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lundi, 06 octobre 2008

Histoire de ponts.

J'ai toujours aimé les ponts, je ne sais pourquoi en fait. Peut-être parce que j'ai touhours vécu près d'un fleuve. Et à Lyon, avec nos deux fleuves ce ne sont pas les ponts qui manquent.

Ceux que j'ai vus durant ce voyage m'ont particulièrement plu.

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Chez les Dong, l'une des ethnies du Guizou, les ponts sont toujours couverts. Il y en a un dans chaque village.
On les appelle
Ponts du Vent et de la Pluie.
Leur architecture est tarabiscotée.
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Une légende serait à l'origine de ces ponts.
Autrefois, dit-on, les villageois traversaient la rivière sur de simple troncs d'arbre. Un jour, alors qu'un jeune couple très amoureux traversait la rivière, une bourrasque renversa la jeune femme. Le crabe des rivières qui la convoitait l'entraîna dans son domaine. Son mari cria si fort qu'il alerta le dragon, maître du vent et de la pluie. Celui-ci tua le crabe et sauva la jeune épouse. En souvenir les Dong construisirent le premier pont.

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Le pont est, chez les Dong, investi d'une importance qui va bien au-delà de la fonction. Passage du dehors au dedans, passage vers la vie, à la naissance, ou de la vie au trépas. À l'entrée presque toujours un oratoire dédié aux esprits invisibles.
Mais le pont est aussi un lieu de vie, de rencontre. Ils jouent le rôle de place du village.

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mardi, 30 septembre 2008

Transmission...

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Les populations rurales du Guizou, confrontées  à la modernité et à la nécessité de partir travailler ailleurs, se préoccupent de la transmission des coutumes, des chants, des fêtes. Des groupes culturels se créent pour maintenir une tradition et pour tenter d'attirer  des touristes, pour l'instant exclusivement asiatiques.

Dans ce village, j'ai été très touchée par la complicité entre un jeune père et son fils.

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L'enfant a participé à toutes les manifestations de l'accueil que nous ont offert les habitants.
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À l'entrée du village, commence par un barrage à alcool.Les femmes  chantent et nous chantons  à notre tour. Puis on déguste l'alcool local, un vin de prune pas très fort mais très parfumé.
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Le tambour contient l'âme des Ancêtres.
On frappe le tambour pour mettre une fête sous leur protection.
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lundi, 29 septembre 2008

Et si les vraies sociétés anarchistes avaient existé...

Société anarchiste à ne pas confondre avec anarchique.

Société où le pouvoir n'est pas confisqué par quelques uns et organisée selon un principe de solidarité

C'est un peu ce que j'ai ressenti en visitant les Dong dans le Guizou mais surtout les Miaos.

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(photo modifiée par Louis-Paul)

Les Dong et les Miaos vivent dans les montagnes, pays de rizières, de brume... Vallées isolées, enfin de moins en moins car ces populations rurales partent dans les villes. Dans les villages que nous avons visités nous avons rencontré des personnes âgées qui gardent les enfants, des femmes qui s'occupent de l'exploitation ou tiennent une boutique.

Sur cette photo les hommes viennent de mettre en place la structure d'une maison sur laquelle il reste le toit à poser.IMGP0308.JPG

Les jeunes travaillent en ville ou sur les innombrables chantiers chinois. Un exode rural  à la dimension de la Chine.

Que restera-t-il de ces minorités, de leur culture, de leur langue dans quelques décennies ?

Leur point commun : une vie difficile fondée sur entraide et solidarité : tout le village fait les récoltes de tout le monde, tout le village construit une maison et tout le village prépare ensemble le banquet pour inaugurer cette maison.

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Des hommes relativement âgés, restés au village réparent un toit.IMGP0410.JPG

 

samedi, 27 septembre 2008

Minorités ethniques en Chine.

Ce voyage m'a enfin permis d'appréhender ce qui m'intriguait en Chine : la notion de minorités ethniques.

On sait que les Han (on prononce "ran") sont majoritaires à 90% de la population. Et pourtant tous sont Chinois, donc à quoi tient cette particularité des minorités ?

Je vais essayer de l'expliquer comme je l'ai compris mais pas du tout en spécialiste.

Cette particularité chinoise a des origines à la fois historiques et géographiques.

Du point de vue historique, la Chine a, dès l'Antiquité -Confucius, 5OO ans avant J.C.- organisé son unité autour d'une langue et d'une écriture. C'est le fameux empereur Shi Huangdi (celui de l'armée de terre cuite) qui en 200 avant J.C. harmonise l'écriture. Ses successeurs immédiats de la dynastie Han, vont fonder leur administration sur un recrutement par concours.

Dès l'Antiquité, la Chine s'est ainsi organisée en s'appuyant sur une élite de lettrés qui devait avoir assimilé les valeurs et la philosophie de Confucius.

À partir de là seront considérés comme barbares tous ceux qui seront en dehors de ce sytème social et culturel. Au XIIIème siécle, c'est une dynastie mongole qui prend le pouvoir et remplace les fonctionnaires par une administration militaire. Ce sont eux qui annexent le Tibet à la Chine. Mais les Ming au XIVème siècle rétabliront l'organisation sociale confucéenne des Han.

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Village Dong

 

L'époque Ming est vraiment l'âge classique de la Chine. Les Ming resteront au pouvoir jusqu'au XVIIème siècle et c'est eux qui commenceront à classer les populations en fonction de leur niveau de civilisation, en fait de sinisation. Seront appelées "cuites" les populations qui adhéreront le plus à la culture et à l'organisation des Han et "crues" celles qui en seront éloignées, c'est à dire des barbares.

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Et c'est là qu'intervient le facteur géographique. La province que je viens de visiter, le Guizou est avec le Yunnan et le Guangxi une province qui abrite une majorité de minorités, c'est à dire d'anciens barbares éloignés de la civilisation dominante. Ce sont, en fait, des régions montagneuses, d'accès difficile...même aujourd'hui. Des montagnes, des vallées creusées par les fleuves, très nombreux,  des populations isolées qui avaient leur langue sans écriture, leurs traditions, leurs coutumes...IMGP0713.JPG

Au XIXème siècle c'est une dynastie minoritaire qui est au pouvoir, celle des Mandchous. Mais ils sont complètement sinisés et ont respecté la culture dominante Han. Toutefois ils ont commencé à s'intéresser aux minorités. À Guiyang, la capitale du Guizou, on visite la maison du premier lauréat au concours de fonctionnaire impérial : le plus haut niveau.

Avec Mao (on prononce Mô!)  ces populations se sont senties reconnues et ont trouvé une dignité (ce qui ne les avait pas empêché de rester dans la famine). C'est d'ailleurs touchant de voir combien ces villages lui sont restés fidèles en particulier avec son portrait affiché dans les maisons communales.

Aujourd'hui de nombreuses universités chinoises conduisent des recherches linguistiques et ethnologiques sur les minorités. La plupart d'entre elles  ont toujours eu de bonnes relations avec le pouvoir Han ce qui leur a permis de conserver leur culture et leur mode de vie. Les minorités bénéficient également de ce qu'on appelle des discréminations positives : contôle des naissance plus souple, niveau d'accès plus bas pour le concours d'entrée à l'Université.

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Portrait de Mao affiché dans une tour du tambour.

jeudi, 25 septembre 2008

Dur, dur le retour...

à Fulmar

dur, dur le retour.

Très long voyage de 48 heures au total et un gros rhume attrappé dans l'aéroport de Canton, trop climatisé, après 15 jours entre 32 et 34 degrés. Sans parler du décalage horaire...

Donc juste quelques photos.

Passionnant voyage en Chine rurale, celle des petits villages et des petits paysans.Fulmar, j'ai bien pensé à toi.J'ai fait plein de photos de riziculture à ton intention !

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C'était le temps des récoltes. Ci-dessus, le riz le plus jaune est prêt à être coupé.

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(Recadrée par Louis-Paul)

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Et à quelques dizaines de kilomètres de là, à Guiyang, capitale du Ghuizou de 2 millions d'habitants...

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C'est ça la Chine.
Des contrastes inimaginables, ce qui lui donne  ce côté fascinant.

 

mardi, 09 septembre 2008

Retour vers les minorités en Chine

Oui, demain je retourne en Chine avec mon association de culture chinoise.

Enfin les vraies vacances !

Dans une province, le Guizhou-on prononce "ouitcho"- où vivent deux ethnies les Miao et les Dong, au Sud-Ouest de la Chine. Région pas du tout touristique et voyage sans confort : hôtels aux draps douteux (j'en emporte un !), route pas goudronnées, petits déjeuners chinois (j'emporte mon café soluble !) mais j'espère une Chine différente de celle que je connais.

Les dernières minorités que j'ai visitées ont été les Tibétains et les Naxis (on prononce nachi).

Ces derniers peu connus.

Leur capitale est Lijiang, sur les contreforts du Tibet d'où ils ont été chassés à l'arrivée du bouddhisme car ils voulaient conserver leur religion, "bön" et leur culture dongba qui se caractérise par une écriture en pictogrammes comme celle des anciens Égyptiens.

Cette région qui correspond aux premiers méandres du Yang-Tsé a vu passer l'armée rouge au temps de la Grande Marche.

La population avait sympathisé avec les soldats de Mao et en souvenir les femmes ont remplacé la coiffe traditionnelle par la casquette bleue qu'elles portent encore.

IMG_1192.JPGLes hommes eux perpétuent une tradition musicale

et sont considérés comme les dépositaires de la musique chinoise ancienne.

Pendant que les hommes s'adonnent aux arts et à la Culture

les femmes travaillent !

Comme les Mosuo, autre ethnie de cette région, ce sont des sociétés matriarcales.

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Mais ces sociétés sont menacées par la modernité. Dans les fermes, des personnes âgées et des enfants, les parents travaillent en ville.
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Ces vieilles dames ont connu dans leur enfance la faim et la misère.
Une réelle amélioration de leur vie avec Mao.
Aujourd'hui des jours paisibles.

Grands-parents...IMG_1330.JPG
IMG_1332.JPG...et leurs petites-filles.
Je doute qu'un jour elles portent le costume traditionnel des Naxis.

La cour de la ferme


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Et dans la rue chaque matin les vieilles dames se retrouvent pour danser.


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À bientôt.
Retour prévu le 25 septembre.

lundi, 18 août 2008

Née poussière

15ans.jpgJe ne pouvais laisser passer le coup de projecteur sur la Chine donné par les J.O sans parler de mon amie Danièle Li, "née poussière", c'est son prénom chinois.

Sa vie est un roman qui illustre toute une page de l'Histoire contemporaine de la Chine. D'ailleurs mon association a fait écrire le récit de sa vie par une journaliste, le livre s'appelle "L'Eurasienne".

Danièle est née en 1927 d'une mère lyonnaise et d'un père chinois, originaire du Siam.

Ses parents se sont connus au Palais d'Hiver de Lyon où venait danser la jeunesse lyonnaise. Son père était "Étudiant-travailleur" à l'Institut Franco-Chinois,  maintenant résidence universitaire près de laquelle j'habite.

De 1921 à 1946 l'Institut a accueilli des jeunes chinois qui étudiaient dans différentes disciplines enseignées dans les établissements universitaires lyonnais.

C'est ainsi que les parents de Danièle se sont mariés et ont embarqué pour la Chine en 1926, sa maman étant enceinte. Quelle aventure pour une jeune lyonnaise de vingt ans qui n'avait jamais quitté sa ville ! Monsieur Li était musicien, professeur de piano la famille s'est installée à Beijing puis à Ghuanzhou, près de Shangaï. Très belle région de lacs et de rivières. Région très progressiste aussi, c'est dans cette ville que s'est créé en 1924 l'Institut du Mouvement paysan qui a formé les cadres du Parti communiste chinois. La villecompte également, encore aujourd'hui,  de nombreux Chrétiens.

À sa naissance  Danièle a donc reçu ce prénom français et un prénom chinois "née poussière". En Chine, on invente le prénom des enfants en fonction des qualités qu'on souhaite leur transmettre. La mère de Danièle voulait que sa fille soit modeste... Danièle a  été élevée dans une petite communauté de couples mixtes, le meilleur ami de son père étant un peintre connu en Chine. Elle a suivi sa scolarité chez des religieuses et en a gardé un christianisme fervent et sincère. Son père, quant à lui, lui a transmis les valeurs de Confucius qui l'ont également guidée toute sa vie. Elle a poursuivi à l'Université de Beijing, puis est devenue professeur d'Anglais. Début de l'époque Mao, on ne choisit pas vraiment son métier elle est ainsi  affectée à la faculté de médecine. Nous sommes dans les années 50. Un jour son supérieur hiérarchique la convoque pour lui dire : "Vous êtes à moitié française, vous n'avez pas de carte au parti, et vous êtes chrétienne, non seulement vous n'avez aucune chance de progresser mais en plus je vous conseille de partir." Il avait de l'estime pour elle et l'a protégée.

Danèle était restée fille unique : si elle partait, c'était avec ses parents. Bien longtemps plus tard, quand elle retournera en Chine, ses anciens amis lui diront "Tu as bien fait de partir car avec ton franc-parlé tu serais morte pendant la Révolution culturelle."

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Danièle et ses parents la veille de leur départ de Chine.

Retour à Lyon, terrible. La famille n'a pas eu le droit d'emporter d'argent et se retrouve sans le sou.  La famille française les rejette, sauf la grand-mère qui les héberge dans sa petite maison de Villeurbanne. Danièle trouve du travail facilement comme traductrice dans une entreprise de chimie (elle parle anglais et chinois). Mais elle a une obsession : continuer de servir la Chine, son pays pour lequel elle garde un grand amour. Pour enseigner le chinois il lui faut recommencer ses études à zéro. Grâce à un travail acharné en cours du soir,  elle atteint son but : au début des années 70 elle devient le premier professeur de chinois de l'Université de Lyon.

Elle vivra avec ses parents jusqu'à leur mort et ne s'est jamais mariée. Le seul amour de sa vie, en Chine, l'avait laissée tomber quand il avait su qu'elle était mal vue du régime.

À 80 ans elle défend toujours la Chine avec passion et essaie de la faire connaître. Elle travaille bénévolement au Fond chinois de la bibliothèque municipale de Lyon.

Elle est retournée en Chine, dans cette belle province du Sud.

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Apaisée, sereine avec toujours son langage direct
c'est aujourd'hui une vieille dame dont la vie a été décidée par l'Histoire.