très belle présentation du document par Hans Magnus Enzensberger qui note :

"Il est à remarquer que dans le cas de l'Allemagne, les meilleurs témoignages personnels qui nous soient parvenus sont des journaux et des Mémoires écrits par des femmes.... Ce sont ces femmes qui surent préserver une certaine santé mentale dans un environnement progressivement livré au chaos. Tandis que les hommes faisaient une guerre meurtrière loin de leurs foyers, les femmes apparaissaient comme les véritables héroïnes de la survie au milieu des ruines de la civilisation."

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