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samedi, 14 mai 2011

Une destinée exceptionnelle...

J'avais raconté l'histoire de Danielle Li, une amie chinoise dont la biographie avait été écrite sur la commande  de mon association de Culture chinoise.

À 83 ans, Danielle vient de vendre sa petite maison de Villeurbanne, celle que son grand-père avait fait construire dans un jardin ouvrier, pour aller vivre en Chine, dans le Fujian....Elle rentre chez elle finir sa vie : la Chine n'a jamais cessé d'être son pays.

 Danielle, qui n'avait jamais eu de vie de couple, s'est mariée avec l'ami de sa jeunesse qui l'a recherchée après la mort de sa femme. Il avait fait un mariage arrangé selon les usages de la Chine d'avant Mao. Un mariage heureux, avec une femme exceptionnelle, d'après Danielle qui ne l'a jamais considérée comme une rivale. Mais c'est elle qu'il  n'a jamais cessé d'aimer. Les Chinois adorent les histoires romantiques et celle-ci a fait un buzz terrible en Chine. Danielle repartira donc définitivement mardi vivre avec son mari, chez un des fils, selon la tradition chinoise. J'espère aller la voir un jour dans ce Fugian qui est, dit-on, la côte d'Azur chinoise.

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Dans les années 50

Danielle Li et ses parents avaient quitté la Chine

menacés par le maoïsme.

Aujourd'hui

à 83 ans

elle y retourne...

mercredi, 26 janvier 2011

Kim En Joong, couleurs chaudes

"Comment fait-il pour marier aussi harmonieusement les couleurs foides et

les couleurs chaudes?"

Rony

 

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"C'est dans la vibration de la couleur que doit apparaître ce qui ne peut jamais être représenté."

Kim En Joong         

La réponse à la question de Rony se trouve dans le très beau livre que Christiane Keller a consacré à la basilique de Brioude, dont les vitraux sont l'oeuvre de Kim En Joong.

"Nous voici dans le vif du sujet : il n'y a pas de vérité transculturelle de la couleur (...) L'historien nous apprend que "l'opposition entre couleurs chaudes et couleurs froides est purement conventionnelle et fonctionne différemment selon les époques et les sociétés." Au Moyen-Âge, le bleu est une couleur chaude".

Puis Christiane Keller nous donne ses interprétations des couleurs de Kim En Joong.


"Le rouge

Voici une couleur dont la suprématie s'est imposée à l'Occident sans doute parce qu'elle est la couleur universelle du feu et du sang. (...) Du couchant rouge cuivré de sa nature natale au rouge argile de sa culture biblique, Kim En Joong n'esquive pas le sens qu'offre la racine hébraïque du rouge : rouge naissance relié à l'universel principe de vie. Ce rouge déjà présent dans les grottes paléolithiques et néolithiques. Il est encore celui de la mer Rouge, féminin symbolique du ventre maternel où passer de la mort à la vie, de la servitude à la liberté."

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Le bleu.

"Le bleu était absent de l'Antiquité et de la Bible, il fut longtemps une couleur de second plan en Occident. Couleur céleste la plus immatérielle et la plus profonde, la plus froide et la plus pure des couleurs, hors le blanc neutre, il attire vers l'infini. Très discret jusqu'à l'époque carolingienne, il va triompher à partir du XIIème siècle où la quête de la couleur et celle de la lumière vont devenir indissociables. Le bleu de Chartres où Kim En joong perçoit aujourd'hui encore comme un avant-goût du ciel".

 

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Le jaune

"Le jaune en revanche ne disputera jamais au bleu ses profondeurs. Pourquoi le jaune, valorisé dans les cultures non européennes, est-il la couleur la moins aimée en Occident ? Le XIIème siècle l'abandonnera, concurrencée par l'or."

 

Le vert

"Si Kim En Joong le lie directement à la nature... il remonte là à quelques références universelles. Comme le rouge l'est pour le feu et le sang, la lumière pour le blanc, et le noir pour la nuit, la couleur verte est celle de la végétation. (...) Couleur médiane, non violente, paisible dans les traditions romaines, médiévales et pour Goethe tout comme pour les théologiens qui ont codifié les couleurs liturgiques."

 

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Je ne sais Rony si cela répond à ta question

mais c'est ainsi que Chritiane Keller analyse les couleurs

des vitraux

de la basilique Saint-Julien

à Brioude.

Et comme je sais qu'elle connaît bien l'artiste...

Pour ma part je n'ai pas de  compétences ni en peinture ni en Histoire de l'art mais il me semble que ces vitraux non figuratifs sont un lien avec l'invisible, l'indicible, le mystère...

 

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samedi, 22 janvier 2011

Chaque oeuvre d'art...

"Chaque oeuvre d'art authentique est une grâce qui nous comble"

Godfried Dannels

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J'avais présenté l'exposition du peintre Kim En Joong,  en juin 2010, au moment de son inauguration. L'exposition est terminée mais j'ai eu l'occasion de mieux connaître cet artiste reconnu comme le peintre de la lumière. À découvrir les vitraux qu'il a réalisés pour la cathédrale de Brioude.

Un très beau livre met en harmonie des lithograpies de Kim En Joong et des poèmes, écrits pour lui par François Cheng.

couv8665g_260.jpg"Éclair de bleu,

Éclaircie de jaune,

Éclaboussures de cendres noires

Soudain ravivés par la mémoire,

Nous qui venons de si loin,

Nous qui tendons vers l'ouvert,

toutes douleurs au creux de la paume,

et toutes joies entre les doigts,

Matin d'un pays resurgi,

Matin du monde entrevu,

 

Toute vraie rencontre se révèle retrouvailles !"

François Cheng

mercredi, 20 octobre 2010

Chine, le retour...

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Il y a deux ans, à sa parution, j'avais présenté le livre consacré à une amie franco-chinoise qui avait vécu la page dramatique de la Révolution maoïste provoquant son retour en France. "Tu serais morte si tu étais restée" lui avaient dit ses amis à l'occasion de son dernier voyage.

 

Premier professeur de chinois à l'Université de Lyon, Danièle - Née poussière étant son prénom chinois- a consacré sa vie à son travail et à ses parents. Chrétienne très croyante elle était également très investie dans sa paroisse de Villeurbanne. À sa retraite elle avait beaucoup travaillé pour le fonds chinois de la bibliothèque municipale de Lyon qui est, je le rappelle, un des plus importants du monde.

Mais depuis 1995, année de la mort de sa mère, elle avait du mal, malgré ses nombreux amis et  activités passionnantes, à trouver la vraie paix intérieure.

Elle avait toujours le sentiment d'avoir trahi la Chine en l'abandonnant. Elle se sentait une chinoise et déracinée.

Il y a quelques jours, un message m'a appris qu'elle était partie dans le Fujian où elle a encore des amis. Au moins pour l'hiver, car cette région bénéficie d'un climat très agréable.

Peut-être pour le restant de ses jours : qui sait...

L'écriture de sa biographie l'aura certainement aidée à prendre cette décision : une boucle est bouclée comme on dit familièrement.

À 83 ans, Danièle, née poussière, amorce un retour vers les lieux de sa naissance. Un retour dont ses parents auraient rêvé...

Le Fujian est une région que j'ai toujours désiré visiter...Célèbre pour sa douceur de vivre... Si Danièle s'y installe, ce sera peut-être l'occasion...

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mardi, 14 septembre 2010

Deux films très marquants

 

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Le hasard de la programmation a fait que j'ai vu successivement deux films dont le seul point commun était de rapporter deux faits historiques emplis de terreur.

Mais la comparaison s'arrêtera là.

"The city of life and death" retrace un événement toujours méconnu : le massacre de Nankin au cours duquel 300 000 Chinois, essentiellement des civils, sont tués par des soldats japonais plus ou moins livrés à eux-mêmes. Quarante jours de folie meurtrière

J'en avais déjà parlé en présentant le livre de Mo Hayder, "Tokyo". En décembre 1937, les Japonais ont envahi la Chine affaiblie par la décadence de la famille impériale et les guerres que la Chine a subi de l 'Europe durant le XIXème siécle. Les Japonais ont occupé Pékin où ils ont soumis la population de manière humiliante. Le gouvernement de Tchang Kaï Chek s'étant installé à Nankin, les Japonais sont entrés dans sa capitale de la manière la plus brutale qui soit, massacrant les civils avec une cruauté sans égal dans l'Histoire.

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Ce fait a été occulté aussi bien par les Japonais que par la Chine de Mao. La mémoire en a été conservée par des missionnaires occidentaux qui ont tourné des films amateurs permettant de témoigner.

Ce sont précisément ces Occidentaux qui sont au centre du film de Lu Chuan. Ils tentent tant bien que mal de protéger les femmes et les enfants de Nankin. En vain et là se situe la tragédie. Le passage le plus poignant est celui où les Japonais, à la veille du Nouvel an, réclame cent femmes pour servir de "réconfort" aux soldats japonais faute de quoi tous seront massacrés...Une à une des mains se lèvent, cent femmes se sacrifient. Une dizaine à peine reviendront vivantes.

Le film n'est pas manichéen. Le soldat japonais témoin des événements se suicide à la fin.

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D'un ordre tout à fait différent est le film de Xavier Beauvois, "Des hommes et des dieux". Film d'une très grande beauté, autant par les paysages splendides que par les  personnages humains. On ne le présente pas tant on en a parlé dans la presse. Comme tous, je pense, j'ai été touchée par l'engagement jusqu'à la mort. Mais aussi par la peur de la mort, exprimée par l'un des moines, frère Christophe. Et j'ai beaucoup pensé au 'Dialogue des carmélites" adapté en 1960 de la pièce de Bernanos. Le contexte de terreur, Terreur révolutionnaire française ou islamiste est assez semblable.Frère Christophe est le pendant de Jeanne de la Force qui, elle aussi, finira par accepter de mourir pour sa Foi. Ce qui n'est pas facile à comprendre dans notre monde hédoniste et matérialiste. J'ai eu à ce sujet une longue discussion avec une amie qui pensait que la France aurait dû rapatrier les moines de force.

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En repassant ce magnifique dénouement du "Dialogue des Carmélites", j'ai découvert dans le générique final, le nom de Georges Wilson, père de Lambert Wilson qui interprète le prieur de Thibérine.

Curieux non ?

jeudi, 17 juin 2010

Songer à son père

41oO3Gcv8YL._SL500_AA300_.jpgLa remise en cause de Freud et de la psychanalyse est dans l'air du temps. Ce n'est pas pour me déplaire car j'ai toujours ressenti ces théories comme terriblement oppressantes. Le poids de l'inconscient auquel il serait difficile d'échapper m'est toujours apparu comme insupportable. Selon ces théories, il va de soi que tous les maux que nous subissons viendraient de nos ascendants, de nos parents en particulier.

Les Chinois ont échappé à cette culture, on dit qu'ils le regrettent et que certains s'y intéresseraient.

Certainement pas l'écrivain Yan Lianke.

Lui serait plutôt dans le retour au Confucianisme également dans l'air du temps en Chine.

Ainsi ce magnifique petit livre, "Songeant à mon père", est-il à lire pour confronter la relation que nous avons à nos parents à celle des Chinois.

La première partie, consacrée à de courtes nouvelles, fragments que l'auteur dits "écrits dans la paume de la main" , souvenirs épars de l'enfance, peignent l'univers vers lequel revient le narrateur qui fut officier de l'armée chinoise.

Le paysage de son enfance pour nous aider à comprendre.

La seconde partie, tout à fait bouleversante, ressemblerait à une confession mais n'en est pas une car la culpabilité en est absente. C'est pourtant un long examen de conscience, lucide et courageux. L'auteur examine tous les torts qu'il a eus à l'égard de son père et dont celui-ci serait mort. C'est impressionnant, tout à fait étranger à la culpabilisation pathologique dont on ferait preuve en Occident, mais sans complaisance.

Le ton est donné par cette très belle phrase reprise en quatrième de couverture.

"Je me suis assis pour écrire et je peux, à travers la vie et la mort de mon père, comprendre le monde, regarder en face ce qu'il y a de bon et de mauvais en moi, regarder en face la vie et la mort, la décadence et la prospérité de toutes choses, l'eau tarie du fleuve, les feuilles mortes, regarder en face, à travers ma propre vie, la disparition et la renaissance, la renaissance et la disparition de tout ce qui vit."

À méditer durant l' été !

mardi, 08 juin 2010

Le temps...

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L'encombrement actuel de ma vie ne m'empêche pas de lire même si je ne relate pas toutes mes découvertes actuelles. Une fois de plus je mesure l'intérêt du livre en tant qu'objet qui se glisse dans les interstices de notre existenece ce qui n'est pas le cas de l'ordinateur... En tout cas pour moi.

À ce jour,  je fais un retour à la littérature chinoise qui reste ma préférence...41oO3Gcv8YL._SL500_AA300_.jpg

Après le dernier ouvrage De Yan Lianke, "Songeant à mon père", je dévorerai sans nulle doute le dernier roman Shan Sa "La cithare nue" puis celui de  Qiu Xiaolong "Les courants fourbes du lac Tai".

Yan Lianke était à Lyon pour les Assises du Roman... auxquelles cette année je n'ai pas pu assister...

Cette petite phrase comme mise en bouche, plus particulièrement dédiée à Rony qui écrit beaucoup sur le temps.

"Le temps passe irrévocablement, le vaisseau solitaire du passé progresse au fil de l'eau, et les événements de ma jeunesse sont comme un faucon au maître disparu qui se dresse à la proue du navire." Yan Lianke

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