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lundi, 08 septembre 2008

Cela aurait pu être un simple fait-divers

à Frasby et à Naturella...

Cela aurait pu être un simple fait-divers mais il nous a donné un un des plus beaux poèmes de notre gloire nationale, Victor Hugo.

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DEMAIN DES L'AUBE

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

 

On dit souvent qu'il ne faut pas lire un texte, ni l'expliquer, en fonction de ce qu'on connaît de l'auteur. Difficile en ce qui concerne ce poème.

Ce week-end, j'ai préféré ce pèlerinage littéraire au festival du cinéma à Deauville.

Villequier, jolie bourgade, située à quelques kilomètres du Havre, garde le souvenir de la mort de Lépoldine, la fille aînée de Victor Hugo, décédée à 19 ans dans un tragique accident de bateau avec son mari, Charles Vacquerie. Ils étaient marié depuis six mois contre la volonté du poète. La ville conserve et entretient la mémoire  des deux familles, Vacquerie et Hugo. En fait le poète a très peu séjourné à Villequier. Il était en voyage en Espagne avec Juliette Drouet quand le drame s'est produit. Tragédie qu'il a découverte à son retour par un article dans le journal "Le Siècle".

Voilà en résumé ce qu'il a pu lire.

Le 4 septembre 1843, Charles Vacquerie, Léopoldine, un oncle de Charles et un neveu ont embarqué dans une barque de course, équipée d'une voile. Mal équilibrée, l'embarcation a chaviré à cause d'un coup de vent.

Charles était un excellent nageur, il a plongé plusieurs fois pour sauver Léopoldine dont les grandes robes s'étaient coincées sous le canot.

Ne parvenant pas à la dégager, il s'est laissé glisser avec elle.

Ni le poète ni Adèle Hugo n'assistèrent à sa sépulture. Léopoldine fut enterrée à Villequier, lieu de villégiature de la famille Vacquerie.

Victor Hugo écrivit ce poème le 3 eptembre 1847 et c'était la première fois qu'il se rendait sur la tombe de sa fille, d'où peut-être la tension et la détermination qu'on ressent à la lecture de ces vers. Adèle, très liée à la famille Vacquerie, se rendait fréquemment à Villequier pour se recueillir sur la tombe de sa fille.

La maison Vacquerie est dédiée  à Victor Hugo.
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On évoque particulièrement le père qu'il a été.

Un père très moderne, s'occupant de ses enfants, les suivant dans leur éducation d'une manière qui était très rare au XIXè siècle.

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Depuis le cimetière on a une très belle vue sur la Seine

même si ce ne sont plus des "voiles au loin descendant vers Harfleur" mais de gros bateaux chargés de containers.

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Pèlerinage très émouvant, même mon mari, pas du tout littéraire, a été touché et m'a demandé de lui dire le poème dans la voiture au retour...
Vers que nous avons commentés en fonction de ce que nous avions vu...

mardi, 12 août 2008

"Sieste de livres" avec Adamsberg

gen-thumbailnews.jpegCet été bien sûr j'ai de temps en temps la garde de ma petite-fille de quatre ans.

Un  changement : elle ne fait plus la sieste. Et moi j'ai un grand, très grand besoin de ce temps calme après le repas, d'autant que le reste de la journée est tonique : jeux au parc ou de société, piscine chez les voisins, balade en vélo... Donc j'ai imposé ce qu'elle a baptisé elle-même une sieste de livres. Elle reste tranquille dans sa chambre à regarder des livres dont elle connaît les histoires par coeur.

Hier, il me restait 50 pages à lire du dernier roman de Fred Vargas

"Un lieu incertain".

Naïvement je comptais sur le temps de la "sieste de livres" pour finir de le dévorer car Fred Vargas, ça ne se lit pas ça se dévore.

Hélas, ma Mimi était en super forme et n'avait aucune envie de me laisser tranquille en compagnie de mon commissaire préféré. Transformer ma chambre en champ de bataille s'est vite révélé insuffisant malgré mes injonctions désespérées : "laisse mamie se reposer". "Tu ne te reposes pas tu lis..."Imparable. J'ai donc été une grand-mère indigne et j'ai proposé le dessin animé, dernier recours pour retrouver mon intimité avec Adamsberg.

Opération réussie et je peux donc vous dire : "Un lieu incertain" est du bon Vargas. Plus court, moins complexe peut-être...

Pour ceux qui connaissent : le commissaire Adamsberg  plus craquant que jamais, Danglard qui prend de l'assurance...(il a une amoureuse !) Comme dans ses précédents romans, le fantastique est à l'origine du crime, cette fois il s'agit de vampires. J'ai d'ailleurs appris, à propos des vampires, quelque chose que j'ignorais. Le mythe serait né parce qu'on avait, autrefois, réellement déterré des morts qu'on aurait retrouvés frais et rouges, pas décomposés. Ce serait lié à un phénomène chimique : des gaz dans le sol auraient ses effets sur les cadavres.

Mais avec Vargas le morbide est toujours assaisonné d'une énorme dose d'humour et franchement dans ce dernier roman on fait plus que sourire : un régal. Merci Walt Disney qui m'a permis de savourer ces dernières pages, les plus addictives évidemment !

mercredi, 09 juillet 2008

Le livre menacé

J'ai reçu l'information de mon ami Ashab le libraire.

La loi Lang, votée en 1981 et qui garantissait  aux professionnels du livre un prix de vente minimum, est menacée par des amendements parlementaires débattus au parlement. Encore un coup qui risque de se faire en douce à la faveur des vacances.

Un site pour défendre les livres.

  http://pourlelivre.wordpress.com/

jeudi, 12 juin 2008

Le journal d'Hélène Berr

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Ce soir j'ai assisté à Lyon, grâce à Blandine qui m'a transmis l'information, à une présentation du Journal d'Hélène Berr. Vous avez sans doute entendu parler de cette jeune femme juive morte en camp fin avril 1945, quelques jours avant la Libération. Elle avait tenu un journal jusqu'au jour de son arrestation. Ce journal a été publié à l'initiative du Mémorial de la Shoah.

Nous avons rencontré sa nièce, Mariette Job, qui a permis cette parution.

Rencontre très émouvante, car c'est l'histoire  d'une famille juive dont une partie est morte en déportation alors que l'autre a survécu avec le poids de la tragédie, confinant dans le silence les rescapés. Mariette a voulu savoir, a pu lire ce manuscrit à l'âge de 15 ans, ressentant une grand affinité avec cette tante belle et intelligente.

"On savait mais on n'en parlait pas " nous a-t-elle dit.

L'histoire de ce journal est étonnante.

Hélène a commencé à écrire son Journal en 1942. Elle a 21 ans et voudrait préparer l'agrégation d'anglais, concours auquel elle n'aura pas le droit de se présenter car elle est juive. Elle est par ailleurs fiancée à Jean Morawiecki. Celui-ci s'engage dans les Forces Françaises libres en novembre 1942. Hélène vit alors seule avec ses parents et confie à Andrée Bardiau, au service de sa famille, des pages de ce journal au cas où elle serait arrêtée. Cette arrestation survient pour elle et ses parents le 8 mars 1944.

Andrée Bardiau a confié ce journal, écrit sur un cahier d'écolier, à son frère Jacques Berr qui l'a lui-même transmis à Jean Morawiecki. Jean a reçu ce douloureux héritage comme un trésor à conserver mais en évitant de le lire pour s'épargner la souffrance. Pour la même raison il n'avait pas revu la famille d'Hélène. Le journal  avait été dactylographié pour la famille. "On savait qu'il existait mais on n'en parlait pas."

 En 1992, Mariette la nièce, décide de retrouver l'original et rencontre Jean Morawiecki. Celui-ci accueille sa demande comme une "délivrance, une libération par rapport à un devoir non accompli." En 1994 il remet le cahier à Mariette qui l'estime trop précieux pour être conservé dans la sphère familiale et le confie au Mémorial de la Shoah. Après lui avoir consacré une vitrine, le Mémorial finit par le faire éditer.

Je lirai ce livre plus tard. J'ai retenu qu'il avait une valeur de témoignage historique mais aussi littéraire. 

Hélène était jeune, belle, généreuse, cultivée. Elle est morte de la barbarie mais ses mots  vaincront la barbarie.

jeudi, 05 juin 2008

Dasola a lu...

 

Pour Pierre, le scientifique qui aime la Littérature... 

Dasola a lu un magnifique roman que j'avais présenté ici même. "Dans la main du Diable" de Anne-Marie Garat.

Elle en a fait un compte-rendu intéressant qui complète bien le mien.

Nous espérons, à nous deux, vous convaincre de vous immerger dans ce texte superbe, dans cette histoire passionnante et riche en découvertes.

Les vacances approchent, période propice pour s'embarquer dans un voyage au long cours de 1287 pages. 

mercredi, 07 mai 2008

Voyage au long cours

Il s'agit d'un roman

un véritable pavé de 1300 pages sur lequel on embarque pour un long temps de lecture.

Un titre peu engageant : "Dans la main du diable". Je ne connaissais pas l'auteure, Anne-Marie Garat éditée par Actes-Sud.

476918804.jpgL'histoire se déroule sur un an : 1913 à 1914.

Le choix de l'époque n'est pas anodin.

Le coeur de l'intrigue : une histoire d'espionnage très particulière puisque l'armée espionne et surtout manipule des scientifiques.

Nous sommes en pleine gloire des débuts de la Recherche. Débuts de la chimie. En biologie, ce sont les disciples  ou héritiers de Pasteur et c'est au sein de son Institut que se déroule l'essentiel de l'action. Les savants sont alors des idéalistes, tout à leur rêve  d'éradiquer le mal, la maladie, la souffrance.

Les militaires, eux, intriguent pour s'approprier ces découvertes afin de fabriquer les premières armes chimiques. Ils n'hésitent pas à les tester sur des hommes, en Birmanie et en France sur des pauvres, rémunérés qui font les cobayes pour nourrir leurs familles. Lutte entre les militaires et les savants : le noyau de l'histoire. 

Autour, et tout aussi passionnant, un roman initiatique ou d'apprentissage. Une très jeune fille devient femme  en se lançant dans la mêlée. Un personnage magnifique, tout en force et en finesse, en douceur et en détermination. Femme très moderne dans une France qui appartient encore au XIXè siècle. Le regard de Flaubert mais au féminin.

Enfin roman social avec une description de toutes les classes encore  très marquées.La bourgeoisie est représentée par une femme conduisant son  entreprise d'une main de fer. Beaucoup de domestiques, des paysans. Début du XXè siècle, début du cinéma (l'auteure enseigne à l'école de cinéma à Paris), premiers conflits sociaux.

Une lecture qui envoûte grâce à l'écriture magnifique, souple et sensuelle d'Anne-Marie Garat. 

 

vendredi, 25 avril 2008

En avril j'aurais dû...

Je termine la lecture d'un gros pavé romanesque passionnant dont je parlerai sans doute prochainement. L'action se déroule sur une année...entre 1913 et 1914.

Un petit extrait m'a plongée dans le doute...

 "...la maison était comme une ruche, avril étant le mois du grand ménage de printemps.(...) Il s'agissait de tirer dehors toutes les literies, de donner au matelassier celles dont la laine nécessitait un cardage, qu'il était venu checher en charrette, et les autres de les laisser s'aérer au soleil sur des tréteaux. Aussi les tapis et les rideaux décrochés, tendus sur les cordes, qu'on battait au balai de toute leur poussière d'hiver, et ceux de mousseline blanchis à l'eau  bleue, qui gonflaient au vent du verger.  Et dedans, il fallait  poncer, encaustiquer de cire fraîche les planchers et les meubles, raviver les miroirs, laver les marbres à la brosse ; nettoyer et fermer les cheminées qu'aucune cendre ne salirait plus jusqu'à l'automne; et encore inspecter les penderies, les ravages des mites ou des souris, renouveler les boules de naphtaline jusque dans les armoires."

Très, très lointains souvenirs. 

Et je me dis : voilà ce que j'aurais dû faire ce mois d'avril au lieu de

  • parcourir les blogues
  • plonger dans mes bouquins
  • batifoler dans la prairie de Bruno 
  • flâner en ville et passer à la librairie d'Aschab
  • prendre des leçons de grammaire avec Choubine
  • déjeuner avec mes copines
  • pousser ma petite-fille sur la balançoire
  • faire des gâteaux
  • ferrailler pour la Chine
  • rêver
  • buller
  • traîner sous la douche

Et vous ?

Vous le faites le ménage de printemps ?