mercredi, 03 juin 2009
Soirée hérissons
Spécialement pour Frasby
il faut nous imaginer, ma voisine et moi, à quatre pattes dans le jardin. Elle, tenant la lampe de poche et moi l'appareil de photos. Pas facile le métier de paparazzi de hérissons et la qualité des clichés laisse à désirer.
Voilà, je vous présente Vanille, qui a deux ans.
Et ce jeune hérisson, dans le carton où la nourriture est entreposée.Il paraît apeuré par mon flash m'est s'est remis à manger aussitôt après la photo. Sans doute un fils de Vanille car il lui ressemble. Les mêmes poils blonds.
22:36 Publié dans La Saga des hérissons | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : lyon, hérissons | Facebook |
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On m'attend ailleurs
Demain je vous laisserai quelques jours car je suis attendue là.

19:50 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent | Commentaires (8) | Facebook |
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mardi, 02 juin 2009
Vive Eros, Vive la Révolution

René Depestre est né en 1926 à Jacmel, adorable ville côtière d'Haïti, aux rues bordées de maisons coloniales. Lycéen à Port-au-Prince, il publie ses premiers vers à dix-neuf ans sous l'influence d'André Breton. Son père est mort. La famille est pauvre et vit des travaux de couturière de sa mère.
"Sous nos toits son aiguille
Tendait des pièges fantastiques à la faim.
Son aiguille défiait la soif.
La machine Singer domptait des tigres.
La machine Singer charmait des serpents.
Elle bravait paludismes et cyclones
Et cousait des feuilles à notre nudité."
En 1946 il est exilé pour avoir participé à un mouvement révolutionnaire, poursuit ses études à la Sorbonne et rencontre les poètes surréalistes de cette époque. Jusqu'en 1959 il parcourt le monde, participe aux mouvements de décolonisation, séjourne au Chili où il se lie d'amitié avec Pablo Néruda. Expulsé de plusieurs pays d'Europe et d'Amérique latine ( Les Duvalier en Haïti et Batista à Cuba) il est invité par Che Guevara et participe à l'aventure cubaine, au ministère de la culture. Après la mort du Che, il devient indésirable dans le régime castriste.
Il arrive à Paris comme secrétaire de l'UNESCO où il reste jusqu'en 1986, date à laquelle il se retire dans l'Aude où il vit encore aujourd'hui. En 1988, il publie Hadriana dans tous mes rêves, qui reçoit plusieurs prix littéraires, dont le Renaudot. Son oeuvre poétique est importante et infiniment variée. Poésie hommage à son pays, poésie engagée, poésie sensuelle et érotique c'est une oeuvre mosaïque très riche.
Je trouve particulièrement émouvant cet hommage à la langue française, bien entendu
dédié à Choubine.

Libre éloge de la langue française
De temps à autre il est bon et juste
de conduire à la rivière
la langue française
et de lui frotter le corps
avec les herbes parfumées
qui poussent bien en amont
de nos vertiges d'ancien nègre marron.
Ce beau travail me fait avancer à cheval
sur la grammaire à notre Maurice Grévisse :
la poésie y reprend du poil de la bête
mes mots de vieux nomade ne regrettent rien
ils galopent de cicatrice en cicatrice
jusqu'au bout de leur devoir de tendresse.
Debout sur les cendres de mes croyances
mes mots s'élèvent sur tout espoir vrai
au gré des flots émerveillés de ma candeur.
Mes mots ont la vigueur d'un épis de maïs
mes mots à l'aube ont le chant pur de l'oiseau
qui ne vend pas ses ailes à la raison d'État.
Ce sont les mots frais et nus d'un Français
qui vient de tomber du ventre de sa mère :
on y trouve un lit, un toit, un gîte
et un feu pour voyager librement
à la voile des mots de la real-utopie !
laissez-moi apporter les petites lampes
de la créolité qui brûle en aval
des fêtes et des jeux vaudous de mon enfance :
les mots créoles qui savent coudre les blessures
au ventre de la langue française,
les mots qui ont la logique du rossignol
et qui font des bonds de dauphin
au plus haut de mon raz-de-marée ;
les mots sans machisme aucun qui savent grimper
toutefois à la saison bien lunée des femmes
mes mots de joie et d'ensemencement profond
au plus dru et au plus chaud du corps féminin,
tous les motsen moi qui se battent
pour un avenir heureux
oui je chante la langue française
qui défait joyeusement sa jupe
ses cheveux et son aventure
sous mes mains amoureuses de potier.
extrait de "Poèmes en retard sur la mer caraïbe"
recueil Rage de vivre
Seghers
23:08 Publié dans Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : littérature, depestre;poésie, lyon, haïti | Facebook |
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lundi, 01 juin 2009
René Depestre
22:03 Publié dans Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : littérature, poésie, haïti | Facebook |
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dimanche, 31 mai 2009
Mieux vaut ne pas se mettre mal avec ses élèves...
Pour Edith, afin qu'elle ne soit plus intimidée par la Littérature chinoise.
Mise en bouche pour lire Yu Hua.
Ce n'est pas un extrait de "Brothers", qui est un gros livre, mais de "1986", roman court de 90 pages.
1986, vingt ans après le début de la Révolution culturelle. Une femme a refait sa vie après que son mari a disparu pendant la Révolution culturelle.
C'était un professeur. Vu par sa femme, vingt ans plus tard.
"Tout ce qu'elle savait, c'est que son mari avait soudain disparu la nuit où il avait été emmené, sans plus de précisions. Elle tenait l'information d'un homme qui travaillait comme vendeur dans un magasin, et qui était l'un des gardes rouges qui avaient fait irruption chez elle à l'époque."Nous ne l'avons pas battu, avait-il dit, nous nous sommes contentés de le conduire au bureau de l'école et lui avons demandé de rédiger ses aveux. Nous ne l'avons pas non plus fait surveiller, mais, le lendemain, nous avons découvert qu'il n'était plus là." ... "D'habitude, votre mari était sympa avec les élèves, c'est pourquoi nous ne l'avons pas torturé."
Yu Hua "1986" Actes Sud.
23:12 Publié dans Âme chinoise | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : chine, assises du roman, littérature | Facebook |
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samedi, 30 mai 2009
Yu Hua aux Assises du roman
Si le programme des Assises du roman ne me passionnait pas cette année, il est une rencontre que j'aurais été désolée de manquer.
Yu Hua, dont j'ai déjà parlé à propos de son dernier ouvrage "Brothers" et François Jullien, philosophe et sinologue.
Et je dois dire que je n'ai pas été déçue par leurs échanges.
Je ne ferai pas un compte-rendu complet car certains thèmes traités, comme "L'éloge de la fadeur", titre du dernier livre de François Jullien, étaient trop spécifiques de la culture chinoise.
La rencontre a commencé par la confrontation entre les itinéraires de ces deux écrivains. Yu Hua, le plus jeune, né en 1960, était enfant pendant la Révolution culturelle. Il est venu au roman social en s'inspirant de la Littérature occidentale car, a-t-il précisé, la Littérature chinoise traditionnelle aux codes figés, ne peut s'adapter aux exigences de lecture d'aujourd'hui.
François Jullien dit avoir ressenti la nécessité de faire un détour par la pensée chinoise étrangère pour prendre du recul et appréhender autrement la pensée européenne.
Chacun est ainsi passé par un détour dans la culture de l'autre.
Le détour a d'ailleurs été un thème abordé par les deux écrivains. Pour François Jullien, depuis toujours, la Chine pratique l'art du détour et non la confrontation directe comme en Europe. On aborde l'ennemi de biais, dans le débat comme dans le combat. Mao connaissait bien cette stratégie indirecte. Avant la révolution culturelle les cibles ont été désignées peu à peu.
Pour les Chinois, il s'agit d'économiser son énergie en évitant l'affrontement direct en faisant mourir la condition de violence avant qu'elle n'éclate.
Selon Yu Hua, la France utilise aussi la stratégie de l'indirect, c'est le propre des politiques et des hommes d'affaire. Mais les pauvres ont recours à la bagarre dans la rue. François Jullien estime que ce recours à l'indirect est une nécessité dans une civilisation qui n'a jamais connu de véritable liberté d'expression. Il y a deux mille ans déjà l'image poétique avait pour fonction d'exprimer ce qui ne pouvait l'être directement.
Deux autres thèmes intéressants ont été ceux de l'évolution de la Chine et des différences culturelles avec au centre le positionnement sur les Droits de l'homme.
À propos des mutations en Chine, François Jullien remarque que leur spécificité est de s'être faites sans rupture. Pourtant les Chinois ont vécu en 40 ans ce qui s'est déroulé en 400 ans pour l'Occident.
Les Occidentaux, héritiers de la pensée grecque ont été habitués à penser en extrême. La Chine a toujours eu coutume de penser la transition par rapport à la tradition. La Révolution a été un concept emprunté à l'Occident et les révolutionnaires se sont formés en Europe. Mais la Chine s'est transformée en gardant ses structures. C'est le seul cas d'une structure étatique qui pratique une économie capitaliste.
Yu Hua a insisté sur l'événement de Tian'anmen, il y a juste vingt ans, qui a modifié le pays. En juin 1989, un profond enthousiasme politique animait la jeunesse. En octobre 89, à l'université on jouait au majong ou on apprenait l'anglais : l'argent était devenu roi.
Depuis 1989, la pensée politique a disparu, on n'a plus pensé qu'à gagner de l'argent. La réforme politique s'est arrêtée au profit de la réforme économique qui a entraîné la corruption. Les problèmes sociaux et politiques ont été cachés mais n'ont pas disparu.
Pour Yu Hua ces problèmes vont resurgir dans les deux ans qui viennent.
Enfin les deux écrivains se sont retrouvés d'accord sur ce qu'on pourrait appeler un dialogue inter-culturel. Yu Hua souhaite une recherche des points communs avec l'Occident mais que la Chine préserve son identité culturelle. La Chine ne peut être comme l'Occident. Le Passé chinois est très différent. L'Occident ne comprend pas la Chine sur la question des Droits de l'homme et tous les pays, selon lui, ont des problèmes de Droits de l'Homme. Pour lui, le plus grave dans la réalité chinoise est l'injustice judiciaire.
Malheureusement le temps était écoulé et Yu Hua n'a pu développer davantage.
23:04 Publié dans Âme chinoise | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : assises du roman, chine, lyon, littérature | Facebook |
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mercredi, 27 mai 2009
Ange Blanc
L'Ange blanc de Pierre. Franchement je préfère celui de son poème. Peut-on encore parler d'un ange ? N'est-ce pas l'opposé ?
L'ange pour moi est le lien avec l'invisible, cet invisible auquel nos contemporains ferment trop souvent la porte.
Les enfants sont de plain- pied avec l'invisible.
Question récente de ma petite-fille- cinq ans- qui regardait une photo de sa mère, enfant.
"Et moi, j'étais où quand ma maman était petite ?
-Mais nulle part, tu n'existais pas."
La réponse typique de l'adulte qui ne comprend rien.
"Non, ça c'est pas possible, j'étais dans le ciel et j'attendais d'être dans son ventre."
Ange, toujours.
Vous devez me trouver bien paresseuse à broder indéfiniment de passage en passage : en fait très occupée.
L'Ange blanc, catcheur

08:55 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent | Commentaires (28) | Tags : lyon, catch | Facebook |
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